Chapitre 3
Le soleil se lève à peine sur Paris et Marinette est fatiguée.
Fatiguée de devoir se justifier sans cesses auprès d'Alya. Fatiguée de lui mentir. Fatiguée de lui dissimuler cette vie amoureuse dont elle voudrait tant lui parler. Fatiguée de devoir décaler ses rendez-vous avec Chat Noir de peur d'être surprise par sa meilleure amie - Alya a déjà tenté de la suivre, elle le sait. Son amie croit être discrète, mais pour la jeune héroïne, vérifier les alentours à la recherche du moindre témoin indésirable est une seconde nature. Alya a beau faire de son mieux, jamais Marinette n'a eu de mal à la repérer.
Mais plus que tout, Marinette est fatiguée de cette tension presque omniprésente qui s'est installée entre Alya et elle.
Trois jours plus tôt, l'altercation qu'elles ont eu à midi a infligé un coup supplémentaire à son moral déjà bien entamé par des semaines de discorde et de malentendus. Depuis, Marinette ne peut s'empêcher de ressentir une certaine appréhension chaque fois qu'elle parle à Alya. Ne pas savoir si leurs conversations vont tourner à l'orage l'épuise. Ne plus réussir à passer un moment en la compagnie de sa meilleure amie sans être constamment sur ses gardes la ronge.
Si elle s'écoutait, Marinette se transformerait pour sécher les cours.
Juste pour aujourd'hui. Juste pour respirer un peu.
Mais hélas pour elle, elle est une élève sérieuse, doublée d'une héroïne qui cumule déjà bien trop d'heures d'absence injustifiées pour pouvoir se permettre d'en ajouter d'autres sans raison valable. Ses parents l'ont déjà punie suffisamment de fois pour ne pas s'être trouvée où elle le devrait quand elle le devrait, et elle ne tient pas à s'attirer des problèmes supplémentaires.
Le cœur lourd, Marinette se prépare à partir en cours.
Sur le trajet, son esprit s'évade. Elle rêve de retrouver Chat Noir. De se blottir dans ses bras en oubliant tous ses soucis, de l'écouter raconter ces jeux de mots absurdes qui l'amusent bien plus qu'elle ne veut lui montrer. D'être avec lui, tout simplement.
Il lui manque.
Elle le voit presque quotidiennement et pourtant, il lui manque de façon presque physique.
Marinette voudrait sentir la chaleur de sa main dans la sienne, entendre ses éclats de rire, s'émerveiller de la façon dont ses yeux s'illuminent quand il la regarde. Elle veut des sorties au cinéma, des pique-niques dans le parc, des retrouvailles dès la sortie des cours, des promenades en amoureux le long de la Seine.
Elle veut une vie sentimentale normale.
Tout ce qu'une adolescente comme elle devrait pouvoir vivre.
Tout ce que ne peuvent pas avoir deux super-héros.
Peut-être serait-il temps pour Marinette de cesser de fuir. De se décider enfin à confier sa véritable identité à son partenaire et à le laisser dévoiler la sienne.
Elle a juste... peur.
Pas de la réaction que pourrait avoir Chat Noir en découvrant qui elle est, non. Leur relation est désormais bien trop forte, bien trop profonde pour que ce sujet soit sa principale source de préoccupation.
Non. Elle a peur pour Chat Noir.
Peur de la façon dont son comportement pourrait évoluer s'ils venaient à franchir ce cap crucial dans leur relation. Peur de découvrir jusqu'où il serait capable d'aller pour elle.
Car Marinette ne connait que trop bien son coéquipier. Elle sait parfaitement à quel point il n'hésite jamais à se mettre en danger pour lui venir en aide, et combien il privilégie la sécurité de sa partenaire par-dessus tout. Dès que Ladybug est menacée, Chat Noir n'hésite jamais à se placer de lui-même en première ligne. A prendre des coups à sa place, à risquer même sa propre vie s'il l'estime nécessaire.
Tout ça alors qu'il ne sait même pas qui elle est réellement.
Échanger leurs identités, ce ne serait pas juste mettre un nom et un visage sur la personne derrière le masque. Cela signifierait mettre à jour des pans entiers de vie qu'ils se dissimulaient jusque-là. Découvrir de la famille. Des amis. Des rêves, des espoirs, des doutes. Des milliers de petites choses du quotidien qui les rapprocheraient plus que jamais et rendraient leur histoire d'autant plus concrète. Plus réelle.
