37. CELUI QUI DÉRAPAIT

Adel avait rencontré Maya lors de son dernier jour dans la région bordelaise. Forcément, les deux s'étaient bien entendu. Très bien même. Et si Maya n'avait eu que le nom d'Eden à la bouche ces derniers jours, elle avait à présent changé de sujet.

– Sérieusement, il est génial !

– Oui oui.

– Tu ne trouves pas ?

– Ça va.

– Oh bon sang Louis, vous vous entendez bien, tu n'es plus obligé de faire semblant de ne pas l'apprécier.

– Mmh.

– J'y crois pas... t'es jaloux ?

J'ouvris des yeux ronds et plaquais une main sur ma poitrine.

– Pardon ?

– Hé hé, tu me fais rire !

Elle se jeta dans mes bras et me renversa sur mon lit en rigolant. Bon sang, mais qu'est-ce qu'ils avaient tous ces temps-ci à se moquer de moi comme ça ? J'étais si à côté de plaque que ça ? Entre Eden qui se mettait à me parler en code à propos de Blaise, qui me traînait faire les boutiques et à la foire, Adel qui me lançait des perches énormes par texto, et maintenant... Maya. 

– Pouah, faut que tu coupes tes cheveux mon gars !

Elle tira doucement une mèche de mes cheveux et je fis mine d'avoir mal.

– Laisse mes cheveux en paix !

– Je pourrais essayer de te les couper !

– Allons bon.

– Tu ne me fais pas confiance ?

– Pas pour ça, désolé.

– Mon cœur saigne. Abondement.

– Pfft.

Je tentais de me dégager de son étreinte, en vain. Elle continuait de s'agiter sur moi, de m'étouffer et de me caresser la tête et je ne pus m'empêcher de penser que j'avais bien de la chance d'aimer les garçons : j'étais prêt à parier que n'importe quel mec aimant les femmes se serait retrouvé dans une situation plus qu'embarrassante.

– Je n'ai pas envie de retourner là-haut...

Là-haut, c'était le nord de notre cher pays, et le sud manquait à Maya. Elle n'avait qu'une hâte, y revenir pour ses études supérieures, ce qu'elle avait prévu de faire dès l'an prochain.

– On fera une coloc tous les deux ?

– L'an prochain ?

– Ouais. Quand on sera majeur, et tous les deux en écoles, à la fac ou je ne sais où...

– Si je trouve un petit boulot, pourquoi pas ouais...

– Cool ! Je réserve ma place alors. On se fera une coloc entre meilleurs amis !

Je souriais : je m'y voyais déjà. C'était à la fois si proche, et si loin... Elle replongea sa tête dans le creux de mon cou et soupira.

– On restera amis longtemps, hein Loulou ?

– Tu sais très bien que oui.

– Très bien. Parce que je suis certaine que je n'aimerais personne d'autre autant que toi.

– Tu dis ça, et puis tu rencontreras ton prince charmant...

– Dans tous les cas, tu seras toujours mon numéro un. Privilège de meilleur ami.

Bon sang, je l'aimais tellement. Et à chaque fois que nous nous faisions ce genre de déclaration je me rendais compte – une nouvelle fois – que Maya était en quelque sorte la femme de ma vie. 

* * * 

La femme de ma vie était repartie il y a deux jours, et déjà, elle me manquait. Nous avions repris les cours, et elle reprenait dans quelques jours, en raison de ses vacances décalées par rapport aux nôtres. Avec un certain déplaisir je retrouvais l'ambiance de notre lycée et comme à chaque retour de vacances, je me faisais ce même constant que rien ne changeait jamais ici. Sauf notre professeur d'histoire qui avait l'air... étrangement rayonnant. Et ça, tout le monde l'avait remarqué.

– J'ai corrigé vos copies pendant mes vacances et je dois dire que je suis agréablement surpris. Vous avez tous fais d'énormes progrès en ce qui concerne la rédaction !

Il distribua les copies une à une, toujours son immense sourire aux lèvres. Eden se pencha vers moi, l'air amusé.

