CHAPITRE IV
J'admets avoir des défauts. Et c'est normal, je suis humaine. Seulement, là, je me permets d'en avoir. L'humanité n'existe plus. Alors ça laisse place à la décadence. Je dois être folle à mesure de survivre, de vivre dans la peur d'être tué. Ces coups de feu résonnent dans ma tête, ils n'arrêtent pas depuis ce petit ange parti trop tôt. Je ne l'oublierai jamais et je crois bien que tout ce que je verrai jusqu'ici restera à jamais gravé dans ma tête comme une comptine pour enfant.
Je crois que ma vue s'obscurcit de plus en plus. Je marche, et tout devient flou. J'ai même la tête qui tourne. Seulement, je sens que je suis proche de lui. De cette personne immonde qui a pris une vie de sang froid. Ça me donne la nausée. Ce type au médaillon, ce blond aux mains sanglantes.
Je m'arrête aussitôt. Quelqu'un n'est pas loin. C'est comme si le simple son de leur botte en sang était capable de contrôler mon corps pour qu'il s'arrête. C'est comme un réflexe, celui qui t'arrête comme le temps qui se fige. Ou bien c'est l'instinct, qui est bien plus puissant qu'une simple parole du corps. J'entends des bruits de pas. Je repense à ces bottes noires que j'ai vu quand j'étais encore dans le lycée. Je me cache le plus vite possible. J'angoisse à l'idée d'être vu, je l'imagine même et c'est peut-être ça qui fait doucement monter mon rythme cardiaque.
Mon sang bouillonne lorsque j'aperçois le début de sa silhouette sinistre. Je pourrais le reconnaître entre des milliers de soldats. C'est lui qui était près d'elle. Cette arme…une petite griffure. La même, au même endroit. Et quand mon regard remonte plus haut, il s'arrête sur ce bijou : ce médaillon.
Chacun de mes membres se réveille et la colère monte en moi. Je ne me contrôle pas. Ce sont mes sentiments, mes émotions, tout ce que j'ai enduré jusqu'ici, et même avant, qui s'affolent et s'animent. Mon désespoir est tel que mon cri n'a pas réussi à tout recraché hors de moi.
Alors, sans prévenir, mon corps se retrouve au-dessus de cet homme tandis que son regard incompréhensif se déchaîne sur moi. Il résiste et je sens sa force qui va faire relâcher la mienne alors je profite de sa concentration pour dévier ma main droite, ma main s'empare de son couteau pour le placer sous sa gorge. Seulement, alors que l'espoir et la douce satisfaction de la gloire coulent à flot dans mes veines, ils disparaissent aussitôt pour laisser place au noir complet. La seule chose dont je me rappelle, c'est la douleur que j'ai ressenti dans mon dos.
~∆~
J'ai la tête qui tourne. Je suis dans le noir, les yeux fermés plutôt, et pourtant j'ai la nausée. Je sursaute en même temps que je me réveille. Le monde n'a pas changé. La cendre est toujours éparpillée sur le sol, des débris également. Néanmoins, quelque chose me perturbe ici. C'est sombre et lugubre. Il n'y aucun son ici, sauf un. Celui d'un couteau qui coupe une corde.
Les liens qui entourent mon corps sur ce poteau se détachent subitement. Aussitôt, je frappe d’un coup sec sur la silhouette à côté de moi. Je l'entend gémir alors j'en profite pour me relever seulement une vive douleur s'anime à la jambe et je m'écroule sur le sol.
La survie, ce n'est pas pour moi.
Je rampe désespérément mais j'entends sa voix, ses paroles que je ne comprends pas. Je rate un battement lorsqu'il m'attrape. J'hurle, je me débat autant que je peux mais soudain il me secoue. Nos regards se croisent. Une pensée me vient. Elle me perturbe autant qu'elle m'agace. Il n'a pas la tête d'un tueur. Seulement, je ne supporte pas cette idée que je fais de lui avec un simple coup de regard. C'est si ignorant de ma part et débile. C'est seulement une apparence, je ne peux pas me laisser avoir par ça. Ses yeux bleus sont pourtant si séduisants.
Putain.
D'un coup sec, je lève ma jambe. Il se plie en deux devant moi mais j'ai oublié que ma jambe me fait souffrir alors je m'écroule bêtement. Des frissons me parcourent l'échine, je détourne le regard. Je recule immédiatement lorsque je le vois se lever. Mon corps tremble et mes dents mordent ma lèvre avec dégoût lorsque mes yeux se posent sur ma blessure. Je sursaute au contact du mur et lève la tête. Il est debout, face à moi et au moment où je le vois commencer à bouger, je me braque. Les bras devant mon visage, mes yeux clos, j'attend que le coup parte. J'attends ma mort mais elle ne vient pas. Un goût amer de frustration se découle dans mes veines à cause de cette attente imperturbable.
J'hésite. Est-ce que je les ouvre ? J'ai si peur de ce qui m'attend derrière. Cependant, je ne peux pas rester là sans rien faire. Je ne sais même pas ce qu'il fait. Il ne fait aucun bruit, il est si discret. Tout mon corps est en ébullition face à ce stress insoutenable. Malgré moi, je prends la décision d'ouvrir mes paupières alors que mon rythme cardiaque s'accélère.
La première chose que je vois, c'est lui. Assis en tailleur à m'observer, il s'est placé à une distance raisonnable. Je ne cligne même pas les yeux, je n'y arrive pas. Je me dis qu'à tout moment, en un clignement de cil, il pourrait me tuer.
La deuxième chose que je regarde, c'est à gauche, la sortie. Je l'observe seulement le temps d'une demi-seconde pour éviter qu'il ait des soupçons. Mais je n'ai pas la notion du temps alors mon corps saute aussitôt à cloche-pied en direction de la porte, seulement, c'est encore un échec.
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