Chapitre 5



Révélations


Le ciel était parfaitement dégagé pour un jour d'hiver aussi important que celui-ci. Seuls le froid et la pâleur du ciel rappelaient la saison. Les dix degrés ne retenaient personne à l'intérieur. Les gradins étaient pleins, tous les élèves s'étaient rassemblés pour le match le plus important de l'année : Serdaigle-Poufsouffle. De l'issue de cette rencontre dépendait le mixage des prochains matchs, et ainsi, la coupe tant convoitée.

Des cris d'encouragement transformés en borborygmes néandertaliens s'élevèrent des tribunes quand les joueurs pénétrèrent sur le terrain. Les supporters étaient en effervescence, brandissant des banderoles ou tapant des mains. Les deux équipes se présentèrent en ligne devant madame Bibine, l'arbitre du match.

Emily leva les yeux vers la tribune des professeurs, espérant et redoutant à la fois ces yeux noisette et or qui la faisaient frémir. Lupin n'était pas là, ce qui la détendit. La scène n'avait pas échappé à Olivier, placé au premier rang des Rouges-et-Or. Il serra les dents. Emily avait un comportement assez étrange cette année et il avait l'intime conviction que son professeur de DCFM y était pour quelque chose.

Un coup de sifflet strident fit s'envoler les joueurs comme des mouches effrayées. L'attrapeuse des Serdaigles filait le Vif d'Or, ne le quittant pas des yeux, tandis que les haut-parleurs annonçaient les premiers points pour les Bleus-et-Bronze. La rousse se sentit éjectée sur la gauche, l'attrapeur Jaune-et-Noir la collait. Emily revint à l'assaut, ne se laissant pas faire par son adversaire qui lui donna un coup de pieds dans les côtes. Elle manqua de s'écraser dans la tribune des professeurs, dans laquelle deux yeux intenses la fixaient, effrayés. Lorsque la jeune femme se stabilisa, Lupin se détendit. Elle lui jeta un bref regard, le voile de frayeur avait disparu de la figure de son professeur qui avait retrouvé sa sérénité habituelle, et elle repartit comme une flèche. Au contraire, de son côté, Dubois fulminait. L'envie de tout détruire le submergea.

La Serdaigle retrouva ce fameux Cédric Diggory et le serra. Ils grimpèrent ensemble et passèrent rapidement au-dessus des nuages froids. La petite balle dorée piqua alors à toute vitesse vers le sol. Les deux attrapeurs la suivirent les épaules collées.

Soudain, Emily fut propulsée en arrière. Ses doigts gelés lâchèrent son Nimbus 2000. Elle sentait son esprit s'embrouiller, elle vit tout blanc et puis plus rien. Son corps, inconscient, était balloté dans les airs, retourné dans tous les sens au moindre coup de vent. Remus aperçut ses cheveux de feu. Son élève entamait une descente, comme lors de son entraînement avec Dubois. Le professeur écarquilla les yeux, se rendant compte qu'Emily tombait et ne réagissait pas. Il devança Albus, brandissant sa baguette.

- Arresto Momentum ! Hurla-t-il.

Le petit corps frêle de la Serdaigle se stoppa net, une dizaine de centimètres avant le rude contact du sol. Remus soupira, son cœur se relâcha une fois Emily hors de danger. Il la déposa délicatement sur l'herbe, scrutant le terrain à la recherche de l'autre Attrapeur.


Le match était terminé. Les Bleus-et-Bronze s'étaient imposés de justesse. Leur Attrapeuse, étendue sur un lit de l'infirmerie, n'avait toujours pas repris connaissance. Toute l'équipe attendait son réveil pour pouvoir lui annoncer leur victoire.

Le professeur Lupin discutait avec madame Pomfresh de l'état de son élève.

- Que lui est-il arrivé ?

- On dirait que Miss Johnson s'est évanouie après s'être pris un coup. Ce qui est étrange, c'est qu'elle n'a aucune marque qui le prouve.

