Chapitre 5 - Devil in disguise

- Et du coup, pour les guirlandes, on met quoi ?

- Des ballons de foot !

- Pour la dernière fois Mark, non, on ne fera pas une fête sur le thème du foot !

C'est bien beau d'organiser un anniversaire surprise, mais encore faut-il avoir des gens compétents sur le coup. Autant dire qu'entre Aphrodite qui est persuadé que sa simple présence suffira à rendre la fête parfaite, et Mark qui veut que les petits fours soient en forme de ballons de foot, on n'est pas sortis de l'auberge.

Heureusement, il y a moi, Nathan et Shawn pour rattraper la catastrophe. Moi, parce que je connais le lieu de l'événement, Nathan, parce que c'est le plus proche de Dahlia parmi nous, et Shawn pour la simple raison qu'il a d'excellentes idées. On dirait pas derrière ses airs de grand timide, mais il s'y connaît en ingrédients pour une fête réussie.

- Et sinon, on ramène de l'alcool ou pas ?

Bon, j'avoue, ça c'est moi. Écoutez, chacun ses petits défauts. Je vais devoir me coltiner Xavier qui va vouloir se taper tous les célibataires qu'il croisera, alors il va bien me falloir quelque chose pour tenir toute la soirée.

- Alors là oublie, Dahlia est ultra investie dans les campagnes de prévention contre les dangers de l'alcool. Elle va criser si quelqu'un ramène ne serait-ce qu'une bouteille à son anniv.

Byron, pourquoi tu ruines mes rêves d'échappatoire de cette triste réalité de la sorte ? Tant pis, je me noierai dans la bouffe et le soda à la place.

- Du coup, on est d'accord que tout le monde doit ramener quelque chose à boire ou à manger pour entrer ? demande Nathan.

- Logique, on les invite à notre super fête on va pas faire de la charité non plus, je réponds comme si c'était l'évidence même.

- Et le code vestimentaire ?

- Tant que personne se ramène en claquette chaussette ou en jogging, ça passe.

- Ouais, on va quand même demander un minimum d'efforts, intervient Aphrodite. Je tiens à mes yeux je vous signale.

On est tellement investis dans nos préparatifs qu'on ne voit pas le temps défiler. Du coup, on sursaute tous quand la sonnerie retentit, parce qu'on n'est absolument pas prêts à retourner en cours. Nos affaires sont éparpillées un peu partout, entre ceux qui prenaient des notes sur un carnet et d'autres qui finissaient leurs devoirs (je ne préciserai pas qui. Hum.)

Pour ne rien arranger, mon téléphone sonne juste au moment où je finissais de boucler mon sac. Je m'apprête à envoyer bouler quiconque est assez con pour m'appeler à un moment pareil, jusqu'à ce que je vois le nom de Lina affiché sur l'écran. Merde, je peux pas vraiment lui mettre un vent. Je tiens un minimum à ma vie je vous rappelle.

- T'inquiète, me dis alors Nathan, je te trouverai une excuse. Mais traine pas trop !

C'est officiel, j'aime cet homme. Je me dépêche de m'éloigner puis décroche avant que Lina n'aie le temps de développer des envies de meurtre à mon égard. Elle a beau tenir un orphelinat, cette femme fait grave flipper. En un seul regard, elle peut vous donner l'impression que vous n'êtes qu'un vulgaire cloporte qu'elle n'aura aucun mal à remettre à sa place. Bon, en vrai, elle est gentille et elle sait super bien s'y prendre avec les enfants. N'empêche qu'il ne faut jamais la voir en colère, ou vous allez faire des cauchemars pendant un moment.

- Allô ? Lina ?

- Oui, Caleb. Je ne te dérange pas trop ?

- Non, c'est bon, je mens parce que mine de rien j'ai envie de savoir pourquoi elle m'appelle. La curiosité n'est pas un vilain défaut, c'est une qualité dans laquelle j'excelle.

- D'accord. Je t'appelle parce que j'ai reçu des nouvelles du tribunal.

Gros silence. Je déglutis avec difficulté, essayant de garder mon calme. Honnêtement, je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle ramène cette histoire sur le devant de la scène. Mais bon, tant qu'à faire, autant en finir tout de suite. Nathan ne pourra pas me faire gagner plus de dix minutes.

- Et donc ?

- On a la date du procès de ton père. C'est...

- Ça sonne, je ne peux m'empêcher de la couper. Tu me diras ça ce soir.

- Mais, Caleb...

- A ce soir Lina, bon aprem.

Et je raccroche. J'imagine qu'elle va m'en vouloir, mais tant pis. J'ai mieux à faire que penser à tout ça maintenant. Je range mon téléphone, et me dépêche de rejoindre ma classe. Nathan a dû réussir son coup, puisque le professeur me demande simplement de rejoindre ma place en vitesse.

