Chapitre V

Maison de campagne, Duskwood – en plein milieu de la nuit

Je ne savais pas la raison pour laquelle je m'étais réveillée, mais ça faisait maintenant de longues minutes que j'essayai de me rendormir, en vain. La tête en vrac, je décidai de me lever puis de me poster à ma fenêtre pour prendre l'air quelques minutes. Heureusement, la lune était haut dans le ciel et illuminait grandement la forêt. Grâce à elle, je pouvais laisser mon regard se perdre sur cette étendue verte presque noire. On entendait les chouettes, le vent sifflait à travers les arbres.

Un craquement attira mon attention sur la lisière de la forêt. J'étirai mon cou pour mieux voir. La lumière de la lune me permit de distinguer une silhouette vêtue de noir. Elle se tenait là, sans bouger, et me regardait. Étrangement, je n'avais pas peur. Je savais que l'homme sans visage ne pouvait plus nuire au groupe. Mon cœur rata un battement. Se pourrait-il... ? La silhouette et moi nous observions pendant de longues secondes. Jake ? JAKE !

Sans faire l'effort de m'habiller contre la fraîcheur de la nuit, je sortis en trombe et dévalai les escaliers pour me retrouver sur la terrasse en moins de dix secondes. L'air presque glacial semblait me couper les joues, mais je m'en fichais. Face à moi, le noir complet. Plus rien, ni personne. Mon cœur était prêt à se décrocher. Je déposai l'une de mes mains sur mon front puis me laissai tomber sur l'un des fauteuils, dépitée. Il me semblait devenir dingue. Si le souvenir de Jake me réveillait en pleine nuit et que mon esprit me jouait de mauvais tours, je ne sais pas comment j'allais pouvoir avancer.

La baie vitrée de la terrasse s'ouvrit derrière moi.

— Qu'est-ce que tu fais ici, Aleyna ?

— Oh, pardon si je t'ai réveillé Phil. J'ai cru voir quelque chose dans la forêt, mais j'ai dû halluciner.

Il s'approcha doucement de moi, un sourcil inquiet barrant son front. Il voulut dire quelque chose au sujet de toute cette histoire mais se ravisa. Un frisson me parcourut encore lorsqu'une légère bourrasque arriva.

L'homme face à moi m'observa trembler de froid dans mon shorty et mon petit débardeur.

— On devrait rentrer. Tu vas mourir de froid dans cette tenue.

J'acquiesça et le suivit à l'intérieur. Au moment de refermer la porte, je me permis un dernier regard en direction de la lisière où j'avais cru apercevoir quelque chose quelques minutes auparavant.

Dans la cuisine, Phil s'afférait à préparer ce qui semblait être des chocolats chauds. Seule la lumière sur pied du salon éclairait la pièce. Je m'installai sur le canapé et entourait un plaid autour de mes épaules pour me réchauffer. Heureusement, le poêle à bois central diffusait encore un peu de chaleur.

En ayant entendu du bruit, la porte de la chambre qui se trouvait à cet étage s'ouvrit et Dan en sortit difficilement. Il nous observa à tour de rôle, Phil et moi.

— Qu'est-ce qu'il se passe, ici ?

— Aucun de nous n'arrive à dormir cette nuit. En bon gentleman je me suis décidé à offrir un chocolat à la demoiselle. Mais si l'handicapé en veut un aussi, je peux en faire un troisième.

Dan s'apprêtait à riposter lorsqu'il fut coupé par mon rire. Les deux hommes me regardaient, surpris par ma réaction. Je manquais de sommeil, je venais d'halluciner au sujet de mon amour disparu. Bien sûr, mes nerfs étaient à vifs.

Sans un mot de plus, Dan roula jusqu'au canapé et s'installa à mes côtés. Quelques minutes après, Phil nous rejoints en déposant une tasse brûlante devant chacun de nous. Du coin de l'œil, je pouvais apercevoir le regard que Dan posait sur moi.

— Il te manque, pas vrai ?

— Certes ce qu'il a fait est vraiment mal, mais Richy ne méritait pas une telle fin.

Sa lourde main se posa sur mon épaule.

— Je ne parlais pas de lui, tu sais. Ton hackerman, il te manque, pas vrai ? C'est pour ça que tu n'arrives pas à dormir ?

À ces mots, ma gorge se serra et aucun son n'en sortit. Phil nous observait en silence. Je relevai mon regard humide de larmes prêtent à couler sur mon ami en fauteuil. Je levai ma tasse à mes lèvres et but une gorgée du liquide encore trop chaud. Il comprit le message et aucun de nous ne parla. Nous sommes restés ainsi à nous tenir compagnie en silence, le bruit du vent à l'extérieur étant le seul son arrivant à nos oreilles.

Au bout d'une demi-heure, ma tasse vide et mon envie de dormir revenue, je me levai doucement et me dirigeai vers les escaliers.

— À demain les garçons. Je suis contente de ne pas être restée seule chez moi.

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