Chapitre 8: Terreur du passé


La jeune femme aux cheveux bleus se réveilla au bord d'un petit point d'eau, perdu entre les hauts bâtiments de ce qui semblait être une petite ville. En s'asseyant, elle remarqua un arbre à ses côtés et à sa gauche, un petit pont menant de l'autre côté du point d'eau, là où se trouvait une porte close. Il y avait également une boîte aux lettres d'un rouge terne. Mais ce qui interpella le plus Epon fut l'ambiance. Des sortes de minuscules points lumineux s'élevaient dans les airs, voletant légèrement. L'air, d'aspect reposant et féerique, était d'un bleu virant au vert. Rien à voir avec la caverne des araignées, là où Licaros avait tout...

Les pensées d'Epon se stoppèrent alors qu'elle se tournait sur sa droite.

Le jeune Darien était là, le visage dans l'herbe, les yeux clos. Mais le léger souffle qui s'échappait d'entre ses lèvres entrouvertes montrait qu'il était juste assoupi.

La demi-Zora ne su pas pourquoi mais cela la rassura. Elle se pencha vers lui, hésitant à lui poser une main sur l'épaule pour le réveiller.

_ Hé... Machin... C'est pas le moment de roupiller... Murmura-t-elle d'une petite voix.

Elle leva les yeux au ciel, l'ombre d'un sourire aux lèvres.

Puis elle la vit. Elle les vit.

_ Licaros, réveille toi. Dit-elle brusquement en s'accrochant à son bras, qu'elle secoua.

Le Darien ouvrit aussitôt les yeux et s'assit brusquement :

_ Les araignées! Où sont les araignées?

_ Tu les as brûlé, tu t'en souviens ? Cupcake t'avait gobé et tu t'étais énervé. Dit précipitamment la jeune femme, sans oser élever la voix.

Licaros plissa les yeux et regarda autour de lui, confu.

_ Tu saignes du nez... Lui fit alors remarquer Epon.

_ Ce... Ce n'est rien. Affirma son compère en s'essuyant rapidement la zone indiquée. Où on a atterrit encore ?? Et je peux savoir pourquoi tu t'accroches à mon bras ?

Elle le lâcha, gênée, puis leva les yeux vers lui. Il ne comprenait visiblement pas pourquoi elle était si agitée.

_ Nous sommes, commença-t-elle, dans un endroit où j'aurais préférée ne jamais remettre les pieds...

Sans comprendre, Licaros observa les alentours. L'ambiance calme et reposante, l'air féerique... Ça lui rappelait... Ça lui rappelait...

Puis, il les vit à son tour.

Ses yeux se reposèrent sur Epon tandis que sa gorge se serrait:

_ D'accord la morue, tu peux serrer mon bras si tu veux...

Franchement inquiets -et même légèrement apeurés- ils baissèrent tout deux le regard sur la rosace bleutée et brillante dans laquelle ils se trouvaient.

Ils n'avaient plus aucun doute désormais.

Licaros ferma les yeux dans une grimace et poussa un long soupir de frustration tandis qu'Epon fixait le sol avec appréhension. La vérité c'est qu'elle avait peur. Cet endroit lui rappelait l'un des pires passages de sa vie.

Et enfin, de concert, ils relèverent les yeux sur elles.

Sur les statues.

_ Bordel de merdre, une psysalis... Grogna la demi-Zora en prenant sa tête dans des mains.

Et pour une fois, Licaros ne la reprit pas sur sa vulgarité.

_ Que fait-on ? Demanda-t-il en se recentrant dans la rosace.

Une horloge sonna non-loin, comme pour le rappeler que le temps pressait.

_ L'horloge de Bourg-Clocher. Comprit Epon. Nous sommes dans la laverie.

_ Une psysalis dans Majora's Mask... J'en connais deux qui ont vraiment envie de nous voir souffrir.

Epon déglutit :

_ Au moins, nous connaissons à peu près l'endroit. Ce qu'il faut maintenant savoir, c'est combien de larmes il faut récupérer.

_ Une seule. Fit son compère.

Elle le regarda sans comprendre. Il leva alors la main vers l'énorme lune qui s'était figée quelques centaines de mètres au dessus de l'horloge. Elle était terrifiante. Si proche. Si menaçante. Ils avaient l'impression qu'elle pouvait leur tomber dessus à tout moment. Son visage grimaçant semblait vouloir les engloutir tandis que ses terrifiants et énormes yeux étaient braqués sur eux.