– Il va bientôt être papa, me souffla-t-il.

– Pardon ?

J'avais parlé un peu trop fort puisque quelques têtes se tournèrent vers moi.

– Son compagnon et lui ont finalisé toutes les demandes.

Je m'apprêtais à répondre quelque chose quand mon professeur me coupa, assit sur son bureau.

– Bien, votre attention ! Puisque je vous sens très attentifs aujourd'hui, sortez vos stylos et notez ceci, je ne serais pas là toute la semaine prochaine.

Il eut quelques exclamations de joie dans la classe.

– Réjouissez-vous, vous me rendrez un devoir pour dans deux semaines pour la peine.

Il était bien trop joyeux, tout le monde le regardait bizarrement.

– Vous allez où monsieur ? demanda Clara en levant la main.

– Est-ce que cela vous regarde vraiment mademoiselle ?

– Oh, allez, monsieur ! renchérit Louis numéro deux.

– Bon, bon, puisque vous insistez.

Ok, clairement, cet homme était aussi existé qu'un gosse la veille de Noël. Eden me glissa un regard amusé.

– Je m'en vais rencontrer une adorable petite fille qui rejoindra, je l'espère, mon foyer très prochainement !

Il avait l'air si heureux que personne, oui, personne, n'aurait pu faire disparaître la joie de ses traits. Son visage paraissait tellement plus radieux que celui de ces dernières semaines. Sixtine le félicita immédiatement, suivit de toute la classe qui y alla de son petit commentaire. Même Blaise eut l'air surpris, et un poil excité par la nouvelle. En même temps, nous le savions tous : notre professeur était un homme génial. Adoré de quatre-vingt-quinze pour cent de ses élèves : il ferait un papa en or. Il n'alla pas plus loin dans les détails, mais vous saviez quoi ? Je me sentais heureux pour lui. Et pour son compagnon. Sa joie fut littéralement propagée à travers toute la classe et le reste de l'heure se déroula à une vitesse phénoménale. 

 Je demandais plus d'informations à Eden pendant notre repas de midi. Inès n'avait eu de cesse de le bombarder de questions, elle aussi. Avec son compagnon, ils se rendaient donc en Estonie pour visiter une famille d'accueil. La petite avait à peine un an, et jusque-là, tout s'était très bien déroulé. 

* * *

La semaine où notre professeur devait s'absenter arriva, et j'eus le bonheur de terminer plus tôt mes cours deux jours par semaine. Et les plus heureux étaient les membres de mon équipe de volley, qui eurent la joie de me voir arriver une heure en avance pour s'entraîner un peu plus avec eux. Et ce soir, c'était différent : nous recevions pour un petit match amical une équipe de la ville voisine. Et dès le début, je sentis que quelque chose allait déraper. L'échauffement se déroula dans le calme, et la première partie du temps de jeu également. L'arbitre accorda une pause, puis nous reprîmes le match. 

Ce fut ardu. Je crus bien que notre capitaine allait exploser sur son banc de touche. Ce dernier, blessé à la cheville ne pouvait participer et devait se contenter de nous donner quelques directives de manières discrètes. Mais il manquait cruellement à notre équipe, et cela se ressentait. Cependant, Jules assurait bien son remplacement. Jusqu'à cet instant. Où entre deux replacements, Jules se retrouva face à un gars de l'équipe d'en face qu'il avait l'air de connaître. Et cela le déstabilisa complètement. La suite fut chaotique. Et ce fut notre première défaite de l'année à domicile. De retour dans les vestiaires, notre coach nous passa le savon du siècle. Et puis, notre capitaine arriva juste après lui.

– Sérieusement, les gars ? 

Nous nous excusâmes platement.

– Jules, c'était ton rôle putain !

– Désolé ce n'est juste que...

– Que quoi bordel ?

– C'est un des mecs de l'équipe d'en face., glissais-je.

Jules se tourna vers moi, les yeux ronds.

– Hein ?

– Tu le connais, hein ? demandais-je.

– On était dans le même collège.

