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Il regarde autour de lui. Le château est bien différent de celui où il a vécu. Ici tout est argent et marbre blanc. Les gardes le traîne jusqu'à une grande salle, il tente de rester digne mais son sang poisseux tâche ses mains, son armure, ce sol si clair. La salle est belle, lumineuse, de grandes fenêtres laissent passer la lumière du soleil. Il lève la tête, et de magnifiques peintures ornent le plafond. Les soldats s'arrêtent, baissent la tête, Kaizar tombe à terre, lâché par les Drakar. Il regarde en face de lui : Ades est assit sur son trône. Il se fige. Le roi l'analyse. Les deux hommes se font face avec une curiosité presque enfantine. Ades se lève, impérieux, et s'approche de lui.
- C'est donc toi le prince héritier...
Il fait crisser son épée, les Drakar lèvent la tête. Le jeune homme sourit malicieusement.
- C'est donc vous le roi des Drakonis.
L'homme en question rit. Le prince maudit se met debout, à sa hauteur.
- Pour ce qui est de ta mère, je ne la connais point, mais tu es en tout point l'œuvre de ton père.
- Il est vrai que je suis plutôt beau.
- Et pourri de l'intérieur, jeune Sunry.
- Seriez-vous roi et médecin ? Vous êtes si savant de mon anatomie, avez-vous pensé à sonder mon âme aussi ?
- Je connais ton cœur, ignorant.
- Que dit-il ? Je suis curieux de savoir car voyez-vous, moi-même je ne le connais point.
Ades le regarde dans les yeux.
- Tu haïs ton père car tu le penses maudit, mais regarde toi, jeune et fière devant moi, tu es son fidèle portrait.
Les sourcils de l'héritier se fronce.
- Que connaissez vous de moi ? Vous vous clamez roi et invincible mais l'êtes vous réellement ? Etiez-vous aussi fort à la mort de votre épouse ? L'avez-vous au moins aimé ?
- Ne parle pas de choses que tu ignores.
- Vous me jugez car je suis le fils de l'homme que vous haïssez, mais qu'en est-il de vous ? Si je suis pourri étant si jeune, vous n'êtes qu'un cadavre. Vous êtes froid, vous êtes pauvre de passion. Je préfère être un Sunry, maudit que je suis, que d'être vous, vous deux, pauvres rois, pauvres fous qui tuent des innocents dans vos querelles lointaines. Je suis un homme, je suis un pion, et vous êtes des enfants.
Ades Drakonis se fige. Les gardes dégainent leurs épées, l'atmosphère se tend.
- Tu as sa fougue.
- Vous êtes bien à plaindre, Ades. Vous ne vivez donc pas dans notre présent, vous êtes un fantôme prisonnier du passé. Je ne suis pas mon père, je ne le serais jamais. Je ne m'adresse pas à un roi, mais à un homme ; cessez la guerre. Il n'y a aucune gloire à avoir des terres en faisant couler le sang.
- Tu te crois roi n'est-ce pas ? Tu n'es qu'un prince encore, et pour devenir un chef, un alfa, tu te dois de faire des choix pour ta meute. Cette guerre ne cessera jamais Kaizar, parce que l'homme veut dominer, et tant qu'il voudra cela la paix ne serait pas éternelle. Si j'arrête de combattre ton très cher père voudra mon royaume, mon peuple. Je ne laisserai pas mes hommes se faire dominer.
- Alors votre choix est de tuer. Où est la justice dans tout cela ? Où est votre humanité ?
- Tu apprendras que chaque roi, chaque reine est un dieux de ce monde, et que ces dieux capricieux ne sont rien d'autres que des humains bénis par certains, haï par d'autres. Pauvre enfant, l'humain ne possède plus son humanité. La justice est un concept inventé par l'homme pour taire les foules, éviter des rebellions.
- Je préfère la mort que de devenir ce que vous êtes tous devenu.
Le roi sourit, presque cruel.
- Je le sais, c'est pour ça que je vais te laisser vivant.
Elle porte une armure d'homme et sa tresse vole dans son dos à chaque coups de fer. Elle est habile, mais le poids de l'armure la ralentit. Il sourit. Elle est fougueuse. Elle se baisse, évite son épée, et se relève prête à lui asséner le coup fatal. Son épée brille au soleil, il lui attrape le bras, son arme tombe au sol, il la coince contre son épaule, lame sous la gorge. Il hausse un sourcil, elle se dégage brutalement, vaincue.
- Tu fais des progrès, dit-il.
Elle ramasse son épée.
- Encore.
Il croise le bras.
- Non, Roxanne.
Elle fait une moue boudeuse.
- Alexei, je t'en prie, j'ai besoin d'apprendre encore et encore. J'ai besoin d'être un guerrier, tout comme toi.
- Tu es trop jeune.
Elle croise ses bras à son tour.
- Tu es allé faire la guerre à quinze ans, j'en ai dix-sept.
- Ce n'est pas la même chose.
- Tu dis cela parce que je suis une fille.
Il lui sourit, et lève son menton de ses doigts.
- Je dis cela parce que toi, tu es une princesse, et qu'il est hors de question que je t'apprennes à tuer comme un animal.
- Tuer si froidement t'as rendu beaucoup plus fort, je veux ta force, je veux ton esprit, je veux me battre comme un homme.
- Belle enfant, un homme n'en plus un, si il perd toute son humanité.
- L'as-tu perdue ?
Il lui caresse le haut du crâne.
- Je commence tout juste à apprendre à en avoir.
- Avoir de l'humanité est-il une chose de bon pour être soldat ?
- Non, l'humanité n'est pas utile si on est soldat.
Elle le regarde curieuse.
- A quoi l'humanité sert-elle ?
Il rit.
- A être un chef, trésor
Il hurle. Il hurle de douleur. Ses cris résonnent dans les dédales de la forteresse blanche. Ses poignets sont attachés par des chaînes en fer, qui le maintienne debout. Si il tombe, si il pose un genoux, ses bras se casseront. Le poids de son corps contre celui de ses bras est trop fort. Il doit rester debout. Il n'a donc aucun répit. Les tortures se font de plus en plus terribles. Il ne peut même pas dormir. Il a tenté de se suicider mais Ades est fin, il le laisse à la porte de la mort mais le maintient en vie, pour qu'il soit l'unique spectateur de ce repos éternel, qu'il ne peut toucher.
Le roi l'observe presque qu'avec pitié.
- Tu penses que c'est moi le dieu de la mort, n'est-ce pas ? Parce que je me prénomme Ades et que mon royaume est aussi froid que mon cœur.
Kaizar ne répond pas, épuisé.
- Tu te trompes. Les enfers sont un endroit chaud, presque chaleureux par apparences. Je suis pas Hades et pourtant il est vrai que je fus épris de Perséphone, et tout comme lui, je fus le premier à la voler du soleil. Mais tu comprends, j'avais besoin d'elle dans mon royaume. J'avais besoin de sa lumière.
Il perd son regard dans le vide.
- Elle était si belle. Elle était si brave. Je l'ai toujours aimé, comment faire autrement ? Toi, tu es jeune. Tu ne sais pas ce que c'est d'aimer. Toi qui est prince d'un royaume, pion d'une guerre tu ignores tout du commencement.
Il perd connaissance.
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