- Caleb ? Ça va ?

Je tourne la tête vers mon ami, qui a l'air un peu inquiet.

- T'inquiète, c'est rien, je l'assure. Juste ma tutrice qui me demande d'aller chercher les mômes à l'école ce soir.

Pourtant, je sais qu'il comprend bien que j'ai l'air bien trop énervé pour quelqu'un qui doit simplement ramener des enfants à l'orphelinat. Heureusement, il ne dit rien, et le reste de l'après-midi se déroule normalement, excepté pour les pensées qui m'envahissent et dont je me serais bien passées.

///

La sonnerie retentit, mettant fin au calvaire de nos vies.

- Libéréééé, délivréééé, je n'étudierai plus jamaaaiiiiis !!!!

- Pistache on y retourne demain.

- Tulipe par pitié la ferme.

Vous connaissez le foreshadowing ? Il se trouve que quand j'ai dit à Nathan que Lina m'avait demandé d'aller chercher les gosses, j'avais raison. Elle a envoyé un message à Dave une heure plus tôt, et, du coup, toute la bande est en route pour l'école.

- Allons-y les amis, on va bien s'amuser !

- On est pas tes amis.

Aïe, violent coup porté à Jordy par notre Tulipe nationale. Claude a dû se lever du mauvais pied ce matin. Ou alors Bryce lui a foutu un vent quand il a essayé de l'embrasser, je sais pas encore.

Du coup, Jordy va bouder auprès de son Hunter chéri, et le reste de la troupe continue de tirer la tronche. Bravo Claude, tu viens d'éteindre le seul rayon de soleil parmi les dépressifs. Je vous jure, ce gosse est ingérable.

On arrive à l'école, et on récupère une bonne dizaine de gosses surexcités qui veulent raconter leur journée dans les moindres détails. Hunter et Dave sont les âmes les plus généreuses parmi nous, du coup ce sont eux qui s'y collent. Isa et Bryce aiment les mômes autant que moi, et Claude a autant de patience qu'un chien affamé. Jordan ne fait plus la tronche, mais si le sujet ne l'intéresse pas (donc si ce n'est pas une théorie du complot ou une histoire de pistache) il arrêtera d'écouter après 3 secondes. Merci soldats pour votre sacrifice, je promets que je ne vous oublierai pas avant ce soir. Peut-être.

On s'apprête à rentrer au bercail, quand soudain, je me rends compte qu'il y a un détour que j'aimerais faire. C'est vrai que je n'y suis pas allé depuis que j'ai repris les cours. Je crois qu'il est grand temps que je rectifie le tir.

- Partez devant les gars, je dois faire un détour.

Un oui général retentit, et, heureusement, les enfants sont trop occupés à raconter à Dave comment l'un d'entre eux a avalé son flanc en une bouchée ce midi pour poser plus de questions. Je pars donc faire mon bonhomme de chemin tranquillement, sortant mon téléphone histoire de mettre un peu de musique. Je vais mettre Mistral Gagnant tiens, en l'honneur de ma pirate préférée.

Enfin, j'en avais l'intention, jusqu'à ce que je sente quelqu'un tirer sur la manche de mon pull. Je vais canner, pourquoi ça m'arrive tout le temps ce genre de conneries ? Ma vie est la preuve que soit dieu n'existe pas, soit c'est un gros sadique qui s'acharne sur les mêmes personnes sans raison. Et ça se confirme quand je tourne la tête pour vérifier qui m'a suivi alors que j'avais clairement dit aux autres de partir sans moi.

- Aitor, qu'est-ce que tu fais là ?

- J'avais pas envie de suivre les autres donc je t'ai suivi toi.

Je soupire. C'est toujours pareil avec lui. Aitor, c'est le diable déguisé en un adorable gosse de six ans. Il est là, il te fait son plus beau sourire, et toi comme un con tu tombes sous le charme. Puis, dix minutes plus tard, ton portefeuille est vide, et lui il se trimballe avec une glace à l'italienne triple supplément chocolat. Je vous jure, c'est impossible de résister à sa bouille d'ange. Le truc, c'est que personne ne me croit quand je dis qu'il est secrètement diabolique. Enfin sauf Isa, mais Isa ne compte pas parce qu'elle déteste tous les gosses sans distinction.

- Écoute Aitor, j'essaye de le convaincre, je vais à l'hôpital, et l'hôpital c'est pas très passionnant, surtout pour un enfant. Donc retourne avec Hunter, d'accord ?

- Tu vas voir ta maman ? il me demande alors, et, pour une fois, il n'a pas l'air d'avoir la moindre arrière pensée.

Je me demande comment il est au courant pour ma mère, sachant que personne ne m'en parle jamais à l'orphelinat. Enfin, j'imagine que Lina a dû leur en parler avant mon arrivée.