Lupin hocha la tête, l'air grave.

- Il faudra lui demander quand elle reviendra à elle, conclut l'infirmière avant d'aller s'occuper d'un autre patient recouvert de boutons violets.

Cédric Diggory frôla Remus qui lui agrippa l'épaule. Le Poufsouffle se retourna subitement, surpris.

- Que s'est-il passé Cédric ? Demanda Lupin, un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

- Je n'en sais rien, professeur. Ce n'est pas moi, je vous assure, s'empressa-t-il d'ajouter en voyant ses yeux ambrés le transpercer.

- Miss Johnson n'est pourtant pas tombée toute seule.

- Non, bien sûr que non ! C'est une des meilleures Attrapeuses de Poudlard. Elle vole comme jamais aucune fille n'avait volé avant elle.

Lupin lâcha Diggory et rangea ses mains dans ses poches, un air songeur sur son visage pâle et blessé. Les deux hommes regardèrent le lit immaculé qu'occupait Emily. Ils approchèrent en silence et attendirent. Olivier les rejoignit dans la soirée, lançant des regards assassins à son professeur de DCFM qui n'y prêtait aucune attention, trop inquiété par l'état de la jeune femme.


La dernière chose dont elle se souvenait était cette voix. Ce timbre viril et doux qui en deux mots lui avait sauvé la vie et empli son cœur d'une exquise chaleur. Elle ouvrit un œil doucement, aveuglée par une trop forte luminosité. Ses muscles se crispèrent lorsqu'elle reconnut les trois hommes qui la regardaient avec insistance. Emily se redressa péniblement, désorientée par un infâme mal de tête. La jeune femme fixa ses visiteurs tour à tour, se demandant lequel s'inquiétait le plus pour elle. Certainement pas Remus, ni Cédric.

- Comment vous sentez-vous, Emily ? Commença Lupin d'une voix inquiète.

- Je vais bien. Juste une horrible migraine, répondit-elle en se massant les tempes.

- Que vous est-il arrivé ? Comment êtes-vous tombée ?

- Euh... je n'en sais rien. Je suivais le Vif d'Or dans sa descente et d'un coup, j'ai heurté quelque chose d'invisible, comme si un mur m'avait repoussée. Et puis plus rien. Seulement vous qui me sauvez d'une mort certaine.

Il lui sortit son « sourire de séducteur » accompagné de son « regard charmeur » - enfin c'est comme cela qu'elle les nommait - qui avaient le don de lui faire perdre tous ses moyens.

- On a gagné ? Demanda la jeune femme.

La mine de Diggory s'assombrit. Dubois regarda autour de lui, l'équipe de Quidditch de son amie avait dû rejoindre son dortoir. Il prit donc l'initiative de lui annoncer la bonne nouvelle, qui ne manqua pas de décrocher un sourire fier à la Serdaigle. Cependant, elle fut un peu déçue d'apprendre que c'était Cho, sa remplaçante, qui avait attrapé le Vif d'Or à sa place.

- Bon, dit Lupin en se levant. Je suis heureux que vous alliez bien. J'espère que vous serez en cours demain, Miss Johnson. Je vous souhaite une bonne nuit à tous les trois.

Il tourna les talons et disparut dans le couloir sombre. Emily le dévorait des yeux, attirée par cette démarche nonchalante et tout bonnement charmante. Cédric la salua également et sortit, laissant la rouquine avec Olivier. Une fois qu'ils eurent quitté la pièce, elle reporta son attention sur le Gryffondor.

- J'ai une impression bizarre, Oli'.

Le jeune homme pencha la tête sur le côté, lui montrant ainsi qu'il l'écoutait, toujours cet air étrange dans ses yeux dont elle n'arrivait pas à comprendre le sens.

- Je pense qu'on m'a jeté un sort, tout à l'heure, confia Emily.

