Chapitre 4
J'en ai vu des choses bizarres dans ma vie. Mais rien ne peut ne serait-ce qu'approcher les curiosités stockées dans ce manoir. Au moins, si les flics cherchent un jour un tueur en série collectionnant les yeux humains, je pourrais les pointer dans la bonne direction sans problème ! Et... est-ce que c'est une langue qui baigne dans le liquide visqueux et d'un jaune légèrement opaque sur ma droite ? Tu m'étonnes que tous mes petits camarades de chez SAP ont pris leurs jambes à leur cou !
Je dois avoir un grain. Parce que je n'ai pas pris autant mon pied depuis des mois. Des années même ! Chaque bocal, chaque objet, enflamme mon imagination et m'inspire de nouveaux croquis. Si j'ai un jour l'opportunité de rouvrir un salon de tatouages, ils feront un tabac.
Une légère pellicule de sueur couvre mon front. Avant la crise, une activité physique si minime n'aurait même pas fait frémir le moindre de mes muscles à la limite du bodybuilding. Mais maintenant, c'est une autre histoire : je vais très certainement en chier demain ne serait que pour poser mon derche sur la cuvette des toilettes.
Des coups répétés me parviennent à intervalle régulier de la pièce où a disparu Ravencroft. Comme s'il était en train d'abattre l'intégralité des murs de cette baraque pendant qu'on se trouve encore à l'intérieur. Vu l'énergumène, ça ne m'étonnerait qu'à moitié que ce soit exactement ce qu'il se passe. Ma vessie implore ma miséricorde depuis déjà plus d'une heure. Je pensais pouvoir me retenir jusqu'à 16h30, heure de la fin de mon service, mais la boisson énergisante que j'ai ingurgitée à 15 heures pour donner le petit coup de fouet nécessaire à mon corps vanné lui a donné le coup de grâce.
Je jette un œil par la fenêtre. Il tombe des trombes d'eau depuis le début d'après-midi. Ça risque d'être difficile de faire pleurer le colosse contre un arbre dans ces conditions. J'ôte mes gants en caoutchouc et les pose sur ma boîte, essuie mon front à l'aide d'un chiffon propre, et tourne la tête vers le martèlement qui vient tout juste de reprendre.
Quand je passe le seuil de la salle où a disparu mon client, l'air est saturé d'une substance blanchâtre. La poussière immaculée se dépose partout alentour, sur les meubles, sur les livres qui s'alignent dans les immenses bibliothèques qui habillent la majeure partie des murs de la salle, et...
— La vache !
À ma gauche, une toile qui ne peut qu'être un Monet s'expose dans toute sa gloire. Je m'approche pour l'observer. Si c'est une reproduction, le travail est impressionnant de réalisme. Mais c'est forcément une reproduction. Qui aurait les moyens, de nos jours, de s'offrir un tel tableau ? Je parcours chaque œuvre, toutes supposément peintes par des maîtres de leur époque. Toute la merde que j'ai passé l'après-midi à pelleter dans l'autre pièce, toutes mes courbatures s'estompent : je viens d'atterrir dans mon Disneyland personnel. Lorsque j'arrive à l'extrémité de la galerie, tout l'air quitte mes poumons. Ma gorge se serre, et je sens mes genoux trembler d'émotion.
— Putain de merde.
Un Siam. J'aurais pu reconnaître la patte de cette peintre moderne entre mille. Ses œuvres ont marquées mon adolescence comme nulle autre chose. Je m'étais identifié dans la détresse exprimée par ses personnages. J'avais l'impression de la comprendre, et qu'elle me comprenait. Ses univers sombres et torturés fascinaient tant que le prix de ses toiles avait explosé en l'espace d'une décennie. Et le fait que personne ne connaisse sa véritable identité concourrait sans aucun doute à sa popularité. Nous avions eu des débats endiablés, avec mes potes tatoueurs, tous admiratifs de son talent, pour déterminer son sexe. Mais maintenant que je peux voir la finesse du trait, la richesse des détails, et la sensibilité qui se dégage de l'expression de l'unique personnage qui orne le milieu de la toile, recroquevillé en position fœtale, je n'ai plus aucun doute. Ces crétins s'étaient complètement plantés : il ne peut s'agir que d'une femme.
