zero. the bloom

CHAPTER ZERO
THE BLOOM





Asteria Nott regardait par l'une des fenêtres du couloir quand les premières fleurs apparurent. Les yeux dans le vague, elle réfléchissait à un moyen de trouver le sommeil — comme la nuit précédente, et celle d'avant — quand un flash de lumière bleue avait attiré son attention. Intriguée, elle s'était penchée pour tenter d'en apercevoir un peu plus. Depuis des années qu'elle hantait les couloirs de Poudlard en espérant ainsi fatiguer son corps et son esprit, c'était bien la première fois qu'elle remarquait quelque chose d'aussi étrange. Du moins, plus étrange que Peeves lançant des plumes aiguisées comme des couteaux au visage des tableaux.

Tout avait commencé par d'étranges lueurs qui ondulaient entre les brains d'herbe, entourées de points lumineux à mi-chemin entre des lucioles et de la poussière de fée. Elle en avait compté une dizaine, longues et fines, réparties un peu au hasard sur l'étendue sombre. Ce qui était pour le moins mystérieux était le fait que les paillettes en suspension bougeaient à peine, d'un mouvement vertical presque imperceptible, quand la base des lueurs semblait s'agiter comme une potion bouillante dans un chaudron.

Pour la première fois de sa vie, Asteria ne regrettait d'être insomniaque. Elle était certainement la seule à pouvoir apprécier ce spectacle au cœur de la nuit, excepté peut-être le garde-chasse qui, même si elle y croyait peu, pouvait en être à l'origine.

— C'est beau, n'est-ce pas? lança soudainement une voix dans son dos, manquant de la faire sursauter.

Surprise mais pas inquiète, Asteria se retourna et sourit au fantôme qui se tenait derrière elle. Il était étrange de voir la Dame Grise aux alentours du dortoir des Serpentard, mais la sorcière elle-même n'aurait pas dû se trouver là. Après tout, eux avaient bien le droit de se promener à des heures tardives.

— Ça l'est, confirma-t-elle.

Elle ne parlait pas trop fort pour ne pas risquer de se faire surprendre par un professeur, chose qu'elle avait plus ou moins évité durant les cinq années qu'elle avait passées au château. Elle faisait confiance aux fantômes pour ne pas révéler son secret, mais le vieux concierge serait sûrement moins conciliant sur ce point.

Retournant à sa contemplation, Asteria grimpa sans effort le rebord et se mit à genoux pour optimiser son champ de vision. Ses vaines tentatives pour se donner sommeil s'étaient évanouies de son esprit depuis de bonnes minutes.

Les lueurs continuèrent à onduler pendant un petit moment, et Asteria en compta quatre nouvelles qui apparurent devant ses yeux. Elle entendait la Dame Grise pousser des exclamations subjuguées derrière elle, et elle-même en aurait fait autant si elle n'avait pas risqué de se faire remarquer.

Il fallait dire que la sorcière n'était pas quelqu'un de particulièrement facile à impressionner. Quand l'une de ses amies sang-mêlé lui décrivait un objet moldu, elle avait du mal à ressentir le moindre intérêt. Après tout, elle avait de la magie en elle, pourquoi s'embêter avec des inventions compliquées? Étant reconnue pour ses talents en sortilèges, il y en avait peu qui parvenaient encore à l'époustoufler — excepté les trois Sortilèges Impardonnables qui l'avaient toujours fascinée, pour le plus grand bonheur de ses parents. Même les fantômes avaient cessé de l'effrayer quand elle avait appris à les connaître au cours de ses longues nuits d'insomnie.

Les yeux d'Asteria étaient à moitié fermés quand le spectacle commençait réellement. Alors qu'elle pensait avoir finalement trouvé un moyen de s'endormir, elle remarqua un mouvement qui ne s'était pas produit auparavant. Les lueurs s'étaient allongées et se regroupaient autour des vagues de lumière bleues et une forme se formait en leur centre. D'abord floue, ses contours s'affirmèrent et laissèrent entrevoir quelque chose de si beau que la jeune fille ne put contenir son admiration plus longtemps.

C'était une fleur. Pas une des fleurs quelconques comme celles qu'on trouvait dans les jardins, ni les dangeureuses plantes carnivores des serres de botanique, non. C'était la plus belle fleur qu'Asteria avait jamais observée. D'un bleu qu'elle était presque sûre de n'avoir jamais vu auparavant, clair et vif, et entourées de cette lueur qui n'avait pas quitté ses yeux depuis ce qui lui semblait des heures. Elle possédait six pétales, brillants et qui semblaient si doux qu'on ne pourrait s'empêcher d'y toucher. Sa tige était si lisse qu'on aurait cru du plastique, et juste assez longue pour que la fleur surplombe le sol et nimbe l'herbe de sa lumière féerique.

Les autres scintillements avaient eux aussi laissé place à ces fleurs majestueuses, comme des lanternes marquant le chemin vers un monde inconnu.

La vue de ce tableau magnifique faisait ressentir à Asteria des sentiments qu'elle semblait ne découvrir qu'aujourd'hui. Elle ne savait pas d'où venaient ces fleurs, mais elle savait au fond d'elle que rien de maléfique ne pouvait en sortir. Et elle avait raison, en quelque sorte — les fleurs en elle-même n'étaient que pureté, beauté et mystère.

— C'est irréel, murmura-t-elle sans se soucier de savoir si le fantôme l'avait entendue.

C'était le mot: irréel. Même pour une sorcière qui avait baigné dans la magie toute sa vie, rien de ce qu'elle avait pu voir ne pouvait égaler cette nuit. Et ce qui la satisfaisait le plus était la pensée qu'elle était certainement la seule à avoir assisté à l'éclosion de ces fleurs magnifiques. Le lendemain matin, les étudiants et les professeurs se précipiteraient dehors pour les admirer, s'interrogeant sur leur origine sans se douter une seconde que quelqu'un avait assisté à leur apparition et gardé le secret — car oui, il était hors de question de partager à quelqu'un ce qu'elle avait vu. Pas seulement pour éviter tout problème auprès des professeurs, mais surtout parce qu'il lui semblait qu'elle devait garder ces événements pour elle. C'était à ses yeux qu'il avait été donné de voir un tel spectacle, et à ses yeux uniquement.

Les fleurs avaient arrêté de fleurir, mais les paillettes scintillantes continuaient de léviter le long de leur tige et de leurs pétales. Leur bases avaient cessé de briller car les fleurs semblaient avoir absorbé les lueurs bleues en leur cœur, lueurs qui se reflétait maintenant tout autour des fleurs sans jamais s'étirer trop, comme si elles avaient eu une limite à ne pas franchir.

Émue par ce qu'elle venait de voir, Asteria laissa un sourire fleurir — et c'était le cas de le dire — sur son visage.

— Ce sera notre petit secret, d'accord? lança-t-elle sans se retourner à la Dame Grise.

S'adossant contre le cadre de la fenêtre, Asteria jeta un dernier coup d'œil au paysage magnifiques avant de fermer les yeux. Cette nuit-là, elle ne rêva que de magnifiques fleurs brillantes et de lueurs étincelantes.


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