Chapitre 8 - Matelot à la dérive

Finalement, j'ai réussi à l'avoir cette glace.

En même temps, c'est pas compliqué de fausser compagnie à l'autre idiot de Mark. Suffit d'attendre qu'il repère une autre victime à aller harceler de sa bonne humeur, et hop, on s'enfuit ni vu ni connu. Désolé Nathan, j'espère que tu es toujours en vie actuellement.

Moi en tout cas, je me délecte de la douce saveur du meilleur fruit que cette planète ait à offrir, en compagnie de Jordy qui se goinfre depuis tout à l'heure et d'un autre gars que je ne connais pas et qui fait pareil. Apparemment, il s'appelle Jack, il a un an de moins que nous, et c'est un pote de Mark. Ce qui est drôle, c'est qu'il fait quatre fois la taille de la Pistache alors qu'ils mangent autant l'un que l'autre. On sent qu'un des deux a un métabolisme de connard, te sens surtout pas visé Jordan. En tout cas il a l'air sympa le Jack, après on est tous les deux occupés à bouffer donc c'est pas comme si on parlait beaucoup.

- Ah, Caleb, t'es là ! On te cherchait !

Ah, merde, Mark m'a retrouvé. Adieu divine nourriture, ce fut court mais jouissif. Nathan est là aussi, et il en profite pour grappiller un ou deux cookies avant qu'on ne se fasse à nouveau embarquer sur la piste de danse. Sérieusement, ce mec est infatigable c'est pas possible. Je sais pas comment on va réussir à s'en débarrasser.

- Oh, mais c'est Axel !

Ah, c'était pas si compliqué finalement. Oh, mais, que vois-je ? Un nouvel individu inconnu au bataillon ! On ne va pas se mentir, j'en aurai oublié les trois quarts avant même que la soirée ne se termine. Désolé beau blond, tu n'es pas assez mémorable pour que je te retienne.

- Oula mais c'est quoi cette coupe de cheveux ? Tu t'es pris pour un porc-épic ? Ça va pas du tout chéri, faut qu'on t'arrange ça !

Petite pensée pour Axel qui, à peine arrivé, se fait kidnapper par Aphrodite et va probablement devoir subir un relooking de deux heures. Adieu mon pote, c'était cool de te connaître pendant deux secondes. C'est con, y'a plus personne pour distraire Mark maintenant.

- Caleb ? T'as une minute ?

Dahlia, j'ai toute l'éternité pour toi alors par pitié aide-moi à fuir, je sens plus mes jambes. On s'écarte un peu de la foule, et au passage je remarque Joe qui nous regarde mal. Oula, j'espère qu'il va pas me faire une crise de jalousie lui. Surtout que ça serait con, vu mon intérêt pour la gent féminine je risque pas de la lui voler sa copine.

- Je voulais juste te dire merci. Jude m'a dit que c'était grâce à toi qu'ils ont pu organiser la fête ici.

- Mais de rien, ça m'a fait plaisir de filer un coup de main.

En vrai, c'est surtout Xavier qu'elle devrait remercier vu que c'est quand même chez lui qu'on tient cette fête. Mais de une, il est toujours porté disparu, et de deux, j'aime qu'on reconnaisse mon utilité.

- N'empêche que t'étais pas obligé, on se connait pas depuis longtemps. Donc merci, c'est cool de ta part.

- Bof, tu sais, qu'on se connaisse depuis une semaine ou un an ça change pas grand chose je trouve. On s'entend bien, c'est le principal non ?

Dahlia rit à ma remarque, ce que je prends légèrement mal. Je sors ma meilleure phrase philosophique, et elle se fout de ma gueule en retour ? Je te pensais pas capable d'un coup aussi bas Cœur de Pirate, tu me déçois.

- T'as une drôle de façon de voir les choses toi. Mais t'as pas tort j'imagine !

Chérie, j'ai toujours raison, tu ne l'avais toujours pas compris ?

- Bon, je te dérange pas plus longtemps. Merci encore Caleb !

Pitié non, reste ici je t'en supplie, me laisse pas seul avec Mark ! Remarque, de ce que je vois il a eu le temps de m'oublier, vu qu'il a l'air trop occupé à s'amuser avec Nathan. Ptite pensée pour toi mon pote, je te rejoindrais bien pour le soutien moral mais j'ai la flemme d'être gentil donc je vais plutôt te laisser souffrir seul. A la place, je vais voir Dave et Isa qui tirent tous les deux la gueule dans un coin. Mes bichons, personne vous a forcé à venir vous savez.

