Chapitre 47

« Il était le Roi au sommet de ses prouesses, et moi, je voulais être sa Reine lui faisant les plus belles promesses. »

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Postée devant la porte de mon immeuble, j'attendais depuis cinq minutes en pianotant sur mon téléphone, appréhendant, malgré moi, la rencontre qui allait avoir lieu.
Après avoir reçu un message me demandant si on pouvait discuter, j'avais répondu en comprenant qui était mon correspondant, pressée de le voir, mais également méfiante.
Pour plus de prudence, j'avais emmené mon poignard avec moi.

Des bruits de pas s'approchèrent et, lorsque je relevai la tête pour croiser des yeux noirs, je plissai les paupières avant de voir ses lèvres se retrousser doucement.

— Gab, le saluai-je dans un murmure.

— Ça faisait longtemps, Melina.

Et, face à sa posture détendue, je souris à mon tour en opinant, heureuse de voir qu'il se portait bien.
Qu'il ne lui était rien arrivé depuis son petit mot.
Mais, pourtant, je le trouverais changé. Il semblait plus grand.
Plus serein, d'une certaine manière, malgré son regard hanté.

— Merci pour la dernière fois, osai-je lui dire.

Il s'adossa contre le mur en relevant la tête afin de contempler le ciel noir, couvert de nuages menaçants.
Et, face à la lueur luisant dans son regard, mon cœur sembla se briser.
C'était le reflet de son âme tourmentée.

— Tu as aidé Sofia, je te devais bien ça...

— Et que vas-tu faire, désormais ?

Quand il reporta son attention sur moi, je manquai de défaillir face à la ressemblance frappante qu'il avait avec sa sœur.
Le même sourire doux. Le même regard brillant.
La tristesse tirailla mes tripes alors que j'avalais péniblement ma salive.

Sofia était encore présente, finalement. Elle avait laissé une partie d'elle dans son frère.

— Je vais partir, m'avoua-t-il. Je vais quitter la ville pour rejoindre mes cousins. J'ai fait une erreur en m'alliant à un gang par vengeance. Ce n'est pas mon monde. Je...

Il hésita un instant, et il finit par murmurer :

— Je ne suis pas un tueur.

Son visage retrouva ensuite de ses couleurs quand il plongea ses yeux dans les miens, les épaules noueuses. D'un geste, il croisa les bras nonchalamment en fronçant légèrement les sourcils.

— En partant, je serai enfin libre. Je ne veux pas vivre davantage dans cette ville, elle me rappelle trop de mauvaises choses... Je ne veux pas non plus rester auprès de ma mère, après tout ce qu'elle a fait... Je voulais la sortir de son addiction à la drogue, mais elle ne fait aucun effort.

Sa mâchoire se serra quand son regard sembla plus lointain.
Hanté par la culpabilité.

— Je suis peut-être égoïste en disant tout cela, mais je suis resté auprès d'elle pendant trop longtemps pour l'aider à se relever, quitte à sombrer avec elle... Mais je ne veux pas tomber plus bas.

Face à son regard brillant, je fis un sourire se voulant rassurant.
Il avait une opportunité, et il devait la saisir.
Gab était jeune, il devait vivre sans vie savoir avoir la peur constance de mourir à cause des gangs.
Lorsque je l'avais rencontré, quelques mois avant, il semblait être dévoré par sa propre ombre.
Maintenant, ses traits étaient plus détendus, et une lueur d'espoir illuminait ses yeux.

Et tant pis pour le reste. Non, ça n'avait rien d'égoïste de penser à soi après s'être battu pour les autres.
Sa mère avait essayé de revendre sa propre fille à cause de la drogue, et d'après Gabriel, il s'était battu pour l'aider à s'en sortir.
En vain.
Parfois, il fallait apprendre à lâcher prise, quitte à abandonner les autres, si on voulait avancer.
Inutile de s'évertuer à se battre pour une personne qui ne voulait pas se battre pour elle-même...

— Tu mérites de vivre pleinement ta vie, affirmai-je en opinant. Maintenant que tout est terminé, fonce profiter des petits bonheurs de tous les jours. Ce n'est pas égoïste, ce que tu dis. Tu es resté auprès d'elle pour l'aider, mais si elle n'accepte pas ta main tendue, tu ne peux pas faire plus. C'est dur, je le sais, mais il faut que tu penses un peu à toi...