Plus précieuse.
Marinette voudrait partager son identité avec Chat Noir. Mais elle est terrorisée à l'idée qu'il ne prenne deux fois plus de risques une fois qu'il saura qui elle est vraiment, en voulant protéger à la fois l'héroïne et la fille derrière le masque.
Si jamais il lui arrivait quelque chose à cause d'elle, jamais elle ne s'en remettrait, c'est certain.
Elle l'aime.
Elle aura mis du temps à le réaliser, mais elle l'aime. De tout son cœur, de toute son âme.
Marinette a peur, mais elle ne veut pas non plus avoir à choisir entre son devoir et ses amis. Elle ne cessera pas d'être Ladybug, mais si elle savait qui était Chat Noir, elle pourrait enfin parler librement de lui à Alya. Mieux encore, elle aurait la possibilité de présenter l'un à l'autre. De les laisser discuter ensemble, de leur donner l'occasion de faire connaissance.
Et alors, Alya comprendrait enfin que son coéquipier est incapable de lui faire le moindre mal.
Perdue dans ses pensées, c'est à peine si Marinette remarque qu'elle se trouve à présent debout devant la porte de sa classe. Ce n'est que quand Rose la salue joyeusement en arrivant à son tour qu'elle reprend brusquement contact avec la réalité. Elle sursaute, secoue la tête pour s'éclaircir les idées, sourit à son amie et entre dans la pièce.
Une fois assise à son bureau, Marinette laisse échapper un léger soupir. Elle ignore ce que lui réserve Alya mais elle espère de tout cœur que pour une fois, sa journée sera tranquille.
La journée de Marinette est étrange. Définitivement étrange. Et paradoxalement, elle commence de façon relativement normale.
Au grand soulagement de Marinette, Alya ne lui semble pas être d'humeur à se lancer dans les sempiternels reproches qu'elle lui fait d'ordinaire sur sa mystérieuse vie amoureuse. Au contraire, elle bavarde comme si de rien n'était, profitant agréablement de ces quelques minutes qui leur restent encore en attendant que les derniers élèves s'installent.
Tandis que Marinette profite de ce moment de détente plus que bienvenu, Chloé arrive, Sabrina sur ses talons. Mais au lieu d'aller directement à sa place, la fille du maire fait un pas en direction de Marinette. Elle la jauge du regard, un rictus hautain sur les lèvres, avant de laisser échapper un soupir méprisant.
- « Je n'arrive quand même pas à croire que tu es si stupide », lâche-t-elle soudainement. « Même toi, tu mérites mieux », conclut-t-elle avant de tourner brusquement les talons pour aller s'asseoir.
- « Exactement », renchérit hâtivement Sabrina.
Sans ajouter un mot de plus, elle pivote à son tour sur elle-même dans une parfaite imitation de sa meilleure amie, laissant une Marinette médusée par cette confrontation inattendue.
Pendant quelques minutes, la jeune fille tente de trouver un sens à la curieuse attitude de ses camarades. Et rapidement, elle y renonce. Qui sait ce qu'il se passe dans la tête de Chloé - et qui voudrait sincèrement le savoir ? Certainement pas elle. L'irascible fille du maire a sûrement ressenti le besoin de se défouler après avoir été contrariée par une chose d'importance capitale à ses yeux. Comme une trace de drap sur sa joue ou une mèche rebelle dans l'impeccable arrangement capillaire qui lui sert de chevelure.
Peu importe.
Marinette a d'autres sujets de préoccupation, à commencer par ses problèmes avec Alya.
Quand sonne la récréation, Marinette se lève avec un soupir. Alya a été étrangement calme pendant le début de matinée, ce qui est loin d'être bon signe ces derniers temps. Mais à la grande surprise de la jeune héroïne, son amie ne se lance pas dans l'un de ces longs et pénibles interrogatoires dont elle a le secret. Au contraire, elle la salue joyeusement de la main avant de s'éloigner pour bavarder avec Nino et Adrien.
Marinette n'a pas le temps de se poser plus de questions que déjà, Rose et Juleka s'approchent pour lui tenir compagnie. Parlant de tout et de rien, les trois jeunes filles se dirigent d'un même pas vers la cour et s'installent un peu à l'écart de leurs camarades.
