▪︎ CHAPITRE 43 ▪︎

Ma nouvelle voie est donc celle d'un centre psychiatrique. Pourquoi je ne m'en suis pas douté avant ? Ça me parait si logique maintenant. Enfin, comment j'aurai pu savoir ? Des centres psychiatriques il y en a tellement à New York. Je n'aurai de toute façon jamais pu trouver lequel avait un lien avec ce jeu. Ou alors ça m'aurait pris des années, un temps que je ne dispose pas.

Il est désormais l'heure de mener ma petite enquête. Je rentre dans mon appartement après avoir pris l'air sur mon balcon. Je me dirige vers mon bureau, là où se trouve mon ordinateur. Allumé, je commence mes recherches. Il me faut à peine une minute pour comprendre que ces dernières ne vont pas donner grand chose puisque ce centre est : "abandonné depuis 1996". Super. Il a donc été délaissé depuis plus ou moins 20 ans. Pas de panique, internet est une mine de trésors. Je commence par chercher les raisons de sa fermeture. Qui sait, peut-être que de graves incidents ont eu lieu dans l'établissement au point de le fermer ?

Je finis par découvrir l'histoire derrière cet endroit. A sa fermeture, on a transféré les patients soit dans un autre centre, soit ils ont été libérés. Ça veut donc dire qu'il y a une chance sur deux qu'ils soient aujourd'hui dehors. Le plus gros danger est de savoir s'ils ont été guéris. Enfin, toujours est-il que je dois d'abord savoir s'ils ont bel et bien été patients là bas.

J'apprends qu'à l'époque les établissements de ce genre étaient "révolutionnaires" dans le sens qu'il s'agissait d'un asile, un lieu où des "fous" étaient rassemblés. On ne prenait pas vraiment au sérieux les maladies mentales. Encore aujourd'hui c'est parfois compliqué. Il y a beaucoup de préjugés. Il y a des décennies, c'étaient surtout des lieux où les droits des hommes n'étaient pas respectés. Ainsi la "lobotomie préfrontale et la thérapie électro-choc" ont été utilisées jusque vers 1960. Je ne pense pas qu'ils aient connu ça, ils seraient bien trop vieux aujourd'hui, ça ne correspond pas. Peut-être un parent aurait-il été maltraité là-bas ? Je lève la tête vers le plafond. Non, ça ne correspond pas aux événements souvenirs. Je continue ma lecture. C'est vers 1960 qu'on a commencé à introduire le premier médicament utilisé dans le traitement de la maladie mentale. Ainsi, ces médicaments ont permis à beaucoup de patients de reprendre une vie normale en dehors de l'établissement. Je soupire de déception en lisant les dernières lignes. C'est donc parce qu'il n'y avait plus assez de patients que le centre a fermé.

Alors... pas de graves incidents ? Des meurtres ? Des fugues ? Il y a bien les méthodes utilisées vers 1950, mais ça ne peut pas les concerner. Je ne comprends pas, qu'est ce que ce centre aurait avoir avec eux ? S'ils ont été patients là-bas, ils devaient avoir tout au plus 10 ans. Ils auraient donc connu les dernières années du centre puis auraient été libérés ? Je pousse ma chaise pour me retrouver au milieu de la pièce. D'accord mais et alors ? Si cette hypothèse est bien la bonne, leur secret ne peut pas être juste le fait qu'ils aient été dans le même centre. Il doit y avoir autre chose. Déjà, je ne suis même pas certaine qu'ils aient été des patients. Peut-être que je me trompe sur toute la ligne.

Il n'y a qu'un seul moyen de m'assurer de ce que je dis. Aller là-bas et chercher des indices sur place. Peut-être que dans la précipitation ils ont laissé quelques documents ou des choses qui pourraient m'éclairer. De toute façon, je n'ai pas d'autre choix. Il faut que j'y aille. Bien que ça ne me fasse pas trop plaisir d'aller visiter un hôpital psychiatrique abandonné... j'ai presque l'impression d'être dans un film d'horreur. En espérant que celui-ci se termine bien.