— Un artiste exagérément surcoté, si vous voulez mon avis, racle la voix polaire de Ravencroft dans mon dos.
Je me retourne. Il a recouvert son costume d'une espèce de blouse de scientifique, et des lunettes de protection couronnent son front. Il est tapissé de particules de plâtre de la tête à la pointe de ses oxfords plus vraiment cirées.
Je me retiens de lui rétorquer que si c'est pour dire de la merde, il peut bien se foutre son avis là où je pense. Autrement dit, dans son postérieur qui a l'air plus serré encore que son putain de col hirondelle.
— Pourquoi exposer l'une de ses toiles, si vous l'estimez si peu ?
Putain. Je m'étonne moi-même de mon self contrôle. Il est bien loin le temps où, avant d'écoper de Lucky, tout le monde m'appelait Crazy Ethy !
La colonne vertébrale de Ravencroft se tend. Du plâtre dégringole de ses boucles brunes. Ses yeux froids me transpercent. C'est seulement à ce moment-là que je me rends compte qu'il tient une masse dans sa main, et qu'il semble être à deux doigts de l'abattre sur la pauvre toile de peinture qui n'a rien demandé. Il hausse une épaule pointue.
— C'est rare, cher, et donc inestimable, se contente-t-il d'expliquer.
Je reste là à le fixer, incrédule.
— C'est ce que je fais, collectionner les choses rares, ajoute-t-il comme si ça pouvait justifier toutes les conneries qui viennent de sortir de sa bouche parfaite.
Le mec n'a l'air d'avoir aucune notion de ce que peut bien représenter ce tableau, cette artiste, pour moi. En une fraction de seconde, Crazy Ethy fait son entrée. Mon cœur bat plus fort dans ma poitrine, et je sens la colère sur le point de m'étouffer. Je me débats avec la manche de ma combinaison pour tenter d'en ôter le bouton d'une main, puis je la retrousse sur mon avant-bras recouvert de tatouages. Ravencroft hausse un sourcil.
— Sacrebleu, on en est donc au moment où vous allez ôter vos vêtements avant de me gratifier d'une petite danse ? Je savais bien qu'il y avait anguille sous roche avec cette tenue.
Je relève la tête. Il se fout de ma gueule ? Difficile à dire avec son visage aussi vivant que celui des stars mono expressives des séries pour ado dont se gave Théo en permanence. Je suis sur le point de lui faire démonstration d'un tout autre type de danse, impliquant Bonny et Clyde, mes deux fidèles poings, lorsque le bruit du heurtoir retentit.
— Phil ? nous parvient une voix féminine. Phil ? Viens m'ouvrir, s'il te plaît, j'ai les bras chargés.
Les yeux de Ravencroft descendent sur mes avant-bras exposés où j'ai fait reproduire « l'enfant », le tableau de Siam le plus réputé. Celui qui a trouvé la plus forte résonance en moi. Pas un muscle de son visage ne cille lorsqu'il se rend fatalement compte qu'il a insulté mon artiste préférée. Ses pupilles accrochent de nouveau les miennes.
— Il faut croire que tous les goûts sont dans la nature, soupire-t-il avant de se diriger vers le vestibule sans plus de considération pour mon égo blessé.
Mais quel connard suffisant !
Un bruit de porte, puis d'embrassades.
— Ariette, je t'ai déjà dit que je déteste ça, grince la voix de Ravencroft suite à un smack particulièrement bruyant.
Je peux presque le voir par la pensée, en train d'essuyer frénétiquement toute trace de salive qui subsisterait sur sa joue aux pommettes saillantes. Franchement, je ne sais pas qui est cette nana, mais elle a déjà toute ma considération pour être allée fourrer ses lèvres sur une peau présentant un mélange infâme d'hémoglobine et de plâtre. Et pour parvenir à supporter cet exaspérant petit enfoiré.