Il opina avant de me contempler longuement et, bientôt, il s'approcha de moi pour m'enlacer. Mon cœur s'endiabla d'inquiétude avant que je ne me détende en repensant à sa petite sœur.
À ses accolades et à ses petits rires.
Maladroitement, je finis par le serrer en fermant un instant les paupières.
Je savais qu'il ne voulait pas parler davantage de sa mère. Je le voyais bien.
Et je comprenais.
C'était dur ce qu'il faisait comme choix.
Mais c'était également la seule solution qu'il avait...

— Merci d'avoir été là pour Sofia..., chuchota-t-il. Merci d'avoir veillé sur elle, Melina...

Et il se recula en contemplant le sol, l'air gêné. Sa moue timide m'arracha un petit sourire avant qu'il ne soupire en papillonnant des cils, ses yeux se levant vers le ciel, peut-être pour ne pas pleurer, avant qu'il n'ajoute :

— En quittant la ville, je la quitterai aussi, puisqu'elle est enterrée ici avec mon père... Est-ce que je ne les abandonne pas, en partant, en plus d'abandonner ma mère ?

Je me mordis la langue en réfléchissant à ses paroles.
Gab était et resterait lié à cette ville.
Mais ça ne signifiait pourtant pas qu'il abandonnait Sofia et son père.

— Qu'ils soient enterrés ici ou ailleurs, ils seront toujours à tes côtés, Gab, tentai-je de le rassurer. Tu ne les abandonneras pas en partant. Par contre, en restant, c'est toi que tu abandonnerais...

Parce qu'il était évident qu'ici, il était malheureux.
Trop de choses devaient lui rappeler sa sœur et les gangs.
En restant, c'était lui qui en pâtirait.
Il valait mieux qu'il saisisse l'occasion de partir...

Tant qu'il avait ses souvenirs, son père et Sofia resteraient près de lui.
Tant que l'on n'oubliait pas nos proches, on les gardait dans nos cœurs.
En vie.

— Tu crois ? me demanda-t-il, peu confiant.

— Oui, j'en suis sûre, répondis-je. Je suis sûre qu'ils auraient voulu, eux aussi, que tu partes rejoindre ta famille. Que tu te refasses une vie ailleurs pour être enfin heureux. Et puis, rien ne t'empêche de revenir de temps en temps pour venir les voir, tu sais ?

Ses yeux brillèrent davantage et mon cœur se serra. D'un mouvement du menton, il acquiesça en retrouvant son tendre sourire. Face à son air plus détendu, une douce chaleur se propagea dans mon être entier.

— Ne change jamais, Melina.

— Toi aussi, Gab. T'es quelqu'un de bien.

— Malgré tout ce que j'ai pu faire ?

— Bien sûr. Parfois, nous sommes obligés de faire de mauvaises choses pour survivre, pour tenir debout, mais ça ne fait pas de nous de mauvaises personnes. Tu peux avoir le plus pur des cœurs et commettre des écarts. Le principal, c'est d'avoir conscience de ses erreurs.

Ses lèvres frémirent et, avant qu'il ne puisse dire quelque chose, je poursuivis :

— Alors vis ta vie à fond, Gab. Bloquer sur son passé ne sert à rien quand le futur s'offre à nous. Tu peux goûter au bonheur, alors saisis cette occasion.

D'une voix douce, il me répondit :

— Avance aussi, Melina. Nous avons tous les deux une seconde chance...

Il tendit la main vers moi en m'observant de ses grands yeux noirs ourlés de cils épais. Mes lèvres s'incurvèrent face à ses traits rayonnants d'espoir.
Face à ses traits enfantins semblant enfin goûter à la candeur.

— Saisis donc cette chance, poursuivit-il.

Le cœur léger, j'opinai avant d'empoigner sa main pour la serrer.

— Je compte sur toi pour me donner de tes nouvelles, hein ? Je veux voir ton évolution. Je veux voir l'homme que tu vas devenir, lui dis-je avant de sourire. T'as mon numéro, de toute manière...

Un petit rire lui échappa avant qu'un éclat désolé n'illumine son regard en se rappelant de son appel menaçant.
Il finit par reculer et, après un dernier sourire, il me tourna le dos pour prendre la route vers son avenir.

Je restai immobile, le cœur à la fois lourd de chagrin, mais léger de voir qu'il se portait bien mieux...
Les belles fins existaient. Gab allait y goûter.
Il avait vécu d'horribles choses, mais derrière chaque nuage se cachait le soleil qui attendait de pouvoir illuminer à nouveau le monde.