Je prends rapidement un manteau et quelques affaires qui me seront utiles sur place. Je monte en vitesse dans ma voiture, c'est trop dangereux d'y aller en métro. Pendant le trajet, il m'arrive de me demander de quelle façon tout va se finir. Je balaie d'un revers ces pensées qui ne font que me parasiter. Mieux vaut se concentrer sur le présent déjà. Un quart d'heure plus tard et je suis enfin sur place. En effet, c'est vraiment abandonné. Une ambiance sinistre y règne. Je sens que je vais adorer cet endroit...

Il est 21h, je fais une petite ronde pour voir s'il y a beaucoup de passage. Le lieu semble bien isolé alors je ne devrais pas avoir de mauvaises visites. Il faut juste grimper la grille qui recouvre le périmètre de l'hôpital. J'espère juste que ce n'est pas fermé à clé. Enfin, vu l'état dans lequel est ce lieu, il me suffira juste de taper du pied sur la porte d'entrée et elle devrait s'effondrer.

Après un petit temps d'attente je me décide enfin à passer le pas. A l'aide de gants de sécurité j'escalade la grille pour me retrouver de l"autre côté, celui interdit. Le jardin est dans un tel état que je suis heureuse de porter un pantalon. Les ronces m'auraient bien abîmé mes jambes mais elles sont bien au chaud. Je me dirige lentement vers l'entrée avec ma lampe torche. Il ne semble y avoir ni caméra de sécurité ni alarme. Ça ne m'étonne pas vraiment, il s'agit d'un vieux lieux et l'état a surement autre chose à faire que de s'occuper de ça.

Je tombe alors devant une énorme porte en bois avec un loquet et une serrure. J'essaye d'ouvrir la porte mais comme par hasard cette dernière ne s'ouvre pas. Évidemment... ça aurait été trop facile. Comme je disais tout à l'heure, utilisons le plan B. En espérant juste que le bois a pourri. Je prends un grand élan et plaque mon corps contre ce qui reste de l'entrée. Malheureusement, cette dernière tient bon. Ah, ça, c'était pas prévu. Je retente plusieurs fois en alternant poids du corps, élan et pied, mais la porte ne veut pas céder. Il va falloir trouver un autre moyen d'entrer.

Je bouge ma lampe torche pour fouiller les lieux, cherchant un objet pour m'aider à entrer. Aucune fenêtre n'est accessible du rez de chaussée et certaines ont des barreaux. Je remarque cet étrange pot de fleur. Autant, si les fleurs étaient fanées ça ne m'aurait pas paru bizarre. Mais, elles sont aussi jolies que neuves. Comme si... quelqu'un en prenait soin. Mais qui viendrait ici faire fleurir juste une fleur ? Et qui plus est devant un tel lieu ? C'est sans aucun doute les maîtres du jeu. J'en donnerai ma langue à couper. J'inspecte un peu plus la fleur. Il s'agit de roses noires. Je soulève le pot et trouve en dessous un mot accompagné d'une clé en acier. Bingo.

"A qui veut voir l'horreur verra la mort. A qui veut connaître la vérité sera brisé"

Mon cerveau s'éteint un instant en lisant ce mot. Il n'y a aucune signature, aucun signe distinctif. Je ne peux donc pas savoir s'il s'agit d'un ancien patient, d'un des maîtres du jeu ou encore une toute autre personne. En tout cas, c'est un avertissement. Un secret est caché ici.

Peu importe le danger, j'avance.

J'attrape la clé et l'enfonce dans la serrure. Je pousse difficilement la porte tellement cette dernière est lourde, elle grince en même temps. Moi qui ne voulait pas faire de bruit c'est raté. A peine arrivé à l'intérieur je me prends une vague de poussière. Heureusement que j'avais prévu un masque au vu de mon allergie. Je finis quand même par tousser. C'est très sombre, les lampes ne fonctionnent évidemment plus ou ont été brisées. Je n'ai que ma lampe torche pour m'aider à me repérer. Surtout, ne pas avoir peur du moindre bruit car des animaux sauvages pourraient habiter ici. Le sol est jonché de feuilles d'arbres. Il doit y avoir des fenêtres ouvertes.

