Suite

Tout est incroyablement calme chez Cerafi's. Bon ce n'est pas comme si en pleine journée c'était la fête de l'éprouvette et que les bactéries balançaient des cotillons mais au moins il y a des vestes blanches qui circulent dans les couloirs et l'espace pause est toujours occupé par au moins une personne. Dans une heure, Catalya fera son arrivée et bizarrement je me sens comme... fautif...

Fautif d'avoir passé la nuit avec Irène. De lui en vouloir de la situation d'hier matin. Et du fait de me faire sentir fautif maintenant !

Go à la douche, ça me changera les idées, je ne dois pas être aussi bien réveillé que ce que je l'imaginais.

- Bonjour mon chou !

-Tu as encore pris ta douche ici ?

- Moi aussi je t'aime mon petit rat de labo. Et oui.

- Tu devrais revendre ton appart, il a de moins en moins d'utilité...

Deux phrases consécutives, sans rapport avec le monde microscopique, c'est étonnant et peu courant ces derniers mois. Connaissant ses motivations pour la recherche sur le syndrôme Huntington je ne lui ai jamais tenu rigueur des heures passées ici au lieu d'aller boire des verres avec moi mais ce simple échange me rend malgré tout un peu nostalgique.

- On est le premier mardi du mois, les Perez vont nous appeler pour le bilan. C'est quoi les nouvelles ?

- Justement, je voulais t'en parler. J'ai de nouvelles pistes avec les cellules souches. Les premières succombant systématiquement, je suis en train de les renforcer à l'aide de globules blancs qui...

Ca y est, il est parti dans ses explications, je l'ai perdu pour un bon moment. J'acquiesce régulièrement, réponds par quelques onomatopées et vingt minutes plus tard il a fini sa tirade.

- Bref, tout est sur le bureau de Lya, elle sait quoi faire. Les frères l'appelleront elle directement. Ca te dérange d'assister à la visioconférence avec elle pour la première fois ?

- Tu sais qu'elle n'est plus une enfant ?

En tout cas, plus depuis hier matin au plus tard. L'habitude de tout partager avec mon meilleur ami, cette dernière phrase manque de sortir. Ravalée aussi vite, je viens de frôler la catastrophe. Hiroshima garanti s'il m'avait entendu prononcer ça.

Le coup de chaud passé, c'est vers le bureau de la soeur que je me rends maintenant.

Quelque chose me dit que ça ne va pas être un virage évident non plus avec elle.

À pas de loup, je m'avance vers son bureau afin d'entendre si elle y est déjà. Et c'est gagné.

Faut dire que mine de rien il est déjà huit heures quarante-cinq. Entre une chose et une autre, le temps défile. Dans un quart d'heure, les frères vont appeler, impossible de repousser l'échéance. Un petit coup sur la porte puis j'entre.

- Gabe ! Je me demandais justement si tu étais malade !

Que c'est attendrissant, elle s'inquiète pour moi. Tout compte fait, tout pourrait se passer sur des roulettes.

- Pas de panique, poupée. Toujours là. Toujours en forme.

- Je vois ça, à vrai dire je comptais plutôt les minutes de tranquillité supplémentaires que tu m'offrais ce matin, elle rigole.

Quand tu vois des fleurs arriver... Évidemment faut pas s'étonner de ramasser le pot avec... Petite peste !

- Tu as bien reçu les notes de ton frère ?

Elle acquiesce de la tête tout en me tendant un document. Celui qui détaille les frais liés à sa venue.

- Vous êtes fous ! Vous avez dépensé une fortune pour me faire venir ici. Ça ne devrait pas faire partie des frais de Cerafi's ! Si Gio m'avait parlé clairement, j'aurais payé moi-même toutes ces dépenses !

Aucune plaidoirie possible, quelqu'un frappe à la porte. Irène. Vu la tournure de la conversation, je ne sais pas si je dois être soulagé ou commencer à m'inquiéter pour de bon. Ça ne me dit rien qui vaille ces deux-là dans la même pièce.

Tandis qu'Irène et Catalya voient ensemble plusieurs points importants pour la journée, des rendez-vous principalement, je me laisse aller à les observer. Clairement elles sont le jour et la nuit. Une haute en couleur, l'autre en noir et blanc. Une blonde, une brune. Une souriante, une pince sans rire. À bien considérer les choses, je pense que tout est bien à sa place dans ma vie. Si Catalya est la personne de premier choix pour ce poste, je n'en doute plus une seconde, Irène est vraiment le genre de personne facile à vivre et agréable dans le privé.

Tout aurait pu s'arrêter là, être simple. Oui mais non. Il faut qu'à mon grand dam ça se complique quand Irène ouvre la bouche avant de sortir.

- Tu as oublié ta montre avant de partir ce matin. Tu manges à la maison ce soir ?

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