Chapitre 10: Un étrange petit bonhomme


Le sprint d'Epon fut digne d'Usain Bolt. En à peine quelques secondes, elle avait traversé la place et rejoint l'abri de pierre que lui offrait la minuscule ruelle menant aux souterrains. Licaros, lui, fut un peu plus lent, déambulant de caisse en caisse de manière incognito.

_Dépêche-toi! Qu'est-ce que tu fais ?!

Il répondit à l'exclamation de la jeune demi-Zora en écartant les bras avec désinvolture, comme si la réponse était logique :

_ Ninja!

Epon roula des yeux, préférant poursuivre sa route au lieu de s'occuper des gamineries d'un tyran attardé. Tout compte fait, cette psysalis avait beau avoir l'air redoutable, Kamryn et Paleuni s'étaient bien arrangées pour qu'elle soit relativement aisée à terminer, contrairement à celles que les déesses d'Hyrule avaient mises sur le chemin de Gray, d'elle-même et des autres élus. Non, la seule réelle menace n'étaient pas ces Gardiens d'aspect terrifiant mais lents comme un grand-père dépourvu de jambes: c'était cette Lune, qui limitait leur temps à cinq minutes depuis qu'ils avaient passé la grande place contenant l'horloge. L'astre de la nuit continuait sa décente sur la ville, provoquant irrégulièrement de petits tremblements de terre qui les ralentissaient pendant quelques secondes. À vu de nez, il leur restait un peu moins de trois minutes trente.

Le prince de feu la rejoignit dans une roulade avant le rendant ridicule tant elle était inutile.

_ Ninja. Répéta-t-il dignement en réajustant son manteau noir par dessus son veston pourpre.

La bleue soupira, l'ignorant totalement. Autant il semblait parfois dépourvu de sentiments, là, il semblait juste stupide. Mais peut-être aurait-elle sourit dans d'autres circonstances.

Ils rejoignirent rapidement les souterrains, pataugeant dans une eau nauséabonde qui fit plisser le nez à un certain prince.

_ Wha, ça sent mauvais !!

_ On s'en moque Licaros, il nous reste à peine trois minutes pour rejoindre l'observatoire. Grogna Epon.

Précautionneusement, elle vérifia bien si la Skulltula habituellement présente n'était pas là et rejoignit une échelle menant à la surface, ignorant le ballon violet où figurait un masque de Majora peint. Licaros, lui, fermait la marche, pestant contre tout et rien.

Mais à force de foudroyer du regard tout ce qui l'entourait, il remarqua quelque chose que la demi-Zora n'avait pas vu. Se rapprochant du ballon alors qu'Epon était toujours sur son échelle, il empoignit la ficelle reliée à celui-ci tout en priant pour que le clown Pennywise ne débarque pas et attrapa une enveloppe grise grossièrement scotchée sur l'un des yeux de Majora.

_ Epon... Commença-t-il.

Mais une secousse, beaucoup plus forte que les précédentes, l'interrompit. La bleue, qui venait de rejoindre la plate-forme au dessus d'eux, fut prise par surprise et perdit l'équilibre, basculant en arrière et menaçant de s'écraser contre le béton du souterain.

Mais heureusement pour elle, le rouquin la rattrapa, non sans grimacer et râler sous le poids de la jeune fille.

Elle cligna des yeux, surprise qu'il ne l'ait pas laissé tomber. Licaros la reposa à terre, sourcils froncés, lui ordonnant de se dépêcher de remonter cette fichue échelle.

_ Mer... Merci le lézard.

Il roula des yeux, lui faisant bien comprendre qu'elle devait se contenter de monter, chose qu'elle fit.

Concédant enfin que le temps pressé, Licaros glissa l'enveloppe dans la poche intérieure de son manteau et la rejoignit plus haut.

Ils étaient désormais au milieu d'une pièce haute de plafond, bariolée de dizaines de couleurs, semblable à un arc-en-ciel.

L'observatoire.

Les secousses provoquées par la Lune étaient de plus en plus rapprochées et fortes, signe qu'il ne fallait vraiment pas traîner.

Les deux compères ne s'attardèrent ni sur l'immense télescope, ni sur aucunes lunettes, pourtant bien rangées dans des vitrines fermées à clef. La seule chose qui les intéressait était la porte en bois sur le côté, qui menait à un coin autrement inaccessible de la plaine de Termina.

Epon fut la première à la porte, qu'elle s'empressa aussitôt de tenter d'ouvrir.

De la sueur perlait sur son front, collant ses jolis cheveux bleus à sa peau halée.

Malheureusement, la poignée était rouillée, empêchant l'accès à leur but.

_ Pousse toi! Cria alors Licaros.

Elle s'empressa d'obéir tandis que le Darien levait bien haut sa jambe droite pour permettre à sa botte d'aller s'abattre avec force contre le panneau de bois. La porte bougea mais pas assez pour permettre l'ouverture. Sentant un nouveau tremblement et la fin approcher, Licaros se recula contre la rambarde de l'escalier qui les avait conduit ici pour prendre de l'élan et se jeta de toute ses forces contre la porte en bois.

Celle-ci céda et le rouquin alla s'écraser dans la plaine, le nez dans l'herbe. Epon n'attendit pas une seconde de plus. Laissant le Darien au sol, elle se rua dehors. Elle repera aussitôt la clef de leur délivrance: la larme lunaire.

Au dessus de leurs têtes, l'astre commençait déjà à ronger le sommet du clocher.