Une fine couche de crasse et de poussière recouvre les dalles de pierre. J'avance à tatillon. Je repère de grands couloirs sûrement reliés tous entre eux. Je trouve des chambres vides, parfois des lits y sont restés, des chaises, des bureaux. C'est comme s'ils avaient tous fuis d'un coup. Je me demande bien ce qui s'est réellement passé ici. Les chambres se ressemblent toutes, murs blancs, même matériels, même lampes. Je trouve parfois des tags sur les murs des couloirs. Parfois, des étiquettes avec des noms sont collées sur certaines portes. Je les prends toutes en photo pour ne laisser aucun indice derrière moi. Si je ne trouve rien ici, je pourrais retrouver la trace des anciens occupants et de leurs descendances pour pouvoir leur poser des questions.

Je tombe enfin sur quelque chose de vraiment intéressant. Une sorte de salle d'opération, ou d'expérience, je ne sais pas trop en vérité. Ce que je sais cependant, c'est qu'une odeur putride y ère. S'en est presque insoutenable. Je me recouvre le nez en plus de mon masque. J'aperçois des instruments, sûrement ce qui reste de l'utilisation de la "lobotomie préfrontale". Sur les étagères on peut trouver des grands bocaux avec des morceaux de... corps humains ? Je comprends mieux l'odeur. Certains bocaux sont ouverts, il ne reste qu'une eau aussi imbuvable que de la lave. Je grimace, je me demande si je veux vraiment savoir ce qu'ils faisaient ici. Je continue de chercher je ne sais quoi dans cette pièce mais je ne trouve rien d'autre d'intéressant. Je continue alors mon chemin et m'apparaît alors la pièce que je cherchais le plus : le bureau du directeur. Je sauterai presque de joie. Mais soudain, je reviens sur terre, la porte est fermée à clé. Et cette fois, pas de pot de fleurs pour m'aider. Bordel, c'est pas vrai. La porte est aussi robuste que celle de l'entrée, je n'y arriverai pas comme ça.

Je reviens sur mes pas, déçue. Comment faire ? Je ne peux certainement pas passer par la fenêtre, on est au 3ème étage. Je me mets désespérément en quête d'une clé. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Mes pas me mènent à une sorte de pièce de vie. Il y a un canapé, une table de ping-pong, un baby-foot et plusieurs chaises et tables. Tout est en désordre, comme s'il y avait eu un énorme affrontement. Je m'assois sur une des chaises en choisissant la moins sale possible. Je me repose un instant. Je cherche dans mon sac la barre protéinée que j'avais emmenée. Soudain, un craquement de branche retentit. Mon cœur s'emballe, je me retourne et pointe ma lampe vers la source du bruit. Un miaulement retentit et un adorable chat surgit. Je soupire de soulagement. Il s'approche de moi et vient se frotter à mes jambes, je le caresse doucement. Qu'est ce qu'il est mignon. Tout à coup, il se met à me hisser. Qu'est ce qui lui prend ? On dirait qu'il a peur de quelque chose.

D'emblée, une main se pose fermement sur ma bouche. Dans la panique, la lampe tombe au sol. Je hurle de toute mes forces mais aucun son n'est assez suffisant pour qu'on m'entende. Mon cœur s'emballe et je panique, j'essaie de me défaire de l'emprise, mais la personne est trop forte. Je ne peux pas bouger. Je suis piégée. Je tente de me retourner mais rien n'y fait. Sans le vouloir je me mets à trembler, je suis terrifiée. Où est la Lily qui n'a peur de rien et de personne ? Il ne reste que celle qui a peur pour sa vie.

- Arrête de te débattre. Tu vas te faire mal.

Je tente de l'insulter de psychopathe mais mon masque et sa main sur ma bouche empêchent qu'il m'entende.

- Lily, murmure-t-il.