Et, même s'il pensait être égoïste en tournant le dos à sa mère, je trouvais qu'il ne l'était pas.
Sofia m'avait dit qu'il avait tout fait pour elles deux.
Quitte à sacrifier une partie de son âme.
Puis, parfois, pour avancer, il fallait accepter de voir des personnes quitter notre chemin, car elle prenait un sentier différent.

— Melina ?

Je papillonnai des cils et tournai la tête vers Kyle qui s'approchait, un sourcil arqué, surpris de me voir devant mon immeuble.

— Qu'est-ce que tu fiches dehors ? me demanda-t-il, curieux.

— J'attends mon amant, lui lançai-je en lui envoyant un clin d'œil amusé.

Ses lèvres pleines se retroussèrent pour creuser ses joues avant que son regard ne pétille, et il se posta devant moi pour me dominer de sa haute stature. Tout sourire, je le contemplai en me mettant sur la pointe des pieds pour saisir son pendentif. Il me déshabilla des yeux sans perdre son air narquois, et quand ma bouche frôla la sienne, j'aperçus sa poitrine remonter hâtivement.

— Mais il est pile à l'heure, ajoutai-je.

Et je l'embrassai en fermant les paupières. Un frisson longea mon échine quand il empoigna ma taille pour m'approcher un peu plus de lui, m'entravant de ses puissants bras, m'enchaînant à sa chaleur.

D'un léger mouvement, il se recula en m'observant de son regard fiévreux, curieux de voir si j'allais bien.
Il fallait dire que, même si plusieurs mois s'étaient écoulés depuis que j'avais été libérée, j'avais rencontré beaucoup de difficultés pour me relever une nouvelle fois.
Plus d'une fois je m'étais écroulée devant lui quand nos baisers s'enflammaient, parce que le dégoût à mon égard persistait.

Il m'avait soutenu tout ce temps pour m'aider à essayer de reprendre confiance en moi. En mon corps. Il m'avait aidée à me battre.
Comme Chris, Dalila et Ayoub, qui avaient été constamment présents.

Je n'allais pas mieux. Il m'arrivait encore de ressentir un profond dégoût quand je me voyais dans un miroir.
Le pire avait été au début.
Les premières semaines, je vérifiais constamment que personne ne soit dans les parages avant d'éclater en sanglots, cédant face à mon image.
Face à mon reflet, seule, je finissais écrasée par la haine et la répulsion que je ressentais à mon égard.
Constamment répugnée, je me détournais en luttant difficilement pour ne pas pleurer.

Maintenant, je parvenais à soutenir mon regard dans mon reflet sans avoir envie de vomir.
Plus d'une fois, nous avions failli aller plus loin, avec Kyle, mais je me braquais encore et toujours, non pas parce que c'était lui qui me terrifiait.
Mais bien moi.
Si je n'acceptais pas mon corps, je me doutais bien qu'il ne l'accepterait pas non plus.

Faux, me souffla ma conscience. Il a vu ton corps quelques jours après ta libération, et il est toujours là. Tu es la seule à te haïr...

Peut-être, oui...
Le fait était que, maintenant, je me sentais un peu mieux.
Mon corps me répugnait un peu moins, maintenant qu'il n'était plus aussi amaigri, et que mes plaies s'étaient estompées.
Sauf mes cicatrices.

Mais elles ne s'en iraient jamais.
Tout comme celles infligées par Joe.

— On monte ? lui proposai-je.

Il opina, l'œil pétillant.
Bientôt, on se retrouva chez moi et, taquine, je m'approchai de lui d'un pas félin en ignorant ses larges épaules qui me surplombaient, et je promenai mes doigts le long de son buste avant d'empoigner à nouveau son collier pour le rapprocher de moi. L'éclat brûlant dans ses yeux ne m'échappa pas. Je déposai un chaste baiser contre ses lèvres avant de le repousser pour m'élancer à travers le salon dans un rire amusé. Avant que je ne referme la porte de ma chambre pour lui échapper, il la retint en me lançant un regard intense.

— Qu'est-ce que tu crois, tesoro ?

— Que tu es frustré, le provoquai-je avant qu'il ne fonce sur mes lèvres.

Dans un murmure, il souffla :

— Mais tu es frustrante, Melina...

