I - Un nouveau monde

Consigne :

Rédiger une lettre à  un destinataire de votre choix,  faisant le récit de la rencontre avec 《l'autre 》, une personne habitant un nouveau monde fictif ou réel que vous venez de découvrir. (Narration du voyage, de l'arrivée des premiers pas, description d'un ou plusieurs lieux significatifs, évocation de la rencontre avec l'autre, que vit-il ? En quoi est-il différent ? Comment se créer une relation avec lui ? )

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À mon ami et professeur Salomon.

Adresse de l'expéditeur : Frontière de la Tribu de Feu, forêt des sept flammes.

Adresse du destinataire : Tribu de l'Eau, Quartier des Eaux Douces, 8 rue des Eaux Cristallines.

Mon ami,

À l'heure qu'il est, tu dois sûrement être mort d'inquiétude en te demandant : "où est-elle passée ?". Au fil des phrases, au fil des mots, tu vas comprendre les raisons qui m'ont poussées à partir. Ou plutôt... à voyager.

Comme tu me l'as souvent appris, les quatre Tribus qui forment ce monde étaient en guerre il y a à peine cent ans, et ce, pendant des milliers d'années. La Tribu de Feu était notre plus grande ennemie, à nous, la Tribu de l'Eau. Les deux autres Tribus, celle du Vent et celle de la Terre nous étaient aussi hostiles, mais pas autant qu'eux. Ils le sont d'ailleurs toujours...

Dès le plus jeune âge, on nous apprend à l'école que les habitants de la Tribu de Feu sont les plus sauvages mais que nous sommes les plus forts. On nous apprend aussi qu'ils sont toujours des brutes sans cervelles, réclamant constamment sang et mort. Tandis que nous, nous sommes calmes, sereins, et que nous avons toujours voulu la paix.

Vérité ou Mensonge ?

Bien que nous soyons en "paix", les tensions subsistent. C'est toi qui me l'as dit, nous n'avons pas le droit de sortir de notre pays sous peine de déclarer la guerre à la Tribu où nous posons notre pied étranger.

Tu ne me croirais sûrement pas si je te le disais en face, mais... à l'heure où j'écris cette lettre, je ne suis pas très loin de la frontière de la Tribu de Feu.

Surtout, ne t'évanouis pas, je vais bien. Et puis, tu n'es plus tout jeune, fais attention à ta santé.

Pour en revenir à moi, comment me suis-je retrouvée là-bas ? C'est une longue histoire. Je suis certaine que tu le savais alors je ne vais pas y aller par quatre chemins, mon père m'a annoncé que j'étais une sang mêlé. Ma mère morte à ma naissance était de la Tribu de Feu.

Ça m'a fait un choc quand je l'ai appris, je peux te l'assurer. Je me suis mise à trembler, les larmes ont commencées à perler sur mes joues rougies. Sur le moment, je ne voulais pas y croire mais l'impensable venait d'arriver. Je ne sais toujours pas quoi en penser.

Je fais partie de deux Tribus, pourtant, j'ai l'étrange impression de me retrouver sans repaire, sans foyer.

Je n'ai pas pu affronter la réalité. Je me suis enfuie.

Je suis née et ai vécu dans la Tribu de l'Eau. C'est mon pays, ma tribu, et elle le restera. Néanmoins, je me dois de découvrir comment est mon autre Tribu, comment sont vraiment les habitants de la Tribu du Feu. Je dois découvrir la vérité.

Nous habitons tout près de la frontière alors, j'ai posé un pied en dehors de notre pays, puis un autre, et ainsi de suite. J'ai couru, les larmes aux yeux, sans rien avoir apporté à manger. Quelle bêtise quand j'y repense...

J'ai couru jusqu'à m'effondrer par terre. J'étais en terre inconnue, menacée et apeurée. Inconsciemment, j'avais couru jusqu'à trouver une source d'eau potable. Étant de la tribu de l'Eau c'est simple pour nous, nous avons ces facultés dans le sang, utiliser l'eau comme bon nous semble. Quand je l'ai touchée elle était chaude, nous étions en pleine forêt, j'en ai conclu que je ne devais plus être très loin de la Tribu du Feu. Mon coeur s'accélérait au fil des secondes, j'avais du mal à respirer tellement je paniquais à l'idée de rencontrer nos plus anciens ennemis.

J'ai regardé autour de moi, épuisée par cette soudaine course. Cet endroit était paisible, le doux son de la rivière m'apaisait. Cependant, en regardant de plus près, les arbres n'avaient plus cette simplicité et pureté propre à notre Tribu. À quelques kilomètres de la frontière de la Tribu du Feu, les arbres étaient d'un rouge flamboyant et les feuillages semblaient s'enflammer. Les fleurs, quant à elles, scintillaient comme les flammes des bougies. La terre commençait à devenir aride et l'air sec et étouffant.

À cet instant, tu dois sûrement te demander si j'ai rebroussé chemin. La réponse est non. Tu me connais, je vais jusqu'au bout des choses.

Soudain, alors que je commençais à boire, tout en levant mon regard, j'ai aperçu sur le rivage d'en face un garçon.

J'ai aussitôt reculé, apeurée. Je commençais à paniquer lorsque je me suis rendu compte qu'il était mal en point. Il souffrait de plusieurs blessures et du sang coulait de ses plaies. Je ne sais même pas si à ce moment là il m'avait remarqué. Il avait l'air de mon âge, ses cheveux étaient bruns et il portait des habits un peu délabrés.

