44. CELUI QUI ÉTAIT À L'AISE

Adel avait... Fait un truc à ses cheveux. Il n'avait pas touché à la longueur de sa frange (à ce rythme-là, je pouvais dire adieu à ses yeux magnifiques dans pas longtemps), ni à sa longueur, c'était... autre chose. Les mèches. Les fameuses mèches sur lesquelles je m'étais interrogé en début d'année, à la fête de Clara. 

– J'aime beaucoup tes cheveux comme ça !

Eden plongea une main dans les cheveux de mon petit-ami pour illustrer ses propos. Ce dernier esquissa un sourire de gamin qui me fit fondre. 

– Je suis content de voir les mèches de retour ! ponctua-t-il.

Oui, ça lui allait bien. Inès aussi venait de le couvrir de compliment sur ses cheveux. En fait, j'étais le seul à ne pas avoir ouvert la bouche. Et pour cause, la situation m'embarrassait plus que jamais. Pourquoi donc ? Car nous étions de sortie tous les quatre en centre-ville, attablé à une terrasse pour profiter d'un chaleur plutôt douce, et d'un temps vraiment agréable. 

– Tu en penses quoi Louis ? demanda Inès.
– Euh je...
– Tu l'emmerdes Inès, tu vois bien que tu le gênes à poser des questions pareilles, rétorqua Adel, le sourire aux lèvres.

Et lui, il se foutait complètement de moi. Je lui fis les gros yeux, heureusement pour moi, geste qui échappa aux deux autres. 

– Loulou le timide !, fit-elle en me pinçant les joues.

Je m'écartais, tentant tant bien que mal de reprendre un peu de consistance. Bon dieu mais qu'avais-je fait pour mériter de tels amis !

– Ne m'appelle pas comme ça, grommelais-je., Et ça lui va très bien, voilà...

Qui avait eu cette idée de sortie déjà ? Ah oui, encore une idée fabuleuse de monsieur parfait. Eden n'était pas peu fier de son plan, je le voyais d'ici. Il rêvait tellement de nous quatre comme une véritable bande d'amis que s'en était perturbant. 

– Au fait Eden..., commença Adel.

Mon cœur fit un bond, pensant bêtement qu'il allait tout lui déballer ici, à la terrasse d'un café. Mais mon cerveau me rappela la décision que nous avions pris tous les deux le week-end dernier, et je me calmai aussitôt.

– Tu en es où avec Isaac ?

Sous mes yeux, je vis Eden devenir rouge tomate et subitement reporter son attention sur son immense verre de Fuzetea. 

– Je t'en pose des questions moi..., grommela-t-il.
– Bah, oui. Tu es au courant de toute ma vie sexuelle et sentimentale. J'ai le droit d'en savoir plus, non ?

Inès et moi suivions cet échange saugrenu comme un match de tennis, nos regards se baladant d'un garçon à l'autre. Eden se gratta la gorge, pour reprendre un peu de consistance et croisa les bras sur sa poitrine. D'un autre côté, j'admirais l'audace de Adel de lui mentir de cette manière, même si je savais qu'il ne le faisait pas de gaieté de cœur. Mentir à Eden lui pesait, et il me l'avait confié suffisamment de fois pour que sa peine s'empare de moi. 

– Je ne lui ai rien dit.

Adel haussa les épaules, visiblement déçu.

– C'est pas si facile figure toi.
– Pourtant, il a l'air de beaucoup t'apprécier.
– Ça reste compliqué quand même !
– Ça ne l'avait pas été avec moi. Ou Louis.

Long silence. Je ne savais pas à quoi jouait Adel. Enfin, si. Il était juste lui-même, à balancer tout haut le cours de ses réflexions. C'était pile ou face avec lui : où il parlait trop, ou il ne disait rien. On ne pouvait pas tout avoir.

– C'est pas comparable. J'ai tout de suite su que Louis était comme moi. 

J'ouvris de grands yeux. Ah bon ? Mais comment ? Moi qui me pensais discret. Eden m'avait cramé day one. Eden me lança un drôle de regard et j'avalai une gorgée de ma propre boisson. Inès se retenait de rire.

– Et toi bah... voilà.
– Comment ça ?

Cette fois-ci, c'était moi qui avais demandé à en savoir plus. J'étais curieux de savoir comment ces deux-là avaient pu se mettre ensemble. Adel leva les yeux au ciel et, sous la table, me donna un coup dans les chevilles.

– J'étais torché, lança Eden.
– Ah.
– Et il venu vers moi en me disant... je cite : « t'as d'beaux yeux tu sais ». C'était la pire phrase de drague que j'ai pu entendre, rajouta Adel d'un air blasé.