Dans trente secondes tout au plus, c'était fini. La jeune fille redoubla son allure et, plongeant en avant, s'empara de la larme sous un Licaros toujours allongé à plat-ventre mais bouche-bée.

Puis, il y eu un aveuglant flash blanc.

Licaros et Epon eurent l'impression de flotter dans les airs pendant dix bonnes secondes, ne voyant plus rien hormis du blanc.

Lorsqu'ils revinrent à la réalité, ils étaient toujours à Bourg-Clocher. Mais le ciel était redevenu bleu et la lune avait retrouvé sa place au milieu des nuages, toujours bien visible mais à distance respectable de la ville. Tout semblait être redevenu normal.

_ On est sorti de la psysalis ! Comprit Epon, ivre de joie d'avoir survécue à cette horreur une seconde fois.

Trop heureuse, elle se tourna vers Licaros, assis à ses côtés, et l'enserra dans ses bras, le faisant basculer par terre:

_ On a survécu !! On est vivant !!

Le Darien, qui ne semblait guère ravie d'être allongé sur le sol avec une hystérique pendue à son cou, ne se retint pas de protester, tentant de la déloger:

_ Oui j'ai vu! Lâche-moi stupide morue ! Tu me fais mal en plus!

Semblant enfin réaliser qui elle étreignait, Epon eut un mouvement de recule, une moue dégoûtée aux lèvres. Elle se reprit, se raclant la gorge:

_ Excuse-moi le lézard, c'était l'émotion.

Ignorant les grommelements dudit lézard, elle se releva et épousseta ses habits avant d'observer son nouvel environnement. Pas de doute, c'était bien Bourg-Clocher en contrebas. Mais les deux compagnons de routes étaient plus hauts. Elle comprit alors. Ils étaient au sommet même du clocher.

_ Vous en avez mis du temps à venir... Dit alors doucement une voix.

Epon, imitée par Licaros, leva la tête vers cette voix grave et pourtant faussement fluette qui venait de s'élever. Devant eux, au bord du vide, une silhouette encapuchonnée se tenait. Elle n'était pas très grande, pour ne pas dire petite, mais se tenait bien droite.

_ Qui êtes-vous? Demanda Epon, sur ses gardes, alors que Licaros se levait à son tour, ses yeux verts rivés sur l'inconnu.

Celui-ci lâcha un petit rire, portant une main gantée à l'endroit où devait se trouver sa bouche.

_ Je ne te le dirai pas, princesse Epon Aqua-Wave de la cité des Zoras.

_ Je crois qu'il te connaît. Ironisa Licaros dans un souffle.

La silhouette se mit à sautiller, pointant le Darien du doigt:

_ Toi aussi je te connais, petit princelet. Tu es ce garçon complexe, avec un égo surdimensionné cohabitant avec un sentiment d'infériorité incroyable.

_ N'importe quoi! Réagit aussitôt le Darien d'un air noble.

_ Assassin pleurnichard, tueur trouillard! Imbécile narcissique!

L'inconnu sautillait d'un pied à l'autre, semblant grandement s'amuser. Mais le rouquin, visiblement mécontent, s'avança droit vers lui, un doigt levé, ignorant royalement les avertissements d'Epon.

_ Qui es-tu sombre nabot?! S'exclama-t-il en essayant d'attraper l'inconnu par la capuche.

Mais celui-ci fit un pas en arrière, se laissant tomber dans le vide.

Licaros, surpris, resta immobile, la bouche entre-ouverte. Epon le rejoignit bien vite en courant, se stoppant à ses côtés.

_ Par les Saintes Déesses d'Hyrule !! Il est fou!!

Mais le rire narquois de ce mystérieux homme vint de nouveau leur chatouiller les oreilles, les faisant se reculer :

_ Vous êtes tellement marrants et adorables, vous deux!

L'inconnu venait de réapparaître devant eux, semblant voler grâce à un mécanisme camouflé dans son dos.

Epon le regarda avec attention mais elle avait beau tenter de déceler le moindre détail, les amples vêtements bouffants de l'étrange personnage l'empêcher de voir quoique ce soit.

_ Dites nous qui vous êtes !!

Il secoua la tête :

_ T.T.T.T.T.T.T.T.T. Chaque chose en son temps, jeune fille. En attendant, je dois vous dire quelque chose: un "virus" tente de venir vous tenir compagnie. S'il y parvient -et je vais l'aider à y arriver- ces demoiselles Paleuni et Kamryn ne pourront plus rien faire pour vous. Fini les délires, les petites ballades amusantes avec les Ewooks, les robots, les araignées...

_ Attendez, c'était censé être amusant, ça?

_ Si le "virus" gagne, des monstres arriveront de toutes part pour vous combattre et si possible vous tuer. Mais cela ne doit pas vous poser problème puisque, paraît-il, ce monsieur ici présent est invincible.

_ Peuh, fit Licaros, je n'ai pas dis ça comme ça.

_ Si, tu l'as dis. Contredit Epon d'un air blasé.

L'inconnu ricana de nouveau avant de finir par lâcher, comme s'il avait failli oublié:

_ Au fait, vous allez être de nouveau téleportés.

_ Oh non...

_ Quoi? Dites-nous quand? Et où? S'exclama la bleue.

_ "Où", vous le verrez bien vous même. Quant à "quand"...

Il marqua une pause.

_ Maintenant.

Et il y eut de nouveau un flash.

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