- C'est ça, je vais voir ma maman.

- Alors je viens avec toi.

Mais c'est qu'il lâche pas l'affaire ! Honnêtement, j'ai la flemme de débattre avec lui, surtout quand il me fait les yeux doux.

- Tu me promets que tu resteras sage ?

- Sage comme une image !

Je soupire, et on finit par se rendre à l'hôpital main dans la main. Je n'ai aucune idée de pourquoi Aitor tient tant à m'accompagner, mais ce n'est pas comme si ça changeait grand chose. Et puis, contrairement à moi, ma mère adore les enfants, donc ça pourrait lui faire plaisir.

Une fois arrivés, je me dirige automatiquement vers le premier étage. Je connais le chemin par cœur maintenant, alors je n'ai même pas besoin d'hésiter à chaque intersection. On évitera de mentionner qu'à ma première venue, je suis parti à l'opposé de ma destination et j'ai dû demander à une stagiaire de m'accompagner. Il faudrait vraiment inventer un Google maps pour intérieurs. C'est bon, j'ai trouvé mon futur métier.

Je toque à la porte, et une voix douce m'autorise à entrer. La pièce n'a pas changé, les murs sont toujours du même vert caca d'oie malade et ça sent toujours autant le renfermé vu que l'ouverture des fenêtres est bloquée. Ma mère contemple d'ailleurs l'extérieur à travers la vitre, assise sur son fauteuil orange pourrie. Puis, elle se tourne vers moi et me sourit.

- Bonjour mon chéri.

- Salut m'man.

Je m'assois au bord du lit, et Aitor se place à côté de moi. Il regarde un peu partout, mais ne dit rien.

- Qui est donc ce charmant garçon ? ma mère demande alors.

- Il s'appelle Aitor, il vit à l'orphelinat.

Aitor se contente de lui faire un petit signe de main. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi timide. Au moins, il ne risque pas de parler à ma mère de la fois où j'ai accidentellement renversé la casserole de pâtes bolognaises sur Bryce. Je vous laisse imaginer la réaction du Glaçon, et celle de Lina lorsqu'elle est revenue dans la salle à manger après un coup de fil.

- Je vois, enchantée Aitor ! Je m'appelle Hortense, je suis la maman de Caleb. Il est gentil avec toi j'espère ?

J'aurais mieux fait de me taire. Fait attention à ce que tu dis le môme, je te signale que sans moi tu n'aurais jamais eu ta super glace.

- Oui, il est trop gentil !

Mon dieu, aurais-je mal jugé Totor ?

- Et toi maman, ça va ? je demande alors, parce que c'est quand même pour prendre de ses nouvelles que je suis venu à la base.

- Oui, ne t'inquiète pas. Les médecins m'ont dit que je commençais à me rétablir. J'espère que je pourrais bientôt rentrer à la maison... elle soupire en regardant vers la fenêtre. Ça se passe bien à l'orphelinat ? Et le lycée ?

- Tranquille, les cours sont pas compliqués. Je me suis fait des amis aussi, on organise une fête d'anniversaire samedi d'ailleurs.

- Vraiment ? C'est super, il faut que tu profites de ta jeunesse mon chéri...

On continue de parler pendant un moment. Enfin, à vrai dire, c'est surtout moi qui parle et ma mère qui écoute et réagit de temps en temps. En même temps, je m'attendais à devoir faire la majorité de la conversation, donc ça ne me dérange pas. Je suis simplement content de la voir.

Puis, après une heure, on quitte finalement l'hôpital pour retourner à l'orphelinat. Aitor demande encore à me tenir la main. Je ne le pensais pas si collant, ça en deviendrait presque touchant. D'ailleurs, je ne sais toujours pas pourquoi il a voulu m'accompagner. La curiosité enfantine sans doute.

Puis, d'un coup, il me demande :

- Dis, pourquoi ta maman est à l'hôpital ? Elle avait pas l'air d'avoir bobo !

Je souris tristement, puis m'agenouille devant lui pour répondre :

- Mon cher Aitor, des fois, on peut avoir des bobos qui ne se voient pas de l'extérieur. Tu comprendras quand tu seras plus grand.

- Je suis déjà grand d'abord !

- Mais oui mais oui, je réponds en lui tapotant la tête.

Aitor fait la moue, et la discussion s'arrête là. Mon petit Totor, tu devrais être un peu plus reconnaissant quand tonton Caleb te donne des leçons de vie. Enfin, je devrais pas non plus m'attendre à ce qu'un gosse de six ans comprenne.

- Dis Caleb... il reprend après quelques minutes.

- Oui Aitor ?

- Vu que je suis allé à l'hôpital avec toi, j'ai loupé le goûter...

Je hais cet enfant du diable.

///

Bonsoir

Ah non j'ai rien à dire en fait

Au revoir

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