Ça commençait mal.

– Je suis désolé, j'aurais dû me retirer et laisser quelqu'un prendre ma place. Je n'ai pas assuré, mais c'est juste que ce gars, c'est un connard de première. Il savait que je sortais avec un gars et ça l'a beaucoup amusé. J'étais déjà avec mon copain au collège et... disons que ça ne s'est pas très bien passé.

Il n'irait pas plus loin et nous le comprîmes tous. Je n'avais pas besoin des détails pour savoir que la bêtise d'un gosse au collège pouvait aller très loin, surtout en matière de moquerie ou de bizutage. Mon capitaine s'excusa à son tour et lui tapota l'épaule d'un geste compatissant. 

Je croisais ce fameux joueur en quittant notre gymnase. Il était seul, en train de détacher son vélo, attaché juste à côté du mien. Je m'avançais, faisant mine de ne pas le voir, et décrochais mon vélo sans un mot. Ce fut lui qui rompit le silence.

– Ça ne vous gêne pas ?

Je ne répondis pas, et je grimpais sur mon vélo.

– D'abord une tapette dans votre équipe, continua-t-il.

De la provocation, encore et toujours. Mais ça, je m'y attendais. Le milieu sportif n'était pas épargné par les cons, bien au contraire, et même si ces dernières années je saluais les tentatives de certaines équipes de sport nationale de lutter contre ce problème, je n'oubliais pas que le sport restait un milieu fermé. Quoi qu'on en dise. J'essayais d'imaginer Eden à mes côtés, qui me dirait de répliquer. Et puis, l'image de ce dernier, dans son lit d'hôpital me fit changer d'avis. Je me mis à pédaler à toute vitesse et rentrais chez moi, les larmes aux yeux.

* * *


Ce fut ma mère qui me récupéra en larmes, sur le pas de la porte. Mon père accourut également et tenta de me calmer, me demandant ce qui n'allait pas. Tout. Voilà ce qui n'allait pas. Je pensais que tout allait mieux. J'avais enfin réussi à mettre de côté les mentalités moisies de la société dans laquelle nous vivions quand celles-ci revenaient au grand galop. Je n'en pouvais plus. Je séchais mes larmes et leur racontais toute l'histoire.

– Mon chéri..., ma mère commença. Tu sais comment sont les garçons dans le sport c'est...

– Ce n'est pas une excuse, trancha mon père.

– Oui mais... il ne peut pas faire comme si rien de tout ça existait, c'est la réalité.

Ses mots me frappèrent en plein cœur.

– La réalité ? je bafouillais.

– Les gens ne vont pas changer du jour au lendemain Louis... Ils ne vont pas s'adapter comme ça.

S'adapter

Bordel. Ce n'était pas une question d'adaptation ! J'avais envie de la tarter. Au lieu de ça, je me relevais, la fusillant du regard. Je savais, au fond de moi, que ma mère n'avait pas voulu être blessante. Qu'elle n'avait juste pas utilisé les bons mots. Mais j'étais dans un état tel que je m'en foutais.

– Je vois.

J'attrapais de nouveau mon sac et tournais les talons. Mon père ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortis. Je claquais la porte de chez moi avec brutalité avant de m'élancer dehors, sous la pluie qui venait de se mettre à tomber. Le jour avait décliné depuis longtemps, les éclairages de mon quartier étaient pourris, mais je pédalais quand même à en perdre haleine. Et je savais exactement où je voulais être.

