Huit ✓
Allison avançait, la tête baissée. La chaleur qui l'entourait était insupportable. Cela faisait maintenant plusieurs heures qu'ils avaient quitté Utopia et le grand dôme n'était presque plus visible derrière eux, mais rien ne montrait que devant, il existait un monde favorable à leur survie.
Sa combinaison depuis longtemps enlevée, Allison avançait en sous-vêtements dans ce désert. Le sable à perte de vue la rendait folle. Son seul espoir résidait dans les collines qu'elle voyait loin devant elle ; Il y avait peut-être autre chose derrière.
À mi-chemin entre le sol et le sommet de la colline, elle s'arrêta et posa son sac à dos.
- Stop. Je suis fatiguée.
Klaus la regarda avec des yeux ronds, effaré à l'idée qu'une personne ayant travaillé pendant plusieurs années dans des conditions atroces et durant de longues heures puisse être épuisée après à peine trois heures de marche.
Il posa son sac au sol, l'ouvrit et en sortit une gourde en métal qu'il lui tendit avec un sourire. Elle l'accepta sans dire un mot et but goulûment quelques gorgées avant de lui rendre.
- On devrait encore marcher un peu, Ally. Au moins pour trouver un meilleur endroit où dormir.
Allison hocha la tête. Elle se releva en attrapant la main que lui tendait Klaus et regarda sa petite sœur d'un air déterminé.
- On va gravir cette colline, c'est moi qui te le dit !
Klaus sourit devant l'assurance de son amie et reprit sa marche. Le sable chaud s'infiltrait dans ses chaussures au rythme de ses pas. Après quelques minutes, n'y tenant plus, il retira ses baskets et les déposa doucement dans son sac, profitant de la douce sensation du sable chatouillant ses orteils. Il accéléra pour rejoindre les deux filles qui avaient pris de l'avance, et retrouva un rythme de marche, débarrassé de ces poids qui le gênaient.
Un peu en retrait, Mia avançait difficilement. Elle voulait se montrer forte, mais à dix ans, la petite fille n'avait pas autant de muscles que sa sœur et elle n'avait jamais fait l'expérience des longues marches. Même si elle ne portait pas de sac à dos, elle ressentait bien la chaleur et savait qu'elle ne tiendrait pas éternellement.
Les trois jeunes gens priaient tous intérieurement pour que cette ascension se termine vite et que la solution à tous leurs problèmes se trouve juste derrière.
Allison arriva en haut la première. Ses yeux verts se posèrent sur le décor qui lui faisait face, et soudain, elle ne pu plus prononcer le moindre mot. Klaus arriva à ses côtés au moment où des larmes commençaient à se former aux coins de ses yeux.
- Mon dieu. C'est... Commença Klaus.
Il ne finit pas sa phrase. Le spectacle qui se déroulait devant ses yeux était ce dont il avait toujours rêvé.
Le lieu était paradisiaque. Les palmiers jaunis par le soleil offraient l'ombre de leurs feuilles, le grand lac d'eau pur prenait la couleur de la végétation, les buissons poussaient ça et là, et Allison distinguait parfois des morceaux de roche éparpillés.
- Une oasis. C'est une oasis.
Encore pétrifiés par leur découverte, Allison et Klaus n'osaient pas faire le moindre mouvement, tandis que Mia, épuisée, arrivait lentement derrière eux. Elle se faufila discrètement entre les deux adolescents, et vit à son tour l'oasis qui se tenait devant eux.
Son temps de réflexion fut moins long que celui de Klaus et Allison, et elle se jeta en avant.
Ses pieds touchèrent le sol et elle se surprit à rouler pour pouvoir atteindre le bas de la pente le plus rapidement. Lorsqu'elle arriva devant la végétation luxuriante, elle commença à retirer ses chaussures, puis ses chaussettes et son short, avant de courir et de plonger dans le lac.
La sensation de l'eau glissant sur sa peau était la meilleure qu'elle ai jamais ressentie. Elle profitai enfin d'un instant de fraîcheur et de bonheur. Elle agitait doucement ses doigts à la surface de l'eau, faisant courir les gouttes sur sa peau. Un peu craintive, elle évitait de décoller ses orteils du sol, n'ayant jamais appris à nager. Son t-shirt lui collait à la peau et elle regrettait de ne pouvoir l'enlever, étant donné que Klaus allait arriver d'une seconde à l'autre.
Allison l'avait suivie de près. Elle posa son sac et plongea dans l'eau sombre. Plus téméraire que sa soeur, elle avança vite là où il y avait de la profondeur, agitant ses jambes dans l'eau afin de se maintenir à la surface.
Elle vit sa petite sœur qui se débattait avec son t-shirt qui semblait la gêner, et se promit qu'elle lui fabriquerai un vêtement approprié en temps voulu, puisqu'elle même, en sous vêtements, se trouvait comme un poisson dans l'eau.
