VII - Le valet de pique
«Il faut un double soleil pour éclairer le fond de la bêtise humaine.
Jean Paul Sartre.»
A moins qu'il ne s'agisse d'une urgence réelle, d'une obligation militaire ou encore d'un ordre hiérarchique, Katsuki ne court pas.
A vrai dire, pourquoi irait il courir sans que l'action ne soit motivée ou justifiée par une raison valable et concrète ?
En sa qualité de commandant, il est un homme de droiture et de consignes, il s'en tient aux normes et aux actes qui lui sont dictées.
Jamais, en temps normal, il ne se mettrait à courir simplement pour .. s'amuser.
Du reste, force est de constater que, d'une manière générale, Katsuki ne s'amuse pas.
Il n'a pas été éduqué dans ce but cela dit, et l'oisiveté sous toutes ses formes ne fait aucunement partie des ordres qu'il lui convient de suivre.
Par conséquent, il en déduit seulement qu'il n'y a aucun intérêt à accorder aux jeux et à la rigolade.
Ainsi, il se prête au caprice d'Izuku sans véritable volonté et, également sans prendre au sérieux cette histoire d'arbres et de course, il ne fait même pas l'effort de se mettre réellement en place pour s'y préparer.
Pourtant, dans les yeux du prince, une étincelle de joie éclate soudainement, et sa lumière se disperse à l'ensemble de son visage, faisant briller son sourire presque aussi fort que le soleil qui les surplombe.
Le vent souffle à peine, la chaleur écrase déjà leurs fronts, mais Izuku semble s'en moquer éperdument, prêt à s'élancer de toute son âme comme si cette victoire pouvait changer le cours de l'histoire.
Katsuki en soupire d'incrédulité, fixant son regard droit devant lui pour estimer la distance qui les sépare de la ligne de troncs.
Sans trop y réfléchir, il devine facilement cinq cent mètres au moins.
Qui peut bien avoir envie de s'essouffler sur une telle distance, sous une telle chaleur, pour le plaisir ?
L'idée le dépasse complètement et, tandis qu'il s'interroge sur le sens de cette idiotie, un léger sursaut agite ses épaules au moment de voir, du coin de l'oeil, Izuku s'engager à grandes enjambées à travers les herbes hautes.
_ Eh ! peste t-il soudain.
Secoué par l'envie de crier à la tricherie, il contracte rapidement ses muscles pour se lancer à sa poursuite, sentant les tiges et les feuilles du champ se heurter à ses cuisses et ses genoux.
Non pas qu'il veuille gagner à tout prix cette course ridicule, mais l'idée de s'être fait piéger par le prince le pousse malgré lui à chercher justice.
Devancé de quelques mètres par le départ surprise de son adversaire, il concentre ses efforts dans une importante accélération, déterminé à rejoindre la hauteur du prince malhonnête, et le vent cogne soudain son visage de plein fouet.
Ses cheveux se laissent porter par la vitesse de ses jambes, tandis que ses foulées couchent les fleurs et les mauvaises herbes sur son passage.
Naturellement, ses années d'entrainement lui rendent largement service, et il lui faut finalement moins d'une minute pour rattraper Izuku, qui le regarde arriver en riant comme un enfant.
_ Vous n'avez pas prononcé le départ. râle Katsuki entre deux larges inspirations.
_ Vous devriez arrêter de toujours attendre que quelqu'un vous dise quoi faire et quand le faire Katsuki. Le meilleur moment pour faire quelque chose, c'est quand vous décidez de le faire.
Si la condition physique du commandant semble lui permettre de courir et de bavarder simultanément, il apparait rapidement que le prince s'épuise bien vite en voulant additionner les deux et, alors qu'il s'efforce de reprendre son souffle après ses paroles, Katsuki le devance en un clignement de cils.
Se voyant perdre la course, en même temps qu'il pressent la naissance d'un point de côté, le prince s'arrête subitement en délestant sa gorge d'un grognement d'épuisement.
Penché en avant, les mains sur ses genoux, ses cheveux viennent s'emmêler aux longues tiges de végétation quand il tousse à deux reprises, interpellant en même temps l'attention du commandant.
_ Ne me dites pas que vous abandonnez déjà ? défie Katsuki en s'arrêtant à son tour, rebroussant chemin pour rejoindre le prince.
_ Non, bien sûr que non. Faisons simplement une pause, voulez vous ?