Au début, Marinette profite en tout simplicité de cet instant de détente passé avec ses amies. Mais rapidement, la conversation prend une tournure étrange. Au beau milieu d'une discussion passionnante sur les probabilités d'un contrôle d'histoire la semaine suivante, Rose commence à vanter les mérites d'une relation saine. Avec l'assentiment silencieux de Juleka, elle insiste sur l'intérêt du respect mutuel au sein d'un couple, s'extasie sur le fait que rien n'est plus beau que deux personnes qui s'aiment et se soutiennent sans la moindre réserve.
En temps normal, Marinette ne se serait pas particulièrement posée de questions. Rose est une indéfectible romantique, capable de se lancer dans de longues diatribes sur l'Amour à la moindre occasion.
Mais là, au vu des circonstances et des regards insistants que lui jettent ses amies, elle commence à se demander sérieusement si quelque chose n'est pas en train de se tramer à son insu.
La soudaine arrivée de Kim et Alix à peine une minute plus tard ne fait que confirmer un peu plus ses soupçons.
- « Ecoute, Marinette », lui lance abruptement Kim. « Si un jour tu as besoin de protection pour quoi que ce soit...»
- « ... ou contre qui que ce soit...», renchérit Alix.
- « ... tu peux compter sur nous », conclut son ami. « Je n'aime pas la violence, mais je suis suffisamment intimidant si jamais tu as envie d'avoir quelqu'un avec toi pour te sentir rassurée. »
- « Oui, la violence c'est mal », approuve Alix en hochant vigoureusement la tête. « Et moi je suis peut-être moins impressionnante que Kim - PHYSIQUEMENT moins impressionnante », corrige-t-elle en surprenant le sourire narquois de son camarade, « Parce que sinon je te bas où tu veux, quand tu veux, sur le défi que tu veux », poursuit-elle à l'attention du jeune homme. « Mais bref », reprend-elle en se tournant de nouveau vers Marinette. « Si tu as besoin de nous pour t'accompagner, pour jouer les gardes du corps... On est là pour toi. »
- « C'est Alya qui vous a demandé de me parler ? », grommelle Marinette en jetant un coup d'œil soupçonneux à son amie.
Quelques mètres plus loin, cette dernière surprend son regard et lui répond avec le plus innocent des sourires.
- « Alya ? », s'exclame Kim d'une voix où la surprise est tout sauf convaincante. « Pourquoi Alya ? Je ne vois pas du tout ce qu'Alya vient faire dans cette histoire. »
- « Oui », approuve vigoureusement Alix. « C'est juste... Une initiative. Une initiative purement amicale et spontanée. Rien à voir avec Alya. »
Avant que Marinette n'ait le temps de rétorquer quoi que ce soit, la sonnerie annonçant la fin de la récréation retenti dans la cour. Renonçant à poursuivre la conversation plus loin, la jeune fille hausse les épaules et s'éloigne de ses amis en grommelant.
Alors qu'elle se dirige vers sa salle de classe, Marinette ressasse les récents événements de son début de matinée. Rose. Juleka. Kim. Alix. Sans compter Chloé et ses étranges insultes. Tout ceci n'augure rien de bon.
Marinette s'assied sur son banc, où elle est rapidement rejointe par sa meilleure amie.
- « Alya... J'espère que tu n'as pas fait ce que je pense que tu as fait », lui souffle-t-elle d'une voix grinçante.
- « Je ne vois pas du tout de quoi tu parles », réplique son amie d'un ton faussement scandalisé. « Oh, regarde, le prof arrive », reprend-elle en désignant théâtralement l'entrée de la pièce. « J'adorerai poursuivre cette conversation, mais je ne tiens pas à me faire punir. Désolée », conclut-elle d'une voix bien trop satisfaite, avant de plonger ostensiblement le nez dans son livre.
Marinette étouffe un grognement contrarié. Quel que soit le plan tordu qu'Alya a manifestement décidé de mettre en œuvre, il ne risque guère de lui plaire.
Le repas de midi arrive et les soupçons de Marinette se confirment. Estimant manifestement que seule la force du nombre réussirait à convaincre sa meilleure amie, Alya a clairement rallié toute leur classe à sa croisade.
