Chapitre 18

« Au final, n'étais-je pas qu'un Fou ?  »

_________________

Recrachant la fumée de ma cigarette, je marchai silencieusement au cœur de la nuit, le regard scrutant les alentours avant de s'égarer vers le ciel pour contempler les étoiles.
J'avais toujours trouvé la nuit fascinante. Ce voile obscur qu'était le ciel cachait d'innombrables mystères et ses seules compagnes guidaient chacun de nos pas.

La lune et les étoiles étaient mes compagnes les plus fidèles.

Il était peut-être minuit, je n'en savais trop rien.
La journée avait été calme. Le matin, j'étais restée au repaire avec Dalila et d'autres membres, à discuter de divers sujets, jouant aux cartes, quand certains buvaient et fumaient. Par la suite, j'étais allée rendre visite à Sofia.

J'essayais de lui rendre visite à chaque fois que j'en avais le temps. Nous étions devenues très proches. Cette petite d'à peine onze ans était d'une très grande sagesse, d'une maturité incroyable. J'aimais l'écouter me raconter ses rêves, ses souvenirs heureux. Souvent, elle me parlait de son grand frère, des étoiles pleins les yeux.
J'aimais à croire qu'un jour, elle irait mieux, et qu'elle trouverait enfin un vrai sourire.

Si jeune, et une pression énorme écrasait déjà ses frêles épaules.
Sa mère me répugnait. Son acte était impardonnable. Je n'avais pas toutes les informations pour comprendre pourquoi elle avait agi ainsi, mais le fait était qu'elle avait tenté de vendre sa fille, et c'était atroce.

Je continuai de marcher en ignorant le tambourinement de mon cœur entre mes côtes. J'aimais errer dans la nuit, mais je ne pouvais pas m'empêcher de me méfier, de me tendre dès que j'entendais le moindre bruit.
N'était-ce pas idiot, d'agir ainsi ? De prendre tant de risques ?
Peut-être, mais j'avais besoin de prendre l'air, lorsque mes nuits devenaient trop longues. Je ressentais le besoin de m'égarer dans la contemplation des étoiles, afin d'avoir l'impression d'être entourée.
D'être comprise.

J'étais mieux dehors, que chez moi, là où personne ne m'attendait.

J'avais mes amis, oui, mais jamais ils ne comprendraient ce que je ressentais. Et puis, comment leur dire ? Ils avaient déjà des problèmes à gérer, leurs démons à affronter. Je n'étais pas assez égoïste pour leur imposer mes tourments.
Je l'avais déjà trop souvent fait.

Pour une raison qui m'échappait, je m'éloignais de plus en plus d'eux. Il y avait encore quelque temps, je confiais ce qui me pesait parfois à Dalila. Pourtant, je ne lui avais pas parlé de la course-poursuite que j'avais vécue avec Kyle, il y avait quelques semaines. J'en avais été incapable.

Mais ne faudrait-il pas que je lui dise ?

Bientôt, je me rendis compte que j'avais emprunté un chemin plus lumineux que les autres. Quelques lumières provenant des étoiles éclairaient cette voie, comme pour m'indiquer le chemin à prendre. Je poursuivis donc ma route en prenant une autre bouffée de nicotine.

Au bout de plusieurs minutes, la rue laissa place à des gravillons. Je suivis le chemin en fronçant les sourcils, intriguée. Plus j'avançais, plus j'approchais d'une étendue de sable. Un sourire étira bientôt mes lèvres et, d'un geste habile, je retirai mes baskets afin de me retrouver pieds nus, et je m'élançai, une douce chaleur se propageant dans mes veines.

Je courus à en perdre haleine, souriant à pleines dents, profitant de la chaleur du sable et de la brise s'échouant sur mon visage.

Lorsque je m'arrêtai enfin, je fis face à un panoramique incroyable. Féerique.