_ Oh. Fit simplement Epon, comprenant où il voulait en venir.

L'un des yeux de la Lune brilla soudainement plus que l'autre et, brusquement, une larme glissa le long de la roche lunaire avant d'aller s'écraser quelque part dans Bourg-Clocher.

_ L'observatoire. Grogna Licaros. On doit aller jusqu'à l'observatoire.

_Je te suis! Déclara Epon avec détermination.

Elle se releva mais, une fois debout, un désagréable picotement se fit ressentir sur sa cuisse.

Sa marque divine.

"Ce n'est pas le moment, Epon..." songea-t-elle.

Mais presque aussitôt, une voix fluette et aiguë, qu'elle connaissait très bien, vint s'insinuer dans son esprit.

Phénix, phénix, tu sembles perdue.

Epon écarquilla les yeux, stupéfaite, avant de saisir sa tête à deux mains. Mais les paroles continuaient.

Princesse, princesse, tu ne vivras plus.

_ Non, non, non... Vas-t'en...

Mes amis démembreront ton corps,

Et tortureront ton esprit jusqu'à ta mort.

_ Dégage de ma tête tout de suite...

Dommage, dommage, tu n'as plus de futur.

Tu n'échapperas pas à ce monde,

Car ce lieu lugubre deviendra sous peu ta tombe.

_ DÉGAGE ALYS!!

_ Morue?

Le silence revint tandis qu'elle haletait, blanche comme un linge. Alys n'était pas là. C'était dans sa tête. Son coeur battait à cent à l'heure, mué par une sorte de terreur qui lui broyait l'estomac. Mais devant elle, toujours dans cette ambiance reposante qui allait bientôt devenir meurtrière et sordide, il n'y avait que Licaros.

_ Elles vont se réveiller, Licaros. Elles vont se réveiller...

Le Darien, qui s'apprêtait à lui dire que si elle le ralentissait, il l'abandonnerait sur place, plissa les yeux. Il ne l'avait jamais vu ainsi. La demi-Zora semblait vraiment à bout. D'un côté, il la comprenait. Il savait qu'elle avait déjà survécu à une psysalis. Y retourner devait être atroce.

_ J'avais dit que je ne voulais pas revivre ça... Glapit Epon. Je l'avais dit !

_ Hé, calme-toi...

_ Se faire chasser comme du bétail, seule, sans armes... Poursuivit par des créatures divines sur-armées... Je ne veux pas... Je ne veux pas. Dis leur que je ne veux pas! Je refuse de...

Mais elle ne put achever sa phrase. Licaros venait de prendre ses joues à deux mains et il la secouait désormais en tout sens.

_ T'es qui, toi? Rends moi ma morue! Elle est stupide mais au moins, elle est courageuse!

_ Lâche-moi crétin de lézard! s'écria la jeune fille en se débattant.

Elle recula de quelques petits pas, restant dans la rosace mais hors de portée du Darien, qui croisa les bras. Epon baissa la tête, grommelant, et passa une main sur ses yeux.

_ J'ai peur, bordel... grogna-t-elle.

_ J'ai vu. Mais on doit sortir d'ici et tu le sais. Je ne compte pas vivre pour l'éternité dans une rosace brillante avec toi. Tu es Epon Aqua-Wave, stupide morue. Fille de la reine Zora Rutella. futur souveraine de ton peuple. Tu as été marqué par la divine déesse de la sagesse, Nayru. Cela ne veut donc rien dire pour toi?

_ Tu ne crois même pas en dieu...

_ Peut-être mais toi si. Alors fais honneur à tous ceux qui croient en toi! Que dirait Gray? Et Tori? Et l'autre morveux d'Ein? Tu ne mourras pas aujourd'hui, compris? Et crois-moi si je te dis que j'aurais préféré...

Epon releva la tête, le regardant droit dans les yeux.

Elle allait ouvrir la bouche lorsqu'un bruit assourdissant les fit sursauter. Il allait de plus en plus vite, oppressant, rapide. Terrifiant.

Et plus il résonnait, plus la rosace palissait.

_ Elle va disparaître! comprit Epon en sentant des sueurs froides dans son dos.

Licaros l'attrapa par le bras, la tenant fermement.

_ Prépare toi à courir, petite morue.

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