* * *


J'étais en colère. Était-ce pour cela que j'avais claqué la porte de chez moi en pleine nuit pour aller sur Bordeaux ? Oui. Était-ce pour cela que maintenant, je me retrouvai planté sous la pluie à attendre qu'Adel m'ouvre la porte de son appartement ? Sans doute. Je me sentais si mal que je laissais volontiers couler les larmes sur mes joues. De toute façon, avec la pluie, le vent, ce n'était pas comme si elles allaient se voir. La porte finit par s'ouvrir. Je grimpai les marches quatre à quatre jusqu'à son minuscule appartement, au troisième étage, mon sac sur les épaules. Je frappai comme un bourrin sur la porte, essuyant la pluie et les larmes de mon visage, d'un geste du bras. Mes cheveux trempés tombaient en mèches désordonnées sur le front, collaient à ma nuque et me donnaient cette désagréable sensation d'être sale. La porte s'ouvrit et il apparut, ses yeux fins cernés, en survêtement et Sweat trop grand. Évidemment que je le dérangeais. Il était onze heures du soir, j'avais beaucoup trop galéré à venir jusqu'ici sans me perdre, et sans doute avait-il d'autres projets que de m'accueillir ici.

– Louis ?

– Je peux ?

Il me laissa entrer et referma la porte.

– Tu vas bien ?

Bordel, est-ce que j'avais l'air d'aller bien ? Je m'écroulai sur son canapé et relevai la tête en soupirant. Avec précaution il s'installa à coté de moi et croisa les bras, l'air d'attendre des explications. La vérité, c'est que je n'en avais pas vraiment à lui donner. J'étais venu chez lui presque trop naturellement et j'en étais bouleversé.

– Tu veux boire un truc ? me proposa-t-il.

– Ça va aller, merci, murmurais-je.

– Donne ta veste, je vais te chercher une serviette.

Je secouai la tête et laissai retomber mes bras le long de mon corps. J'en avais marre. S'il y avait deux secondes j'avais eu l'impression de grelotter sous la pluie, maintenant, je mourrais de chaud.

– Ça va. Je reste pas, les mots m'avaient échappé, ce n'était pas du tout le fond de ma pensée.

Il fronça les sourcils.

– Tu débarques chez moi à onze heures du soir, tu trempes mon appart, tu ne dis rien et puis tu me dis que tu restes pas ? C'est quoi ton putain de souci ?

Je tournai la tête vers lui, les sourcils froncés. Il n'allait pas s'y mettre aussi, si ? Je levai les yeux au ciel et me relevai.

– Eh, j'te parle.

Il s'était levé aussi, agacé. J'esquissai un sourire, et croisai les bras pour l'imiter.

– Vas-y, fais-moi une belle morale sur la vie toi aussi. Fait comme monsieur parfait tient. Et comme ma mère. Vas-y, je t'écoute !

Il secoua la tête.

– Ok, je ne sais pas pourquoi tu es comme ça, mais tu es encore plus chiant que d'habitude. Si tu veux partir, rien ne te retiens. Ravi de t'avoir vu une minute et demie.

Bordel, mais qu'est-ce je foutais ici ? Pourquoi je n'étais pas allé chez Eden ou chez Inès ? Peut-être parce que les deux habitaient encore chez leurs parents, et que je ne me sentais pas de débarquer à une heure pareille. Ou alors c'était autre réalité, cette autre réalité que je refusais d'admettre depuis quelque temps. Et puis soudain, j'eus envie de faire quelque chose. De complètement stupide sans doute, mais je le fis quand même. Parce que j'en mourrais d'envie, que j'avais envie de passer mes nerfs sur quelqu'un et que merde, c'était lui.

Je me jetai sur lui, m'emparant de ses lèvres, mes deux mains plaquées sur ses hanches. Il rencontra le mur derrière lui, ouvrit de grands yeux mais je ne m'arrêtais pas pour autant. D'abord surprit, il me laissa faire, puis ferma les yeux et répondit à mon baiser. Ok, ça, je ne l'avais pas prévu. Dans mon plan initial, il me repoussait. Il ne répondait pas à mon baiser comme ça. Jamais je n'aurais cru qu'il avait les lèvres aussi douces. L'embrasser était si simple. Si bon, aussi. Adel glissa une main dans mes cheveux, m'attira contre lui, me plaquant contre le mur le plus proche, inversant nos positions. C'était une connerie, je le savais. Pourtant je continuais d'en redemander. J'aurais pu user mes lèvres contre les siennes toute la nuit que je m'en fichais bien. Je laissai tomber mon manteau par terre et passai mes doigts encore gelés sous son Sweat.