- Bonne réponse, Miss Johnson, répondit-il en imitant l'un de ses professeurs, une lueur malsaine dansant à présent dans ses yeux clairs.

Emily sentit son cœur être transpercé. Elle n'était pas sûre d'avoir bien compris la phrase de son ami.

- C'est toi ? Mais pourquoi t'as fait ça ? T'es malade ou quoi ? S'emporta la Bleue-et-Bronze.

- Je voulais voir la réaction du professeur Lupin.

Cette réponse tétanisa la jeune femme. Elle ne pouvait pas le croire ! C'était quoi cette excuse en bois ? Elle ne reconnaissait plus son ami, lui qui avait toujours été si gentil et attentionné ! L'idiote jalousie qui le rongeait avait fini par atteindre son cœur de Gryffondor, le rendant horriblement cruel et mauvais.

- Il se passe quelque chose entre vous deux et je voulais savoir ce que c'était. Maintenant, je sais.

Le Gryffondor marcha vers la sortie, un sourire vainqueur étirant ses lèvres.

- Mais t'es complétement taré Olivier ! Il ne se passe strictement rien entre nous ! Vociféra la jeune femme alors qu'il franchissait la porte.

Elle l'injuria de tous les mots qu'elle connaissait jusqu'à ce que madame Pomfresh lui demande de se calmer en la menaçant de lui administrer une potion du Sommeil.


Remus avait reçu un mot de Severus, lui intimant l'ordre de le rejoindre dans la salle des professeurs au plus vite. Le professeur de Défenses Contre les Forces du Mal avait d'abord cru à une farce ou à un piège quelconque qui lui vaudrait un renvoi immédiat, mais s'était ravisé. Rogue n'était pas du genre à plaisanter. Le brun traversait les couloirs, intrigué par ce mot. Il entra dans la salle.

A sa grande surprise, tous ses collègues étaient présents, y compris Dumbledore. Lupin les détailla, tous semblaient aussi étonnés que lui. Son regard s'arrêta sur Emily, blême.

- Que fait Miss Johnson ici ? Demanda-t-il d'un ton on ne peut plus neutre, brisant le silence gênant.

- Je pensais que vous pourriez me le dire, Remus, annonça Dumbledore.

Lupin ne répondit pas et se retourna vers le vieil homme, les sourcils froncés. Visiblement, il avait manqué un chapitre. Voyant sa réaction, le directeur intervint :

- On m'a rapporté à plusieurs reprises que vous entreteniez une relation avec Miss Johnson. Confirmez-vous ces dires ?

Emily pâlit et Remus rigola en allant s'adosser au mur le plus proche, les mains dans les poches de sa vieille veste.

- Avec tout le respect que je vous dois, Albus, vous croyez vraiment à tous ces ragots d'élèves jaloux ? Demanda le professeur de DCFM.

- J'avoue que c'est la première fois. Mais c'est également la première fois qu'un autre professeur dénonce ce genre de comportement.

Remus lança un regard amusé à Rogue, puis, regarda Emily qui semblait livide. Il lui décocha un petit sourire pour la rassurer.

- Il va nier, évidemment, grogna le Maître des Potions. Je demande la permission de sonder son esprit !

- Du calme Severus, tempéra Dumbledore. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de...

- J'accepte. Je n'ai rien à cacher et Miss Johnson non plus. Alors si ça peut faire gagner du temps à tout le monde, je suis d'accord, décida Remus, sûr de lui.

Il se redressa, prit une chaise libre qu'il posa en face de Rogue et s'assit.

- Alors, on y va ? Ajouta-t-il, tout sourire, sous le regard dubitatif de Albus.

Le professeur des potions avait mis sa stupeur de côté et s'était penché vers son collègue, le visage menaçant. Severus sortit sa baguette des pans de sa robe aussi sombre que son âme, la dirigea vers sa cible et prononça d'un ton détaché « Legilimens ». Il se concentra et fouilla l'esprit de l'accusé.

