Chapitre 7: 19 heures en approche
Epon, à terre, le visage contre le sol de plus en plus chaud de la caverne, leva les yeux. Mais ceux-ci ne croisèrent que des flammes ardentes, tandis que quelques corps brûlaient dans d'affreux cris d'agonie, aussi aiguës et horribles qu'un cri d'Effroi. Leurs corps massifs flambaient, le feu lechait les parois de la caverne. Et Epon sentait son corps s'épuiser. Il faisait bien trop chaud. Un humain ne supporterait déjà pas, alors une demi-Zora...
Et soudain, un trait de lumière, celle du jour, perça l'obscurité rongées par les flammes. Et Epon ferma les yeux.
_____
Vingt minutes plus tôt.
_ Si votre ramage se rapporte à votre corps poilus, vous êtes le monstre le plus laid des entourages.
Epon baissa la tête d'un air blasé :
_ Non mais t'es sérieux ? Grogna-t-elle en la relevant vers le Darien, les yeux brillants.
Ils étaient toujours suspendus à plusieurs mètres du sol, leurs terribles geôlières tournant autour d'eux dans un infâme bruit d'énorme Skultula faisant frétiller ses huit pattes velus.
La lumière violacée était toujours présente et c'était bien la seule chose qui leur permettait ne serait-ce qu'entre-apercevoir quelque chose dans cette fichue caverne.
Licaros haussa les épaules. Il s'ennuyait, il fallait bien qu'il passe le temps. Être ici avec Epon était à ses yeux pire qu'un de ces repas de famille interminables. Et puis, son corps commençait à tétaniser. Le sang circulait mal. C'est pourquoi il se mit à gigoter en tout sens, tentant de s'étirer, mais cela n'eut pour effet que de faire se balancer le bout de toile qui le tenait.
Epon vit une sorte de frisson faire mouvoir la toile qui les emprisonnait. Celui-ci remonta loin, jusqu'à un coin sombre de la caverne, coin que la demi-Zora ne pouvait voir. Elle tenta d'attraper ses tonfas, toujours à sa ceinture, mais ses liens étaient trop serrés.
Puis il résonna de nouveau.
Le rire.
Les deux compères cessèrent tout mouvement et le regard vert mousse de Licaros rejoignit celui de la bleue, braqué dans le coin.
_ C'est le rire que j'ai entendu tout à l'heure. Tu sais, lorsque tu m'as dis que je délirais.
Epon, ignorant le sarcasme, fronça les sourcils :
_ Montrez-vous! Nous savons qu'il y a quelqu'un! Déclara-t-elle d'une voix forte.
Le rire se fit de nouveau entendre et une jambe fine sortit de l'ombre, suivit du reste d'un corps.
C'était une femme. Ou plutôt devrait-on dire une araignée humanoïde.
Licaros et Epon la dévisagèrent.
_ Muffet... Murmura la bleue.
L'araignée avait une peau pervenche ou bien lavande, cela dépendait de la lumière, cinq yeux, six bras et deux jambes. Elle portait une tenue rouge avec un pantalon en bas, des boutons au centre et un charmant ruban rouge accroché à sa poitrine, ainsi qu'encore deux rubans dans ses cheveux. Elle portait deux théières dans ses mains du milieu et deux tasses de thé dans celles du haut.
Ses cinq yeux noirs et brillants comme la nuit étaient braqués sur les deux prisonniers et un grand sourire révélant de petites dents pointues leur était adressé.
_ Fufufu~ ! Rit-elle tandis qu'un affreux gargouilli -celui de Cupcake qui rejoignait sa maîtresse- se faisait entendre.
Mais Armogohma resta en position, son oeil central injecté de sang désormais rivé sur la petite araignée violette.
_ Qu'avons-nous là~ ? Demanda Muffet d'une voix chantante, approchant d'un pas léger vers Epon et Licaros, qu'Armogohma faisait lentement descendre.
_ Libérez-nous dans l'instant et je vous promets qu'il n'y aura aucune représaille. Nous ne sommes pas ici pour vous faire du mal. Dit Epon, dont les yeux ne savaient quel oeil de l'araignée regarder.
