Chapitre 41.2
« Dans sa noirceur, il y avait l'esquisse d'une lumière plus grande encore. »
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Brûlant. Affamé. Ce baiser était explosif. J'avais peur de perdre la raison.
Ignorant l'explosion de chaleur qui irradiait dans mes veines, je le laissai m'allonger sur le dos sans jamais interrompre le baiser, le cœur valsant avec le sien, les paupières closes sur des étoiles perçant les ténèbres.
Oh, c'était à la fois dévastateur.
Mais également salvateur.
Mes doigts glissèrent le long de sa gorge pour profiter de la douceur de sa peau, afin de remonter jusqu'à ses cheveux, et je soupirai quand il s'éloigna pour m'emprisonner de ses pupilles fiévreuses.
On se regarda en silence, nos souffles se joignant dans une seule et même mélodie, quand nos cœurs valsaient sur un unique rythme.
Je contemplai son visage sans mot dire avant de venir effleurer une mèche rebelle de ses cheveux, les yeux rivés dans les siens, rappelant un océan glacial, et pourtant brûlant de désir.
— Putain, Melina, murmura-t-il. Comment tu t'y prends ?
— M'y prendre pour quoi ? demandai-je prudemment.
Il se mordit les lèvres avant sensualité avant qu'il ne s'approche pour laisser son souffle effleurer le creux de mon cou, où il déposa sa bouche brûlante dans un baiser m'arrachant un frisson, alors que mon corps se tendait sous le sien.
C'était si bon, l'explosion qui avait lieu dans mon être entier.
Oui, c'était exaltant.
J'en perdais la raison.
— Pour me mettre dans cet état, souffla-t-il en parsemant encore mon cou de baisers.
Il y laissa une traînée brûlante qui me troubla la vue. J'abaissai mes cils en laissant mes mains redescendre jusqu'à son dos, et j'enfonçai mes ongles dans sa peau brûlante quand il effleura le lobe de mon oreille. Je soupirai en ignorant la sensation dévastatrice qui enflammait mes tripes quand il le mordilla.
Et lui, comment s'y prenait-il pour me rendre aussi vivante quand j'avais été morte pendant tant d'années ?
Pour me donner cette impression de m'envoler jusqu'à toucher les étoiles ?
Mes mains s'agrippèrent à ses épaules quand je me redressai pour l'embrasser avec ardeur, les joues brûlantes et le corps animé par un brasier menaçant de me consumer.
De nous consumer.
Kyle empoigna ma taille en se relevant, alors que j'enroulais mes jambes autour de lui en me reculant légèrement, le souffle haletant, laissant nos regards s'aimanter, alimentant le désir qui nous entravait.
Lentement, je me rapprochai à nouveau pour l'embrasser. Il soupira contre mes lèvres sans jamais me relâcher, ses mains me maintenant toujours contre son corps.
Bientôt, il rejoignit sa chambre pour me déposer sur son lit, et il se recula pour me couvrir d'un regard fiévreux.
— Je crois que je suis prête... Je veux essayer, Kyle.
Surpris, il s'éloigna, et ses yeux bleus se plissèrent avant qu'il ne crispe les épaules, l'air troublé. Ignorant ma respiration haletante, je soutins son regard, encore animée par ce désir dévorant.
Je ne savais pas si c'était le désir qui me poussait à dire cela, mais le fait était que Kyle parvenait à insuffler un peu de vivacité dans ma carcasse écorchée, à propager un peu d'espoir jusque dans mon cœur qui avait trop souvent oublié de se battre.
Et, peut-être que je me voilais la face, que je faisais une erreur, mais je voulais ressentir à nouveau ce qui m'avait animée, lorsque j'avais réussi à me découvrir.
Je voulais à nouveau rejoindre les étoiles, ou du moins les voir dans ses yeux à lui.
— Tu es sûre ? m'interrogea-t-il d'une voix alourdie.
J'acquiesçai avant de l'approcher de moi pour ne plus supporter son regard trop acéré, trop troublé.
Il ne le disait pas clairement, mais j'entrevoyais sur son visage qu'il s'inquiétait. Kyle n'avait jamais à chercher à aller plus loin, depuis que nous nous fréquentions.
Jamais.
Mais, lors de nos innombrables baisers, la température avait souvent augmenté, et nous nous étions constamment arrêtés avant que les choses ne dérapent.
Si ce n'était pas moi qui me reculais, écrasée par la peur, c'était lui qui s'éloignait, malgré le désir l'étreignant, et il se détournait, haletant.
Par respect pour mes limites.
Quand il se recula pour me couvrir d'un regard fiévreux, je tressaillis, couverte de frissons agréables, brûlants.
Oh oui, quand il me contemplait ainsi, j'avais l'impression d'être vivante.
