Chapitre - Kyle

« Elle jouait avec le feu. Elle voulait se brûler ? Il allait être la flamme qui la blesserait.  »

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J'avais recommencé.

D'abord à faible dose, et lors de cette soirée, en plus de drogues, j'avais bu à en perdre l'esprit.

Quelle connerie.

Me replonger dans toutes ces merdes dans l'espoir d'oublier ce qui me tourmentait était la pire erreur que j'avais pu faire. J'avais réussi, pourtant, à m'arrêter aisément pendant quelques années, mais mes démons étaient revenus quand j'avais appris sa mort, quelques jours avant.
Plus tenace que jamais, ils m'avaient tendu la main en me priant de les suivre en enfer.

Comme si la drogue me permettrait de faire fi de cette souffrance qui me bouffait depuis tant d'années. Pire encore depuis que j'avais appris que Peter était décédé.

Oh oui, cette annonce m'avait soufflé. L'une des rares personnes qui avaient appris à apaiser cette fureur en moi était morte dans cet incendie, uniquement parce qu'elle pensait que des personnes étaient dans l'entrepôt. J'étais devenu fou. Furieux. Peiné.

Peter avait été présent lorsque j'errais encore au sein des ténèbres. Il m'avait tendu la main pour me laisser une chance. Pour me permettre de défier mes démons. Mais aussi pour ne pas sombrer.

Sans lui, je serais peut-être devenu comme lui.

Sa mort m'avait rendu dingue jusqu'à ce que je succombe, que je cède à la tentation.
Quelle connerie, putain. Comme si perdre l'esprit me permettrait de ne plus rien ressentir.

Et ce soir-là... Cette nuit qui m'avait montré à quel point j'étais une merde, à quel point j'étais bousillé, avait été décisive. Errant dans les rues après avoir consommé, plus que de raison, j'avais laissé ma rage me prendre la main, quand les effets secondaires de la drogue commençaient à se manifester, prêts à saisir ma conscience pour que j'en perde la tête.

Je m'étais pourtant répété la même question : pourquoi avoir recommencé ?

Mon cœur m'avait lâché, quand j'avais aperçu Melina, seule dans ces rues sombres, les traits tirés par l'angoisse. La colère s'était amplifiée. Pourquoi ? Pourquoi traînait-elle ici, alors que son pauvre cœur meurtri avait si peur ? Je savais à quel point elle était brisée par les coups de la vie, par la violence des hommes. Oui, je l'avais compris depuis un petit moment. Ses tremblements quand j'étais trop proche d'elle, ses pics cherchant à cacher son angoisse, sa répulsions quand je l'effleurais à peine.

J'avais vu ses démons la hanter, lui glissant des promesses sordides à l'oreille. Mais pourtant, elle continuait d'affronter la nuit. Ses monstres.

Ce soir, elle m'avait rappelé une flamme au milieu des ténèbres. Une flamme qui vacillait, sans jamais s'affaiblir. Du moins, c'était ce qu'elle se persuadait. Parce qu'elle risquait de s'éteindre au moindre souffle.

La folie m'avait aveuglé. Comment lui faire comprendre qu'elle risquait gros ? Qu'elle jouait bien trop souvent avec le danger ?

Réagis ! Réagis ! avais-je voulu hurler.

Comment lui faire comprendre qu'il fallait qu'elle cesse de se mettre en danger ? Pour une raison, je voulais qu'elle préserve la flamme qu'elle représentait en se mettant à l'abri. Mais comment ? Comment ? Et quel connard étais-je pour m'en mêler ? Pourquoi me mettre dans un tel état pour elle ? Qu'est-ce qu'elle me faisait, bordel, pour me faire perdre l'esprit ?

Cette pensée m'avait d'autant plus rendu furieux. Elle n'était rien, pour moi, pourtant. Alors de quoi est-ce que je me mêlais ?

Pourquoi, bordel, lui portais-je tant d'intérêt ?

Pourquoi me troublait-elle tant ?

Quand son regard affolé avait croisé le mien, je m'étais pourtant senti perdre pied. Parce que j'avais vu, que malgré sa force de caractère, elle menaçait de s'écrouler. Cette constatation m'avait déstabilisé. Ses yeux remplis de souffrance... J'en avais perdu le souffle.

Bien sûr qu'elle avait souffert. Oui, elle avait vécu de nombreuses atrocités, je l'avais compris. Plus d'une fois, j'avais ressenti sa douleur. Mais alors pourquoi continuait-elle à prendre des risques ?

