Prologue
L'histoire qui s'apprête à être racontée n'a rien d'un conte de fée. Pas de baiser magique qui réveille d'un sommeil profond. Pas de peau blanche comme la neige, pas de bouche rouge comme le sang, pas de cheveux noirs comme l'ébène.
Pensez-vous vraiment que le prince Philippe aurait embrassé la belle Aurore si celle-ci avait été hideuse et dotée d'un mono-sourcil ?
Pensez-vous que le prince aurait dansé avec Cendrillon si celle-ci avait un strabisme et les dents de travers ?
Pourquoi le prince a-t-il embrassé Blanche-Neige alors que celle-ci devait sûrement avoir une haleine déplorable dut à se morceau de pomme qui se décomposait dans sa gorge ?
Ces mecs les ont embrassé parce qu'elles étaient vraiment bonnes et rien d'autre.
Dans les contes de fées comme dans la réalité, le jugement physique a malheureusement une place trop importante.
C'est grâce à la magie que bébé Aurore deviendra belle plus tard.
C'est grâce à la magie que Cendrillon a pu taper dans l'œil du prince et se marier avec un jour après leur rencontre.
C'est grâce à la magie qu'Ariel a pu avoir des jambes aussi musclées et un cul aussi bombé.
Poussière de fées, licornes dorées, bonjour beauté !
Alors juste parce que la société vous a fixé des critères de sublimité, vous vous autorisez à juger quelqu'un physiquement ?
Quasimodo est né affreux et pas de magie pour lui pour l'embellir. Il a grandi seul, vécu seul, sans personne pour l'approcher ou l'aimer. Esmeralda arrive, belle bohémienne, que la vie a été clémente avec elle !
"Pauvre petit bossu, tout seul dans son clocher, si laid et si mal aimé..."
J'appelle ça de la pitié. Elle devient amie avec le pauvre garçon mais pourtant préfère se barrer avec le beau gosse sur son cheval. Quelle pute.
La science est notre magie, celle qui peut guérir tous nos maux. Cependant, le pouvoir des médecins ne permet pas des résultats aussi parfaits que ce que l'on souhaiterait. Et on ne pourra jamais rien y faire à part nous servir de nos yeux pour pleurer.
Le regard des autres est le pire. Pour n'importe qui d'ailleurs. Que l'on soit en bonne santé ou non. Tout le monde y est confronté mais personne ne comprend.
Les gens jugent facilement, sont jugés facilement et s'en plaignent.
"Eh, ses oreilles sont écartées, ça va Dumbo ? Sa bouche est énorme mdr bouche de suceuse, ta mère a la même non ? Son nez est tellement énorme que si elle fait le dos crawlé, on la prendrait pour un requin".
Oui, c'est dégueulasse. Mais disons que ça ne concerne que les gens démunis de respect et de cerveau.
D'autres, gentils, sensibles diront avec peine "Mince, ça te complexe beaucoup alors. Ne fais pas attention, t'es très bien comme t'es. N'écoute pas les merdeux qui disent ça. T'as pensé à regarder ce qu'ils proposaient en chirurgie ? Ça pourrait te changer la vie. Excuse-moi, il t'est arrivé quoi au niveau de tes mains ? Tes doigts sont un peu de travers, je dis pas ça méchamment hein".
Quelques fois, il est mieux de ne pas essayer d'être gentil. Les propos peuvent rester blessants.
Mais ce qui nous intéresse ici, c'est l'handicap. Personne n'oserait critiquer quelqu'un dans un fauteuil, pas vrai ? Ce serait un manque d'éthique et de morale considérable.
Pourtant, le regard des autres les touchent plus que n'importe qui.
Pourquoi ne pas regarder une personne différente comme quelqu'un de normal et juste lui dire "hey salut, ça va ? T'as prévu de faire quoi aujourd'hui ? Je peux t'aider ?".