Je me sentais beaucoup moins hideuse, dans ses yeux.
Son souffle caressa mon visage quand il souffla :
— Tu n'as pas à te forcer.
— Je ne me force pas, confiai-je.
Et, pour lui prouver que j'étais plutôt confiante, je laissai mes doigts s'attaquer à sa chemise. Un rire secoua mes épaules en me souvenant de notre face-à-face, dans cet hôtel, et de cette volonté qui m'avait contrainte à me montrer confiante, quand j'étais écrasée par la peur.
Kyle m'avait arrêté en voyant le doute teindre mon visage.
Et ça, ce simple geste finalement prouvait qu'il n'était pas mauvais.
Dans sa noirceur, il y avait l'esquisse d'une lumière plus grande encore.
— Tu vois, que je suis capable de te déshabiller moi-même, lui lançai-je en ignorant le doute qui, bien que discret, soufflait au fond de moi.
Le souffle court, il sourit quand il me remarqua rencontrer des difficultés avec un bouton, et il m'aida à retirer sa chemise qui dévoila bientôt son torse puissant, et le tatouage tribal qui ondulait le long de son épaule jusqu'à son avant-bras tendu près de moi. Subjuguée par la beauté de l'encre, je laissai mon doigt suivre le chemin qu'il empruntait en sentant sa peau frémir à mon contact, assourdie par mon pouls battant frénétiquement.
Je relevai les yeux vers lui avant qu'il ne s'attaque à nouveau à mes lèvres, l'une de ses grandes mains couvrant ma joue pour apporter une chaleur rassurante sur ma peau, quand l'autre s'égara sur ma cuisse toujours couverte de mon pyjama.
Ivre de ses baisers, je soupirai, la poitrine malmenée par les émotions qui m'exaltaient. La main de Kyle, toujours sur ma cuisse, remonta jusqu'à mon haut, et un énième frisson longea ma colonne vertébrale quand mes poils se hérissèrent suite à son contact, alors qu'un filet de sueur dévalait ma nuque.
Il releva légèrement mon haut en reculant pour crocher ses yeux dans les miens, et en remarquant que le désir faisait rougir mes joues, il laissa sa main s'égarer sous le tissu cachant ma poitrine et mon ventre. Quand ses doigts vinrent caresser la peau autour de mon nombril, un souffle précipité m'échappa alors que mes muscles se tendaient, en harmonie avec la lave qui semblait être en ébullition dans mes veines.
— Je veux que tu me fasses ressentir des choses, haletai-je. Je veux que tu me fasses vivre...
Je voulais perdre la raison avec lui.
Je voulais connaître l'ivresse en me perdant avec Kyle. Que nos âmes se heurtent quand nos lèvres se scellaient.
Je voulais que mon corps s'embrase avec le sien.
Je voulais vivre.
— Je veux te faire vivre, tesoro. Je le veux à tel point que je suis prêt à perdre un morceau de mon âme pour que tu puisses voir la tienne se compléter.
Et, pour que mon âme se complète, peut-être qu'il fallait que je perde davantage l'esprit ?
Nos lèvres se scellèrent à nouveau alors que sa main continuait d'embraser la peau de mon ventre, avant qu'il ne la baisse lentement. En sentant mes muscles se crisper sous ses doigts, il suspendit son geste. Je rouvris les paupières en avalant péniblement ma salive, la tête pleine de questions, et le cœur empli d'ardeur.
Et, avant qu'il n'éloigne sa main, je refermai la mienne sur ses doigts pour lui faire comprendre qu'il pouvait continuer. Hésitant, il releva la tête vers moi pour effleurer mes lèvres avant qu'il ne les embrasse, nos mains toujours scellées, mais figées au-dessus de mon ventre frémissant. J'ignorai les battements sourds de mon cœur faisant écho dans mon crâne, me concentrant uniquement sur la sensation provoquée par son contact.
Et, d'un geste maladroit, je cherchai à guider sa main pour qu'elle poursuive sa découverte jusqu'à ce qu'il frôle mon intimité encore couverte. Une décharge se propagea dans mon être entier pour faire trembler davantage mes membres.
Mais pas de désir.
La bile remonta le long de ma gorge, et ma respiration s'affola, alors que l'impression d'être écrasée me pressait jusqu'à me faire suffoquer.
Kyle le remarqua et éloigna rapidement ses doigts, tout en se reculant pour m'observer, les sourcils froncés, l'air encore enfiévré, et le souffle saccadé.
Je relevai mon buste pour me redresser légèrement, dans l'espoir de mieux m'emplir les poumons, et je battis des cils pour repousser la silhouette lointaine tapie dans mon esprit. Face à mes lèvres tremblantes, Kyle se crispa et souffla :
— C'est bon, tesoro. On arrête là, d'accord ?