Elle écarta les bras et les jambes, le visage vers le ciel, agitant doucement ses chevilles et ses poignets pour éviter de se noyer, quand soudain, un grand bruit la tira de ses pensées.
Une déferlante d'eau lui arriva en pleine figure, et elle se releva, la bouche grand ouverte, pour cherche l'origine de cette attaque. Alors qu'elle regardait droit devant elle, Klaus émergea de l'eau, rabattant d'un geste de la tête ses cheveux en arrière, et éclatant d'un rire fort en voyant la tête de sa meilleure amie.
Allison ferma les yeux, adoptant une attitude plus sérieuse, et elle s'approcha de lui.
- Klaus... Murmura-t-elle.
L'intéressé se tourna vers elle et son visage fut percuté par une violente vague créée par la jeune fille.
- Vengeance, déclara-t-elle dans un clin d'oeil, un sourire machiavélique sur le visage.
Klaus la regarda partir, estomaqué. Allison sortit de l'eau, essora ses cheveux courts qui avaient pris une teinte brunâtre avec l'eau, et s'approcha de son sac. Elle l'ouvrit en grand, en sortit tout un tas d'affaire, avant de trouver ce qu'elle cherchait.
Elle revint avec une grande serviette grise dans laquelle elle s'enroula. Elle observa alors Klaus sortir de l'eau, les abdominaux contractés alors qu'il s'approchait d'elle. Elle voyait bien qu'il était maigre et montrait encore des signes de fatigue, mais elle devait se rendre à l'évidence : en sous-vêtements, les cheveux mouillés et criblé de gouttes d'eau sur sa peau naturellement bronzée, Klaus était magnifique.
Il s'arrêta devant elle, le regard fuyant, et tendit la main, espérant recevoir quelque chose. Elle hocha la tête et lui tendit la serviette, reportant son regard vers Mia qui sortait à son tour.
- Je suppose qu'on va rester ici pour cette nuit ? Lança Klaus en donnant la serviette à Mia.
- Tu suppose bien, répondit Allison. Je ne me vois pas quitter cet endroit.
- Il faudra peut-être le faire, quand même...
Allison lui lança un regard inquiet.
- Tu veux toujours retrouver Tommen ?
- Toujours, oui, souffla Klaus. C'est mon ami, et je pense qu'il a survécu ici.
Allison hocha la tête. Elle recula et attrapa le sac. Elle en sortit tout un tas de tissus et ce qui s'apparentait à des oreillers.
- Première tâche, aménager cet endroit pour qu'on puisse y vivre.
Elle se retourna et fixa Klaus, qui était toujours en caleçon au bord de l'eau.
- Rectification. Première tâche, mettre des vêtements, annonça-t-elle en lui lançant ce qui s'apparentait à un short de bain à la figure.
***
- Visiblement, je sais faire partir un feu, annonça Klaus en observant son œuvre.
- On peut dire que je suis fière de toi, répondit Allison en s'appuyant sur l'épaule du jeune homme.
- Vraiment ? Ça me va droit au cœur, lança l'adolescent dans un demi sarcasme.
Allison leva les yeux au ciel et s'en alla vers les buissons un peu plus loin.
- Je vais voir ce que je peux trouver.
- Ne t'en vas pas trop loin, hein ?
Elle n'écouta pas son avertissement et s'enfonça dans les broussailles.
Soudain, elle vit un grand arbre se dresser devant elle.
- Est-ce que c'est...
Elle ne finit pas sa phrase car déjà, elle commençait à escalader les branches de l'arbre pour atteindre les fruits. Elle en récupéra une dizaine qu'elle glissa dans la poche de son sweatshirt avant de redescendre et de se diriger à nouveau vers le campement.
- Des figues ! Hurla-t-elle. J'ai trouvé des figues !
Elle s'arrêta net, observant la scène devant elle. Klaus et Mia se tenaient face à face, le visage tourné vers elle. Mia avait les larmes aux yeux et Klaus tenait dans sa main droite... Un corbeau. Mort.
- Klaus...
- Comme je m'ennuyais, j'ai fabriqué un arc et des flèches, et j'ai attrapé ce corbeau. Mais Mia me traite de vandale... Se justifia le grand brun.
Allison soupira. Elle déposa les figues à côté des lits de fortune qu'ils avaient installés et lança à Klaus :
- Déplume le et mets le à cuire... J'espère que ça a le goût de poulet. Mia, tu veux une figue ?
La petite fille acquiesça en reniflant et croqua à pleines dents dans le fruit juteux.
- Le soleil est en train, de se coucher, il va falloir que vous vous couvrez. J'ai lu quelque part que dans un désert les nuits sont fraîches...
- On s'en occupe, Ally. Ce n'est pas un petit froid qui va avoir raison de nous après tout ce qu'on a traversé, répondit Klaus avec un sourire bienveillant.
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