Chapitre II

Dans le train – quelque part non loin de Duskwood

Ma tête contre la vitre ne cessait de tressauter. Je regardai le paysage défiler. Les bâtiments de la grande ville avaient doucement laissé leur place à une végétation plus dense, à une forêt... D'après la voix qui annonçait les arrêts à l'intérieur du train, il me restait plus ou moins une heure de route avant d'arriver à destination. À mes côtés j'avais installé tant bien que mal la grosse valise qui me servait à tous mes voyages. La veille, je l'avais remplie de vêtements en tous genres, de mon nécessaire de toilette, ainsi que de mon ordinateur portable.

Peu de trains desservaient la gare de Duskwood, aussi le seul billet que j'avais pu acheter ne prévoyait un départ que ce matin, soit deux jours après que mes amis m'aient invitée.

J'avais hâte de les retrouver. Hâte de connaître cette ville si mystérieuse, hâte de rencontrer pour la première fois toutes ces personnes qui étaient devenues si chères à mes yeux en un rien de temps. La conversation qui se déroulait sur le tchat de groupe m'amusait un peu. C'était la première fois que je me permettais un sourire depuis la disparition de Jake. J'espérais de tout cœur que Thomas et les autres seraient en mesure de m'aider à traverser cette période. Je les soupçonnais d'ailleurs de m'avoir invité chez eux pour cette raison. J'avais appris qu'ils avaient décidé de rester dans la grande maison que Richy leur avait louée pour que nous puissions rester tous ensemble et apprendre à mieux se connaître.

Lorsque le train s'arrêta en gare, je ne pus empêcher mes lèvres de s'étirer en un sourire excité. Je récupérai ma valise et me précipita à l'extérieur, submergée par le flot d'émotions qui m'étreignait. Il faisait grand soleil, pourtant un léger vent frais venait caresser et rafraîchir mes bras. J'entrai dans le hall de la gare et m'arrêtai un instant aux toilettes pour m'observer dans le miroir. Les cernes profonds qui décoraient mon visage fin étaient un bel indice sur le peu d'heures de sommeil dont j'avais profité ces trois deux derniers jours ; mes cheveux étaient emmêlés à cause du trajet, et mes yeux verts bordés de cils noirs semblaient avoir perdu leur petite étincelle de joie.

« Je suis arrivée à destination. L'un d'entre vous peut-il m'envoyer l'adresse de la maison pour que je puisse m'y rendre ? »

Il ne fallut que quelques secondes pour que la sonnerie de mon téléphone n'annonce un message entrant.

« Nous sommes tous à la gare. On t'attend. »

Je me sentis défaillir. Émue. Enfin, je n'allais plus être seule. J'allais pouvoir être là, avec eux pour m'épauler. Jake, il ne manque plus que toi.

Lorsque j'arrivai à l'extérieur, il ne me fallut pas longtemps pour les repérer. À vrai dire, c'était le seul groupe de cinq personnes au milieu d'une gare presque déserte. Une vague de stress me submergea lorsque je me rendis compte que j'allais devoir aller vers eux étant donné que personne n'avait vu mon visage jusque-là. Et si je les décevais ? Si je n'étais pas celle qu'ils attendaient ?

Doucement, je réajustai le col de ma veste en cuir puis m'avançai vers eux. La première personne à me voir fut Lilly. Je la vis dire quelque chose aux autres en me pointant du doigt et quatre paires d'yeux tombèrent soudainement sur moi. À une dizaine de mètres d'eux, je m'arrêtai, incapable de faire un pas de plus. Je fermai les yeux aussi fort que possible, tentant tant bien que mal de rappeler à l'intérieur de moi les larmes qui menaçaient de s'échapper. Alors que je luttais, deux bras s'enroulèrent autour de moi et des cheveux me chatouillèrent les narines.

— Aleyna, enfin ! Je suis si heureuse de te rencontrer.

Je reconnus rapidement la voix de Jessy. Malgré ma joie, il me fallut quelques secondes avant de l'enlacer à mon tour. Après ça, je les observais tous un par un. Cléo, les mains posées de part et d'autres du fauteuil roulant de Dan ; Lilly bras dessus bras dessous avec Thomas... Je fronçai doucement les sourcils en le regardant.

— Hannah est encore en observation à l'hôpital ?

— Oui. Les médecins ont souhaité la garder quelques nuits de plus pour s'assurer que tout va bien.

Je me contentai de hocher la tête et restait là, face à eux, n'osant plus bouger. Dan émit un petit rire en me voyant me balancer d'un pied à l'autre.

— Quel accueil ! J'espère que tu n'es pas trop déçue de voir que tout une classe verte est venue pour t'accueillir, miss.

Je ne pus m'empêcher de rire également, à la fois gênée et heureuse d'être avec eux. Aucun d'eux ne semblait vouloir s'arrêter de sourire, les yeux de Thomas brillaient de bonheur après avoir retrouvé sa petite-amie, Jessy ne semblait plus vouloir se décrocher de mon bras. Sans un mot, le hipster d'approcha de moi, récupéra sa valise et la déposa sur ses genoux.

— Allez en voiture tout le monde, il est temps de rentrer à la maison.

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