S'en fut trop pour Inès qui s'étouffa avec ses glaçons. 

– Oh ça va hein... et puis finalement, ça s'est fait, non ? Donc on peut dire que ça a fonctionné.
– J'arrête ton char mon petit, ce n'est pas cette phrase qui m'a fait flancher.

Eden rigola, soudain plus à l'aise. À l'aise. C'était le mot. Ils étaient terriblement à l'aise en parlant de leur ancienne relation. 

– Ça va, t'as fini de m'embêter maintenant ?

Eden ronchonnait plus pour la forme qu'autre chose. Je le connaissais assez pour savoir que ce genre de pique, surtout venant de Adel, ne le gênait pas tant que ça. 

– Ça vous dis de venir à l'appart ?, demanda Adel.
– Carrément !

Et cinq minutes plus tard, nous étions tous dans le tramway, direction l'appartement de Adel. 

* * *

Depuis mon dernier passage, Adel avait fait le grand ménage et surtout, le grand rangement. Inès fut à peine arrivée qu'elle se rua dans la salle de bain – dans laquelle se trouvait également les cabinets – en nous bousculant, criant à l'urgence. Cela fit ricaner Eden qui lui balança une blague sur la taille de sa vessie. Eden leva les yeux au ciel avant de se laisser tomber sur le canapé deux places dans la petite salle de vie de Adel. Je me jetai sur la place restante, par peur de devoir me cogner la chaise pas confortable qu'il restait ou les accoudoirs. Quand Inès revint, elle me lança un regard bizarre. Rien qu'à moi. Et je ne sus pas trop quoi en faire. Adel et Eden se chamaillaient à propos du frigo vide de ce dernier, et de son manque crucial de boisson, et Inès n'arrêtait pas de me fixer. Bon sang, mais que voulait-elle ? La dernière fois qu'elle m'avait fixé avec autant d'intensité, c'était pour me demander de sortir avec elle par la suite. Je prenais peur, clairement. 

– Adel ?
– Mmh ?
– Je peux montrer à Inès ta collection de manga ? Elle est fan.
– Si tu veux.

Parfait. Je m'empressais de me lever (et de laisser ma place à notre hôte, dommage) et je la saisis par le bras. Une fois dans la chambre de Adel, je la fusillai du regard.

– Quoi ? C'est quoi ce regard ?

Elle plissa les yeux, l'air suspicieuse. Et puis, elle croisa les bras, me toisa de bas en haut, et haussa les sourcils.

– Je sais tout, Loulou.

Bon sang, elle avait quoi avec ce surnom débile aujourd'hui ?

– Tu sais quoi ?
– Pour toi et Adel.

Ok.

Là, ça n'allait pas. Mais alors pas du tout.

Là, ça n'allait pas. Mais alors pas du tout.
Attendez... Comment pouvait-elle savoir quoi que ce soit ?

Devant mon air perdu, elle afficha un sourire triomphant et serra le poing, devant moi.

– Ah ! Je le savais !
– Chuut !

Je la vis attraper un des précieux de manga de Adel, et elle frappa la tête à plusieurs reprises avec.

Comment. Oses. Tu. Louis. Verbeeck !

À chaque ponctuation un coup de manga qui me laissait échapper des ouïe, aïe, vraiment pas viril.

– Mais arrête avec ce manga ! S'il te voit faire ça tu passes par-dessus la fenêtre, pauvre malheureuse !
– Tsss.... tu pensais le cacher longtemps ?
– Mais comment tu...
– La salle de bain !
– La salle de bain ?

J'étais perplexe. Adel avait mis des photos de mois partout avec des petits cœur autour de son miroir, au-dessus de la vasque et du robinet ? C'était ça ? 

– Mais rassure toi, j'ai planqué ton pull, au cas où Eden y mettrait les pieds.

Mon pull ? Oh bonté divine. Mon pull ! Mon visage s'illumina aussi sec, avant de s'assombrir devant le regard de Inès.

– Je me demandais où je l'avais laissé...
– Ton pull, et un de tes tee-shirts aussi. Le tout soigneusement plié et lavé. 

J'avais oublié la moitié de ma penderie chez lui ou bien... ? 

– Écoute Inès...
– Ça fait depuis longtemps ?
– Non.
– Maya le sait, je suppose ?
– Oui.
– Une nouvelle fois je suis tenue à l'écart. M'enfin, je ne suis pas la seule, visiblement Eden non plus.
– Je suis désolé c'est juste que... tu l'aurais appris en même temps que lui de toute façon.
– Quand ?
– Après les épreuves du BAC.
– Allons bon ! Dans un peu plus d'un mois !
– Nous...
– Vous quoi ?, me coupa-t-elle.
– Ne sois pas en colère, s'il te plaît...

