4. Je suis ce que tu n'es pas.
Je me réveille alors que ce son incessant et agaçant retentit. Ma main se balance d'elle même contre le réveil qui chute après au sol. Bon, un réveil cassé mais au moins je peux me rendormir. Je souris entre mes draps, et au moment où je sens cette douce sensation envahir enfin mon corps la porte s'ouvre.
J : Ma puce, tu vas être en retard.
Tiens, se réveilla il n'est pas conseillé de le casser. Je grogne et me relève sur mes coudes en fixant ma tante.
J : Tu veux rester une journée de plus à la maison ? Jusqu'à l'enterrement ?
Y : Non je dois m'occuper l'esprit.
J : D'accord..
Elle referme la porte derrière elle avec un visage plus ou moins triste et je me laisse tomber sur le lit en fixant le plafond. Au vue de l'heure et de mon emploi du temps, il me reste deux heures avant d'être en retard. Donc je suis loin d'être " en retard ". Je vais en profiter pour prendre un bain. Je repousse donc la couverture, prépare mon sac du peu d'affaires dont j'ai besoin. Trieur calepin, trousse écouteur. Puis je retire chacun de mes habits et me pose face au miroir mural en me fixant. Mes cheveux bruns tombent presque à mes hanches. Les pointes légèrement habiles ne cessent d'effleurer mes hanches et je soupire en me faisant une queue de cheval. Je dois vraiment couper ses cheveux. Mon regard glisse par la suite sur la courbure de mes seins, celle de mon ventre, de mes hanches et de mes jambes. Un instant mes doigts effleure mes épaules et un sourire apparaît sur mes lèvres la seconde d'après c'est un autre soupir se glisse entre mes lèvres, suivant les codes de la société je serais sûrement légèrement pas assez maigre, des hanches trop prononcées et des seins trop petits mais..j'aime bien mon corps. Quand je le fixe pas trop longtemps . Pour éviter que ce schéma arrive je me tourne dos a mon reflet et pars dans la salle de bain. Ignorant du regard la blessure au ventre qui se laisse voir. Un coup de couteau. Je ferme les yeux et m'empêche de repenser à cette journée. Alors que j'allume et règle l'eau et les huiles essentielles, j'active en même temps la musique et laisse le carrelage froid congelé mon être. Lorsque le bain est enfin prêt et fumant je m'y glisse. Encore un peu plus et je mourrais de froid, ironique comme mort non ?
Je laisse mon corps couler jusqu'à ce que l'entièreté de celui-ci soit dans l'eau. Y compris mon visage, les premières secondes je garde les yeux ouverts avant de les fermer et de presque me rouler en boule dans l'eau. Je savoure cette sensation de silence et de vide comme jamais auparavant. Ici alors que ma tête est sous l'eau il n'y a rien qui peut m'atteindre je suis protège. Les secondes passent et au fur et à mesure que les poumons commencent à brûler, ils réclament de l'air. Mais je ne veux pas partir de cette bulle protectrice alors je reste rouler en boule dans cette eau. Je sens mon corps vouloir chercher de l'oxygène lui -même mais je réfléchis un instant. Pourquoi ? Pourquoi aller chercher de l'oxygène ? A quoi ça servirait hein ? Alors je sens mes muscles se détendre, c'est un réflexe instinctif sur le corps à, celui de survivre. Mais ce réflexe, il peut être tu, comme tous les autres réflexes.
Les étoiles commencent à danser devant mes paupières et avant que je ne sente mes dernières forces, lâche les deux mains, attrape mes épaules et me relève. Je tousse évacuant l'eau de mes poumons et l'eau chaude tombe sur mes cheveux et mon dos. Quelqu'un m'a relevé et a allumé le jet. Qui ? Qui a fait cette putain de connerie ?! La voix de ma tante, une voix teinté de peur et de colère , finis par me parvenir.
J : Yuma ! Putain a quoi tu joue.
Je toussote encore un peu avant de relever mon regard vert vers le sien. Pas aux cartes en tout cas Tata.
Y : Je me suis endormis, désolé.
Elle soupire doucement et me serre contre elle malgré ma nudité. Je la serre en retour comprenant que je lui ai fait peur. Une dizaine de minutes, elle finit par reculer.
J : Ne fais plus ça..
Y : Oui Tati..
J : Je- désolé je vais te laisser.
Elle part pour sûrement se changer et me laisser le loisir de terminer ma douche. C'est donc ce que je fais après quelques sondes à fixer le vide apathique.
Une dizaine de minutes plus tard je suis habillé de la tenue la plus chaude que j'ai en réserve et je me trouve face à ma tante. Elle me fixe les bras croisés et lunettes sur le nez.
J : J'ai pris rendez-vous chez le psychologue.
Y : Pourquoi ?