Je tressaillis en entendant sa voix rauque qui sembla glisser le long de mon épiderme, et je me reculai légèrement, les joues brûlantes, avant qu'il ne me soulève comme si je pesais rien. Surprise, je me mis à me débattre avant de frapper son dos, sans pourtant qu'il ne fléchisse, insensible à mes coups, et je ronronnai :

— Oh, beau petit cul.

Angelo mio... Encore une connerie dans le genre, et le tien va mal finir, grogna-t-il.

Et il me jeta vulgairement sur le lit pour se poster au-dessus de moi afin de m'empêcher de m'échapper. L'air moqueur, les lèvres étirées en un sourire narquois creusant ses joues en fossettes, il me détailla de son regard intense avant que je ne comprenne ce qu'il avait en tête.

— Non, n...

Il m'interrompit en me chatouillant. J'explosai de rire en gesticulant, les larmes me montant aux yeux et les membres tressautant.
Il savait que je devenais folle quand il faisait cela ! J'en devenais dingue !

— Arrê... Stop... tentai-je.

— Tu essayes peut-être de communiquer ? me provoqua-t-il avant d'écarquiller les yeux quand mon poing s'abattit sur son épaule.

Mon pied frappa ensuite son genou avant qu'il ne réceptionne ma main s'apprêtant à frapper son visage en refermant ses doigts sur mon poignet, et soudain, un rire lui échappa face à mon état dément et mon souffle haletant.

— T'es un véritable démon, ricana-t-il. Quand je te disais que tu es un cas, je ne déconnais pas.

Un rire secoua mes épaules, et je sentis mes joues rosir de joie alors qu'il continuait de m'observer à travers ses cils baissés, un sourire étirant ses lèvres, les cheveux en pagaille pour lui donner un air rebelle, intensifiant également sa beauté ténébreuse par ses yeux d'un bleu céruléen. Lentement, il s'approcha pour m'embrasser. Mes paupières se fermèrent avant que je ne le laisse mener la danse. Mes muscles se détendirent quand il prolongea le baiser, sans jamais relâcher mon poignet qu'il avait entravé dans sa main brûlante. Son pouce caressa ma peau sans qu'il ne se recule.

Et, quand il se recula en s'humectant sensuellement les lèvres, ses yeux me détaillant avec attention, la sensation brûlante dans mes veines implosa alors que je m'attardais sur sa bouche avant de me replonger dans son regard qui se fit plus avide.

— T'es peut-être un cas, mais t'es très bien comme ça..., souffla-t-il, la voix à la fois moqueuse et désireuse.

Mes lèvres frémirent avant que je ne le provoque en reprenant des mots prononcés quelques mois avant :

— Tu m'apprécies assez, c'est pour ça...

En entendant ces quelques mots, ses épaules se tendirent et, déstabilisé, il s'immobilisa un bref instant avant d'éclater de rire, ce qui creusa davantage ses joues dans une moue pratiquement attendrissante. Mon sourire s'intensifia en entendant son rire sincère.

— Madame est rancunière, à ce que je vois, me charria-t-il en frôlant mon nez du sien.

— Oui, affirmai-je. Tu as brisé mon petit cœur sensible en me disant ça.

— Alors laisse-moi te montrer à quel point je t'apprécie assez pour me faire pardonner, cara..., souffla-t-il d'une voix amusée. Que je t'apprécie assez jusqu'à en devenir dingue...

Comment résister à ce regard océan sans s'y noyer ? Et ce sourire à tomber sans succomber à ses lèvres ? C'était trop.

J'enroulai mes mains autour de son cou pour le rapprocher sans jamais me détourner. S'il sembla d'abord surpris par mon geste entreprenant, il esquissa bien vite un sourire devant mon air désireux.

— Montre-moi ça, dans ce cas...

Nos lèvres se rencontrèrent à nouveau quand une explosion eut lieu dans mon bas-ventre. Son corps pressa doucement le mien pour l'envelopper de sa chaleur incandescente, et ses mains caressèrent mes bras nus avant qu'il n'emprisonne mes poignets contre le lit. Un soupir m'échappa, bientôt englouti par sa bouche me découvrant, et je frissonnai à nouveau tant les émotions en mon sein étaient puissantes.

Ses lèvres se détachèrent des miennes pour redescendre lentement jusqu'à mon cou, et il y déposa des baisers brûlants. Un énième soupir m'échappa quand mon estomac se contracta de plaisir, la peau frémissante sous les assauts du désir. Je laissai ma main s'approcher de lui pour qu'elle s'engouffre sous son haut, et mes doigts caressèrent son puissant torse où son cœur battait à tout rompre, tout comme le mien.