C'était un contraste resplendissant, opposant un ciel noir, éclairé par un ballet d'étoiles qui brillaient de mille feux, à une mer infinie, d'une profondeur surnaturelle, renvoyant l'image des astres valsant au-dessus d'elle. C'était magique. Magnifique. Les couleurs étaient splendides, allant d'un noir ébène à une nuance azurée.

J'en étais bouche bée. J'avais l'impression d'être en plein rêve.
D'un pas maladroit, je m'approchai jusqu'à ce que mes pieds plongent dans l'eau froide. Un soupir d'aise m'échappa.
Je n'avais jamais vu un paysage aussi beau. Cet endroit m'était complètement inconnu, et je ne regrettais aucunement d'avoir fait ma promenade du soir.
Comment se faisait-il qu'un lieu aussi magique se trouvait dans cette ville dépravée ?

Mes pas me guidèrent le long du bord de l'eau, mes chaussures à la main et le nez levé vers les étoiles. Je me sentais si libre. Si bien. Pas d'histoires de gangs, pas de problèmes...
Juste la mer qui chantait et accompagnait la brise du vent.

J'avais envie de tendre la main afin de danser avec les astres.
Et, au fond de moi, j'espérai que ce moment dure éternellement.
Mais je savais que c'était impossible. La réalité ne saurait tarder.

Sans perdre mon sourire heureux, je continuai d'errer, les pieds dans l'eau, égarée dans le ciel infini.
Je devais profiter pleinement de cet instant, car les bons moments ne duraient jamais éternellement. Le retour à la réalité était bien souvent brutal et effaçait toutes les bonnes choses en un laps de temps, brisant ce bonheur en mille morceaux. Et il fallait du temps pour tout reconstruire, reconstruire quelque chose qui serait à nouveau détruit.

Tout était éphémère. Nous naissions et nous nous formions pour finir en un tas de cendres. Nous ne savions pas quand tout prendrait fin. Nous vivions dans le mystère. Dans la surprise.

Mais ça en valait la peine. La vie était un cadeau.

Les veines irradiant d'une douce chaleur, je remarquai une silhouette assise plus loin, le nez levé vers les étoiles. Je ralentis le pas en plissant les yeux, méfiante.
En reconnaissant cet individu, mon cœur rata un battement.

Quand il tourna la tête vers moi en entendant mes pas, je me tendis en ignorant ma bouche sèche.

— Kyle ? hoquetai-je.

Décidément, le destin était joueur.
Le grand brun fronça les sourcils, surpris de me voir ici, et il entrouvrit les lèvres sans pourtant parvenir à dire quoi que ce soit.

— Quelle coïncidence, ironisa-t-il finalement. Toi ici...

Un rictus amusé étira mes lèvres et, prudemment, je m'assis à ses côtés en me tenant à distance raisonnable. Son regard parcourut mon profil tandis que je contemplais le ciel dans l'espoir de faire fi de sa chaleur. Il émit ensuite un soupir en se détournant.

— Faut croire qu'on est destiné à se croiser à chaque fois que l'on ne s'y attend pas, lui envoyai-je en espérant me détendre.

Il haussa les épaules en affichant un sourire.

— Comment as-tu découvert cet endroit ? demandai-je.

Et je tournai la tête vers lui en inspirant profondément l'air frais, les cheveux virevoltants autour de mon visage. Il continua de contempler les astres avant qu'un sourire nostalgique n'étire ses lèvres.

— C'est un ami qui me l'a fait découvrir.

J'opinai sans mot dire. Il semblait si différent, à cet instant. Si vulnérable, comme si un simple coup de vent suffirait à le faire céder. C'était étrange de le voir ainsi, lui qui se montrait constamment confiant.

— Et toi ? demanda-t-il en reportant son attention sur moi. Je viens souvent ici, et pourtant, jamais personne n'est venu... Du moins, jusqu'à ce soir.