Une fois, j'étais dans le bus tard le soir, il y avait du monde dedans, peut-être une dizaine pas plus. Je n'étais pas très attentive et très crevée par la longue journée que j'avais eu, mon nez plongé dans le téléphone. Puis j'ai remarqué que le bus était à l'arrêt depuis bien trop longtemps pour qu'il y ait un feu rouge.
"Putain, c'est lent, là".
Je lève les yeux et vous savez ce que j'ai vu ? Une personne âgée en déambulatoire essayant de sortir du bus par les portes de devant.
Ses roues avant s'étaient coincées entre le trottoir et la porte du bus.
Je suis restée bloquée, genre j'ai pas compris. Le bus était resté à l'arrêt pendant 5 minutes mais personne n'avait bougé son cul pour aider cette personne ?
En voyant la galère du pauvre monsieur, je me suis précipitée pour aller le soutenir, très en colère contre ceux qui l'avaient vu bien avant moi et qui se contentaient juste de l'observer sans bouger d'un pouce et râler du fait qu'il mettait du temps. Bande de gros cons.
Je suis sortie du bus, ses roues étaient bien coincées, en effet. J'ai du mettre 2 minutes à essayer de débloquer. Il pleuvait dehors, j'étais trempée mais ce vieux monsieur l'était aussi, depuis plus longtemps que moi. Il avait bavé à cause de tout l'effort qu'il avait fait avant. J'ai eu envie de pleurer.
Il m'a regardé à travers ses lunettes pleines de gouttes d'eau, il tremblait un peu. À cause du froid, de la pluie et à cause de l'effort physique.
"Merci ma fille. Merci."
"Ça va aller ?" j'ai dit.
"Merci. Dieu te garde."
Le chauffeur m'a regardé quand je suis remontée, lui aussi révolté.
"Je pouvais pas l'aider, j'étais coincé derrière le volant. Si j'ouvrais la portière, il tombait en avant, ce pauvre monsieur. C'est dingue, tu as vu ? Personne ne voulait l'aider. C'est gentil à toi."
"Non, c'était normal" j'ai corrigé.
J'ai regardé les personnes assises au fond avec toute la haine qui m'était possible d'afficher.
On en arrivait au stade où on disait "putain c'est lent" au lieu d'aller naturellement aider ? Cette personne âgée n'arrivait plus à marcher seule. Si cette personne avait été jeune et aveugle, ça aurait été la même chose ? Ou si elle était plâtrée ? Sûrement oui. Les autres attendent toujours que quelqu'un fasse le premier pas avant eux.
L'handicap par obligation.
Maintenant passons et parlons plutôt d'un handicap physique et seulement physique.
Tu as peur de toucher quelqu'un qui a des tâches sur la peau ? Tu as peur de toucher quelqu'un à qui il manque une main ? Pourquoi ?
Pourquoi certains sont effrayés par une personne différente ?
Ne le niez pas, même si vous ne le montrez pas, au plus profond de vous, vous avez cette sensation qui vous alerte "merde, il est pas normal, le pauvre".
Cette pauvre personne n'a que sa famille et ses quelques amis pour l'aimer et ne pas le juger.
En ce qui concerne cette histoire, Harry n'a pas eu de chance dans sa vie, c'est vrai. Son cas à lui est quelque peu différent même si tout revient à une même chose : le jugement.
Mais, heureusement que de belles choses peuvent encore arriver, n'est-ce pas ?
Cette histoire n'est pas un conte de fée, mais c'est définitivement une belle histoire.
"Love is the absence of judgment" - Dalaï Lama
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Voilà pour cette introduction qui n'est plus vraiment une intro vu que j'avais trop de trucs à dire et j'ai du corriger plein de trucs ! C'est plus un coup de gueule qu'une intro à une fiction mais bon haha je voulais faire passer ce message.
L'histoire du bus n'est pas inventée, ça m'est vraiment arrivé. C'est ahurissant de voir que des gens peuvent agir comme ça.
L'histoire commencera vraiment au chapitre 1. J'vous fais des bisous,
EmiiCherry
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