Quand il se recula pour retirer son haut, je déglutis en observant sa silhouette élancée. L'encre de son tatouage dansa à chaque mouvement de ses muscles sur sa peau dorée quand il se pencha à nouveau, et ses épaules se contractèrent quand il se pencha pour déposer à nouveau ses lèvres contre les miennes. Autre frisson. Mes cuisses se serrèrent dans l'espoir de réduire ce qui rongeait mon bas-ventre, et je laissai mes doigts découvrir ses bras tendus pour retracer le chemin de ses veines saillantes, le cœur m'assourdissant, et la bouche sèche tant le plaisir était fort, alors que sa peau frémissait à mon toucher.

Je l'aperçus se tendre quand je posai ma main contre son épaule pour le reculer un peu, haletante, mon regard crochetant le sien avec hésitation. Curieux, il fronça les sourcils en détaillant mes traits, à la recherche d'un signe qui pourrait lui indiquer que j'étais terrifiée.
Je me mordis les lèvres avant de lui dire :

— Je voudrais tant que mon corps ne te fasse pas fuir, Kyle...

Déstabilisé par mes propos, il secoua la tête avant de me répondre :

— Il ne m'a jamais fait fuir, Melina. Il n'y a que toi qui le fuis...

Et il contracta les bras pour se rapprocher de moi. Ses lèvres se déposèrent sur mon front, ce qui m'arracha un frémissement brûlant. Je papillonnai des cils quand il se recula en ancrant à nouveau ses yeux dans les miens, chamboulée par la douceur de ce baiser.

— Et c'est normal, après tout ce que tu as subi, tesoro. Mais tu ne pourras pas le fuir éternellement. Il faut que tu comprennes que ça reste ton corps. Il est bien tel qu'il est...

— Mais ces cicatrices...

— Elles prouvent que tu as survécu, Melina. Elles font partie de toi.

Il m'embrassa à nouveau avec avidité. Assaillie par un désir brûlant, je me cambrai en essayant de déboutonner mon jean, avant de m'arrêter, hésitante.
Alors, lentement, il le fit en me lançant un regard, attendant que je lui demande d'arrêter.
Mais je ne dis rien.
Je ne voulais pas qu'il arrête, justement.
Alors il fit glisser le tissu pour me l'enlever avant que ses doigts ne caressent mes cuisses découvertes, ses yeux s'attardant sur les quelques entailles laissées par Ciara lors de ma captivité.

Je m'en détournai pour observer la réaction de Kyle qui garda le silence. Ses pupilles contemplèrent mes jambes nues avant qu'ils ne les plongent dans les miennes. Son pouce s'approcha prudemment de l'une de mes cicatrices qu'il effleura. Je frémis, par peur de ressentir une douleur.
Et pourtant, face à la douceur de son geste, la seule chose que je ressentis fut un coup dans l'estomac.
Un coup agréable.

Quand il m'observa à nouveau, un bras tendu à mes côtés, et l'une de ses mains contre ma cuisse, je déglutis en papillonnant des cils, toujours malmenée par le désir.
Un désir grandissant tant son regard intense brûlait mes doutes, quitte à les faire partir en fumée...

Il captura à nouveau mes lèvres pour que je m'ancre à son baiser, me détournant de mes cicatrices. Ma main caressa sa mâchoire, quand l'autre se plongea dans ses cheveux ébouriffés. Submergée par sa chaleur, je poussai bientôt un soupir avant d'hésiter un instant.
Si mes cuisses ne l'avaient pas fait fuir, peut-être que le reste de mon corps ne le terrifierait pas ?

Il t'a vu nue, me rappela ma conscience. Il n'a pas fui...

Alors, quand il recula, j'obéis à mon cœur et approchai mes doigts tremblants de mon tee-shirt. Kyle s'immobilisa et referma ses mains contre les miennes, les sourcils froncés.

— Promets-moi que tu ne te mets pas la pression, me demanda-t-il. Ne le fais pas parce que tu te sens obligée.

— Je te fais confiance, Kyle. Je veux... Je ne me sens pas obligée.

Son regard me sonda un instant et, devant mon air confiant, il sourit, et il libéra mes mains. Bientôt, je passai mon haut par-dessus ma tête pour le retirer en ignorant la petite boule d'angoisse qui obstruait ma gorge, avant que la peau de mon ventre ne frémisse sous la contraction de mon estomac appréhendant sa réaction.
Oui, il m'avait vue dans un pire état.
Et il était resté.
Ses yeux n'avaient jamais perdu cet éclat intense après tout cela.