Je me sentais vraiment idiot. Et elle, tenait toujours son manga, prêt à me le rabattre une nouvelle sur le crâne si je disais un mot de travers. 

– Nous voulions qu'il reste concentré sur ses épreuves. Nous n'avons aucune idée de comment il va réagir, alors en imaginant pire, on s'est dit que c'était mieux d'attendre. 

En face de moi, Inès soupira. Elle comprenait. Elle murmura un « je vois » et reposa le manga, dépitée. 

– Et je ne suis pas en colère Louis. Je vous apprécie beaucoup tous les deux. Je n'arrive pas à savoir si je me réjouis de l'apprendre comme ça ou non mais... je comprends mieux vos regards depuis le début de l'après-midi. Je me disais bien qu'il y avait un truc, mais je m'étais dit que je me faisais un peu trop d'histoire. 

Je me notais ceci dans un coin de la tête : être carrément plus discret quand Adel et moi sortions avec d'autres gens. Je baissais la tête, penaud. Il était vrai que Adel avait émit l'hypothèse de le dire à Inès. Et je m'y étais tout de suite opposé. Mais elle n'avait pas la langue dans sa poche, et j'avais eu peur qu'elle gaffe devant Eden.

– Vous faites quoi là-dedans ?, lança la voix de Eden, de l'autre côté de ma porte.
– On arrive, on arrive !

Je jetai un dernier coup d'œil désespéré à Inès, et d'un signe de la tête elle me confirma qu'elle ne dirait rien. 

– C'était quelle série qui intéressait Inès ?
– Les One piece.

Elle avait répondu du tac au tac. Et je me mordis violemment la lèvre. Adel ne collectionnait pas les One piece. Il me lança un regard perplexe et je secouais la tête, lui intimant de laisser tomber. Il avait compris à mon regard que je lui expliquerais la situation plus tard. 

* * *

À la fin de la journée, quand Inès rentra chez elle, je prétextais devoir rejoindre ma jeune sœur en centre-ville pour rentrer avec elle. Au départ, Eden voulut m'accompagner, mais là encore, je dus trouver les bons mots pour lui faire comprendre que Sacha et moi voulions du temps que pour nous deux. En bon garçon compréhensif qu'il était, il me laissa. Il me fit un sourire immense, monta dans son bus après un énième signe de main, et quand le véhicule fut suffisamment éloigné je me retournais vers Adel, exténué par ma journée. Mentir à Eden... était à la fois terriblement excitant et horrible. Je n'arrivais pas à me décider. 

– Ta sœur ?
– Elle m'en doit une, si jamais il lui demande un jour, elle sait qu'elle devra être de mon côté.
– Tu lui fais drôlement confiance.
– Je l'ai aidé la semaine dernière à s'échapper pour une soirée. 

Adel rigola et attrapa ma main. Je fis une petite moue, gêné, alors que nous franchissions ensemble la porte de l'immeuble.

– Qu'est-ce qui ne va pas ?
– J'ai l'impression de trop m'imposer chez toi...
– Ne dis pas n'importe quoi.

On était dans les escaliers à présent, et je sentais sa main serrer la mienne un peu plus fort.

– Tu sais que tu es le bienvenu ici. Tout le temps.
– Mmh, merci.

Il referma la porte de son appartement, lâchant enfin ma main et se tourna vers moi, l'air soudain très sérieux.

– Du coup... cette histoire avec Inès et mes mangas ?
– Je devais lui parler, au plus vite. Elle me regardait bizarrement, et j'ai compris que quelque chose n'allait pas.
– Et... ?
– Elle a vu mon pull. Et mon haut de pyjama. Dans ta salle de bain.
– Et merde.
– Évidement j'ai pas su... enfin...
– Elle a compris pour nous.
– Désolé.

Adel passa une main sur son visage, l'air agacé.

– Elle tiendra sa langue.
– Je l'espère... Inès et moi on se parle souvent et... je sais que c'est une sacrée pipelette.

Je fermais les yeux un instant, frustré. Oui, Inès était une pipelette. Mais on avait fait un pacte. Plus ou moins. Elle m'avait fait comprendre qu'elle garderait ça pour elle. 

– Je suis désolé, j'ai merdé.
– Oublier des fringues chez les gens, ça arrive.

Oui, et moi, j'étais le champion de cette catégorie.

– Allez, viens là.