- Qu'est-ce que vous foutez ?

- Un ping pong, ça se voit pas ?

Waw Isa, ça va bichette, tu veux en parler ?

- Lina a appris qu'elle avait séché les cours jeudi, du coup normalement elle avait pas le droit de sortir, m'informe Dave.

Triste vie, en même temps tu récoltes ce que tu sèmes ma chère Isabelle.

- Et toi, pourquoi tu tires la tronche ? je demande à Dave.

- Solidarité.

Waw, je sais pas si c'est une crème ou s'il est con. En tout cas je sens toute ma volonté de vivre s'évaporer rien qu'en vous regardant, donc je vais vous laisser déprimer dans votre coin mes loulous. Bon, alors, qui je pourrais aller emmerder ensuite...

- Caleb ?

Oh, Jude, comment tu vas depuis le temps ? Je l'avais pas encore vu lui non plus tiens, je me demande ce qu'il faisait. En même temps, avec ses lunettes, ça doit pas être évident d'y voir quelque chose dans un lieu aussi sombre. Bah oui mais t'avais qu'à les enlever mon chou.

- Eh, Jude, ça faisait longtemps !

Ah bah rip, on aura pas eu l'occasion de discuter. Tiens, Axel, déjà de retour ? Ça m'étonne que Byron l'ait relâché aussi vite, d'habitude quand il kidnappe quelqu'un ça dure au moins une heure, le temps qu'il fasse une inspection complète du style de sa victime. En tout cas, Aphrodite s'est visiblement amusé à retirer tout le gel qu'il avait dans les cheveux (ce qui relève du miracle, y'avait l'air d'y avoir au minimum un pot entier là-dedans), puisque maintenant ils lui retombent sur la nuque. C'est clairement mieux que sa coupe porc-épic style, donc pour une fois on va remercier Byron Cordula pour ses loyaux services envers la nation.

Bon du coup les deux se cassent et me laissent en plan, même si Jude me fait quand même un petit signe pour s'excuser avant de s'éloigner. T'inquiète Huguette, je vais bien trouver quelqu'un d'autre à faire chier. Je vais aller chercher Claude tiens, ça fait longtemps que je l'ai pas croisé. En espérant que...

- Caleeeeb !!!!

Et merde.

///

On avait interdit l'alcool de base, non ? Parce que là je me demande si quelqu'un n'en a pas glissé dans le coca ni vu ni connu.

Ça doit bien faire deux heures que la fête bat son plein, et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est parti en cacahuète, ou en pistache comme dirait l'autre morfale. Entre ceux qui se déhanchent sur la piste de danse comme s'ils se croyaient sur Tik Tok, ceux qui se galochent depuis une demi-heure (je vais pas mentir, au bout d'un moment j'espère qu'ils vont s'étouffer à cause du manque d'air) et ceux qui font un concours de qui arrivera à avaler le plus de gâteaux apéro en moins d'une minute, y'a de quoi se poser des questions. Plus ça va, plus je m'inquiète pour la santé mentale des individus présents, la mienne y compris.

Je croise aussi Shawn et Byron en train de se rouler des pelles dans un coin. Ah, félicitations les copains, je savais pas qu'il y avait un truc entre vous mais écoutez je suis fier de voir que vous avez réussi à conclure. En plus ça va foutre le seum à Xavier de savoir qu'Aphrodite a réussi à pécho et pas lui.

D'ailleurs, en parlant du loup, je le retrouve enfin après l'avoir perdu pendant deux heures. Dans ma grande gentillesse, je décide d'aller lui faire un petit coucou, en espérant ne pas avoir à sécher ses larmes cette fois.

- Yo, comment ça va Xav ?

- Caleb, c'est la crise, je trouve personne.

Ok, elle démarre très mal cette conversation.

- T'inquiète mon chou, un jour tu trouveras l'amour, t'as pas besoin de chercher comme un désespéré.

- C'est sûr que t'es bien placé pour le savoir.

- C'est pas pareil, pour moi le célibat est un choix.

- Ouais, des autres.