Observant le chemin parcouru, le commandant fait rouler ses yeux vers le ciel en constatant qu'ils n'ont qu'a peine atteint la moitié de la distance qui les séparait des arbres.
Alors, croisant ses bras sous sa poitrine pour signifier son agacement, il soupire en faisant quelques pas sur place.
_ Peut-on s'asseoir un instant s'il vous plait ? quémande Izuku en grimaçant d'un épuisement exagéré.
_ Comment comptez vous survivre à quelconque séance d'entrainements s'il ne vous est déjà pas possible de courir cinq cent petits mètres ? geint Katsuki en agitant ses bras.
_ C'est la chaleur ! Elle m'écrase ! Juste une minute je vous en prie !
Se moquant doucement du prince et de ses supplications, Katsuki abdique une fois de plus en se rapprochant de lui, s'asseyant sur le sol brut du champ, disparaissant ainsi dans les herbes désormais plus hautes que le sommet de son crâne.
Puis, voyant se dessiner, sur le visage d'Izuku, un sourire mesquin par dessus son expression satisfaite, il prend conscience trop tard de la supercherie.
Soudain, tout en s'esclaffant à gorge déployée, il s'élance à nouveau à travers la faune, avalant une bonne dizaine de mètres avant que Katsuki n'ait le temps de se relever à la hâte.
_ Eh ! Vous trichez encore !
Ce dernier, honteux et vexé de s'être fait avoir par ses talents de comédien, allonge ses foulées autant que faire se peut, cherchant à atteindre sa vitesse maximale le plus rapidement possible pour réduire l'avance, une nouvelle fois injustement gagnée, du fils du roi.
Ignorant les coups de fouet que donnent les épaisses tiges sur ses jambes, autant que les picotements des débris de terre sous ses pieds, il s'étonne de plus en plus de ne pas parvenir à reprendre la tête de cette course.
En dépit de toutes les idées qu'il se faisait, et de ce que le prince lui a laissé croire jusqu'ici, ce dernier parvient à élargir encore et encore la distance qui les sépare.
De toutes ses forces, Katsuki tente de le rattraper, au moins partiellement, et avant qu'il n'ait le temps de miser sur un dernier espoir, il se voit forcer d'abandonner au moment où Izuku frappe l'écorce d'un arbre, marquant sa victoire écrasante, avant de s'effondrer sur le sol.
Couché sur le dos, protégé du soleil par les feuillages qui le surplombent, Izuku écarte grand ses bras pour reprendre son souffle.
Le front couvert de sueur, la bouche largement ouverte pour absorber un maximum d'air, il s'autorise enfin un léger éclat de rire au moment de fermer les yeux.
Autour de son corps, les herbes montantes le font complètement disparaître si on observe d'un peu plus loin, mais ses halètements bruyants trahissent sa présence.
Près de lui, piétinant le sol d'un air contrarié, Katsuki rejoint sa position pour s'asseoir à ses côtés, soupirant à son tour pour réguler le rythme de ses inspirations.
_ Vous avez triché. râle t-il une nouvelle fois, croisant ses jambes en tailleur.
Sans se redresser, le prince ouvre les yeux pour planter son regard vers les quelques nuages qui habitent le ciel.
Veillant à ne pas brûler ses pupilles trop près du soleil, il s'attarde un moment sur le grand plafond du monde, tandis qu'un large sourire s'installe progressivement sur son visage.
À travers les ombres des feuillages, une poignée de rayons de lumière se faufilent courageusement, faisant briller les tâches de rousseur de ses joues et les contours de sa bouche, qu'il humidifie d'ailleurs contre sa langue.
_ C'est faux. finit il par affirmer en retour. Je n'ai fait qu'orienter les évènements et utiliser la situation à mon avantage, dans le but d'obtenir une victoire, aux valeurs certes contestables, mais contre laquelle vous ne pouvez désormais plus rien. Ne sont-ce pas là les principes mêmes et le fonctionnement des guerres que vous menez ?
Pantois, Katsuki soupire lourdement.
Puis, roulant des yeux en basculant légèrement son dos vers l'arrière, il se retient de s'allonger totalement en prenant appuis sur ses coudes.
_ Mener une guerre et faire la course sont deux choses qui n'ont rien à voir.
_ Vraiment ? défie Izuku en tournant son visage vers lui, fixant son regard lumineux dans le sien. Gagner une course ne sert qu'à se sentir plus fort que l'adversaire, pour se justifier de prendre l'ascendant sur lui. Vous m'accorderez qu'il en va de même pour la guerre .. On veut la gagner pour se sentir plus puissant que l'ennemi, lui imposer notre supériorité.