Un frisson me parcourt. Je prends conscience de la situation. C'est un des maîtres d'Evil Game. Je me souviens du couteau que j'ai laissé dans mon sac, il est juste en face de moi. Je n'aurais qu'à franchir quelques pas, le prendre puis le menacer. Facile, non ? Je perds la boule. C'est Impossible, je ne peux même pas bouger de 2 centimètres.

- C'est moi, Noire Ténèbre.

Sans comprendre pourquoi, je me sens un peu moins apeurée. Ça n'empêche que ça n'a rien de rassurant.

- Pardon de t'avoir surpris comme ça. Mais tu sais bien que tu ne dois pas voir mon visage. Crois-le ou non mais je suis venu t'aider.

Ça n'a aucun sens, pourquoi est ce qu'un des maîtres du jeu viendrait m'aider, moi, joueuse ?! Il a forcément quelque chose derrière la tête. Je ne dois pas lui faire confiance. Je me débats mais soudain une seringue se plante dans mon cou. Je m'effondre. Il me retient par ses bras avant que je ne tombe au sol. Non, non. Je ne veux pas mourir. Pas maintenant, pas avant d'avoir trouvé la réponse.

- Tout va bien se passer, respire.

Tout va bien se passer ?! Il se fiche de moi là ! Il vient de me droguer ! Je me sens déjà partir, qui sait ce qu'il va me faire maintenant... je...

***

Une langue râpeuse se pose sur ma joue droite. Ça chatouille. J'ouvre un œil, puis l'autre. Il fait noir. Où suis-je déjà ? Tout me revient en un éclair. Je sursaute de peur tout comme le chat à mes côtés. C'est vrai, Noire Ténèbre ! Je récupère à la vitesse de la lumière ma lampe torche et balaye les lieux de mon regard terrifié tout en tenant une main sur l'endroit où j'ai été piquée. Il semble être parti. Je ne comprends plus rien ! En inspectant la pièce je remarque un petit objet brillant. C'est pas vrai, alors c'est pour ça ?

Je récupère l'objet que m'a laissé Noire Ténèbre : une clé. Sûrement celle du bureau du directeur. Décidément, je ne comprends pas son comportement. Quel avantage a-t-il à m'aider ? Je secoue vivement ma tête. Peu importe, je dois continuer avant que je ne meurs de trouille ici.

De retour sur mes pas, je cours vers la porte du bureau. Je ne veux pas m'éterniser ici. J'y enfonce rapidement la clé qui permet de l'ouvrir. C'est une petite pièce. Un bureau est placé au milieu et sur les côtés de grands tiroirs. Je suis certaine qu'il doit y avoir des dossiers là dedans. En espérant qu'ils n'aient pas tout emmené. Je commence à les fouiller un à un. Ils ne sont pas tous remplis mais il y a de quoi pouvoir faire quelques recherches après. Je retrouve parfois des dossiers médicaux avec les photos des patients, bien que ça reste rare. Comportement agressif, comportement animalier, troubles de l'humeur, paranoïa, cyclothymie, schizophrénie, troubles bipolaires et j'en passe. Tout ce qu'il y a de plus normal dans un hôpital psychiatrique. J'épluche en vain les dossiers en espérant tomber sur des informations pouvant me faire penser aux événements souvenirs des maîtres du jeu. Rien, rien, rien. Je passe de tiroir, en tiroir, jusqu'à fouiller le bureau. Rien ! C'est pas possible ! Je hurle de colère tout en balayant d'un revers de la main ce qu'il y avait sur le bureau. Je jure les pires gros mots possible. Des larmes de colère me montent. A quoi ça sert tout ça ?! Qu'est ce que ça va m'apporter ?! Tout d'un coup, mes yeux se portent sur un dossier tombé par terre, éclairé par un rayon de la lune.

Non, c'est impossible.

Je le ramasse d'une main tremblante. J'éclaire avec ma lampe torche le nom écrit sur le dossier :

"Lily Rave."

***
ENFIN UN NOUVEAU CHAPITRE ! Encore désolée pour le retaaaaaaard.
Plus que 3 chapitres avant la fin !! Je me mets tout de suite à écrire la suite <3
En espérant que vous avez aimé ce chapitre bisous !!
***

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