Assourdie par les battements de mon cœur, je manquai de vaciller quand ses pupilles se promenèrent le long de mon corps, comme s'il le découvrait à nouveau. Je retins mon souffle, par peur de voir la pitié les teindre.
Pourtant, il les replongea dans mon regard, sans s'attarder sur mes cicatrices.
Comme si elles ne le dérangeaient pas.
Comme si elles n'étaient pas là.
Et, devant la flamme qui dansait dans ses yeux s'intensifia, celle dans ma poitrine s'accrut.

— Tu es parfaite, tesoro, m'affirma-t-il d'une voix rauque en me dévisageant. Ce ne sont pas des cicatrices qui vont y changer quoi que ce soit...

Mon cœur rata un battement alors que ses propos tournaient dans mon esprit. Fiévreux, il s'approcha à nouveau et m'embrassa avant que ses lèvres ne descendent jusqu'à mon cou, pour descendre encore jusqu'à mon ventre. Ma peau tressaillit suite à ce contact brûlant avant que le brasier dans mes veines ne s'enflamme. Sa bouche s'attarda sur chacune de mes cicatrices, ce qui m'arracha un soupir tant ses baisers étaient électrisants, envoyant des décharges dans chaque fibre de mes veines. Je papillonnai des cils, troublée, avant de remarquer la balafre traversant son épaule gauche.
Pile là où l'encre dansait.
Peut-être était-ce pour ça qu'il avait un tatouage ?

Hésitante, j'approchai mes doigts de la cicatrice. Il se tendit brusquement et je m'arrêtai, par peur qu'il ne se braque, mais il n'en fit rien. Alors je posai ma main dessus avant de le contempler fermer les yeux pour me laisser faire, ses cils recouvrant ses pommettes pour faire de l'ombre à son visage si angélique.
Était-ce son père qui lui avait infligé cela ? ...

Quand il rouvrit les yeux, ses iris d'un bleu époustouflant me happèrent, assombris par ses longs cils, et je fis glisser ma main jusqu'à sa nuque pour le rapprocher et sceller mes lèvres aux siennes. Elles dansèrent ensemble dans une danse endiablée, quand nos cœurs cherchaient à se mêler dans une valse enflammée.
Mon corps aussi, voulait connaître un ballet embrasé auprès du sien. Il voulait qu'ils se rassemblent dans une seule et même pièce.

Je le voulais aussi...

Mais en aurais-je le courage, cette fois-ci ?

Quand son souffle caressa le creux de mon cou lorsqu'il se recula pour y déposer des baisers, je m'agitai en papillonnant des cils, l'esprit embrumé, un épais brouillard planant dans ma tête, le cœur plongé dans les méandres du désir qui s'exaltait, crépitant également autour de nous.
Aucune chance que je m'y noie.
Parce qu'avec Kyle, je savais que je ne sombrerais jamais.

Oui. Je voulais essayer une nouvelle fois.

Quand il me regardait ainsi, je prenais conscience que tous les hommes n'étaient pas des monstres.
Que je n'étais pas aussi hideuse que je le pensais.

Mon corps ne le répugnait pas.
Et moi, j'avais réussi à m'en réapproprier après Joe. J'avais réussi, avant que tout ne soit chamboulé.
Mais je voulais l'apprivoiser à nouveau. J'en étais capable.
Et je me sentais prête à l'aimer, encore et encore, quand je voyais que Kyle l'aimait, lui aussi...

J'avais peur, oui. Mes démons étaient toujours présents, mais quand Kyle m'embrassait, ils arrêtaient de me malmener, comme si sa simple chaleur avait le pouvoir de les repousser.

Kyle n'était pas Joe. Il ne me voulait pas de mal...
Tous les hommes ne souhaitaient pas profiter du corps des femmes sans leur accord.
Je voulais m'ouvrir, mais seulement à lui.
Uniquement à lui.
Je voulais affronter une nouvelle fois mes peurs.

Et, quand je vis toute l'intensité qui brillait dans ses yeux, mes doutes furent balayés. Ses sourcils se froncèrent avant qu'il ne plante ses dents dans sa lèvre inférieure, cherchant à voir si j'étais prête ou non.