Il me prit maladroitement dans ses bras (Adel n'était pas le roi des câlins quand nous n'étions pas dans son lit) et je sentis mon corps se détendre un peu. Je levai une main pour toucher ses cheveux et esquissai un sourire.

– J'aime vraiment beaucoup tes cheveux comme ça...

Adel pouffa dans mon cou. Il devait se dire que j'étais sacrément long à la détente, encore plus lorsqu'il s'agissait de complimenter quelqu'un. 

– J'me souviens, la première fois que je t'ai vu, j'avais déjà beaucoup aimé. En fait, c'est le premier détail qui m'a frappé chez toi.

Il s'écarta doucement et haussa les sourcils.

– Sérieux ?
– Mmh, oui.
– Moi c'était ton air complètement perdu. Sur le coup je m'étais dis, « ah, enfin un qui ne sait pas ce qu'il fout là comme moi ! » et je suis venu te parler. Bon, et tu matais aussi un peu trop Eden à mon goût, mais ça, c'est autre chose.

Je rigolais, cette fois-ci un peu plus franchement et déposais un baiser à la naissance de son cou.  

– Je commande un truc pour ce soir ?
– Ce que tu veux.
– Vraiment ?
– Oui.
– Tu as déjà mangé coréen ?
– Non.
– Sacrilège. C'est... Non. Impossible. Tu ne peux pas prétendre à être mon petit ami, et ne jamais avoir mangé de kimchi*.
– C'est quoi ?
– Oh bon sang. Je commande ça de suite !

Visiblement, manger son kimchi lui tenait très à cœur. Je n'avais aucune idée de ceux dans quoi je m'embarquais, mais j'aimais les expériences culinaires. Il passa son coup de fil, en attendant, j'enlevais de nouveau ma veste pour m'affaler sur son canapé. Quand il revint, m'annonçant qu'il avait commandé à peu près la moitié de la carte pour me faire goûter à tout, il avait le sourire jusqu'aux oreilles. Il s'affala contre moi et cala sa tête sur mes genoux avant de jeter un coup d'œil à son portable. Je le regardais suivre la progression du livreur sur l'application, amusé.

J'étais bien parti pour passer une nouvelle soirée avec lui. Adel ne me le proposais jamais tout ça s'imposait naturellement. Je passais une main dans ses cheveux et je le vis esquisser un petit sourire. Il semblait bien sur mes genoux, que je n'avais pas le courage de le déloger même si, soyons honnête, je commençais à sentir les fourmis dans les pieds. On resta comme ça sans presque rien se dire, jusqu'à que le livreur de ne sonne. J'aimais aussi beaucoup ces moments où ni lui, ni moi ne cherchions à faire la conversation inutilement.

Un quart d'heure plus tard, nous étions en train de déguster notre repas du soir. Et ouah, c'était délicieux. J'avais un faible pour la nourriture italienne, la japonaise. Clairement, la coréenne venait de détrôner tout ça. 

– Tu aimes ? me demanda-t-il les yeux brillants.

– Mpfoui !

Je vis dans son regard qu'il avait accompli sa mission. Voilà, je pouvais confirmer qu'aujourd'hui, j'étais tombé amoureux des tteokbokki*

– Ma grand-mère en fait des délicieux ! J'ai hâte de pouvoir les goûter de nouveau...
– Comment ça ? Elle vient te rendre visite ?

Adel leva les yeux de son plat et se mordilla la lèvre inférieure. J'avais dit une bêtise ?

– Non, c'est moi qui vais lui rendre visite.
– Oh.
– Son fils lui manque, son petit-fils aussi et... Elle n'a plus vraiment l'âge pour prendre l'avion.
– Tu pars quand ?
– On a le temps.

Je levai mon bras, et passai une main sur sa joue, un sourire sur le visage. Il s'en voulait. Je le voyais d'ici. Mais je refusais qu'il appréhende de partir quelques temps voir sa grand-mère. À l'autre bout de monde, certes, mais c'était de famille dont on parlait. Je pouvais comprendre.

– En Août. Je vais fêter mon anniversaire là-bas, elle y tient, je crois bien...

J'ouvris de grands yeux. Je n'avais aucune idée de quand était son anniversaire. Merde alors. Adel capta ma détresse et esquissa un sourire. Lui connaissait mon jour de naissance – je pouvais remercier mon compte facebook, inactif depuis des années, mais que Adel était allé visiter. Je me sentais très nul de ne même pas avoir cherché le sien. 