— Je voulais..., haletai-je. Je croyais que...
— Ce n'est pas grave, OK ? me chuchota-t-il en m'approchant doucement de lui, sa main contre ma nuque.
Je laissai ma tête reposer dans son cou en ravalant mes larmes, les tripes retournées et l'estomac en vrac. J'avalai péniblement ma salive pour ne pas lui vomir dessus, la peau brûlante et le front moite de sueur.
Et, quand ma vue se troubla, je pressai les paupières pour ne pas éclater en sanglots, me concentrant sur les battements sourds du cœur de Kyle faisant écho au mien.
— Tu n'as pas besoin de ça pour te sentir vivante, murmura-t-il à mon oreille.
— Je sais, confiai-je en ignorant mes membres encore engourdis. Mais je pensais être prête... Je pensais être assez forte.
— Tu es forte, cara, là n'est pas la question. La force d'une personne ne se résume pas à ça.
La respiration encore frénétique, je reculai pour soutenir son regard scrutateur, et en voyant que l'angoisse n'était pas prête à m'emporter avec elle, ce soir, il se détendit légèrement. Je me concentrai sur ses pupilles luisantes, puis sur la couleur de ses iris, le souffle un peu moins douloureux.
Je ne répondis rien, encore perturbée par les sentiments contradictoires que j'avais ressenti...
J'étais pourtant persuadée d'être prête à me mettre littéralement à nu, devant lui.
Le désir avait animé mon corps, l'avait embrasé jusqu'à ce que je sois prête à me laisser aller avec lui.
Mais le fait était que j'étais encore bien trop hantée pour pouvoir aller plus loin.
Je m'étais fourvoyée parce que j'avais réussi à passer un cap en acceptant de découvrir mon corps.
Mais ce n'était pas suffisant.
Accepter son corps soi-même était une chose, mais l'aimer jusqu'à le dévoiler à une autre personne, c'était autre chose.
Et moi, j'avais encore du mal à l'apprivoiser.
À m'en approprier.
Et que dirait Kyle, si je lui dévoilais ? Serait-il répugné par ce qu'il verrait ? Entreverrait-il ces immondes cicatrices qui le salissaient tant ? Fuirait-il en voyant à quel point il était bousillé ?
En remarquant que ma respiration était plus calme, j'efforçai un sourire à Kyle, qui continua de me détailler, à la recherche d'un signe qui indiquerait que j'allais encore m'écrouler.
Mais je l'avais trop souvent fait, devant lui.
— Je vais fumer, lui lançai-je pour fuir la tension.
Quoique la tension était dans chacun de mes muscles, dans chacune de mes cellules nerveuses.
Et, sans demander mon reste, je m'éclipsai pour prendre mes clopes et mon briquet, et je rejoignis sa terrasse pour pouvoir m'emplir les poumons de nicotine.
Bien vite, il me rejoignit pour fumer avec moi, le regard suspicieux. Je lui lançai un clin d'œil se voulant confiant.
Mais je savais qu'il était difficile de le leurrer.
J'écoutai les voitures circuler, le regard rivé sur la mer qu'on voyait au loin, recrachant un nuage de fumée, laissant le silence entre nous nous bercer.
— Tu disais que c'était humain d'avoir des moments de faiblesse, mais tu n'as pas l'air d'y croire, me dit Kyle, le regard rivé sur l'horizon, sa cigarette entre ses lèvres pleines.
— Faut croire que je suis nulle pour donner des conseils, lui répondis-je en haussant les épaules. C'est tout moi, ça.
Il ébouriffa ses cheveux pour laisser une mèche retomber devant ses yeux brillants à la lueur des astres, alors qu'un nuage de fumée s'échappait de ses lèvres qu'il recourba en un sourire mutin. Je le contemplai sans rien dire avant de frémir quand la chaleur qu'il provoquait constamment s'agita en mon sein, affrontant le froid glacial rongeant mes entrailles.
— Je t'ai déjà dit que tu étais un sacré numéro ?
— Et toi que tu étais bizarre ? répliquai-je, un peu plus détendue.
— Non.
— Alors je vais rattraper ça : tu es bizarre Kyle. Bizarre, mais plutôt sexy dans son genre.
— Tu peux répéter ça ? s'amusa-t-il.
Je retroussai mes lèvres en un sourire moqueur et soufflai :
— Tu es bizarre, Kyle.
Ses sourcils s'arquèrent avant qu'il ne penche la tête sur le côté en inspirant une nouvelle bouffée de nicotine.
— J'attends la suite, souffla-t-il.
— Tu vas l'attendre longtemps, angelo mio, le narguai-je avant de bomber le torse pour me donner contenance. Maintenant, prépare-moi quelque chose, homme, j'ai faim.
— La seule chose que je vais préparer, c'est ta tombe pour m'avoir donné un ordre pareil, tesoro.