J : Tes parents sont morts, tu as été retrouvée blessée et inconsciente près d'eux. Tu as sûrement vu la personne qui est coupable, tout ça laisse un traumatisme.
Y : Je vais bien.
J : Non, non tu ne vas pas bien. Regarde comment je t'ai trouvé ?
Je baisse la tête et elle soupire en revenant vers moi me relever le menton.
J : C'est pour ton bien.
Y : D'accord.
Elle me sourit, semblant rassuré que j'accepte cela. Je ne le fais pas de plein gré, si ça peut lui éviter différentes peurs et inquiétudes je peux bien faire ça. Je discute encore quelques minutes des choses et d'autres concernant l'enquête puis l'école et je pars par la suite vers l'école. Refusant qu'elle m'y emmène, je préfère fortement marcher et être dans le bus avec les écouteurs. Étrange peut-être mais..je peux être au calme sans parler. J'avance donc vers mon arrêt de bus, écouteur dans les oreilles et répondant aux quelques messages de mes meilleurs amies. Le bus finit par s'arrêter devant moi et j'y monte. Je m'appuie a un siège déposant mes pieds sur celui de devant et je m'emmitoufle un peu plus dans mon pull alors que la musique classique résonne à mes oreilles. Je laisse mon regard glisser sur le paysage qui passe à toute vitesse et je me perds à l'intérieur de mon propre esprit. Ce n'est que lorsque le bus s'arrête à mon arrêt que je me réveille un instant et descend. Il me reste maintenant cinq minutes de marche avant d'atteindre ce pr-établissement scolaire.
Alors que je peux à nouveau me plonger dans mon esprit, puisque mon cerveau connaît la route par cœur. Une histoire s'impose à mon esprit, mes pieds marchant sur la ligne droite du trottoir. Imaginons..imaginons un instant que je sois une fille acrobate. Je suis actuellement sur un fil, suspendu à des dizaines de mètres du sol. Si je tombe je meurt, et c'est ce qui me motive à ne jamais prendre d'attaque sécurisante. Non, j'avance les bras jouant de stabilisateur et le regard vert planté dans celui de mon moniteur inquiet à l'autre bout du filet. Je le vois, ce père me semble inquiet. Il a peur, peur que sa seule fille sombre. J'avance pas à pas, du vent me bouscule, je le fixe alors qu'il hurle. Je souris et me laisse tomber au sol.
Malgré ma petite histoire, deux bras puissants m'attrapent de cette chute et je cligne des yeux en retirant les écouteurs.
O : Yuma ! Met le son moins fort.
Y : J'y penserais le vieux !
Il grogne alors que Margot avance vers nous et nous nous saluons tous avant de partir vers une journée de cours des plus ennuyeuses.
Ce qui fut des plus ennuyant finalement c'est le regard pesant des élèves et celui rempli de pitié du personnel éducatif. Margot et Owen quand ils sont avec moi, essaie de me distraire de cela mais ça reste..pesant. En ce moment même je suis en cours d'histoire à côté de cette cher Margot qui s'amuse apparemment à nouer certaines de mes mèches de cheveux en une mini tresse. Je rigole légèrement en fixant la salle de classe avant qu'un murmure venant de derrière nous attire mon attention.
-C'est elle ?
-Oui, il paraît qu'ils ont reçu trente coups de couteau et qu'elle aussi'
-C'est la fille aux parents morts ?
-Ouais l'orpheline.
Je me crispe et je sens ma main serrer avec plus de force le crayon que je tiens entre mes mains. Malheureusement, entre haine et crayon de bois, la haine gagne et je sens le bois de tordre sous mes doigts avant de rentrer sous la peau. Alors que je retire les morceaux de bois de ma paume sous le silence de la salle, je me tourne vers le groupe des idiots.
Y : Non, je ne suis pas " la fille aux parents morts " ou encore " l'orpheline " je suis qui tu n'est pas. Arrêtez d'essayer de mettre une étiquette sur tout le monde..vous êtes pathétiques.
Je jette le crayon sur leurs tables, ignore les gouttes de sang qui s'étale sur le sol, attrape mes affaires et sort. La classe est encore plongée dans le silence. J'ai à peine fait une dizaine de pas qu'ils arrivent tous deux.
M : Ça va ?!
O : Montre ta main !
J'obéis donc en cochant la tête et il commence à me soigner. Oui, Owen est le type de personne à toujours avoir de quoi nous soigner . Je le laisse donc soigner les égratignures et ils reviennent à la charge.
M : Comment tu te sens ?
Y : Épuisé.
O : On peut faire quelque chose ?
Y : Je - je vais rentrer à la maison me reposer.
Je leur fait un pâle sourire, me tourne dos a eux et pars en direction de la sortie la rage au ventre.
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