Je le dévisageai en silence. La lune éclairait doucement son visage, ses cheveux bruns, quitte à leur donner un reflet bleuté. Son corps, quant à lui, était dévoré par la noirceur de la nuit, tout comme ses yeux azurés qui brillaient, me défiant intensément.

Il ressemblait à un ange.

Et pourtant, il n'avait rien d'un saint.

— Par accident, lui avouai-je. Mais je ne regrette rien.

Je tressaillis face à son regard scrutateur. Dévorant.
Ses lèvres finirent par s'incurver, creusant ses joues en fossettes. Je ne me détournai pas, l'affrontant des yeux. Aucun de nous deux ne réagissait. Ne parlait. Le bleu de ses iris était brillant, baigné d'éclat luisant, reflet des étoiles qui nous berçaient en silence. Je retins mon souffle face à cette vue, plongée dans ses pupilles noires et brûlantes.

Il avait de la chance d'avoir d'aussi beaux yeux.

Ses yeux étaient comme lui. Ils cachaient d'innombrables secrets, d'une profondeur infinie, noyant quiconque qui oserait affronter son regard rappelant un océan.

Oh oui, Kyle était un océan de mystères.

Le souffle de plus en plus court, je constatai que toute trace de moquerie avait déserté son visage alors qu'il continuait de me détailler, la mâchoire serrée et la poitrine remontait de plus en plus vite. Je l'aperçus déglutir difficilement, alors je m'empressais de couper court à cet échange en soupirant.
Je n'aimais pas que l'on me détaille ainsi... Comme si on pouvait voir tous mes défauts.
Tous mes secrets...
Et cette tension. Elle était si écrasante. Si étouffante. Elle semblait même faire pression sur mon cœur qui s'affolait.
Qui s'enflammait.

— C'est étonnant que personne ne vienne par ici, finis-je par briser ce silence en ramenant mes genoux contre moi, comme s'ils me protégeraient. C'est magnifique...

Je lui lançai ensuite un coup d'œil pour remarquer qu'il se perdait dans la contemplation des étoiles, un petit sourire peignant ses traits. Une chaleur se diffusa dans mon être entier, et je me pinçai les lèvres en m'égarant dans le ciel.
Cet endroit était si paisible, même en présence de Kyle.

— Tant mieux, dit-il doucement. Le fait que personne ne vienne ici donne tout le charme à cet endroit.

Et c'était vrai.
Un léger mouvement de sa part me contraignit à reposer mon attention sur lui. Il se pencha légèrement en avant d'un air décontracté, toujours le nez levé vers les étoiles. Je me tendis en remarquant qu'il portait le collier que j'avais volé.

— Pourquoi le gardes-tu ? demandai-je avec surprise.

Ses traits se tordirent en une moue amusée, et son sourire s'accentua.

— T'as pris la peine de le voler. Autant profiter du fait qu'il soit gratuit, non ?

J'hésitai entre rire et m'indigner. Le coin de mes lèvres s'incurva, et je secouai la tête sans perdre mon rictus. Kyle tourna les yeux vers moi, un air amusé peignant son visage.

— Ironique, venant d'un homme qui semble faire partie de la police..., lançai-je.

Et je penchai la tête sur le côté en poursuivant :

— Comment t'y es-tu pris pour ne pas avoir de problème concernant notre fameuse soirée ? Il y a eu deux morts, quand même.

— Tu poses trop de questions, tesoro, me rembarra-t-il plus froidement.

Je me renfrognai en croisant les bras contre ma poitrine, et je me détournai. Il ne voulait donc pas remettre cette soirée sur le tapis.
Moi non plus, finalement, car si je n'en parlais pas à mes proches, je ne pouvais pas m'empêcher d'y repenser. Deux hommes nous avaient traqués sans que l'on ne sache leurs raisons.
Et j'étais curieuse. Je voulais savoir ce qu'il avait pu dire ou faire pour taire cet accident.
Qui n'en était pas vraiment un, dans le fond.
Peter et son équipe étaient-ils au courant de ce qu'il s'était passé ?
La réponse me semblait évidente... Kyle ne serait pas ici, s'ils avaient eu vent de cette affaire.
Du moins, ça me semblait logique...