_ Me faire du mal~? Tu en serais bien incapable, ma chère.
Les doigts de la main du milieu droit de Muffet s'approchèrent de la joue de la bleue, comme si elle souhaitait voir la consistance de la demi-Zora pour savoir à quelle sauce la manger.
Mais le fil retenant Epon se releva brusquement, la mettant hors de porter, et Armogohma se rapprocha, faisant cliquetiquer ses pattes.
_ Pas touche, petite!! Grogna l'immense araignée d'une voix atroce et d'un aiguë rauque.
Licaros eut un sursaut en levant la tête :
_ Ce truc parle??
Armogohma, avec une vitesse fulgurante, se retrouva face à lui, ses grandes mandibules si proche du visage du rouquin que celui-ci tourna la tête avec dégoût tandis qu'une haleine chaude et fétide lui fouettait la joue:
_ Et je comprends également tout, petite chose orange. Te dévorer me fairait sûrement plaisir mais...
La grande bête se redressa et porta de nouveau son attention sur Muffet, qui n'avait pas bougé.
_ J'ai une vengeance à accomplir. Je te laisse cet appétissant jeune homme et je prends la petite bleue. Fais ce que tu veux de lui, tu as carte blanche. Mange le, découpe le. Je m'en cogne totalement. Mais je veux cette fille.
_ Et pourquoi la morue est-elle plus importante que moi? Intervint Licaros, presque vexé.
_ Vous parlez de vengeance, souligna Epon, mais je ne vous ai rien fait !
Armogohma, d'une patte, accrocha la toile qui retenait Epon et éleva la jeune fille juste devant les nombreux yeux que comportait sa tête velue. La princesse Zora déglutit.
_ Le prénom "Link" te rappelle-t-il quelque chose ?
_ Bah tiens! Fit Licaros à mi-voix.
Epon écarquilla les yeux. Bien évidemment que cela lui disait quelque chose ! Link était son ami, au même titre que Gray, Ein ou... Non. Pas au même titre que Love. Pas du tout.
_ Ce gamin... Le héros du temps... Par deux fois il m'a vaincu, humilié! Le jour où le grand Ganondorf m'a envoyé dévorer ce vieux sage d'arbre Mojo... J'aurais réussi sans l'intervention de ce gosse ! Mais il a repris l'émeraude Kokiri, il pensait m'avoir anéanti ! Comme il se trompait... J'étais redevenu un insecte minuscule lorsque le Seigneur Dragmire m'a retrouvé. Il a fait de moi l'araignée immense que vous avez sous les yeux et m'a placé dans le temple du temps. Mais il est revenu... Bien qu'il était différent, je savais que c'était lui. Le lui d'une autre époque. Le lui du futur. De nouveau ce gosse en vert m'a vaincu, avec l'aide de cette créature des Ombres et de ce stupide bâton Anima !! Mais me revoilà, toujours en vie, prête à me venger, prête à...
Mais Licaros bailla, coupant le discours d'Armogohma.
_ Le truc de méchant typique. Raconter son histoire avant la mise à mort prévue. Banal.
L'araignée se rua sur lui, gueule ouverte, poussant un cri d'une rage inouïe.
_ Aujourd'hui, je vais vous dévorer !! Je vais me venger de lui en vous tuant tous les deux, vous, ses amis!!
_ Désolé mais lui et moi ne sont pas ce qu'on appelle "des amis".
_ Dans ce cas tu périras en premier!!!
D'une patte, elle choppa Licaros et le lança avec une force surnaturelle vers Muffet et Cupcake. Cette dernière, ne comprenant visiblement pas grand chose, regarda le Darien voler vers elle avant de tout simplement... Le gober.
_ Licouillon !! Hurla Epon, effarée.
Elle n'y croyait pas. Licaros Ascott, le prince le plus agaçant et sans empathie de Dareim, venait de se faire gober sous ses yeux par un monstre mi-araignée, mi-gâteau.