Au fond, j'étais persuadé que mes soupçons à son sujet étaient vrais. Sa tenue, ce soir-là. L'endroit dans lequel elle errait. Ce n'était pas un hasard.

Assailli par une migraine, j'avais senti mon sang s'enflammer, ma colère s'accentuant face à l'effroi que je lui avais inspiré, lorsque je lui avais fait face. Et pas seulement ce soir-là. C'était constamment, qu'elle était effrayée par l'homme que j'étais.

Et ça me rendait plus dingue que je ne voulais l'admettre.

J'avais commencé à perdre la raison, submergé par les effets de la drogue, par la colère constante qui m'habitait.

J'avais cherché à lui faire comprendre qu'elle devait partir. J'aurais voulu lui hurler ce que je pensais, mais comment ? J'avais été incapable de rester calme, rongé par ma migraine. Par la drogue, mais aussi par la haine.

Comment lui faire comprendre que, aussi forte soit-elle, qu'elle n'était pas intouchable ?
Je n'avais aucune envie, qu'elle subisse ce que tant de femmes avaient subi sous mes yeux.

Ce qu'elle avait enduré elle-même, j'en étais persuadé.

Et le seul moyen de lui faire comprendre, c'était d'agir comme les monstres qui l'effrayaient tant. C'était ce que ma raison, noircie par la drogue, m'avait murmuré. C'était con. Faux. Complètement faux. Mais ça, je ne l'avais pas compris à temps.

Comment aurais-je pu, quand ma colère m'aveuglait et que des voix lointaines me hurlaient d'agir ?

« Fais-le ! » « Montre-moi que tu es digne ! »

Digne ? Je voulais l'être, oui. Je l'aurais tant voulu.

Mais pas ainsi. Pas en agissant comme un monstre.

Et pourtant, j'en avais été un, face à elle.

Elle jouait avec le feu ? Elle voulait se brûler les ailes ? J'allais être la flamme qui la blesserait en espérant qu'elle cesserait de prendre tant de risques.

Si elle devait finir par me haïr, libre à elle. Je préférais qu'elle me déteste davantage, plutôt qu'elle se mettent en danger. Au moins, elle cesserait peut-être de défier les démons qui erraient dans la nuit. Mais c'était une erreur de penser ainsi. Parce qu'en agissant comme je l'avais fait, j'avais été comme ces connards sans aucune valeur. Je ne valais pas mieux qu'eux.

Oui, en incarnant sa plus grande peur, je l'avais défié, provoqué, trop furieux pour comprendre mes actes. Comme si je pouvais lui faire du mal. Mensonge. J'en étais incapable. Jamais je n'agirais ainsi. Jamais. Quel connard aurais-je été en infligeant une telle chose à une femme ? J'étais capable du pire, oui, mais pas d'une telle chose. J'avais un tas de défauts, mais j'avais un minimum de principes.

Jamais je ne ferai comme lui.

Quand elle s'était effondrée en me suppliant de ne pas lui faire de mal, j'avais eu l'impression de me prendre une gifle. Je voulais la faire réagir, mais certainement pas la détruire.

Elle m'avait imploré, complétement brisée, elle qui se montrait si téméraire, face à moi.

Quand sa crise l'avait emportée, j'avais enfin repris conscience. Cette putain de douleur dans la poitrine m'avait réveillé d'un coup. C'était à cause de moi, si elle s'était écroulée ainsi. Uniquement à cause de moi. Tout ça parce que j'avais été incapable de m'exprimer.

Avant que je ne puisse lui venir en aide, Melina s'était enfuie.
Comment l'aurais-je pu, de toute manière, étant donné que j'étais celui qui l'avait mise dans cet état ?

J'étais minable. Sale.

La soirée avait été longue. La drogue n'avait pas réussi à me ronger entièrement, les regrets bien trop forts pour ça.

La prise de conscience au beau matin avait été difficile. Je me répugnais, d'avoir fait ça. Je m'étais déjà drogué, mais jamais autant. Jamais je n'avais autant perdu l'esprit. C'était comme si je n'étais plus qu'un putain de pantin désarticulé, mené par tous mes vices.

Frappant dans un sac de boxe en relatant cette soirée, la mâchoire serrée, je m'entraînais depuis une heure maintenant, ignorant difficilement ma conscience qui me disait que je n'étais qu'une merde.