Pourtant, il en avait envie.
Il en avait envie autant que moi.
Et, constamment, il prenait sur lui pour ne pas me brusquer, malgré tout le désir le dévorant...
Ça, ça prouvait qu'il n'était pas Joe.
Qu'il me respectait.

Le regard rivé dans le sien, je le rapprochai une nouvelle fois de moi pour l'embrasser.
Je voulais que nos corps trouvent un seul accord.
Qu'une seule et même mélodie émane de nos cœurs, qu'ils valsent et que nos âmes s'aiment avec ferveur.

Je le voulais tant...

Bientôt, mes mains se promenèrent sur son corps pour le découvrir, l'estomac malmené par le désir. Kyle, haletant, embrassa encore mon ventre pour descendre encore. Je déglutis quand il me lança un coup d'œil et, la vue légèrement troublée, j'opinai avec courage, la peau brûlante par l'envie.

— Dis-moi si tu veux qu'on s'arrête, Melina, me dit-il.

— Je veux qu'on continue, le rassurai-je.

Alors il fit glisser le tissu recouvrant mon intimité avant de m'observer à nouveau, attendant peut-être que je me défile.
Mais je ne voulais pas.
Je ne voulais plus.
Pas quand je voyais à quel point il avait de l'effet sur moi.
Et comme j'en avais sur lui.

Et, malgré la peur qui rongeait mes tripes, je voulais me remettre à lui.

J'étais prête.

— Laisse-moi te guider..., haleta-t-il. Laisse-moi te montrer ce que ton corps peut ressentir...

Ses doigts frôlèrent mon intimité avant que je n'opine pour lui permettre de me découvrir, comme je l'avais fait seule.
Pour qu'il me prodigue les mêmes sensations que j'avais ressenties lors de ma découverte...
Et, bientôt, il se lança en me captivant de son regard fiévreux.
Je m'y accrochai pour laisser ses iris m'engloutir dans leur profondeur, contemplant avec rêverie les étoiles qui semblaient y danser.

Mes lèvres s'entrouvrirent dans un soupir quand mon sang s'échauffa un peu plus. Je laissai ma tête retomber en arrière alors qu'il faisait naître des sensations dévorantes dans mon bas-ventre. La chaleur incandescente qui brûla mes tripes me fit suffoquer alors que mes mains s'agrippaient ses épaules, comme si cela me permettrait de garder la raison. De ne pas sombrer dans les nimbes du plaisir.

Et, quand je rouvris les yeux pour me plonger à nouveau dans les siens, je fus happée, corps et âme, malmenée par ce qu'il me faisait ressentir.
Bien vite, des étoiles dansèrent devant mes yeux quand tous mes sens explosèrent et qu'une explosion eut lieu en mon sein.

Haletante, je tressaillis quand Kyle m'embrassa encore.
Le front moite de sueur, je m'emplis les poumons, chamboulée.

— On peut encore arrêter, tesoro, me dit-il, les yeux brûlants.

— Non..., suffoquai-je, encore troublée. Est-ce que...

Il m'avait fait du bien en me faisant perdre la raison avec quelques gestes à peine, mais moi ? Ne voulait-il pas que je lui procure la même chose ?

En comprenant où je voulais en venir, il secoua la tête, un sourire fourbe étirant ses lèvres, lèvres qui crochetèrent à nouveau les miennes dans un baiser passionné.
Et je savais qu'il voulait me ménager.
Qu'il voulait penser à mon plaisir avant le sien...
La température augmenta davantage encore, et bientôt, on se retrouva tous les deux mis à nu.

La peur s'éveilla encore quand je compris que c'était maintenant, qu'on ne formerait qu'un.
Que j'allais sauter le pas.
Mais, après ce qu'il m'avait fait ressentir quelques minutes avant, je n'appréhendais plus autant.

J'étais prête à perdre la tête, tant que c'était avec Kyle.

— Apprends-moi à voler, et prouve-moi que l'atterrissage n'est pas aussi terrifiant, lui soufflai-je.

Mes paroles lui firent comprendre que j'étais prête.

— Je vais t'apprendre, tesoro. Tu n'auras plus jamais peur de chuter...

Quand il frôla mon intimité, je ressentis encore cette peur en mon sein, prête à s'abattre entièrement sur moi.
Mais elle fut vite balayée quand il m'embrassa avec douceur. Tremblante de désir et d'appréhension, je le laissai mener une nouvelle fois la danse.

