▪︎ CHAPITRE 44 ▪︎

"Qui veut voir l'horreur, voit la mort. Qui veut connaître la vérité, sera brisé."


Les larmes coulent d'elles-mêmes, je ne
contrôle rien. J'erre en voiture dans les rues vaguement illuminées, la musique de la radio en fond sonore. Ma vision est trouble, mon moral flanche. Je suis perdue. Je tourne en rond, que ce soit dans ces rues ou dans ma vie.

Est ce que tout ça ne serait qu'un rêve ? Un cauchemar ?

Le feu est rouge, je m'arrête.

Peut-être que je suis folle. Peut-être que j'ai été patiente là-bas et que je ne me souviens plus de rien. Mais comment en être sûre ?

Quelqu'un traverse sur le passage piéton.

Pourquoi ça m'arrive à moi ? Tout allait bien, j'avais une vie monotone. Certes, je m'en plaignais, mais elle me paraît maintenant comme un paradis perdu.

Je veux retrouver cette tranquillité.

Je ne veux plus me battre. Je ne veux plus connaître la vérité, qu'elle soit sur moi ou sur les maîtres du jeu.

Le feu vert s'allume. Je redémarre. J'accélère, encore, encore et encore jusqu'à atteindre la vitesse pour en finir.

Un arbre, là-bas.

C'est le bon endroit. Je dois arrêter tout ça. Je ne veux rien savoir.

En vérité, j'ai déjà perdu. J'ai perdu une part de moi à tout jamais. Ce jeu m'a brisé.

Je ferme les yeux, m'apprêtant à écraser ma voiture et moi avec.

Soudain, j'ai un regret : celui d'avoir échoué.

Je freine aussi fort que je peux mais c'est déjà trop tard pour éviter l'arbre. Je le frappe de plein fouet, ma tête se cogne contre l'airbag qui s'enclenche à temps. Je sens un filet de sang s'écouler sur mon front. Du coin de l'œil, je vois une dame s'approcher, elle parle mais le sifflement dans mes oreilles m'empêchent de comprendre quoi que ce soit. Ma tête tourne, je m'évanouis en entendant au loin les sirènes des pompiers.

***

Encore. Encore un lit d'hôpital. Encore ce plafond et ces murs blancs. Encore cette ambiance sinistre. Encore le son de mon cœur qui bat. Je ferme les yeux, à la fois soulagée et attristée d'être en vie. J'ai conscience que c'était une grave erreur. Mais le désespoir m'est soudain tombé dessus comme la Terre que porte Atlas sur ses épaules.

Le désespoir rôde toujours autour de moi, je le ressens. Mais brûle au fond de moi ce feu qui ne veut pas s'éteindre. Bien qu'il soit réduit maintenant à l'état de petite braise, il survit toujours peu importe les événements. Et c'est lui qui m'a sauvé. Je ne sais pas si je dois le remercier car je suis tout aussi perdue qu'avant. J'ai à la fois tant de questions et de peur en moi. Je veux connaître la vérité mais j'en suis terriblement terrifiée. Je n'ai personne sur qui compter, sur qui m'appuyer. Je n'ai que moi, et parfois, c'est très dur.

Je me dis toujours que chaque chose qui arrive devait arriver et qu'il y aura toujours quelque chose à en apprendre. Mais aujourd'hui, je me demande si ce proverbe est toujours vrai. Parfois, il y a juste des moments qui vous brise en mille morceaux. Après ça, vous tentez désespérément et lentement de vous reconstruire.

J'ai l'impression que ça n'en vaut plus la peine. Malgré tout, quoi que je décide, il y a une partie de moi qui ne veut pas renoncer. J'ai parfois aimé cette partie, la considérant comme ce qui faisait ma force. Aujourd'hui, je la hais plus que tout. Je voudrais tout lâcher, tout envoyer balader, mais elle me dicte de me relever et de continuer. Comme si rien de tout ça ne m'affectait.

Le secret qui unit les 3 maîtres du jeu est devenu une telle obsession que ça m'a amené à découvrir une nouvelle facette de ma personnalité et des secrets visiblement bien enfouis.

Tout ça ne s'arrêtera donc jamais ?