– Je suis du vingt-quatre.
– C'est noté, soufflais-je.
– Et je pars tout le mois.
– Alors ça me donne encore deux mois pour profiter de toi avant que tu t'envoles ! Tu en as de la chance, je rêverais de pouvoir me barrer loin de ce pays pour aller à l'autre bout du monde.
– Et je...

Il baissa les yeux sur son plat, dont il ne restait désormais plus que la sauce très épicée qu'il aimait tant.

– J'ai envoyé un dossier à une fac, là-bas.

Je fronçais les sourcils. D'accord. Ça, c'était encore autre chose.

– Pour faire un semestre d'étude. Faire une deuxième année de licence dans cette fac moisie... ça ne me tentais pas vraiment. J'ai besoin de nouvelles expériences, et partir bosser là-bas sera toujours gratifiant pour l'avenir.

En soi... Il avait raison. Et puis, ce n'était qu'un semestre, non ? 

– Tu as les résultats quand ?
– Mi-juin.
– Alors je croise les doigts pour toi.

Ce soir, ni lui ni moi n'avions la tête à regarder une série. Nous étions déjà sous la couette, je répondais à mes mails rapidement sur mon téléphone, agacé de voir que l'administration de mon lycée nous bombardait de mails concernant nos futurs examens et les conduites à tenir lors de ces derniers. Quels lycées faisaient ça, franchement ? À côté de moi Adel semblait plongé dans son manga. Semblait seulement, puisque cela faisait bien dix minutes qu'il n'avait pas tourné une seule page. 

– Adel ?
– Mmh.
– Ça ne va pas ?

Il haussa vaguement les épaules avant de refermer un peu vite son manga, et de le poser sur la table de chevet. 

– Je suis désolé Louis.
– Pour ? M'avoir fait manger le kimchi alors que c'était super épicé ? Je n'ai plus de palais par ta faute.

Je savais de quoi il voulait parler, mais je préférais détendre l'atmosphère. Pari réussi, il esquissa un sourire avant de se tourner vers moi et de me prendre dans ses bras.

– Non, de ne t'avoir rien dis plus tôt.
– Toi et moi c'est récent Adel... Et puis, tu ne me dois rien. J'ai attendu dix-sept ans avant de te rencontrer. Je pourrais attendre quelques semaines avant de te revoir. D'ailleurs, tu resterais jusqu'à quand ?
– Décembre.

Oh putain. Ça me paraissait si... Loin. Je pris une profonde inspiration et le serrais un peu plus contre moi. J'avais besoin de changer de sujet. Et vite. La solution que je trouvais fut de l'embrasser. Il répondit à mon baiser, visiblement désireux de sortir de cette impasse lui aussi. 

– C'est un de mes tee-shirt ça...
– Ça se pourrait, je murmurais contre ses lèvres.
– Voleur de fringue.

Il m'embrassa encore et je le laissais m'enjamber pour être plus à l'aise. 

– Tu sais, quand je repense à ce qu'on a fait l'autre jour...

Je piquais un fard. Pourquoi il me sortait ça maintenant ? 

– Tu rougis tellement facilement, c'est adorable.

Non, c'était agaçant. Je ne comptais plus le nombre de fois où la couleur de mes joues m'avaient lâchement trahis. Je lui donnais une petite tape sur le sommet du crâne, faussement agacé.

– Continue de m'embrasser plutôt que de dire des conneries.
– À tes ordres. 

Et il s'exécuta, le sourire aux lèvres. Évidemment, il ne se contenta pas que de ça. Monsieur avait envie d'un peu plus que de quelques baisers effrontés ce soir. Et je le laissais faire, bien trop heureux d'être choyé de la sorte.

On oublia bien vite son voyage à l'autre bout du monde. Nous y reviendrons plus tard. De toute façon, nous avions le temps, non ? 


* * *

me revoilà ! pour ceux et celle qui ont suivis, fin de semaine dernière compliquée pour moi, idem pour ce début de semaine... Mais, cependant ! j'me suis donnée un petit coup de pied aux fesses, et voici donc le chapitre de cette semaine ♥ j'espère qu'il vous a plu :3

*Le kimchi (김치)est un mets traditionnel coréen composé de piments et de légumes lacto-fermentés, c'est-à-dire trempés dans de la saumure pendant plusieurs semaines jusqu'au développement d'une acidité. Un des plus connus en Europe est celui à base de chou chinois. (source : wikipédia)

*Le tteokbokki (떡볶이),est un hors-d'œuvre coréen composé d'une basede tteok (떡), galettes de riz courtes et épaisses, de gochujang (고추장),une sauce pimentée et de différents ingrédients selon les variantes (ciboulette, graines de sésame, œufs durs,viandes, légumes, etc.). (source : wikipédia)

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