Alors que Marinette mangeait en se demandant avec une certaine inquiétude si un nouvel incident étrange n'allait pas se produire, une voix s'élève soudain par-dessus les brouhahas de la foule. Assis à quelques mètres d'elle, Max, jusque-là en grande conversation avec Kim, hausse soudain le ton.
- « Je ne sais pas si tu es au courant », lance-t-il à son ami d'une voix sentencieuse, « Mais un très large pourcentage des victimes de violence conjugales sont des femmes. Ça commence souvent par une simple gifle ou un petit coup quelque part, donc les gens ont parfois tendance à se dire que ce n'est pas si grave », poursuit-il en fouillant dans sa poche pour en sortir une feuille remplie de chiffres et de graphiques en tous genres, avant de la brandir ostensiblement pour la tenir à la vue de tous. « Mais statistiquement, les chances que la situation s'aggrave rapidement sont de... »
Abasourdie, Marinette cesse de prêter attention au discours de Max pour jeter un regard effaré aux alentours. Mais manifestement, elle est la seule surprise par l'étrange intervention du jeune homme.
Pire encore, loin d'être interloqués par le comportement de Max, tous ses camarades la surveillent du coin de l'œil. Absolument tous.
- « Je n'ai plus faim ! » exclame-t-elle en se levant brusquement de table et en s'éloignant d'un pas vif.
Un fois de retour dans sa salle de classe, Marinette se laisse lourdement tomber sur son banc et se prend la tête à deux mains. Elle adorerait trouver Alya pour lui expliquer sa façon de penser, mais son amie est fort commodément absente depuis la fin de leur précédent cours. Peut-être est-elle rentrée manger chez elle, ou peut-être est-elle juste en train de grignoter un sandwich quelque part dans l'école.
Quoiqu'il en soit, elle fait clairement de son mieux pour éviter Marinette et toutes les questions qu'elle pourrait avoir à lui poser. Comme « Qu'est-ce qu'il se passe exactement ? », « Est-ce que tu as prévu de me laisser tranquille un jour ? » ou « Qui va encore me gâcher ma journée ? », par exemple.
Les minutes défilent et les élèves commencent peu à peu à regagner leurs places.
En passant à côté de Marinette, Nathaniel ralenti le pas, s'empourpre légèrement et pose une feuille sur son bureau en murmurant un timide « Pour toi ». Surprise, la jeune fille lève les yeux vers son camarade, mais elle a à peine le temps d'ouvrir la bouche qu'il s'éloigne déjà. Renonçant à poursuivre Nathaniel, Marinette hausse distraitement les épaules. Elle baisse finalement les yeux sur la feuille, pour y découvrir un portrait d'elle avec écrit « Courage, on est tous avec toi. »
Marinette a à peine le temps de se saisir du dessin qu'Ivan arrive à son tour et glisse discrètement une carte de visite devant elle. Fronçant légèrement les sourcils, la jeune fille s'empare du rectangle de carton. Elle déchiffre rapidement les quelques lignes qui y sont inscrites et laisse s'échapper un tel hoquet de surprise qu'elle manque de s'étouffer. Sous son regard médusé apparaissent les coordonnées d'une ligne d'écoute pour soutenir les personnes victimes de violences.
Marinette sent croître en elle une bouffée de chaleur à la douceur trompeuse. Elle serre instinctivement les poings et doit se mordre violemment l'intérieur de la bouche pour s'empêcher de hurler. Car ce n'est plus un légitime agacement qui s'insinue en elle, accélère son pouls et chauffe son sang. Non, là c'est de la colère. Une fureur sourde, tenace, qui ne demande plus qu'à s'exprimer. L'attitude de ses camarades part certes d'une bonne intention, mais sa patience arrive clairement à bout.
Et comme par hasard, Alya n'est pas encore revenue de la pause de midi.
La jeune blogueuse attend très certainement la dernière seconde afin d'éviter des explications houleuses et en toute honnêteté, Marinette doit admettre que son amie fait pour une fois preuve de bon sens. Elle est actuellement dans un tel état de colère et de honte mêlées qu'elle se sent prête à exploser de rage.
Alya ne réapparait qu'avec l'arrivée de leur professeur, un petit sourire satisfait aux lèvres. Elle s'assied à côté de Marinette en faisant semblant de ne pas remarquer les regards outragés que lui lance son amie, tout comme elle ignore royalement les notes qu'elle lui transmet durant tout l'après-midi.
