« C'est moi,... »
« Bonjour toi,
C'est moi, Ana. Tu te souviens de moi ? Ne luttes pas, tu n'y arriveras pas.
C'est toi qui m'a laissé entrer. Toi qui m'a donné les clefs pour t'ériger.
Crois-tu que tu pourras t'échapper ? C'est un mirage de le penser, car je suis celle qui te permettra d'y arriver.
Souviens-toi, rappelle-toi de tout ce que je t'ai donné.
Quand tu avais faim, quand tu avais mal, quand trop faible, tu n'arrivais même plus à pleurer.
Mais il a bien fallut que tu trouves toi-même des solutions, je ne prendrais pas toutes les responsabilités.
Tu as ta part dans cette histoire, ne fais pas de moi ton bourreau, celle qu'il faut oublier.
Car tu ne veux pas m'oublier.
Parce que tu ne pouvais rien dire, et parce que tu ne t'en donnais pas le droit, tu t'es mise à écrire.
Un jour, tu as ouvert un carnet vierge, et tu l'as regardé longuement. Parce que ces mots que tu allais écrire, n'étaient pas si faciles à retranscrire. Parce que cette fois, deux doigts au fond de ta gorge, ça ne suffirait pas.
Mais il a pourtant suffit d'une phrase. Une seule, pour déclencher l'avalanche. Un flot de mot, alignés les uns derrière les autres. Ça n'avait aucun sens, il y avait des ratures et sauts de lignes à tout va. C'était juste un moyen pour toi de dire à quelqu'un d'autre que moi.
C'était semblable à ce que tu faisais après chaque repas. C'était forcé, au début. Tu écrivais avec peine, comme si ça ne voulait pas te quitter. Comme si ça voulait rester à l'intérieur. Ça voulait pas sortir.
Et c'était répugnant de le garder, il fallait que ça sorte, t'exorciser.
Et puis, tu as finalement écris des pages et des pages de mots, sur moi, sur toi, sur nous.
J'étais là, je te soufflais même quelques idées, tout bas.
Tu as écrit, à quel point tu m'aime, et me hais à la fois. À quel point je te fais du bien, à quel point je te détruis.
Moi, Ana, je n'aurais rien fait d'autre que d'assouvir tes envies.
Et, regarde attentivement, je t'ai même poussé à écrire sur ce qui bouillonne en toi.
Ça bouillonne, se tord en tous sens, ça te brûle la gorge, et pourtant tout est froid.
Tes mots étaient froids. C'était brut, c'était grossier, approximatif et imprécis. C'était le clair-obscur des divagations de ton esprit.
Tu parlais de moi, tu ne pensais qu'à moi. Il y'a avait mon prénom sur chaque page ; je le sais, en réalité tu écrivais pour moi.
Pour moi et pour toi. Parce que je suis toi, et tu es moi.
Alors remercie-moi. »
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