Allez, on va le laisser pleurer tout seul le Xavier hein. Je veux bien être sympa mais au bout d'un moment il est fatigant à gérer ce gosse. Je pars à la recherche d'un nouvel individu à illuminer de ma présence, tel un marin dérivant d'île en île à la recherche de ce trésor qu'est la compagnie humaine. Je croise Claude et Bryce endormis par terre l'un contre l'autre (je prends une photo, ça pourra servir de monnaie d'échange plus tard), Jordan qui comate dans un coin après s'être empiffré, Axel et Shawn qui s'embrassent-

Wait a minute nani the fuck what is going on ? Il se tapait pas Byron y'a deux minutes le prince des neiges ? Soit il est bigleux et il a confondu un blond pour l'autre (même si, quand même, faut le faire, Aphrodite est clairement au dessus du commun des mortels en terme de beauté), soit il a juste décidé qu'un seul c'était pas assez donc il s'en est trouvé un deuxième. Écoute poto je juge pas, profite bien j'ai envie de dire.

Et là, je trouve Jude qui quitte discrètement la pièce. Enfin pas si discrètement que ça en fait, c'est juste que personne d'autre fait gaffe à lui à part moi. Et comme je suis toujours autant un professionnel en matière de curiosité, je décide de le suivre de manière absolument pas creepy.

Caleb, tu vas où ?


Hunter, pourquoi tu te sens obligé de griller ma couverture comme ça ? C'est con, Jude l'a entendu et s'est arrêté de marcher. Génial, il va croire que je le stalk maintenant. Comment ça c'était un peu ce que je faisais ? Je marchais dans la même direction que lui, c'est très différent.

- Rien, je vais juste prendre l'air, je réponds, n'ayant pas grand chose d'autre en stock.

- D'acc, pas de soucis. Avec Jordan et Dave on va pas tarder à y aller, donc nous cherche pas quand tu voudras partir.

- Y'a Claude et Bryce en train de dormir dans un coin, vous comptez les ramener ou les laisser là ?

- On va probablement les réveiller pour qu'ils rentrent avec nous.

- Cool, j'avais la flemme de le faire.

Hunter secoue la tête en souriant, visiblement désespéré du gamin que je suis. Puis, il repart en direction du glaçon et de la tulipe qui tapent toujours leur meilleure nuit dans les bras de l'autre. Je resterais bien pour voir la réaction de Claude quand il verra où il s'est endormi, mais je sens que ses cris vont me briser les tympans donc je prends plutôt la fuite vers l'extérieur. Au final, mon excuse n'en était pas vraiment une. Je commençais à avoir mal au crâne à cause du bruit, donc une petite pause est clairement la bienvenue.

A ma grande surprise, Jude décide de me suivre sans dire un mot. J'espère qu'il ne compte pas me demander des explications sur pourquoi je le suivais, j'ai épuisé mon stock d'excuses avec Hunter.

- Toi aussi tu étouffais ? il me demande alors une fois sortis.

- Un peu ouais. C'est qu'ils sont bruyants ces cons.

- Au moins, Dahlia a passé un bon moment.

Je ne peux m'empêcher de sourire à cette remarque. Y'a pas à dire, ils sont touchants ces deux-là. On dit que l'amour c'est beau, mais si vous voulez mon avis, l'amitié l'est tout autant, en plus d'être bien moins compliquée. Xavier devrait peut-être se réjouir d'être célibataire en fait.

- Tu veux savoir pourquoi des élèves du lycée me cherchent sans arrêt des noises ?

Alors, honnêtement, je t'avouerais que c'est pas le genre de conversations que je m'attendais à avoir. Après, si tu te sens de raconter ta vie c'est clairement pas moi et ma curiosité qui allons te retenir, donc écoute lance toi mon chou.

- Raconte ?

- Ils m'ont surpris sans mes lunettes un jour.

Ah, les fameuses binocles Décathlon. Si vous voulez mon avis, je trouverais ça plus logique de le juger avec que sans, mais vu le spécimen que j'ai croisé l'autre fois je pense que leur nombre de neurones est trop limité pour s'en rendre compte. De toute façon, look original ou non, ça ne justifie en rien de le forcer à faire leurs devoirs ou d'autres conneries du genre.

- Même s'il te manquait un œil, ça leur permettrait pas de te traiter comme leur esclave.

Jude sourit tristement à cette remarque. Aïe, on arrive sur un point sensible.