Quand sonne enfin la fin des cours, Marinette se tourne vers Alya, bien décidée à avoir une explication ferme avec elle. Mais avant qu'elle n'ait le temps de dire quoi que ce soit, elle est interrompue par une voix autoritaire.
- « Bien, je vous demanderai de rester encore assis quelques instants à votre place », lance leur professeur depuis son bureau. « Certains de vos camarades m'ont informé qu'ils souhaitaient vous présenter un exposé à la fin du cours. Je n'y vois aucune objection, je leur laisse donc la parole et je vous demanderai de respecter leur travail en écoutant soigneusement ce qu'ils ont à vous dire. Et si certains d'entre vous s'avisent de partir avant qu'ils n'aient finis, je le saurais, n'en doutez pas », conclut-il d'une voix menaçante. « Nino, Mylène, c'est à vous. »
Joignant le geste à la parole, le professeur s'écarte pour laisser la place à ses deux élèves, avant de sortir discrètement de la salle de classe. En proie à un mauvais pressentiment, Marinette voit Mylène et Nino échanger un regard complice, hocher brièvement la tête et s'avancer pour faire face à leurs camarades. Debout devant le bureau, ils s'éclaircissent la voix et se mettent à parler.
Et aussitôt, Marinette a l'impression de basculer dans un étrange rêve. Ou plutôt, dans un incroyable cauchemar. Bouche bée, elle voit ses amis lancer dans une présentation qui leur a manifestement demandé des heures de travail, et qui n'a pour nul autre sujet que les relations toxiques. Comment les reconnaître. Comment les éviter. Comment s'en sortir. Le tout additionné de nombreux apartés sur les violences physiques au sein d'un couple et de conseils juridiques divers et variés.
Marinette a la désagréable sensation d'être en train d'halluciner tellement la situation lui paraît irréelle.
Elle ne sait pas ce qui est le pire.
Que Nino et Mylène soient clairement en train de s'adresser à elle.
Que tous, absolument TOUS ses camarades aient les yeux rivés sur elle, la regardant avec une expression compatissante.
Que tous, absolument TOUS ses camarades soient manifestement persuadés que celui qu'elle aime la roue de coups.
La simple pensée qu'on puisse accuser Chat Noir d'être capable d'une pareille horreur révolte Marinette. Si ses amis savaient, si seulement ils savaient à quel point son partenaire n'hésite jamais à se mettre en danger pour qu'elle n'ait rien... Combien de fois il a frôlé la catastrophe pour la protéger, combien elle vit dans la terreur qu'il ne prenne le coup de trop...
Un profond sentiment d'injustice se mêle à la fureur qui croît implacablement dans le cœur de la jeune fille, la dégoute tant qu'elle en a la nausée.
Paralysée par une tempête de sentiments dont l'intensité augmente de seconde en seconde, Marinette ne remarque même pas que Nino et Mylène fini leur exposé. Un bourdonnement sourd résonne dans ses oreilles, étouffant le bruit extérieur, tandis que son cœur bat à présent avec tant de force qu'elle le sent pulser dans les moindres recoins de son être.
Marinette a soudain l'impression que sa vision se voile de rouge. Pas d'un chaleureux rouge Ladybug, mais du rouge incandescent d'une rivière de lave, annonciateur de la plus volcanique des colères.
Elle est à deux doigts de craquer.
Dans une ultime tentative de conserver son calme, Marinette s'agrippe instinctivement à son bureau, ferme les yeux de toutes ses forces et prend une profonde inspiration.
Du calme.
Du calme.
Du. Calme.
Quand elle rouvre enfin les paupières, Marinette surprend le regard circonspect qu'Adrien jette à Alya. Mais quel que soit le léger désaccord qui oppose silencieusement ses deux amis, la bataille semble être rapidement remportée par Alya.
Adrien secoue brièvement la tête, laisse échapper un petit soupir, puis se tourne vers Marinette et glisse à son tour une carte sur son bureau.
- « Tiens, si... Si jamais tu as besoin, c'est le numéro de l'avocat de mon père », commence-t-il d'une voix hésitante. « Il suffira de dire que tu appelles de ma part et- »
C'en est trop pour Marinette.
La rage et la frustration qui se sont accumulées durant sa longue journée déferlent sur elle comme un fleuve en furie, emportant avec elles ses dernières réserves.
Elle craque.
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