Suite
Barbie, ou plutôt Irène, nous reçoit à l'accueil. Plus je la vois, plus elle m'exaspère. Aujourd'hui elle n'a rien trouvé de mieux que de mettre des boucles d'oreilles assorties à ses ongles peinturés en jaune vif, comme son chemisier. J'ai envie de rire en devinant les pensées de Catalya qui a la mine pincée. Pourtant je n'en fais rien. Bien au contraire. Je lui souris de toutes mes dents et lui chuchote qu'on se retrouve à la pause déjeuner. Faisant d'une pierre deux coups, non seulement j'ai une motivation pour ne pas rejoindre Catalya ce midi mais en plus je lui montre que tout est ok, je passe à autre chose.
Après réflexion, choisir Barbie Irène, n'était pas le meilleur choix mais passons. Il faudra faire avec.
J'enchaîne mes rondes du parking souterrain à chaque labo, chaque couloir, chaque bureau. Celui de Lya ne faisant pas exception je ne m'y attarde pas pour autant. De toute manière elle semble ailleurs. Au téléphone en permanence, le bout de son bic dans sa bouche, son humeur s'est totalement allégée. À ma première ronde, à sa façon de parler, je sais qu'il s'agissait d'un correspondant professionnel, à la deuxième c'était Enza. La discussion en italien pousse ma curiosité à tendre l'oreille.
"Vraiment charmant. Non, jamais rencontré. Oui, je serais prudente si..."
Ok c'est bon, j'en ai assez entendu. Qui pourrait-elle bien rencontrer ? Elle est toujours ici ou avec moi. Je présume qu'avec moi, il y aura une certaine distance à présent. Légitime. Mais quand même, elle ne connaît personne à Chicago, si ? Qu'est-ce que j'ai raté en une matinée ?
Les questions me rongent encore lorsque j'arrive au souterrain pour rejoindre Barbie.
- Besoin de te détendre chouchou ?
- Stop. On va juste manger Bar.. Irène.
- Je n'ai pas droit à un "ma belle" aujourd'hui ?
C'est mal parti ce plan déjeuner. Pourtant je la gratifie d'un sourire, une tape sur les fesses et d'un "en voiture, ma belle". Elle s'en contente et c'est tant mieux car je ne suis pas capable de plus tout de suite.
Ses mains ne cessent de s'aventurer sur mes cuisses, traînant bien à l'endroit où elles se rejoignent. Sans résultat. Pour faire diversion, je lance un sujet facile, le boulot. Contre toute attente, elle embarque naturellement dans la conversation, s'intéresse même à un tas de choses, pose des questions censées.
Moi qui croyais qu'elle n'était là que pour suivre son amie Lory lorsque Giovanni avait quitté la multi Arboth... Agréable surprise qui la fait remonter dans mon estime. Tout compte fait, sa plastique et son style ne me dérangent plus autant que ce matin.
Mon cerveau tire l'alarme. L'effet Catalya.
Pas que je sous-entends que ce serait elle qui m'a influencé sciemment. Mais leur guerre d'oestrogènes et ma soudaine attirance pour Lya, involontairement, m'ont retourné la tête. Maintenant tout rentre dans l'ordre et j'en suis bien heureux. Catalya affaire classée, c'est mieux pour tout le monde.
La pause déjeuner terminée, Irène et moi reprenons nos postes respectifs et la journée se passe. Vers dix-sept heures, comme convenu, j'attends Irène au parking pour la ramener chez elle. Moindre des choses vu que sa voiture est en panne et que ce midi, c'était un très bon moment.
- Est-ce que ça te tente qu'on mange ensemble ce soir ? me lâche-t-elle presque arrivés à destination.
Il n'a jamais été question de se faire des petits plats entre elle et moi, en même temps il n'a jamais été convenu de se voir sans motif sexuel et c'est ce qui est arrivé ce midi alors pourquoi pas au fond.
Chez elle, c'est le contraste total avec son apparence. Tout est sobre, très finement décoré dans les tons pastel. Tu parles d'une surprise. Je ne m'étais jamais demandé à quoi ressemblait son intérieur mais si j'avais dû le faire, clairement ça n'aurait pas ressemblé à ça. Finalement je me sens très vite à l'aise. Directement elle me propose un verre de vin. Excellent au passage.
Rapidement les odeurs de cuisine embaument son studio. Fumet de poulet, de curry et de coco. Donc, Barbie n'est définitivement pas un produit "Made In China". Sa maîtrise en cuisine en témoigne d'elle-même.
Une musique douce, mais pas trop traînante s'échappe d'enceintes bien dissimulées à travers la pièce. Dire que cette femme me surprend serait un euphémisme !
Enfin, vient le moment de passer à table et c'est un vrai délice. Nos conversations depuis mon arrivée sont restées focalisées sur divers aspects de travail. Ses points de vue sont clairement pertinents et méritent toute mon attention. Il faudra que j'en touche un mot à Gio... Et Catalya.
Bon allez, pas de quoi en faire un drame, après tout, on s'est laissé d'un commun accord ce matin et concernant l'échange qu'elle a eu avec Enza, je ne suis pas censé en avoir été témoin.
Une bouche salutaire se pose dans mon cou. Je n'avais pas entendu Irène revenir. Une chose en entraînant une autre, nous nous retrouvons dans sa chambre. Ensuite nus. Puis nos membres enchevêtrés.
Très vite, je perds la notion du temps. Il faut dire que loin des chambres d'hôtels, dans son élément, elle gère cette fille. Toutes les positions, de n'importe qu'elle façon, elle semble tout apprécier et ce n'est pas pour me déplaire.
...Même si une autre personne s'invite régulièrement dans mes pensées...
Au réveil, il est cinq heures trente. Comme d'habitude. Vieilles habitudes militaires. Pas que j'y sois resté longtemps, à peine cinq ans après ma réussite scolaire. Cependant, ce bon vieux clairon résonne toujours dans mes oreilles à cette heure-là. Et ce en dépit des horaires totalement farfelus que j'ai eu en bossant avec les Perez et qui aurait dû complètement me dérégler.
À côté de moi, Irène commence à bouger. Elle ne devrait pas tarder à se lever aussi vu qu'elle est toujours la première arrivée. Après Gio.
La relation a déjà bien assez changé depuis hier, même si je l'aime bien, je préfère éviter le réveil "collé-serré" pour le moment.
Pas que je sois contre les relations classiques et les engagements mais une chose à la fois, rien ne presse.
Délicatement, je m'éclipse de la chambre, ramassant les vêtements éparpillés un peu partout. Je prendrai, une fois de plus, ma douche au labo.
Et oui, il y a des douches chez nous. Je ne comprenais pas pourquoi, mais maintenant j'en profite bien !
Mon prénom s'échappe juste avant que je ferme la porte d'entrée. De justesse !
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