Tandis que Muffet regardait avec de grands yeux son animal de compagnie, Armogohma tourna les siens vers Epon :
_ Tu mourras pour que Link comprenne qu'on ne s'en prend pas impunément à moi...
Elle ouvrit en grand la large fente qui lui servait de bouche et Epon vit avec horreur la centaine de dent pointues se rapprocher de son corps suspendu. Elle n'était qu'un moucheron piégé dans une toile.
La jeune femme se débattit de toute ses forces, tentant de casser la toile ou bien attraper l'un de ses tonfas... Mais le fil sécrété par l'araignée était bien trop gluant, collant...
Elle ne pouvait rien faire.
Fermant les yeux pour ne pas voir cette fin en laquelle elle ne croyait pas, elle pensa à ses proches.
Le doux visage de sa mère vint en premier. Puis celui de son père. Et de Finiel. Puis vinrent Gray, Link et Iria. Et Ein, Tori, Lyon, Gabriel, Jazz, Boogie, Annie... Elle se surprit même à penser à Ambre, Akai, Zeina, Phila... Laya, Castian, Reafan, Ania, Proxi la pirate... Elle pensa même à Shira.
Et à Paleuni.
À Kamryn.
Pourquoi la laisser mourir comme ça, sans possibilité aucune de se battre ? Elle était une combattante et on l'avait ligoté pour l'empêcher de bouger. C'était déloyal.
Mais brusquement, ses yeux se rouvrir en sentant une brusque chaleur la réchauffer. Était-elle morte ? Cette chaleur était-elle celle de la mort ?
Mais à son grand étonnement, Armogohma était toujours face à elle, bien qu'elle ne regardait plus dans sa direction. Elle avait le regard fixé sur Cupcake.
Muffet en personne regardait avec effroi son araignée-gâteau.
Epon remarqua alors le regard vide, comme mort de la bête.
_ Cupcake !! Qu'est-ce que tu as?? Cupcake !! S'egosillait Muffet en posant ses mains sur son animal de compagnie.
Elle avait lâché ses tasses et théières, qui se brisèrent avec fracas sur le sol de la caverne.
Mais le ventre même de Cupcake semblait chauffer, comme un gâteau qu'on aurait laissé trop longtemps au four. Sa peau se craquela dans un bruit de pâtisserie croustillante et ses yeux vides se posèrent sur Muffet, qui hurla.
_ Cupcake !!
Puis le ventre de la bête explosa dans un déferlement de flamme brûlante, projetant l'avide petite araignée violette plus loin.
Epon dû même tourner la tête et fermer un oeil tant la chaleur était intense.
C'est là qu'elle le vit.
Au milieu de ce qu'il restait de Cupcake se trouvait Licaros. Mais ce n'était pas le Licaros qu'elle avait l'habitude de côtoyer. Celui-ci avait les yeux, et pas seulement les iris, d'un rouge enflammé, qui semblaient grésiller comme une flamme. Une aura pourpre émanait de lui et il semblait vraiment mais vraiment très en colère. Sa fureur se lisait sur ses traits.
_ Licassoulet... ? C'est bien toi?
Mais elle n'obtint aucune réponse. Armogohma prit feu à son tour, ce qui entraîna la chute d'Epon qui s'écrasa sur le sol, le visage sur le sol qui se réchauffait de plus en plus. Les araignées hurlaient autour d'elle. La jeune femme, qui n'appréciait guère ce surplu de chaleur, leva les yeux.
Elle n'allait pas tenir longtemps.
Licaros, crachant toute sa rage (il ne devait pas aimer se faire manger) continuait d'embraser tout autour de lui et Epon dût se traîner sur le sol pour éviter les flammes.
Mais il faisait si chaud...
Si...
Elle sentit ses yeux se fermer au moment où tout se stoppait. Une lumière aveuglante descendit droit sur elle, la chaleur redevint acceptable et elle eu l'impression que son corps s'envolait tandis qu'une horloge sonnait.
Dong.
Dong.
Dong.
Il était dix-neuf heures.
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