Quand nos âmes se scellèrent, que nos corps ne formèrent qu'un, et qu'il traversa mon intimité, une sensation nouvelle s'éveilla dans ma poitrine, alors qu'une légère douleur me lancinait.
Une sensation dévastatrice se propagea dans mon être, balayant tout le reste.
Même la peur. Même la douleur.
Kyle s'arrêta un instant, par peur que ça n'aille pas, mais face à mes joues rouges, il continua de mener le pas, le souffla haletant.

Je papillonnai des cils avant de m'agripper à nouveau à lui, la bouche entrouverte sur un souffle étouffé, et j'enfouis mon nez contre son épaule, terrassée par la flamme qui dansait dans mes veines en prenant de plus en plus d'ampleur, heureuse de sentir ce froid qui régnait constamment dans mon âme être repoussé par la chaleur qu'il m'apportait.
Il incarnait une flamme guidant mon chemin.

Kyle me fit ainsi découvrir un nouveau plaisir. Goûtant à cette délicieuse torture, je me laissai plongée sans aucune peur dans ses yeux qui me dévoraient, qui me contemplaient.
Aucune peur.
Pas cette fois.
Aucun démon ne vint m'assombrir la vision, ni ne ricaner à mon oreille.
Ils étaient terrassés par la lumière que Kyle avait allumée en mon sein.
Les ténèbres n'étaient pas assez fortes pour lui faire face.

Les yeux plongés dans l'autre, nos mains se découvrant, nos souffles se mélangeant, on unit les morceaux du puzzle que nous étions pour s'assembler dans un parfait accord.

Kyle était mon salut. Mon ange.
L'être prêt à me donner ses propres ailes pour m'apprendre à sauter dans le vide sans avoir peur de la chute.
Dans ses pupilles brûlantes, je me plongeais avec plaisir sans ressentir la peur de m'écraser.

Nos corps formaient un parfait accord. Nos cœurs meurtris battaient dans une seule mélodie.
Non. Aucune peur.
Pas avec lui.

Avec lui, j'étais prête à rejoindre encore les étoiles et à perdre la raison. Je voulais me saouler de ses baisers et de son contact jusqu'à en être ivre.
Habile pécheresse, c'était avec délicatesse que je le laissais me dérober mon cœur sans pourtant qu'il ne le mette en pièces.
Douce ivresse, je le laissais m'enlacer, m'entraver, sans jamais me lasser de ses caresses, de cette utopique allégresse.

Il était le Roi au sommet de ses prouesses, et moi, je voulais être sa Reine lui faisant les plus belles promesses.

S'il était mon salut, je voulais être sa rédemption.

Et, bientôt, je me retrouvai dans ses bras, le souffle court, bercée par son cœur battant la chamade, en rythme avec le mien, empli d'allégresse.
Oui. Kyle était ma délivrance en me libérant de ce poids immense.
Il m'avait tendu la main pour me sortir des ténèbres à maintes reprises.
Et je comptais en faire de même.

Je voulais être celle qui l'affranchirait de ses tourments.
Je voulais qu'on apprenne à voler à deux.
Et qu'on atterrisse sans dommages.

En me dévoilant entièrement, et en scellant nos âmes, j'avais compris une chose.
J'avais appris à sauter.
Et je sombrais dans ce qu'on appelait l'amour.

Parce qu'en plus d'avoir contemplé mon corps, il avait également libéré mon cœur.
Il n'était pas paralysé comme je le pensais depuis tant d'années.
Il était seulement cabossé, mais il fonctionnait toujours.
Et, auprès de lui, il s'endiablait jusqu'à en perdre la raison.

J'acceptais de goûter à l'amour.
Je lui cédais mon cœur avec plaisir.

— C'est bon, je te crois, quand tu me dis que tu m'apprécies assez, Kyle, chuchotai-je en souriant.

— Vraiment ? Je peux te le prouver encore et encore, tesoro, jusqu'à ce que tu en aies assez, souffla-t-il d'une voix amusée.

Ses bras se refermèrent ensuite contre moi pour rapprocher mon dos de son corps brûlant, avant que son nez ne s'enfouisse dans mon cou.

— En fait, moi aussi, je t'apprécie assez, je crois bien, lui confiai-je en fermant les paupières.

Hello les gens ❤️

Aloors, qu'avez-vous pensé du retour de Gab ?

Qu'avez-vous pensé de Kyle-Melina ?

La fin approche, je vous revois bientôt, bisous ❤️

~Chapitre revu~

Musique : Crazy in love - Sofia Karlberg 

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