Une chose dont j'étais certaine, il était bien de la Tribu du Feu. Ses yeux, je les voyais bien. Ils étaient rouge rubis. Non, c'était plus que ça. C'était des flammes qui brûlaient dans son regard.

Tremblante, j'ai hésité à le sauver. Une part en moi me disait de l'abandonner, c'était un ennemi de longue date, un membre de la Tribu du Feu. Une part en moi le méprisait, le détestait. Nous avons été élevés pour détester tous ceux qui nous sont étrangers. Pour nous, les autres ne sont pas au même rang que nous. Ce sont simplement des vermines. Au fond, nous sommes bien méprisants.

Cependant, une part en moi me disait de le sauver. Peu importe de quelle Tribu il faisait partie, il était comme moi, humain. Puis, à vrai dire, je suis d'un côté aussi originaire de la Tribu du Feu, je me devais donc de le sauver.

C'est donc ce que j'ai fait. Tout en me créant un pont d'eau, j'ai traversé la rivière sans me mouiller pour le rejoindre de l'autre côté du rivage. J'ai fait attention à n'avoir aucune goutte d'eau magique sur moi, on sait tous que les habitants de la Tribu du Feu ne supportent pas l'eau que nous manions, et inversement. Ils ne supportent que l'eau naturelle.

Rapidement, je me suis mise à le soigner, comme tu me l'as appris. J'ai utilisé mes facultés ainsi que l'eau de la rivière pour guérir ses plaies; elles se sont aussitôt refermées. Il n'avait pas perdu énormément de sang alors il a pu reprendre connaissance assez vite. Je me souviens de ce que tu m'as dit un jour : les habitants de la Tribu de l'Eau sont des guérisseurs, et ceux du Feu, des destructeurs.

Il avait des plaies un peu partout sur le corps, comme si on avait visé un animal qu'on voulait chasser. Je ne savais pas quoi faire, attendre qu'il se réveille ou partir tout de suite ?

J'ai finalement décidé d'attendre, curieuse de voir son comportement à son réveil. En attendant, un sentiment nouveau m'a noué la gorge. J'étais dans l'inconnu, seule.

Après environ une heure, il s'est enfin réveillé. Il s'est levé, titubant quelque peu. Puis, inconsciemment, ses yeux se sont posés sur moi.

Lorsqu'il a vu mon regard bleu comme la mer il a écarquillé les yeux et commencé à grogner. Il a froncé les sourcils, et montré les poings, on aurait dit qu'il voulait se battre. Les livres n'avaient pas tort, ce sont des sauvages, des gens qui ne veulent que la guerre.

- Ne t'approche pas de moi ! m'a t-il hurlé.

Tout en levant les mains au ciel, je lui ai répondu calmement :

- Je ne ferai rien, je veux simplement... voir comment est la tribu du Feu, j'ai dis hésitante.

Lorsque j'eu fini ma phrase un de ses sourcils s'est haussé, ne comprenant pas bien la véritable raison de ma présence ici. Il a du me prendre pour une folle à ce moment là. J'ai alors précisé :

- Je suis une sang mêlé, j'appartiens à la Tribu de l'Eau mais... je viens d'apprendre que ma mère est d'ici. Je t'ai sauvé, ai-je ajouté, empli de sous-entendus.

Comprenant alors à qui il avait affaire, il a retiré sa garde et s'est montré plus serein, cependant toujours un peu sonné par ces soudains événements.

- Si tu es bien une sang mêlé, alors tu devrais résister à ceci. M'a-t-il dit d'une voix grave.

Soudainement, il s'est approché de moi et une flamme est apparue dans ses mains. J'ai aussitôt reculé, sachant ce qu'il voulait faire. Cependant, je n'ai pas été assez rapide, il m'a vite attrapé le bras. J'étais à sa merci. Je ne voulais pas utiliser mes facultés, et ce, pour je ne sais quelle raison.

Sans réfléchir aux conséquences de ses actes, il a mis le feu dans mes mains.

J'ai fermé les yeux, attendant une quelconque douleur. Mais... rien. Je n'avais pas mal, ma main ne brûlait pas. Et surtout, le feu dans mes mains ne s'éteignait pas.

Il avait donc la preuve que je disais la vérité.

Et moi, je réalisais encore une fois que tout cela était bien vrai, que mon père ne m'avait pas menti.

Tout en desserrant sa poigne, nos regards se sont croisés. Il y avait une sorte de tension.

Tout en commençant à marcher vers la frontière, il a dit à mon encontre :

- Viens. Je t'emmène avec moi. Sa voix était dure, sérieuse, presque autoritaire.

J'étais seule, apeurée, je ne réalisais pas encore ce qui m'arrivait. Je ne le réalise toujours pas.

Même si c'était du suicide, je voulais rejoindre la Tribu du Feu. En apprendre plus sur moi et mes origines malgré le monde dans lequel on vit. Comprendre qui j'étais, qui je suis.

À première vue, ce garçon semblait sauvage, une brute voulant seulement la mort et le sang.

Cependant, quelque chose dans son regard enflammé m'a poussé à lui faire confiance.

Je l'ai suivi.

Je vais bien, ne t'inquiète pas. Je suis actuellement dans une maison près de la frontière. Je ne sais toujours pas qui il est, son prénom, pourquoi je l'ai trouvé ensanglanté et roué de coups.

Mais... je sens que je vais bientôt l'apprendre.

En tout cas, ce dont je suis sûre, c'est que je viens de découvrir un nouveau monde.

Ps : je t'envoie ci-joint une fleur de feu que j'ai trouvé dans la forêt près de la frontière de la Tribu du Feu.

Je t'embrasse.

Ton amie, Mia. 

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