— Tu t'es remise de cette soirée, d'ailleurs ? s'enquit-il sans pourtant m'observer. Pas trop chamboulée ?

— Et toi ? demandai-je. Tu t'en remets ?

Il ne répondit rien, et je compris qu'il ne me répondrait pas.
Pourquoi le ferait-il, sachant que je n'avais pas apporté de réponses à sa question.

Kyle s'alluma une clope et la pinça entre ses lèvres en continuant de fixer les astres. Il souffla un nuage de fumée avant de prendre la parole :

— Depuis le début, on joue à un jeu qui n'a aucun sens, Melina. Pourtant, dans une partie, les joueurs doivent accepter d'être parfois en position de faiblesse. Es-tu seulement prête à l'être, cara ?

Perplexe quant à ses propos, je fronçai les sourcils avant de répondre :

— Je suis prête à accepter les risques, Kyle.

Il tourna le nez vers moi, et j'affrontai ses pupilles en silence.

— Quel est le but de tout ça, pour toi ? Que cherches-tu à prouver ?

On se défia un bref instant. Je profitai de la brise s'échouant sur mon visage, et écoutai les vagues s'échouant sur le sable en cherchant une réponse convenable, puis je répondis :

— Quel est ton but à toi ? Chacun à son propre intérêt, j'imagine. Tu as lancé les hostilités, tesoro, et je compte bien les finir.

Depuis notre rencontre, nous n'arrêtions pas de nous faire des coups-bas, et ça risquait de prendre une sinistre tournure. J'en avais bien conscience.
Nous avions chacun un but précis. Lui désirait peut-être toujours me mettre derrière les barreaux, ou peut-être souhaitait-il simplement découvrir ce que je taisais, mais moi, ce que je souhaitais, c'était tourner tout cela à mon avantage.

Moi aussi, je voulais découvrir ce qu'il cachait.

Il prit une nouvelle bouffée de nicotine, les yeux plongés dans les miens. Ses cheveux désordonnés retombaient maladroitement devant ses pupilles qui brillaient d'un éclat intense, brûlant. Mon cœur s'endiabla à cette vue. Il dégageait une prestance écrasante, s'infiltrant en moi afin d'alimenter une petite flamme dans ma poitrine. Une sensation que je ne connaissais pas. Que je n'avais jamais connu.

Et que je ne voulais pas connaître...

Est-ce que la folie attirait ? Si c'était le cas, je comprenais mieux pourquoi je ressentais ces drôles de choses.

Au final, n'étais-je pas qu'un Fou ?

— Et comment savoir quand notre adversaire aura perdu ? s'intéressa-t-il.

C'était ça, la partie la plus intéressante de notre petit jeu.
Il était temps que l'on en parle, car nous nous provoquions, nous cherchions, sans savoir où nous allions.
Et ça risquait de durer un moment...

— Lorsqu'il n'aura plus aucune défense, je suppose. Lorsqu'il sera à terre, et qu'il n'aura plus aucun pion pour poursuivre la partie.

Et je comptais bien finir victorieuse.
L'impuissance. Voilà ce qui ferait perdre l'adversaire. Et tous les moyens risquaient d'être bons, et ça, Kyle le savait, je le lisais dans ses yeux brillants.

— Ce petit jeu n'aurait jamais commencé si tu n'avais pas menacé, la première fois que l'on s'est vu, poursuivis-je en soutenant son regard. Tu te persuades d'une chose depuis le début, et je compte bien te prouver que tu te trompes, quitte à te faire perdre tous tes pions...

Il pencha la tête sur le côté sans se démunir de son sourire narquois. Il rayonnait, sous la lueur des étoiles.

— Je ne me persuade de rien, souffla-t-il finalement d'une voix rauque.

