Chapitre 3 : La cache

PDV Bronte

J’ai finalement décidé d’ouvrir ma cache maintenant. Nous sommes dans l’urgence et je ne me souviens même pas de la raison qui m’a poussé à attendre. Cette période a beau être dure pour Oralie, je ne peux pas la laisser se morfondre dans son bureau, où elle est sûrement. De plus, si nous attendons trop les Invisibles prendront encore plus d’avance et Kenric sera mort pour rien.. Je me lève et le dirige vers le bureau de ma collègue. Une fois arrivé devant, je prends mon courage à deux mains et frappe. Pas de réponse.

- Conseiller, elle est partie il y a deux heures maintenant, m’informe un gnome qui s'occupe de la végétation intérieure..

-Savez vous où je puis la trouver ?

- Eh bien vous lui avez dit que Mademoiselle Sophie l'attendait devant chez elle... Je suppose qu'elle y est encore.

- Je lui ai dit cela ? demandais-je, perplexe. Vous êtes sûr ?

- Aussi sûr que vous êtes devant moi.

Diable, je perds la mémoire.

- Bien, merci.

Je sors du grand palais et longe les rues pour arriver chez elle.

Je frappe à nouveau. Encore une fois, je ne reçois aucune réponse. Alors que je m’apprête à réitérer mon geste, je m’aperçois que la porte est légèrement entrouverte. Étrange. Ce n’est pas dans ses habitudes de laisser sa porte ouverte aux quatre vents. C’est même plutôt louche. J'entre.

- Oralie, tu es là ? questionné- je en parcourant le rez-de-chaussée..
Pas de réponse.
Je monte à l'étage. La serrure de son bureau est fracturée.

- Oralie ? Je frappe de nouveau à la porte.

Finalement, elle ouvre. Son visage paraît entre le mur et le battant entrouvert. Sourcils froncés, elle me semble irritée. Ses yeux bleus lancent des éclairs. D’ailleurs, fait étrange, j’ai l’impression qu’ils ont légèrement changé de teinte. D’un bleu ciel ils sont passés à un bleu glacier sombre. Encore une fois, cela doit être mon imagination. Ce n’est décidément pas ma journée.

- Oui ? siffle-t-elle d’un ton qui ne lui ressemble pas.

- Hum... Tout va bien ?

- Pourquoi ça n'irait pas ? Enfin si à part que tu m'es donné un faux rendez vous avec mademoiselle Foster. Tu te crois drôle ? Où tu essaies de remplacer Kenric ? réplique-t-elle. Si c’est le cas, c’est raté. 

- Mais...

Elle soupire.

- Laisse tomber, Bronte. Que voulais-tu ?

- Je veux qu'on ouvre ma cache.

- Ta cache ?

- Oui.

- Les autres sont d'accord ?

- Qu'importe leur avis.

- Et après tu me fais la morale.

- Tu avais raison de l'ouvrir. J'ai sur-réagi car j'avais peur que tu te blesses en le faisant seul.

- Entre. Désolée je n'ai pas rangé.

Quel désordre. Je n'ai jamais vu son bureau ainsi.

- Tu es sûre que tout va bien.

- Oui .

Son ton n’admet aucune réplique.

- Vraiment ?

- Bronte, tu es venu pour ouvrir cette fichue cache. Alors arrête de poser des questions. Quel est le processus d'ouverture de la tienne. 
Je m'assois dans un fauteuil en face d'elle. Elle prend une pile de documents et si ce n'est pas jeter, le pose sans grande délicatesse au sol. Qu'est ce qu'il lui prend aujourd'hui ? Enfin qu'est ce qu'il se passe ? Même aux précédents anniversaires de Kenric - que ce soit de mort ou de vie -, elle n’a jamais été ainsi. D'ailleurs maintenant que j'y pense elle n'a jamais appelé Sophie ''mademoiselle Foster''. Il y a quelque chose qui cloche mais je ne sais pas quoi. Peut-être que l'énervement lié à Sophie la rend ainsi. Enfin je ne suis pas Empathe, je ne pourrais pas le dire.

