- Je te dépose chez Célia en allant à l'université ? proposa Loïc en finissant son petit déjeuner.
- Oui, si c'est sur ton chemin.
- Je ferai un détour, dit-il en se levant.
Il l'embrassa et fila se préparer.
Arrivée à l'appartement, Judith envoya un message à Paolo pour lui dire qu'elle ne viendrait pas de la semaine.
Puis elle sortit son ordinateur portable et se mit à travailler une variante de la défense Sicilienne sur un logiciel d'entraînement et d'analyse.
Au moins, lui, il ne l'engueulait pas comme Paolo, pensa-t-elle.
En fin de matinée, son smartphone sonna. C'était Célia.
- Alors, lui dit-elle en éclatant de rire, on découche ?
- Oh, ça va, tu es contente, hein ?
- Ben quoi, il est bien, Loïc !
- Je n'ai pas dit le contraire, il est plus que bien, dit Judith.
- Sous tous rapports ? plaisanta Célia.
- Ohhhh... Oui, là. Tu ne veux tout de même pas que je te raconte...
- Non, non. Quoique... rit-elle. Allez, je rigole, tu viens déjeuner avec moi ?
- D'accord, je passe dans une heure à la boutique.
Elle se prépara et allait partir lorsque son téléphone sonna de nouveau.
Croyant que c'était encore Célia, elle lança un « oui ? » joyeux.
Il y eut un silence pesant à l'autre bout. Puis, comme l'autre fois, un souffle.
- Qui êtes-vous ? Que voulez-vous à la fin ? hurla-t-elle.
Pas de réponse.
- Bobby ? risqua-t-elle.
Au bout d'un nouveau silence :
- Oui, c'est Bobby dit une voix avec un timbre presque féminin.
- Que voulez-vous ? Je ne vous connais pas, vous allez me foutre la paix à la fin !
- Judith, dit la voix, Dieu nous a choisis. Tu n'avais pas le droit, c'est moi ton fiancé.
- Mais enfin, vous êtes malade ! Je fais ce que je veux. Je n'ai aucun compte à rendre.
Son cœur battait à mille à l'heure. Elle avait la bouche toute sèche.
- Tu n'avais pas le droit. Ce n'est pas bien. Dieu te punira, dit lentement Bobby.
Il raccrocha.
Judith était pâle comme une morte et tremblait sans pouvoir se contrôler.
Une bouffée de panique la submergea.
Elle mit 10 minutes à recouvrer ses moyens et, en pleurs, appela Célia.
- Bon, cette fois ça suffit, dit Célia. Ecoute, ne viens pas à la boutique, je vais rentrer, ma vendeuse se débrouillera toute seule cet après-midi. On va aller chez les flics.
********
- Vous connaissez un Bobby ? demanda le capitaine de police.
- Mais non, pas du tout, je vous l'ai dit trois fois !
- Pour le moment, on ne peut pas faire grand-chose. Ces lettres ne sont pas menaçantes, elles sont plus grotesques qu'autre chose.
- Oui, enfin, il vient quand même dans mon immeuble et...
- Il n'est pas interdit de venir dans votre immeuble, coupa le policier.
- Il m'a appelée sur mon portable. Comment a-t-il le numéro ? Il m'a dit que Dieu me punirait.
Le policier fit un geste évasif.
- S'il fallait coffrer tous les cinglés qui pensent que Dieu va punir les fiancées volages, dit-il en soupirant. A propos, ce Loïc dont vous m'avez parlé, vous le connaissez depuis quand ?
- Quelques jours, dit Judith, pourquoi ?
- Comme par hasard, dit le capitaine.
- Mais, vous ne pensez quand même pas que...
- Je ne pense rien du tout, je fais mon boulot. Donnez-moi tout de même ses coordonnées ainsi que celles de ce Polo, là.
- Paolo, rectifia Judith en écrivant sur le papier qu'il lui avait donné.
********
Elles allèrent prendre un café.
- Avec ça, on se sent tout de suite mieux protégées, dit Célia, haussant les yeux.
- Je ne suis guère étonnée. Ils ont autre chose à faire que de s'occuper d'un pauvre type qui emmerde une joueuse d'échecs...
Le téléphone de Judith sonna. Ce n'était pas un numéro masqué. Elle prit l'appel :
- Mlle Malzen ?
- Oui, dit Judith.
- C'est le capitaine Marin, j'ai pris votre main courante il y a une heure, vous me remettez ?
- Oui, bien sûr, dit Judith, nous avons oublié quelque chose ?
- Non, mais il y a du nouveau. Je... Pouvez-vous revenir au commissariat tout de suite ? dit-il.
- Oui, nous sommes à quelques pas, dans un café, que se passe-t-il ?
- Venez, s'il vous plaît, dit le policier.
Elles finirent leur café aussitôt et retournèrent au commissariat.
Le capitaine avait un air étrange. Il les fit assoir.
- Je suis désolé, dit-il, Loïc Mérieux a été percuté cet après-midi à 13h50 aux abords de la faculté Paris VII par un chauffard qui a pris la fuite. Il est mort sur le coup.
Judith crut avoir mal entendu, puis elle comprit d'un seul coup.
Sa tête se mit à tourner, comme sous l'effet du vertige, puis vint le noir complet.
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