Une brise aussi légère que furtive caresse doucement le visage de Katsuki, qui se réjouit pleinement de sentir sa fraîcheur.
Presque ruisselant de sueur, mourant de chaud dans ses vêtements après l'effort physique, il prend le temps de profiter du vent avant de s'engager à répondre.
_ On mène des guerres en réponses à des conflits, pas pour le plaisir de jouer.
_ Vous êtes drôle. ricane réellement Izuku en secouant légèrement la tête. Sachez premièrement que rien ne divertit plus mon père que de commander des guerres. Il se réjouit si fort de se sentir puissant que si sa tête pouvait gonfler à chaque fois qu'il s'amuse de la situation, il ne serait même plus capable de passer les portes du château.
Puis, perdant le sourire en coin qui l'accompagnait jusqu'ici, il le troc contre une expression plus grave, sérieuse, qui oblige Katsuki à attendre la suite de ses déclarations sans oser l'interrompre.
_ Et deuxièmement .. aucune guerre n'a jamais réglé le moindre conflit. C'est même un raisonnement complètement stupide .. Une guerre est un conflit, et on ne dissipe pas un conflit avec un autre conflit. Ça reviendrait à essayer d'éteindre un feu avec un autre feu. Les guerres ne mènent qu'à des représailles qui engagent d'autres guerres, qui à leur tour appellent d'autres représailles. C'est un cercle sans fin, qui ne peut jamais atteindre de conclusion.
_ Admettons .. abdique Katsuki en redressant sa posture, frottant ses mains l'une contre l'autre pour les débarrasser des poussières de terre. Mais vous ne pourrez jamais demander à un peuple de ne pas répondre aux menaces d'un autre, comme vous ne pourrez pas leur imposer d'abandonner leurs convictions.
_ Leurs convictions ? répète Izuku en s'asseyant à son tour. Tuer des hommes et envahir des terres ne peuvent pas être des convictions. Quelles sont vos convictions, Katsuki ?
Tous deux assis dans ces herbes qui les dissimulent, ils semblent se laisser aller à la sensation de disparaitre de la surface du monde, comme si plus rien ni personne ne pouvait les voir, les trouver, les importuner.
Alors leurs paroles se délient progressivement, et Katsuki se sent étrangement ouvert à quelques confessions.
_ J'imagine que vous me demandez de parler spécifiquement des convictions qui m'incitent à mener les combats. Et je vous dirai que ce que j'estime être le plus important, c'est la sécurité et la pérennité du royaume.
_ Pensez vous que le peuple se sente en sécurité, quand il sait que des combats font rage à toutes les frontières ?
_ Nous empêchons à ses affrontements d'avancer jusque dans les villages.
_ Et vous pensez pouvoir faire ça éternellement ? Vous ne croyez pas que, un jour ou l'autre, à force de nourrir de plus en plus de haine et de conflits, la violence atteindra les habitants ? Et les habitants des royaumes que vous avez écrasés, qui ont été victimes de ces combats, n'avez vous aucune pitié pour leurs âmes ?
À vrai dire, même si ces questionnements n'ont rien d'étonnant, Katsuki ne s'est jamais véritablement autorisé à les confronter.
Parce que c'est ainsi qu'il a été éduqué, dans l'idée que les ordres confiés à l'armée sont les plus justes, les seuls porteurs de la bonne manière d'agir et de penser.
C'est ainsi qu'il faut raisonner parce que.
Simplement parce que.
Parce que c'est comme ça.
Mais aujourd'hui, alors qu'Izuku attend de lui des réponses concrètes, il réalise combien son esprit est formaté, programmé sans réels arguments.
_ Les .. Les royaumes ennemis ne fonctionnent pas comme nous. balbutie t-il finalement en contournant la dure question des villageois.
_ Et ? fait remarquer Izuku en arquant un sourcil. Leurs coutumes peuvent être différentes des nôtres, leur mode de vie aussi, chacun peut bien s'organiser et s'épanouir comme bon lui semble. Nul besoin de contraindre un monde entier à une seule et unique culture. Rien ne nous empêche d'exister sereinement chacun chez soi, à sa manière.
_ Pour que votre utopie fonctionne, il faudrait que tous les royaumes adoptent votre pensée .. il suffit qu'un seul d'entre eux ne l'acceptent pas pour que tous les autres se voient forcés de se défendre.