La petite femme brune qui pénètre dans la pièce les bras chargés de paquets de courses ne pourrait pas être plus différente de mon hôte. Quand ses yeux se posent sur moi, une fois la première surprise passée, c'est une véritable chaleur qui se dégagent de ses iris marron tirant sur le noir. Ses lèvres pleines s'ouvrent sur un sourire tout aussi avenant. Elle est aussi petite que lui est grand, et aussi ronde qu'il est fin. Pourtant, quelque chose dans leur langage corporel et dans la forme de leur nez m'indique qu'ils doivent avoir un lien de parenté. Ce que me confirme immédiatement la nouvelle arrivante :
— Oh, excusez-moi, je pensais que Phil était seul. Je suis Ariette, sa sœur.
Elle replie une jambe, et pose les sacs en équilibre précaire sur sa cuisse large avant de me tendre la main.
— Ethan Thorpe, je réponds tout en la serrant.
Son regard parcourt rapidement mon avant-bras toujours découvert, mais, contrairement à la plupart des personnes qui prennent souvent peur en découvrant l'art dont est encré mon corps, c'est une lueur de vif intérêt qui illumine l'ambre de ses yeux.
— Vous êtes l'employé envoyé par SAP ? s'enquit-elle en tentant de reprendre ses victuailles dans ses bras.
Je me précipite vers elle, et la déleste d'un des sacs tout en lançant un regard de reproche à son frère qui nous observe tranquillement, les mains dans les poches.
— J'ai commencé ce matin. Laissez-moi vous aider.
Son sourire se fait d'autant plus appréciateur.
— Un gentleman en plus de ça !
Elle tourne la tête vers son frère.
— J'espère que tu es sympa avec lui, et que tu ne fais pas tout pour le faire fuir comme avec tous les autres.
Le sourire sans vie de Ravencroft s'étire.
— Voyons, Ari, tu me connais, je suis la gentillesse incarnée.
Elle lève les yeux au ciel.
— Mouais, c'est ça, et moi je suis la Reine d'Angleterre.
Elle reporte son attention sur moi tout en se dirigeant vers le couloir en me faisant signe de la suivre.
— Il ne vous a pas fait le coup du clown zombie, quand même ?
Nous pénétrons dans une immense cuisine. À ma plus grande surprise, si les autres pièces sont dans un état de saleté repoussant, celle-ci est immaculée de propreté. Pas une assiette ne traîne dans l'évier. Pas un emballage ni même une trace de tartre ou de gras. Le plan de travail en marbre étincelle sous le lustre de cristal qui orne le plafond.
Nous déposons les victuailles sur l'îlot central. Je laisse échapper un petit rire.
— Je n'ai pas eu cette chance, non. J'ai eu droit au couteau de boucher, pour ma part.
Ariette se saisit d'un poireau qui dépassait du sac le plus proche et assène un petit coup de légume sur la tête de son frère.
— Tu es incorrigible !
Il s'empare de l'arme improvisée, et sourit enfin réellement. Ses yeux bleus s'illuminent et je remarque pour la première fois que ce mec pourrait aisément faire la une des magazines de mode, moyennant 2 ou 3 semaines de sommeil en plus : il a une vraie gueule d'ange quand il ne tire pas une tronche de 3 kilomètres de long.
— Ces gens devraient me remercier. S'ils ne sont pas capables de résister à mes petites blagues, comment veux-tu qu'ils survivent à toutes les horreurs stockées depuis des siècles par les précédents propriétaires ? Sans parler des fantômes.
Il a prononcé ces derniers mots en m'observant, comme pour jauger ma réaction. S'il croit m'avoir comme ça ! De l'eau a coulé sous ce satané pont depuis l'époque où je tremblais au moindre petit son et où l'évocation de cette île suffisait à nous coller des frissons avec mes potes. Je ne crois plus à toutes ces conneries de revenants. Et il pourra bien inventer toutes les « blagues » qu'il veut, je ne renoncerais pas à ce job. Pas avant d'avoir trouvé un autre plan en tout cas.