- La première étape est de verser mon sang.

- Ça encore c'est très simple, déclare-t-elle en sortant une dague.

- Tu te ballades toujours avec ça ?

- Oui. Cela pose un problème ? réplique-t-elle avec un sourire pincé, un sourire qui n’en est pas vraiment un.

- Non. C'est juste surprenant.

- Bon, la seconde étape ?

- Un mot de passe.

- Et tu le connais ?

- Il me semble.

- Qu'est ce que vous faites ?

Je sursaute alors. Velia se tient dans l'encadrement de la porte.

- Velia. Qu'est ce que tu fais là ? demande Oralie d’un ton sec.

- Nous avions rendez-vous, Oralie. Et tu n'es pas venue. Alors je suis venue vérifier que tout allait bien. Maintenant, ça ne répond pas à ma question.

- Rien qui ne te concerne. Répond l'Empathe.

- Vous êtes en train d'ouvrir une cache, n'est ce pas ? Si c'est le cas, je suis concernée tout autant que le reste du conseil. Hors, il ne me semble pas que nous soyons au courant de la procédure que vous êtes en train d’effectuer. Qu'importe ce que vous vouliez faire des informations contenues à l’intérieur. Vous êtes au courant qu'ouvrir une cache sans l'avis du Conseil au complet peut vous coûter extrêmement cher ?  Vous pouvez être destitués de vos postes, si ce n'est pas pire.

- Je sais très bien Velia, mais j'ai réfléchi longtemps à cette question de l'ouvrir. L'ouvrir est peut-être le seul moyen d'avoir des informations sur Elyseus. C'est pour le bien. Sauf que cela, la majorité du Conseil ne le comprend pas . Je suis sûre que toi tu comprends.

- Oui je comprends parfaitement. Mais là vous risquez tous les deux votre santé mentale et votre poste. Je ne vous laisserai pas faire.
- Que veux-tu faire, de toute façon ? se moque presque Oralie. Crier à tue-tête et rameuter tout le Conseil ? Tu ne pourras pas nous en empêcher, et tu le sais.
Nous la regardons tous deux, choqués par un tel comportement de sa part. Elle semble s’en apercevoir car elle se radoucit aussitôt.
Oralie se lève et vient vers elle. Elle lui prend les mains.

- Ecoute Velia, tu ne peux pas nous dissuader à ce stade. Sois tu restes avec nous... Sois garde cela pour toi et personne ne risquera rien. On maîtrise la situation.

- Bien.

Velia quitte la pièce.

- Et si elle dit quelque chose ?

- Elle ne dira rien.

- Comment peux tu en être sûr ?

- Car je le sais, c'est tout. Maintenant reprenons avant qu'un autre décide d'intervenir.

Elle se rassoit.
Je dépose ma cache sur son bureau. Elle me tend la lame. J'hésite.

- Je le fais si tu veux.

- Bien.

Elle reprend la lame et se saisit de ma main. Je prends une profonde inspiration. Je sens la lame lacérer la paume  de ma main. Je vois la peau se déchirer, et le sang s'écouler de manière assez conséquente. Oralie ne cille pas, imperturbable, mais moi au contraire j'ai un haut le cœur. 
Je verse quelques gouttes sur la cache qui réagit aussitôt. La bille scintille. Il y a trois déclics avant qu'un petit écran apparaisse. Le mot de passe maintenant. Je fouille au plus profond de ma mémoire.
Quelques minutes s'écoulent.

- Carpe Diem.

La cache s'illumine. Ma cache contient exactement 5 fragments.

- Ce n'est pas beaucoup, observe Oralie. Elle semble déçue.

- Ce n'est pas le nombre qui est important. C'est ce qu'ils contiennent. 

Elle me tend un tissu pour ma main. Je l'enroule autour de la blessure.

- Allons-y.

Je sélectionne le premier fragment.
La projection date sûrement d’il y a  quelques siècles. Je n'ai aucunement les oreilles pointues comme à présent. L'ambiance est plutôt sombre. Il me semble que j'attends quelqu'un.

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