Mes épaules se relâchèrent soudainement. J'éclatai de rire avant d'agiter mon doigt devant lui, faussement vexée, et sifflai entre mes dents :
— Moi qui attendais patiemment de voir un bel homme torse-nu préparer un bon plat, comme on peut le voir dans les films.
— Dommage pour toi, les films mentent, sauf pour le bel homme torse-nu, me provoqua-t-il, joueur.
Mon sourcil s'arqua alors que je me rapprochai de la rambarde pour m'y adosser, les yeux rivés dans les siens, plus détendue maintenant. La nicotine, l'air frais, et son humour pourri étaient un bon cocktail.
— Oh, mais je vois qu'en plus d'être serviable, tu es modeste ! Vraiment, tu es l'homme parfait, Kyle.
Alors qu'il levait les yeux vers le ciel en expirant un dernier nuage de fumée, il me répondit dans un souffle taquin :
— Il était temps que tu t'en aperçoives. Vaut mieux tard que jamais, Melina. Quoique, toi, t'es plutôt longue à la détente.
L'enfoiré !
Pourquoi me cherchait-il constamment ?
Je retins un rire et clamai haut et fort :
— Autre qualité à ajouter : Kyle est quelqu'un d'adorable ! Mesdames et messieurs, vous avez là la perle rare !
Kyle lança un coup d'œil en contre-bas, peut-être pour vérifier qu'il n'y ait personne, sans jamais se démunir de son sourire. Je m'assis sur la rambarde avant qu'il ne retienne son souffle, probablement surpris par mon geste, et je lui dis :
— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas me pousser ? M'insulter gratuitement ne suffit pas ?
— Tu me fatigues, cara, marmonna-t-il, la voix plus grave. Si tu veux sauter, vérifie au moins qu'il n'y ait personne en dessous.
— Pour qu'il n'assiste pas à ma mort et qu'il n'ait pas le cœur brisé ? m'enquis-je avant soupirer d'une manière théâtrale. Non, il faut bien que quelqu'un me pleure.
— C'est surtout pour qu'il n'amortisse pas ta chute.
Je lâchai un souffle indigné avant de rire en passant mes jambes de l'autre côté de la rambarde pour contempler la rue se trouvant en contre-bas, heureuse de sentir le souffle du vent sur mon visage moins crispé. Kyle, dans mon dos, fit un mouvement et, du coin de l'œil, je l'aperçus s'accouder à la rambarde, tendu, mais l'air toujours arrogant.
Mes lèvres frémirent.
Ses piques acérées avaient le don de m'ancrer au présent. De ne penser à rien, si ce n'était à répliquer, encore et encore, jusqu'à épuisement.
— Tu t'inquiètes ? le provoquai-je. C'est mignon. Promis, je ne sauterai pas.
Et je passai à nouveau mes jambes de l'autre côté, mais il se posta devant moi, ses cheveux bruns faisant de l'ombre à son visage affichant un air confiant, en contradiction pourtant avec ses iris animés d'un sentiment plus complexe. Je levai le menton en laissant le vent malmener ma crinière, mes lèvres recourbées en un sourire, enfiévrée par la tension qui crépitait dans l'air, électrisée par le regard brûlant de Kyle.
— Je n'ai pas peur du vide, ajoutai-je ensuite, confiante.
— Non, tu as peur de l'atterrissage, cara.
Je ne répondis pas de suite, une moue toujours joueuse sur mon visage, artifice de ce que je ressentais vraiment.
Oui. Complètement.
Le vide en mon sein était familier.
La nouveauté m'effrayait.
Et je savais que l'atterrissage, après la chute, était douloureux.
Avec Kyle, c'était nouveau. Si ça me faisait peur, ça m'intriguait également. Je voulais me jeter dans le vide, parce que la sensation que l'on ressentait, quand on sombrait, était grisante, mais la chute me détruirait.
M'achèverait davantage.
Mais pour apprendre à voler, ne fallait-il pas savoir sauter dans le vide ?
Je laissai Kyle poser ses mains contre mes cuisses, et j'enveloppai mes bras autour de sa nuque, sans m'approcher, ni reculer. Son parfum s'infiltra dans mes poumons, et, envoûtée par sa chaleur, je me plongeai dans ses yeux en souriant à nouveau.
— Je finirai par apprendre à voler, Kyle, et tu verras que l'atterrissage ne m'effraiera plus.
Hello les enfants ! Voilà un chapitre vraiment tout nouveau, il n'était pas du tout présent dans l'ancienne version !
Sooo, qu'en avez-vous pensé ?
De l'essai de Melina ?
De leur petite discussion ?
De sa conclusion ?
Des théories pour la suite ?
J'ai hâte de lire vos avis ! Bisous !
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