Ariette pousse un profond soupire, et se hisse sur la pointe des pieds pour ébouriffer les boucles brunes de Ravencroft. Il fait mine de s'écarter et de vouloir éviter le mouvement. Pourtant, ses yeux rient de plus belle quand elle y parvient enfin.
— Ne vous fiez pas à ses abords taciturnes, me lance-t-elle. Phil est un gars en or. Il faut juste savoir sortir le burin pour déloger toute la couche de glace qu'il s'emploie à tartiner par-dessus en permanence.
Je force un sourire sur mes lèvres. Jusqu'ici je n'ai pas vu l'ombre d'une paillette d'or. Une montagne de conneries et une putain de grosse tête, ça oui, par contre.
Ma vessie se rappelle à moi, et je me souviens soudain que je n'ai rien à faire au beau milieu de leurs petites affaires familiales et que les pièces ne vont pas se récurer toutes seules.
— Excusez-moi, est-ce vous pouvez m'indiquer les toilettes ? demandé-je tout en sortant les courses du sac pour les tendre à Ariette qui les range consciencieusement.
Elle fronce les sourcils.
— Non mais, tu ne lui as même pas fait faire le tour du propriétaire ? admoneste-t-elle son frère.
Celui-ci rougit légèrement. Il me désigne le couloir, et une porte sur la droite devant laquelle nous sommes passés précédemment.
— Les toilettes sont juste là.
Puis, en se tournant vers sa sœur, il chuchote :
— Je lui avais pourtant dit de me demander s'il avait besoin de quoi que ce soit d'autre.
Comme si ça excusait tout. Décidant de ne pas mettre de l'huile sur le feu, je les laisse pour me rendre au petit coin.
Comme dans tout le reste du manoir, il fait un froid glacial. Je n'ose même pas imaginer ce qui se serait passé si c'était une envie de chier qui m'avait saisie : cette satanée combi m'aurait obligé à me désaper intégralement et mes couilles se seraient recroquevillées à l'état embryonnaire.
Je fais descendre le zip et extrait mon membre de mon caleçon où il se trouvait bien au chaud. Une conversation étouffée me parvient.
— Tu as intérêt à faire des efforts pour que celui-ci ne parte pas en courant comme tous les autres, tempête Ariette.
Un soupir résigné.
— Je n'ai pas besoin de lui. Je t'ai déjà dit que je n'aime pas avoir des gens qui fouinent partout ici.
Je stoppe mon jet d'urine pour entendre la réponse d'Ariette.
— Il ne fouine pas. Il a l'air super sympa, en plus, ce Ethan.
— Sympa ? Ari, on dirait un repris de justice qui vient tout juste de sortir de prison.
Sérieusement ? C'est quoi ce cliché ? La seule mention sur mon casier judiciaire devait être cette fois où j'étais entré par infraction dans le collège pour aller jouer au basket avec mes potes.
— Arrête de raconter n'importe quoi. Tu as besoin d'aide pour tenir cette maison, Phil. Sinon tu sais très bien ce qu'il va se passer.
Un silence. Puis la voix de Ravencroft, plus glaciale que jamais :
— Je n'aime pas les gens. Tu le sais. Il va falloir que je me force à lui parler, que je trouve des choses à lui dire. Je ne suis pas doué pour ça.
Ne te force pas, mec. Moins tu ouvriras ton claque merde, mieux je me porterai.
Ariette se marre.
— Voyez-vous ça, le grand Philéas, du haut de son QI qui crève le plafond, serait incapable de trouver le moindre sujet de conversation ? Tu n'as qu'à lui demander comment s'est passé son séjour en prison, si je suis le cours de ta pensée. La réponse s'annonce fascinante !
Philéas maugrée quelque chose que je ne parviens pas à saisir.
— N'oublie pas que tu gardes Sophie, samedi. Et je ne veux rien entendre concernant votre deal. Tu as promis, Phil. Si tu la déçois, je t'arracherai les yeux pour les ajouter à ceux de ta collection. Et tu auras de la chance si je m'arrête aux yeux ! C'est bien clair ?
Je me rhabille, et sort des toilettes au moment où le frère et la sœur s'affrontent du regard. Ariette reporte son attention sur moi.
