Chapitre 34 : Toujours plus de spectacle

En effet, nous avons donc eu la protection le logement et de la nourriture pendant quelques jours, jusqu'au tournage de l'émission.

Nous avons une chambre pour deux. J'ai failli m'évanouir en apprenant ça. Cependant, je n'ai pas trop eu le temps de profiter de cette proximité avec G, puisque je passe 22h/24 de ma journée évanouie. Et plus les jours passent, plus je meurs à petit jeu.

A mon premier réveil, j'ai eu l'impression d'avoir récupéré un peu d'énergie. J'ai réussi à manger une pomme, et à discuter un peu de comment va se dérouler l'émission avec G avant de me replonger dans le néant.

Pour mon deuxième réveil, je me suis sentie encore plus fatiguée qu'avant mon dernier évanouissement. J'ai demandé à G de me réveiller le lendemain, dès 8h, afin de pouvoir reprendre le contrôle de moi-même.

A mon troisième réveil, il m'a annoncé qu'il n'a pas réussi à me sortir de mon sommeil. Je me suis énervée comme au magasin de Muffet, et j'ai failli me frapper, si G ne m'avait pas empêchée.

Le squelette, lui, a été présent à tous mes réveils. Il m'accompagne partout. Me retient quand je tombe. Et ça lui arrive de finir mes phrases quand je n'ai plus la force pour le faire. Il ne bronche pas quand je le regarde parfois avec des yeux terrifiés, possédés, et que je chuchote "Elle est toujours là...". Il me répète juste des fois que je dois tenir, même si au fond, je sais que j'abandonne déjà petit à petit.

Mettaton nous a fait signer un contrat, où nous n'avons que deux conditions pour l'émission, qui aura lieu le quatrième jour après notre arrivée ici : sentir bon et ne pas bégayer. Il a ensuite rajouté oralement "Be Yourself !" avant de partir avec un clin d'œil robotique.

*     *     *

Que se passe-t-il pendant mes évanouissements ?

Le pire des cauchemars, je crois.

Je rêve de Chara. Je rêve à la place de Chara. Je m'imagine aux côtés de mon Prince, Frisk morte et ce maudit squelette six pieds sous terre également. Je suis pleine de vie, d'énergie, le monde est à mes pieds. Toute cette souffrante me semble loin.

Très loin.

Je bats des paupières et me réveille pour la quatrième fois. Ce qui doit donc signifier que c'est le jour de l'émission.

Chara m'ouvre totalement les yeux. Je constate alors que je ne suis plus dans la chambre habituelle. G, lui, est toujours là. Je suis entourée de deux personnes, en blouse bleue.

Médecins ?

- Bonjour, Frisk, dit une des deux personnes.

Un homme, comme sa voix le prouve.

- Nous n'avons pas beaucoup de temps. Ton cœur ne tient presque plus. Nous t'avons fait une prise de sang, et tout semble bien marcher. Mais ce que nous voyons ne mens pas. Il ne te reste que peu de temps.

Son ton est neutre. Il fait juste son boulot.

- D'après Mettaton, cette émission doit absolument avoir lieu. Nous avons donc commencé il y a deux heures à te nourrir à la perfusion, afin que tu puisses tenir quelques heures. Dans cinq minutes, tu seras aux mains des maquilleurs. Une fois l'émission terminée, tu seras ramenée ici en urgence. Cependant, il est impératif que tu ne fasses subir aucun effort important à ton corps. Tu marches lentement. Tu ne restes pas debout plus de cinq minutes.

Chara sourit. Un sentiment de réjouissance remplit ma poitrine.

Le médecin s'en va, laissant une dame - l'autre personne - avec moi, ainsi que G.

Celui-ci garde le silence.

Je me racle la gorge.

- Merci pour tout, G.

- Tu dois tenir, surtout. Il le faut, me répète-il pour la vingtième fois.

Il évite mon regard. J'aimerais beaucoup pouvoir rentrer dans sa tête, et savoir ce qu'il pense et ressent à ce moment. Est-il triste, pour moi ? Est-il soulagé ?

"Je suis partagé entre deux sentiments. Celui de te tuer et de te sauver."

Tuer. Sauver.

Vais-je sortir vivante de cette aventure ?

*     *     *

- Et voilà, c'est finish !

Je rouvre les yeux et m'observe dans le miroir. J'ai l'air...vivante. Le fond de teint plus foncé que ma carnation actuelle, qui varie entre blanc et blanc squelettique, me donne un petit bronzage que j'apprécie grandement. Le blush donne l'impression que mon sang circule normalement dans mes veines.

Je me lève et m'observe entièrement. Les maquilleurs m'ont rembourrée sous mes vêtements. On peut croire que cette aventure m'a plus musclée qu'affamée.

J'apprécie ce que je vois. Ça me donne la détermination de retrouver l'envie de vivre, l'énergie que j'avais avant tout ça.

Puis Chara apparaît à côté de moi, dans le reflet que j'observe. Elle me regarde, et aussitôt toute émotion motivante me quitte. Ce n'est que du maquillage. Un déguisement.

Mes épaules et mon sourire naissant retombent.

- EN SCÈNE !

La voix métallique de Mettaton me scie les tympans. Je retrouve G à l'extérieur de ma loge. Sans prévenir, il me prend par la taille et me colle à lui. J'essaye en vain de me dégager, en rougissant sous mon maquillage.

- Qu'est-ce que...je lui chuchote, déstabilisée.

- J'ai le droit de tenir ma copine comme ça.

Plus j'y pense, moins cette histoire me semble tenir la route. Et plus mon cœur va se décrocher de ma cage thoracique.

Nous rentrons ensemble sur le plateau. Il y a des caméras à tous les angles. Une grande scène. Ma mère serait heureuse de savoir que j'ai vu le plateau de la star Mettaton à la fin de ma courte vie.

La porte se ferme à clef derrière nous. Je fronce les sourcils. Quel intérêt ? Je sens G se raidir.

On nous installe dans l'ombre pour l'instant. Mettaton répète ses pas de danse sur scène.

- Live !

Les lumières s'allument.

- Caméras !

Toutes les machines se tournent vers lui.

- Action !

Des bruits sourds contre la porte résonnent dans toute la scène.

- Gare Royale ! Vous êtes dans l'obligation d'ouvrir !

Je pourrais mourir.

G me rapproche de lui.

- Bonsoir à tous ! sourit Mettaton. Et bienvenue sur le shoooow !

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