- Je sais. Mais... à force d'entendre que mes yeux sont font de moi un serviteur du diable, j'imagine que j'ai perdu la volonté de me défendre.

Qu'est-ce que- QUOI ??? Il parle de qui là ? Jude, s'il te plait, file leurs noms, âges, adresses, numéros de tel et numéros de carte bancaire. C'est pour la bonne cause. Va falloir m'expliquer leur raisonnement là, parce que plus ça va, plus j'ai l'impression de vivre dans un monde de fous. Je m'apprête à poliment lui demander de me laisser aller leur dire le fond de ma pensée, quand il ajoute :

- Caleb... Tu peux fermer les yeux, s'il te plait ?

Ah ? Oui ? Si tu veux ? J'acquiesce, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre de sa part. J'espère que personne ne va débarquer entre-temps, parce que mine de rien, je dois avoir l'air vachement con à rester planté en plein milieu de la pelouse les yeux fermés. Un coup de vent brusque me fait frissonner. C'est qu'on se les gèle en plus, le contraste entre l'air frais de la nuit et l'ambiance chaleureuse de la fête est d'autant plus flagrant quand on y prête attention.

Waw, quel poète je fais.

Et sinon, je peux rouvrir les yeux un jour ? C'est pas que je m'ennuie ici, mais j'ai remarqué que laisser mes pensées divaguer comme bon leur semble n'est jamais très bon pour ma santé mentale. Si ça continue, je vais commencer à réfléchir au sens de la vie, puis les théories foireuses de Jordan vont me revenir en mémoire et je vais conclure que l'existence n'a pas d'importance puisque si ça se trouve, demain, les aliens de Falam Orbius vont débarquer et s'installer sur notre planète parce qu'un trou noir a bouffé la leur.

J'ai trop d'imagination je crois.

Il fait beau aujourd'hui sinon.

Je sais que le temps n'est qu'une construction humaine servant à quantifier notre existence sur cette Terre, mais là ça commence à faire longtemps. Si ça se trouve il s'est barré sans moi l'autre.

- Jude ?

- Tu peux ouvrir les yeux.

Ah non, c'est bon. Je m'exécute, et tombe sur... Les arbres, mes ennemis mortels. Ne pensez pas que je vous ai oubliés vous, votre heure viendra bien assez tôt. La vengeance est un plat qui se mange froid, mais pas trop quand même parce que sinon je risque de chopper le ver solitaire.

- Derrière toi.

Mais qu'est-ce qu'il fout au juste ? On est censé faire une partie de chat ou de cache-cache ou comment ça se passe ? Enfin, quitte à avoir commencé, autant jouer le jeu jusqu'au bout. Je me retourne donc pour me retrouver face à Jude.

Jude, sans ses lunettes. Jude, et ses yeux rivés sur les miens.

Et là, c'est le choc. Les souvenirs me foudroient sur place avant que je n'ai le temps de tourner la tête. Ces yeux, je les connais. Je les vois chaque nuit, en rêve, non, en cauchemar, lorsque je revis inévitablement et inlassablement ce jour-là.

Cette couleur, je la hais. Et en même temps, je l'aime plus que tout. C'est insupportable. Pourquoi il faut toujours que les choses se compliquent au pire moment ?

Je sens quelque chose d'humide se poser sur ma joue. Une larme ? Peut-être. Je n'arrive pas à y prêter attention. Tout ce que je vois, c'est ce regard. Ce regard de la même couleur que celui qui m'a fait face cette fois-là.

Mes pas me guident d'eux même loin d'ici. Je m'enfuis loin, le plus loin possible de cette teinte qui malgré tout me poursuit sans relâche.

"Mon cher Aitor, des fois, on peut avoir des bobos qui ne se voient pas de l'extérieur."

La vie se fout de ma gueule.

///

Haïssez-moi pour le poly Byron/Shawn/Axel, je suis trop occupé à écrire mes prochaines fanfics pour vous entendre hurler.

Sinon, oui, je sais, je finis ce chapitre sur une note très cruelle. Vous inquiétez pas ça s'arrange au prochain... Ah non pardon c'est encore pire. La bonne nouvelle c'est que comme le prochain chapitre est une sorte "d'entre-deux" pour expliciter certaines choses sur Jude et Caleb il sera posté plus tôt que d'habitude.

Sur ce adieu, je dois aller péter la gueule de Saru sur CS.

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