_ Eh bien .. soupire Izuku en baissant la tête. Peut être suffit il également d'un seul royaume qui prône la paix pour que tous les autres y songent et s'y engagent à leur tour.
_ Dans un monde parfait, probablement ...
_ Dans un monde parfait, je ne serai pas l'héritier d'un trône maudit ... conclut Izuku en abaissant ses épaules de désarroi.
Soudain, comme pour fuir à tous prix les angoisses naissantes qui habitent ses propres paroles, le prince se relève d'un seul bond, tendant symboliquement sa main à Katsuki.
Une main qu'une fois de plus il refuse de saisir, se redressant de lui-même en réajustant le tissu de ses vêtements.
_ Allons y ! declare alors Izuku en se tournant pour faire face au grand arbre sous lequel ils se trouvent.
_ Encore ? Où comptez vous m'emmener cette fois ?
_ Juste ici.
Souriant pour accompagner ses mots, Izuku pointe du doigt les hauteur de l'arbre, faisant remarquer au commandant les nombreuses branches épaisses de ce dernier, sur lesquelles il semble bien déterminer à grimper.
_ Rassurez moi .. tente désespérément Katsuki. Nous n'allons tout de même pas escalader ce hêtre ?
_ Bien sûr que si !
Puis, joignant les gestes à la parole, le jeune héritier entame immédiatement son ascension acrobatique, s'accrochant fermement à la branche la plus basse avant de prendre appui sur ses bras, décollant ses pieds du sol.
Passant une jambe par dessus le bois, il s'y assoit tout en levant les yeux, cherchant sa prochaine prise.
_ Montez Katsuki. l'appelle t-il joyeusement. C'est facile je vous le promets.
Il ne s'agit évidemment pas d'une question de difficulté, mais Katsuki grimace longuement.
Un commandant d'armée se doit de respecter son image et de maintenir sa réputation.
Jouer à se percher dans les feuillages d'un arbre pourrait presque lui coûter son grade s'il venait à être vu ainsi, et son hésitation le cloue sur place pendant près de deux minutes.
_ Katsuki ! relance Izuku qui s'est déjà élevé d'un mètre supplémentaire. Faites moi confiance, vous n'avez jamais vu le paysage sous cet angle et je suis persuadé que vous aimerez.
Du haut de sa branche, Izuku rayonne tout à coup comme un enfant rempli d'insouciance.
Lui qui fondait en larme plus tôt dans la journée, exprimait ses angoisses et argumentait avec beaucoup de philosophie le sujet de la guerre, semble se transformer à mesure qu'il s'approche de la cime.
Ce garçon posséderait-il l'étrange capacité d'être deux personnes à la fois ?
_ Si je monte, vous me promettez qu'on ne s'attardera pas ? N'oubliez pas votre promesse d'être de retour à seize heures.
_ Promis ! sourit Izuku, une main taquine derrière le dos.
Peu convaincu, devinant sans mal son majeur et son index croisés, Katsuki accepte néanmoins de capituler, s'approchant lentement du large tronc.
S'agrippant à son tour aux mêmes branches précédemment utilisées par le prince, il se hisse progressivement jusqu'à lui, lui offrant malgré lui une nouvelle victoire au moment de s'assoir face à lui.
_ Vous voyez. Rien de sorcier. Regardez, Katsuki.
Suivant du regard la direction qu'il lui indique, Katsuki attarde son attention sur l'interminable décor qui s'offre soudain à eux.
D'ici, ils peuvent observer le champ dans sa totalité, discerner le chemin qui les a menés jusqu'ici, et contempler toute l'architecture du château royal un peu plus loin.
Bizarrement, tout cet environnement paraît moins grand à Katsuki, maintenant qu'il l'épie de son perchoir.
L'horizon paraît à la fois si large et si insignifiant, semblant se composer uniquement d'une interminable rangée de minuscules billes de couleurs.
Et eux, presque à la cime de cet arbre, deviennent immenses, comme capables d'écraser des kilomètres de terres du plat de la main.
_ Quand je viens ici, ça me rappelle que mon père n'est qu'un minuscule individu au milieu de milliers d'autres individus. Ça ne le rend pas moins monstrueux, mais ça me rassure de penser qu'il finira bien par mourir comme n'importe qui d'autre, et par disparaitre de l'histoire de ce monde trop grand pour nous.
_ C'est une façon de voir les choses .. souffle doucement Katsuki. Mais la mort de votre père signifiera que le temps est venu pour vous de prendre ce trône que vous ne voulez pas.