– Putain Louis... murmura-t-il contre mes lèvres.

Deux secondes plus tard nous étions sur son lit, et mes lèvres n'avaient pas quitté les siennes. J'avais cette impression de ne plus me contrôler du tout. Je bataillais avec son sweat quand il attrapa mon menton d'une main pour plonger ses yeux marrons dans les miens. Je suspendis aussitôt tous mes gestes, toujours à sa merci.

– Ça va, tu es calmé ? souffla-t-il.

Mon souffle était erratique, comme le sien et mes doigts étaient toujours posés sur sa peau brûlante.

– Ouais.

Merde, Louis ! J'étais toujours sous lui, à attendre je ne savais pas trop quoi. Je laissai ma tête retomber sur l'oreiller et mes mains quittèrent son dos à regret.

– Merde.

– Exactement, dit-il en souriant. Je ne m'attendais pas vraiment à ça je dois dire.

Il s'écarta et s'assit en tailleur à côté de moi.

– Je t'aurais arrêté avant que tu fasses une connerie, et que tu regrettes ça, ne tu'en fais pas.

– Je regrette déjà.

– Pas moi. C'était plutôt sympa, fit-il en haussant les épaules.

Je n'eus aucune envie de répondre à ça. J'avais aimé ça aussi. Pire, j'avais adoré. J'avais embrassé Eden des dizaines et des dizaines de fois, mais je n'avais pas ressenti ça. Pourtant, je pensais que ses baisers étaient les meilleurs du monde. Je m'étais trompé. Et de loin. Bordel de merde.

– Je peux rester ici cette nuit ?

Je n'avais aucune idée de pourquoi je lui demandais ça. Il eut l'air surpris, mais me répondit pourtant :

– Si tu veux. 

– Je prends le canapé ?

– Pas la peine, il est inconfortable au possible.

– J'me suis jeté sur toi tout à l'heure...

– Tu devrais pouvoir dormir tranquillement d'un côté, non ?

J'avais encore envie de l'embrasser. C'était terrible. Comment tu fais pour être... aussi... comme ça ? Stoïque ? Hein, Adel ? Pour faire comme si rien ne c'était passé il y a trente secondes ? Je retirai mes chaussures, tandis qu'il se leva pour éteindre l'appartement. Quand il se glissa sous ses couvertures j'étais déjà recroquevillé dans un coin, en caleçon, les jambes repliées sous moi. J'avais déjà dormi dans le lit de Eden. Mais là, c'était différent. Adel c'était le gars que je m'étais efforcé de ne pas apprécier une bonne partie de mon année. Puis, je ne savais trop comment, il était devenu une sorte d'ami. Et là... Je perdais les pédales.

– Bonne nuit Louis.

Il éteignit sa lampe de chevet. Je n'ai pas répondu. Et dix, peut-être vingt minutes plus tard, je me retournais lentement dans ses draps. Ses vieux volets laissaient passer un filet de lumière qui éclairait très légèrement la pièce. Il était dos à moi, couché sur le côté. Doucement je m'approchai, collant ma tête contre son dos. Je le sentis tressaillir légèrement quand je passai une main sur sa taille. Il sentait si bon. Et moi j'avais toujours les cheveux humides et mon odeur de pluie.

– Louis ?

Je fis semblant de dormir pour ne pas répondre. J'étais beaucoup trop bien niché contre lui. Il se retourna légèrement sans me déloger pour autant. Le baiser qu'il me donna sur le front me fit sombrer pour de bon dans un profond sommeil. 



Je me réveillai le lendemain, beaucoup plus calme et serein que la veille. Les yeux mi-clos, je tâtais le matelas à côté de moi, vide. Lentement je m'étirai avant de distinguer des murs qui n'étaient pas ceux de ma chambre. Les souvenirs de la vieille me revinrent en tête et j'ouvris de grands yeux. Quelque part dans la pièce, un portable vibra plusieurs fois avant de se taire.

