Suite

Lorsque je quitte le domicile de la poupée, il est déjà trois heures du matin. Des idées pleins la tête pour les quatre prochains jours. Les visites guidées de la ville ne seront pas le seul programme. J'avais carrément oublié qu'en tant que nouvelle résidente, même à court terme, il y avait des démarches auxquelles elle ne pouvait se soustraire. D'ailleurs, je pense que résoudre ce problème demain est la meilleure chose à faire. Au moins on en sera débarrassé. De toute façon si je repousse d'un jour nous serons déjà pendant le week-end et tout sera fermé.

Hé oui, même moi, Gabe Kutcher, je suis capable de prendre certaines choses au sérieux. Le boulot et l'administratif principalement. Ou uniquement. Allez savoir.

En un battement de cil, nous sommes déjà le dimanche cinq février. Veille du premier jour de boulot de Catalya.

En quatre jours (cinq selon Gio, l'inhumain, qui compte le jour d'arrivée de sa soeur) nous avons visité tous les alentours, de l'épicerie au snack, du centre commercial à l'antiquaire et toutes les autres adresses pratiques comme le centre de médecine, le concessionnaire pour sa voiture et autres.

Acharnée du travail comme son frère, les matinées nous épluchons les papiers pour elle se sentir à l'aise avec ainsi qu'assimiler un maximum d'informations sur les employés. Les après-midis nous faisons du tourisme, je l'aide à s'habituer à la conduite dans la ville et le soir je tente de la persuader d'apporter des touches personnelles à son loft. Ce dernier point est une peine perdue. C'est la première femme que je côtoie qui n'aime pas s'encombrer de choses inutiles et préfère vivre dans un appart plus aseptisé qu'un cabinet médical. Même son dressing est totalement sobre. Des pantalons, des robes, des jupes et des chemisiers tous dans les déclinaisons de blanc, de noir et de gris.

La seule touche d'humanité ici sont des cadres photos accrochés ou posés ci et là. Elle et Enza enfants. D'autres à l'adolescence. Certaines lors de voyages récents qu'elles ont faits. J'entends tellement parler de sa meilleure amie, je vois tellement de photos d'elle que j'ai l'impression de la connaître. Je lui ai même trouvé un surnom pour son style décalé, ses rondeurs et sa joie de vivre. Betty Boop.

Le dimanche soir venu, c'est une nouvelle Catalya que je découvre. Nerveuse.

Ciel, première fois que je la vois perdre le contrôle d'elle-même. Juste un peu mais assez pour me rassurer sur la psychorigidité que je soupçonnais jusque là.

ELLE.EST.HU.MAINE. !

Miracle !

Fichu petit bout de femme qui serait capable de me faire perdre la raison si je devais passer du temps autrement qu'en grand frère avec elle. J'aurais été curieux de connaître leurs parents à ceux là. Pour sûr, il y a quelque chose qui ne doit pas avoir été terminé chez eux. C'est là que je prends conscience qu'en vérité, c'est peut-être bien le cas mais parce qu'ils ont dû jouer eux-même le rôle de parents en l'absence d'un et la maladie de l'autre. Quel con je fais de ne percuter que maintenant.

Pour en revenir à ce soir, cette apparition soudaine de lâcher prise me laisse sans voix. Habitué à faire le pitre, je tente de la faire rire en vain. Elle va et vient dans son appart, vérifiant et re vérifiant sa tenue pour demain, ses documents, son sac,...

Sur quelques jours nous sommes devenus assez proches que pour que je puisse me permettre de l'attraper au vol et la retourner en la chatouillant dans le divan pour l'obliger à rester tranquille une minute. Madame je veux toujours avoir le dessus réplique en m'attrapant par les côtés. On ressemble à deux gosses qui se chahutent mais nous rions de bon coeur.

Un appel coupe court à nos gamineries. Sans nul doute Enza. Étrange à cette heure ci et bien sûr elle parle en italien donc je ne comprends pas grand chose à leur conversation comme à chaque fois. Ce qui ne m'empêche pas de profiter de cet accent qui roule et qui glisse dans sa bouche.

Pris en flagrant délit, je plonge sur mon portable pour vérifier mes e-mails. Encore un message d'Irène qui demande si je compte venir la voir un jour ou si la Sainte petite soeur est aussi sa remplaçante. Quelle idiote. Pourtant je ne peux pas la blâmer, en dehors de mes heures de boulot j'ai toujours été disponible pour Irène et j'ai passé le plus clair de mes soirées avec elle. Je suppose qu'elle est en droit de se poser des questions malgré notre commun accord sur une relation légère entre elle et moi.

Inutile de trop m'épancher sur le sujet ce soir, à partir de demain tout devrait rentrer dans l'ordre. La poupée va commencer à prendre sa place entre Gio et moi et ma vie redeviendra comme avant.

Quand elle raccroche et me rejoint au salon, un talk show lambda est diffusé à la télé. À défaut de mieux, je commence par jouer la voix OFF du présentateur. Catalya embarque immédiatement dans le jeu et se met à jouer les invitées féminines du plateau télé. Mine de rien, la poupée n'est pas en reste d'humour. Que du contraire, à plusieurs reprises elle parvient à m'étonner, déjà rien que par son vocabulaire assez piquant et cru à la fois. Cette petite est une vraie pépite de surprise. Je comprends son frère qui cherche à la faire couver.

Vers minuit, je quitte son appart sur la pointe des pieds, la laissant assoupie dans le canapé.

Demain sera une longue journée pour tous. Une première pour elle, une reprise après des vacances pour moi. Il est temps de dormir pour être tous au taquet.

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