Visiter cet hôpital psychiatrique abandonné était sans doute la pire erreur de ma vie. J'aurais préféré rester dans l'ignorance. Je ne peux pas croire que ce dossier soit réel. Après tout, ils auraient très bien pu en créer un et le poser dans le bureau comme si de rien n'était. Noire Ténèbre l'a même peut être fait lorsque que j'étais inconsciente après qu'il m'ait assommée. Malheureusement, je ne peux être certaine de rien. J'erre, à la recherche de réponses, mais je finis toujours par avoir plus de questions qu'autre chose. Je n'en peux plus, j'ai l'impression de devenir comme Nina. Je le suis peut-être déjà. Je remonte la couverture jusqu'à mon cou et replie mes genoux sur ma poitrine pour me coucher vers la fenêtre. C'est l'aube. C'est beau. Dire que j'aurai pu ne jamais revoir un tel spectacle. Mes larmes mouillent mon oreiller, j'ai un sourire désespéré.

La porte qui s'ouvre vient me couper de mes pensées. Je me tourne vers l'infirmière qui entre. J'ai un instant de joie, coupée par le contexte de notre rencontre.

- Mademoiselle Rave, je suis contente de vous revoir !

- Moi aussi, dis-je d'un sourire triste à la voisine de Nina.

Elle prend mes tensions, me donne quelques antalgiques puis nous discutons un moment. Je me sens comme gênée.

- Je suis désolée qu'on se revoit dans de telles circonstances.

- Vous n'avez absolument pas à vous excuser. Après tout, un accident de la route peut arriver à tout le monde. Le principal est que vous soyez en vie.

Mon coeur est lourd. J'ai envie de hurler, de crier, de pleurer. D'extérioriser.

- A vrai dire, ce n'est pas vraiment un accident.

Ses sourcils se froncent légèrement. Elle semble perdue quelques instants avant de rapidement comprendre sans que je ne dise un mot de plus.

- Je comprends. J'imagine qu'apprendre le décès de votre amie vous a beaucoup affecté en plus de ce que vous pouvez vivre à côté. Si jamais vous avez besoin d'aide ou de parler, n'hésitez vraiment pas à venir me voir. Vous pouvez tout aussi bien consulter un spécialiste, me dit-elle d'un regard maternel accompagné d'un léger sourire.

Je hoche la tête tout en la remerciant. Elle est d'une gentillesse incroyable, j'aurai aimé la connaître plus tôt. Peut-être que je n'aurai pas eu besoin de m'embarquer dans ce jeu pour ressentir quelque chose. Avant qu'elle ne parte, j'ose lui poser une question.

- Il y a un objectif que je poursuis depuis quelques mois, ça en était même devenu une obsession. Mais depuis quelque temps je n'ai plus la force de continuer. Je ne sais pas quoi faire.

Elle prend un instant pour réfléchir tout en me fixant.

- Il est vrai qu'on ne se connaît pas très bien, mais je vois à votre regard Lily que vous êtes une femme forte. N'abandonnez pas et allez jusqu'au bout. Je sens qu'au fond de vous vous en avez encore l'envie.

Elle ne sait évidemment pas de quoi il est question. Peut-être même que cet "objectif" va me mener à ma perte. Mais puisque je lui ai demandé, je suivrai sa réponse. J'ai commencé, alors autant aller jusqu'au bout. Je n'ai jamais abandonné quoi que ce soit, ça ne commencera pas aujourd'hui.

- Merci beaucoup, la remercié-je.

Elle me répond par son joli sourire et quitte la pièce en me souhaitant bonne continuation. Je souffle en direction du plafond tout en me rallongeant. Maintenant que j'ai décidé de me reprendre, il va falloir réfléchir à la suite des choses. Surtout qu'il me reste très peu de temps et je risque d'être bloqué à l'hôpital quelques jours. Comment faire ?

Soudain, mon téléphone vibre, j'aperçois du coin de l'œil une notification apparaître. Mon cœur rate un battement quand je comprends de quelle application elle provient. J'attrape mon téléphone posé sur la table de nuit et d'une main tremblante j'appuie sur ladite notification. Evil Game s'ouvre et apparaît alors une grande image qui prend tout l'écran.

Je comprends tout de suite que ça y est. Cette fête, c'est la fin du jeu.

C'est à cette soirée que tout va se jouer.

Une dernière nuit, une dernière danse.

Une dernière hypothèse, une dernière chance.

"Puisse le sort vous être favorable". Hunger Games, Susan Collin




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PLUS QUE 2 CHAPITRES !!!!
Le dernier chapitre + l'épilogue !
En espérant que vous avez apprécié celui-ci ! Rendez-vous au prochain ♡
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