– C'est le tient. Il a sonné pas mal de fois ce matin, fit Adel qui venait d'apparaître dans l'encadrement de sa porte de chambre. Je me redressai dans son lit, fuyant son regard.

Je déverrouillai mon portable et ouvris de grands yeux. Maya avait cherché à me joindre une bonne vingtaine de fois. Elle m'avait laissé une tonne de message. Idem pour ma sœur, mes parents et Eden.

– Je répondrai plus tard, marmonnais-je.

Adel leva un sourcil, les bras croisés. Il était toujours dans sa tenue de la veille.

– Je suis désolé pour hier soir.

– D'avoir débarqué sans prévenir ?

– Oui. Et du reste aussi.

Adel haussa les épaules et s'avança vers le lit. Il prit soin de s'asseoir au bout de ce dernier et souffla.

– Ça reste entre nous, hein ?

– Bien sûr Louis, je ne vais pas aller le hurler sur tous les toits, râla-t-il.

Je ne savais pas où me mettre.

– J'ai fait chauffer du lait. Si tu en veux, c'est dans la cuisine. Et tu peux utiliser la douche aussi, parce que je ne t'ai pas dit hier soir, mais l'odeur de pluie, ça va deux minutes. Tu pues.

Il disait tout ça en souriant alors je ne sus pas vraiment s'il me faisait des reproches ou non. C'était Adel, je ne savais jamais sur quel pied danser avec lui. Je hochai de la tête en guise de réponse.

– Et si tu le sens, après, tu pourras me parler éventuellement de pourquoi tu as débarqué en pleurant chez moi ?

Penaud, je me levai, et me dirigeais vers sa salle de bain. Ce ne fut qu'après ma douche, très courte, que je réalisais que je n'avais pas d'habits propres de rechange. 

– Adel ?

– Mmh ?

– Tu aurais des fringues à me prêter ?

– Bouge pas.

J'attendis deux minutes et il toqua doucement à la porte de la salle de bain.

– Voilà, c'est posé devant.

Je m'empressai de récupérer tout ça et d'enfiler des habits chauds. Je le retrouvais dans la cuisine, assis à sa petite table, un livre ouvert sous les yeux. Timidement je fis quelques pas et attrapai la tasse qu'il m'avait laissée près de sa gazinière avant de me servir en lait chaud.

– Alors ?

– Mon match hier c'est mal passé.

– Ah. Mais encore ?

Je lui racontais tout, et Adel m'écouta, attentif. À la fin de mon récit, il soupira et termina d'une traite sa boisson chocolatée.

– Alors. Deux choses. Si tu ne te sens pas de rentrer chez toi, tu peux rester encore un peu ici si tu veux. Deuxièmement, réponds à tes messages, tes parents et amis doivent être inquiet. 

Je hochais la tête et m'empressais d'attraper mon portable. Je rassurais Maya dans un premier temps. Puis Eden auquel mes parents avaient envoyé une tonne de message pour savoir si j'étais chez lui. Puis ma sœur. Et enfin, mes parents.

– Je veux bien rester un peu ici oui...

– Fais comme chez toi alors !

– Adel, à propos d'hier soir...

– Louis, je te jure que si tu t'excuses encore, je te vire de chez moi pour de bon. Ça restera entre nous, ne t'en fais pas.

– Non, ce n'est pas ça.

– Alors quoi ?

– J'ai vraiment aimé.

Il ne me répondit pas. Mais ses yeux en amande ne lâchèrent pas les miens.

– Et je euh...

Je rougissais à vue d'œil. Et lui leva un sourcil, attendant la suite.

– J'ai vraiment envie de recommencer.

* * *

oupsi. ジ

[J'ai écris la scène de Louis qui débarque chez Adel quand j'ai débuté cette histoire. Elle faisait partie des trois scènes que j'avais clairement en tête en débutant ECLIPSE. Évidement je l'ai un peu remanié depuis le temps, mais dites vous... qu'il me tardais teeeellement de la poster xD Je suis soulagée d'enfin avoir pu le faire, même si on est déjà au chapitre 37 (jesuislentebonjour)]

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