Des images d'Emily défilèrent dans sa tête : dans les couloirs, en cours, aux Trois Balais... Mais rien de suspect. Tout à coup ça s'arrêta. Puis, ce fut des images de sa propre vie qui passèrent devant ses yeux clos. Comme si Lupin avait retourné son sortilège contre lui. Il se revit à Poudlard, subissant les moqueries de James et Sirius. Puis, cette fameuse nuit où ils l'avaient attiré devant le loup-garou qu'était devenu Remus. Alors il vit Lupin, en pleurs, caché dans une armoire. Le petit brun s'en voulait d'avoir fait mal à Severus et haïssait ses amis pour cette mauvaise blague. Tout semblait si réel... Mais il ne pouvait y croire.

Rogue secoua la tête pour stopper ce flux de souvenirs désagréables. Il regarda son collègue, les yeux emplis de haine et murmura dans un rictus de dégoût :

- Espèce de salaud.

Les yeux tristes et sincères du professeur de DCFM ne calmèrent pas son homologue.

- Innocent, se contenta-t-il de dire avant de quitter la pièce, rageur.

- Les seuls crimes dont je suis coupable sont d'avoir accepté un dîner de Noël comme je n'en avais jamais fêté et d'avoir était plus rapide que vous, Albus, pour sauver cette jeune personne, se défendit Remus.

- Très bien, dit Dumbledore en hochant lentement la tête. Nous vous avons tout de même à l'œil.

Ses collègues s'excusèrent et lui donnèrent l'autorisation de quitter la pièce. Ce qu'il s'empressa de faire, suivi de près par Emily. Elle le rattrapa et cala son pas sur le sien.

- Je suis désolée, professeur, s'excusa-t-elle en baissant la tête.

- Vous n'avez absolument rien à vous reprocher, Emily. Ce n'est pas votre faute si Severus est rancunier. Je ne pensais tout de même pas qu'il serait capable de faire une chose pareille. Bonne soirée, jeune fille.

Ils se séparèrent sur cette annonce, rejoignant leurs quartiers. Tous ces souvenirs douloureux qui venaient de se rappeler à la mémoire de Lupin l'attristèrent énormément, gonflant son cœur de nostalgie et de regret.


Sa porte s'ouvrit sur un tourbillon de robes noires sans qu'il ait donné l'autorisation d'entrer. Il salua son collègue, sans relever la tête de ses copies.

- Tu ne t'en tireras pas comme ça, Lupin, siffla la langue fourchue de Rogue.

- Encore cette histoire, Severus ? Dit-il, épuisé par l'acharnement de son collègue.

- Comment crois-tu que réagira ton ami Black ?

- Je te l'ai déjà dit au moins cent fois, je ne suis pas en contact avec Sirius, ce n'est pas moi qui l'ai aidé à s'introduire dans Poudlard.

Rogue le foudroya de ses onyx puis, un sourire satisfait sur les lèvres, dit :

- Tu ne pourras pas la protéger. Ni de Black, ni de toi.

Il sortit comme il était entré, en claquant la porte, laissant cette phrase en suspens. Le professeur de se passa la main dans les cheveux, songeur. Severus avait deviné ce qu'il ressentait pour la jeune femme, il était loin d'être bête, et...il avait raison, même s'il arrivait à avoir une relation avec Emily, ça ne durerait pas à cause de ce qu'il était. Il faut que cela cesse avant qu'il ne soit trop tard, songea Lupin en se laissant tomber dans un fauteuil, sincèrement peiné.


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Bonjour tout le monde !

Je suis désolée pour ce retard inadmissible ! Mais comme je l'avais laissé entendre à la fin du premier chapitre, les jours de parution vont être modifiés !

Nous resterons toujours à deux jours par semaine mais ce sera le lundi et le jeudi.

Merci à vous tous mes chers lecteurs, j'espère que votre rentrée se sera bien passée aussi !

A lundi avec un chapitre plus qu'attendu par certains et riche en évènements !

XoXo

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