_ Évidemment .. je suis maudit par cette couronne quoi qu'il advienne .. Mais, même si je sais que je devrais en avoir honte, rien ne pourra me rendre plus heureux que l'image de son cadavre entre quatre planches.
Pensif, Katsuki scrute encore un instant l'horizon qui se donne à lui, prenant le temps d'assimiler les propos du prince.
Naturellement, il n'a jamais eu la naïveté de penser que le roi puisse être un père affectueux, couvrant son enfant d'amour et de partage, à l'image de certains parents bourgeois.
Ceci dit, il n'envisageait pas non plus sa relation avec son fils uniquement nourrit de haine et de rancœur.
_ Vos propos me paraissent .. inappropriés. tente t-il d'expliquer sans trouver le mot juste pour s'exprimer. Aucun enfant ne devrait souhaiter la mort de son père. Il vous a donné la vie et, vous en conviendrez, une vie privilégiée.
Sur sa branche, Izuku s'avachit légèrement, appuyant le haut de son dos contre le tronc.
Détournant le regard, il semble observer, en contre bas, les frêles mouvements de l'herbe sèche secouée par le vent.
_ Les privilèges dont vous parlez sont matériels .. Évidemment que j'ai grandi dans le confort et l'abondance. Mais je crois que vous confondez la richesse et le bonheur. Vous savez Katsuki, poursuit-il sans cesser de fixer le paysage, ma mère m'a donné la vie. Elle m'a porté, bercé, rassuré. Elle m'a nourri, et j'ai reçu d'elle plus d'amour qu'il n'est possible d'en recevoir. Je souhaite sincèrement à tous les enfants de ce monde de posséder une mère aussi douce et aimante que l'était la mienne.
Puis, en marquant une courte pause pour se redresser, son regard se perd cette fois dans le vide.
_ Mon père, lui, ne m'a rien confié d'autre que ses projets. Jamais mon père n'a séché mes larmes, soigné mes blessures d'enfant. Mon père ne m'a pas désiré pour la joie et l'accomplissement d'avoir un enfant qu'on chérit, à qui on transmet de belles valeurs et qu'on regarde grandir et s'épanouir avec le coeur battant. Pour lui, je n'ai été conçu et élevé que dans l'objectif de poursuivre ses projets et ses vœux après sa mort. Comme un outil que l'on façonne à sa guise pour qu'il fasse ce qu'on attend de lui. C'est ce que je suis à ses yeux, tout de moins ce que je devais être.
_ Ne croyez-vous pas simplement que nous sommes tous amenés à suivre notre destinée ?
_ Destinée est le mot le plus absurde que je connaisse. grimace le prince en grinçant des dents. La destinée, ça ne veut rien dire. Ce n'est qu'une invention des hommes comme mon père, qui leur sert à justifier leurs actes et leurs attentes, pour vous convaincre que c'est Dieu qui vous a donné ce chemin, cette vie. Mais ce n'est pas Dieu qui m'empêche de fuir ce royaume, ou de refuser le trône. Ce n'est pas Dieu non plus qui oblige des hommes à s'entretuer et qui force des familles à mourir de faim. Votre roi adoré a orienté vos existences à son avantage uniquement, pour en obtenir ce qu'il souhaite, et ça n'a rien à voir avec une quelconque notion de destinée.
Puis, pour imager ses propos, il tourne enfin son regard vers Katsuki, plantant ses yeux dans les siens, avant d'ajouter :
_ Si mon père s'était levé un matin en décidant que le meilleur moyen de rester riche et puissant était de placer des troupes entières de bouffons à côté de chaque arbre, vous seriez en train de gesticuler dans ce champs, avec un costume vert et rouge, une fraise autour du cou et des pantoufles à grelots.
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Hey !!
Comment allez vous ?
Je suis contente de poster ce chapitre, j'ai bossé dessus pendant plusieurs jours, parce que les dialogues étaient assez difficiles à gérer, enfin selon moi.
Je les voulais assez serieux et percutants, mais sans qu'ils en deviennent lourds et indigestes.
J'espère que je m'en suis pas trop mal sorti, et que l'ensemble vous a plu !
Je vais essayer de poster le prochain chapitre le plus rapidement possible !
En attendant, plein de bisous 😘
Prenez soin de vous ❤️ 🦩
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Psst
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Voyons voir qui lit jusqu'au bout du bout.
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