— Est-ce que SAP propose des prestations de préparation des repas ?
Je fourre mes mains dans mes poches et plisse le front pour tenter de me rappeler de la plaquette que Bruno m'a demandé de mémoriser avant de prendre mon poste. Ravencroft semble vouloir intervenir mais sa sœur pose un doigt impérieux sur ses lèvres. À ma grande surprise, il se laisse faire.
— Pas que je sache, non.
Sa bouche se pince et se tord vers la droite pendant qu'elle tapote sa joue de son index, en pleine réflexion.
— Vous savez cuisiner ? finit-elle par me demander.
Je hausse les épaules.
— Je me débrouille.
La cuisine avait toujours été ma passion depuis tout petit. Et, si je m'étais éloigné des fourneaux pendant la période la plus agitée de ma vie, devoir sustenter un ado difficile tous les soirs m'y avaient nécessairement ramené.
— Un petit « complément » au black, ça vous dirait ?
Je repense aux paroles de Théo, ce matin, lorsqu'il évoquait le voyage en Écosse qu'il devait faire avec Nath et Yasmine. En grand fan d'Harry Potter, c'était son rêve ultime de se rendre là-bas, de pouvoir arpenter les mêmes rues que l'autrice de ces romans, de visiter les lieux qui l'ont inspiré. Peut-être qu'avec ce complément, je pourrais acheter des billets, et des places dans une auberge de jeunesse. Peut-être que je pourrais rallumer cette lumière qui s'est éteinte dans ses yeux.
— Avec plaisir. Dites-moi juste ce que vous voulez exactement que je fasse, et je serais à votre service.
Les yeux de Ravencroft roulent dans leurs orbites d'exaspération.
— Et à quel moment j'ai mon mot à dire ? se plaint-il.
Sa sœur pose ses grands yeux sur lui.
— Tu me remercieras. J'en ai marre de te voir manger ces cochonneries lyophilisées à longueur de journée.
Ravencroft croise les bras sur sa poitrine, boudeur.
— Je les aime, moi, ces cochonneries.
Ariette serre doucement son biceps.
— Je suis certaine que tu aimeras encore plus les bons petits plats d'Ethan.
Elle lance un regard appréciateur à mon postérieur moulé dans ma combinaison trop petite.
— Et moi je pourrais profiter de la vue d'un superbe cuistot en tablier entrain de cuisiner lors de mes visites. Ça me changera d'un frangin taciturne.
Je ne sais pas qui de Ravencroft ou moi est le plus gêné par cette dernière remarque. Nous nous éclaircissons la gorge de concert, avant de nous gratifier d'un regard assassin comme pour accuser l'autre pour cette piètre imitation.
Ariette s'apprête à partir, quand elle se tourne vers moi.
— Je suis peut-être totalement à côté de la plaque, et si c'est le cas je m'en excuse, mais... vous ne seriez pas le frère de Théodore ?
Je ne parviens pas à masquer ma surprise.
— Vous connaissez Théo ? C'est mon neveu.
Elle réajuste la anse de son sac à main sur son épaule.
— Il est dans la même classe que ma fille.
Mes lèvres se tordent en une moue dubitative.
— Je ne vous ai jamais vue lors des réunions avec les professeurs.
Ravencroft émet un nouveau son guttural avec sa gorge. Je lève les yeux vers lui. Les siens semblent vouloir me dire que je m'engage sur un sujet qu'il vaut mieux éviter. Je décide de suivre son conseil silencieux, mais déjà Ariette passe la porte de la cuisine.
— Je dois vraiment y aller. Mais nous pourrions parler de ça à l'occasion. Autour d'un verre. De parent d'élève à parent d'élève.
Son regard brûlant tombe sur mes lèvres.
Elle ne me laisse pas le temps de répondre, et part en claquant la porte de la villa, laissant dans son sillage un parfum de lilas. Lorsque je reporte mon attention sur Ravencroft, il a toujours les bras croisés sur sa poitrine, mais une expression amusée barre son visage.
— Vous n'avez aucune idée de la panade dans laquelle vous venez de vous fourrer. Bonne chance.
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