Je continuai de soutenir son regard en cherchant une solution pour m'échapper de cette discussion qui prenait une mauvaise tournure.
Parce que si nous parvenions à discuter calmement, une menace planait.
Oh oui, c'était un jeu dangereux.
Je ne savais pas ce que je risquais, mais les faits étaient qu'un faux pas suffirait pour que Kyle me mette en taule.
Pour qu'il découvre mes non-dits.

Alors j'affichai un rictus confiant et m'approchai de lui en plongeant un peu plus profondément dans ses yeux. Sa chaleur enveloppa bientôt mon corps, et un soupir m'échappa. Crispée, j'ignorai les plaintes de mon cœur et approchai mes lèvres de son oreille, sans jamais le toucher, et aperçus ses muscles se tendre suite à notre proximité. Son souffle s'accéléra, comme le mien, et ses épaules se nouèrent davantage.

Il fallait que je prenne sur moi. S'il parvenait à me troubler, je voulais le faire, moi aussi...

Je finis par susurrer à son oreille, le cœur serré d'effroi, mais brûlant également.

— Si c'est une excuse pour être près de moi, tu aurais pu mieux faire, tesoro.

Et je reculai rapidement en affichant pourtant un rictus. Je scrutai ensuite ses iris qui brillaient puissamment en me détaillant dans les moindres détails. J'avais l'impression de brûler sous leur intensité. Je m'éloignai encore, me dérobant de sa chaleur corporelle, mais aussi de cette tension qui m'empêchait de respirer, de réfléchir, enserrant douloureusement ma poitrine dévorée par une chaleur destructrice, par une froideur glaciale.

— Je remporterai la partie, me dit-il d'une voix rauque.

— J'en doute, répliquai-je.

Je pointai ensuite mon auriculaire vers lui en le défiant en silence. Il comprit immédiatement que c'était le signe que la partie prenait une autre tournure, bien qu'elle avait commencé depuis notre première rencontre, finalement.

Alors, sans un mot, il croisa son doigt au mien sans me quitter des yeux. Son contact était chaud, et il se propagea dans mon être entier, quitte à repousser une partie de la froideur qui me rongeait. Je tressaillis devant la lueur dangereuse qui dansait au fond de ses pupilles, mais je n'exprimai rien.

— Que le meilleur gagne, Melina.

Migliore è il mio secondo nome, tesoro.

Meilleur est mon deuxième prénom, trésor.

Il esquissa un autre sourire avant de renchérir :

— Pensavo fosse "perdente".

Je pensais que c'était « perdante ».

Quel enfoiré. Je fronçai les sourcils, indignée. Devant mon air outré, son rictus se fit plus large. Je tressaillis à nouveau, et il remarqua mon doigt tremblant contre le sien. Il fronça les sourcils avant de s'éloigner. J'en profitai pour me redresser. La fatigue commençait à se faire sentir.

— Reste sur tes gardes, angelo mio, parce que tu n'en sortiras pas indemne.

Je lui répondis par un sourire arrogant et dis :

— Si je dois me brûler les ailes, sache que je t'emmènerai avec moi.

Et je lui tournai le dos en ignorant son regard brûlant ma peau, le souffle court, et les oreilles sifflantes.
Pourtant, quelque chose, au fond de ma poitrine, me dévorait. Me malmenait.
Et, pour une fois, ce n'était pas seulement de la peur.
Mais de la curiosité.
Car Kyle m'intriguait de plus en plus.

Je publie le chapitre tard, j'espère qu'il plaira lui aussi. 😘

Peu de personnes lisent ce livre, j'espère qu'avec le temps il y aura plus de lecteurs, et n'hésitez pas à laisser un avis.

Sinon, qu'en avez-vous pensé ? Ce petit moment vous a plu ? Un avis sur Mel' et Kyle ?

Bonne soirée. ❤️

~Chapitre revu~

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top