La soirée avait eu lieu il y avait quelques jours, et si les effets s'étaient estompés, depuis, mais je ne me pardonnais toujours pas.

Je ne me pardonnerai jamais.

Le souffle haletant et les jointures ensanglantées, je frappai encore dans ce vulgaire sac pour me défouler. Pour extérioriser. Pour me sanctionner.

Plus jamais. J'avais été faible de prendre à nouveau de la drogue.

En voulant préserver Melina de ses démons, je les avais réveillé. Et ça, ce n'était pas moi.

Les muscles bandés, je frappai une nouvelle fois avant de passer une main dans mes cheveux, puis je rouvris mon visage pour me frotter les paupières, la respiration sifflante. Furieux, je jurai avant de serrer la mâchoire.

Jamais elle ne me pardonnerait.

Jamais je n'aurais dû laisser mon passé refaire surface, uniquement parce que j'étais trop lâche pour affronter le présent.

— Kyle ?

Je tournai le nez vers mon coéquipier, Zack, qui m'observait en silence, probablement déstabilisé par le sang qui recouvrait mon visage et mes jointures.

— Tu t'entraînes depuis un moment, maintenant. Qu'est-ce qui ne va pas ? finit-il par me demander.

Aucune réponse. Je me contentai de me détourner pour contempler le sac, puis je me laissai retomber sur le banc en soupirant de lassitude. Zack croisa les bras sans insister. Il me connaissait assez bien pour savoir qu'il était inutile de discuter avec moi, de ce qui me tourmentait.

— Prépare-toi, on ne va pas tarder à avoir des directives pour notre mission. On est sur une piste. Ah, et tu devrais voir Émilie, vu ton état, tu fais peur à voir.

Je hochai la tête sans rien dit. Zack me lança un coup d'œil indéchiffrable et quitta la salle d'entraînement, me laissant seul avec mes pensées.

Comment allait Melina, depuis ? Elle s'était enfuie si vite. Et si elle était tombée sur un homme qui lui voulait du mal ? Dans son état, elle aurait été incapable de se défendre.

La culpabilité s'intensifia. Les yeux fous, je levai la tête pour me perdre davantage dans mes pensées, mais le visage de Melina s'immisça pour me glacer.

Pourquoi avais-je été aussi con ?

Je pressai mes paupières en essayant d'ignorer mes démons qui ricanaient de ma vulnérabilité. De mon malheur.

Faible. Faible.

Depuis que j'avais croisé le chemin de Melina, je savais que je lui inspirais de la peur, et pourtant, j'avais remarqué qu'elle commençait à s'ouvrir un peu plus. Je l'effrayais de moins en moins. Elle avait même fait, parfois, le premier pas. Son désir de repousser ses craintes pour se rapprocher de moi m'avait empli de fierté.

Parce que j'avais vu à plusieurs reprises, que son corps réagissait, en ma présence, malgré ses réserves.

Comme le mien réagissait en sa présence.

Oh oui, elle ne me laissait pas indifférent, et ça me rendait dingue. Son caractère téméraire, ses pics acérés, sa vulnérabilité et sa force, sa beauté sauvage et ses grands yeux emplis de défi, de courage... Elle m'attirait bien plus que je ne voulais l'admettre. Mais il était hors de question que je cède à cette attraction grandissante, je préférais la faire taire dans les tréfonds de mon âme bousillée.

Hors de question que je la laisse avoir un quelconque pouvoir sur moi.

Pourtant, il avait suffi d'une soirée pour que je détruise la confiance fragile qui s'était instaurée entre nous.

La Roi avait un faux pas. Pas de sacrifices de sa part. Seulement une chute pour un écart.
Un terrible écart.

Hello les lecteurs ❤️

Echec et mat a 1 an maintenant, ça passe trop vite (<==non mais ça date ça, ça a plus d'1 an maintenant... la première version de ce chapitre date du 25 mai 2017, bordel) 🙈❤️

Alors je rappelle que c'est une réécriture, cette version est différente de l'ancienne. Maintenant, je travaille beaucoup plus sur la psychologie du personnage. Du coup, selon vous, Kyle, qu'a-t-il pu vivre pour être ainsi ? Est-ce que c'est pardonnable ce qu'il a fait à Melina ? Vous comprenez pourquoi il a été aussi cru avec elle ? Ou pas ? N'hésitez pas à me le dire, toute critiquera me permettra de m'améliorer, sachez le !

Bonne soirée !❤️

~Chapitre revu~

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