Réunion
Luis
Je me réveille difficilement, des mèches blondes étalées sur mon torse. Une odeur inconnue chatouille mes narines, lourde et sucrée, mais loin d'être agréable. Ce parfum n'a rien à voir avec celui que j'attends, celui qui reste parfois en suspension dans mon esprit quand je pense à elle. Dunevaëlle.
Depuis des semaines, elle occupe mes pensées. La dernière fois que je l'ai vue, c'était à cette soirée film, où elle est partie précipitamment avec Andrew. Depuis, plus rien. Je sais qu'elle est plongée dans ses recherches, probablement noyée dans les dossiers que je lui ai confiés. Les mercenaires n'ont pas besoin de rester collés à leurs clients, et elle ne fait pas exception. Si elle a besoin de moi, elle viendra.
La blonde à mes côtés bouge légèrement, son corps s'étirant paresseusement comme si elle voulait prolonger ce moment. Elle finit par lever la tête. Ses yeux bleus croisent les miens, mais rien ne se passe. Absolument rien. Elle n'est pas Dunevaëlle. Elle n'a rien de ce que je cherche. Elle n'a pas son intensité, son mystère. En vérité, elle n'a rien du tout.
Je la repousse doucement sans un mot et sors du lit. Elle ne proteste pas. Derrière moi, j'entends le froissement des draps, puis le bruit de ses pas légers alors qu'elle ramasse ses affaires sur le sol.
Quand j'arrive dans la cuisine, l'odeur des pancakes m'accueille. Gwen est là, concentrée sur sa poêle, et sans même se retourner, elle me tend une tasse de café. Je l'attrape et bois d'une traite, ignorant la chaleur qui brûle ma gorge. Gwen rit doucement, amusée.
— T'es vraiment pas malin, souffle-t-elle, en me voyant attraper un verre d'eau pour apaiser la brûlure.
— Nuit agitée ? demande-t-elle ensuite, un sourire au coin des lèvres.
— Un peu.
Je ne développe pas, et elle n'insiste pas. Gwen connaît mes humeurs et sait où s'arrêter.
Des pas résonnent dans l'escalier, et la blonde apparaît enfin. Elle est déjà habillée, ses cheveux en désordre jetés négligemment sur ses épaules. Elle me lance un regard appuyé, un sourire léger aux lèvres.
— À la prochaine, murmure-t-elle, clairement convaincue qu'il y en aura une.
Je hoche la tête, plus par politesse qu'autre chose. Elle s'éclipse, et la porte se referme enfin derrière elle. Je ne compte évidemment pas la revoir. Ce genre d'histoire, ça ne mène à rien. Ni pour elle, ni pour moi.
Gwen se tourne vers moi, son regard moqueur, mais elle ne dit rien. Kate débarque dans la cuisine à son tour, un chignon approximatif sur la tête et une tasse vide à la main. Elle la pose dans l'évier sans un mot, probablement encore engourdie de sa matinée à binge-watcher Gossip Girl.
Je leur dépose rapidement un baiser sur le front à toutes les deux, et elles me sourient en retour. Avant qu'elles n'aient le temps de me poser des questions, j'attrape les clés de ma voiture.
— Je vais chez Rafaël, dis-je simplement.
Elles acquiescent, et je claque la porte derrière moi.
Sur la route, les limitations de vitesse n'existent plus. Je double chaque voiture, impatient d'arriver chez mon oncle. En arrivant, je remarque immédiatement une voiture familière : celle d'Andrew. Mon regard se plisse. Je savais qu'il était venu ici un soir, mais je ne pensais pas qu'ils se voyaient encore.
Je pousse la porte d'entrée sans frapper, comme d'habitude, et traverse la maison jusqu'à la terrasse. Là, je tombe nez à nez avec un grand brun. Il est imposant, ses cheveux longs encadrant un visage qui semble taillé dans la roche. Son teint bronzé me donne l'impression qu'il sort tout droit des îles.
Quand il me voit, il sourit largement, comme s'il m'attendait depuis toujours. Je reste figé face à lui, incertain de ce que je dois faire. Sans attendre, il tend la main. Après une seconde d'hésitation, je la lui serre.
— Tu dois être le mafieux, Louis, c'est ça ? demande-t-il avec une voix chaude et assurée.
— C'est Luis, dis-je en crachant presque les mots.
Il s'excuse rapidement, mais son sourire reste intact. Sans se démonter, il m'invite à le suivre. Je le fais, toujours sur mes gardes, la mâchoire serrée. Arrivés à la terrasse il se tourne vers moi un sourire arrogant accroché à son visage. Je m'immobilise, mon regard fixé sur lui. Il le fait exprès. Je sais qu'il savoure chaque seconde de cette confrontation, et qu'il joue sur mes nerfs.
— Qu'est-ce que tu veux, Adam ? demandé-je, ma voix basse et coupante.
Il s'approche légèrement, comme s'il voulait me confier un secret.
— Rien du tout, Luis. Je suis juste là pour accompagner une amie, tu sais. Dunevaëlle.
Le nom frappe comme un coup de poignard. Je fais un effort surhumain pour ne rien laisser paraître, mais je sais qu'Adam voit l'ombre de tension qui traverse mon visage. Il sait. Ce type sait exactement ce qu'il représente pour moi : un rappel que je ne suis plus l'homme qui partage sa vie.
— Dégage, Adam, craché-je finalement.
Il recule avec un sourire moqueur.
— D'accord, d'accord. Je ne vais pas te voler la vedette, ajoute-t-il en levant les mains comme pour se rendre.
Sans un mot de plus, je passe devant Adam et pousse la porte qui donne sur la terrasse.
Et là, je les vois. Rafaël est assis à la table, son éternel sourire chaleureux aux lèvres, un verre de vin à la main. Andrew est debout à ses côtés, l'air à moitié mal à l'aise, à moitié provocateur. Et puis il y a elle.
Dunevaëlle.
Elle est assise, ses cheveux tirés en arrière, son visage neutre, mais ses yeux... Ses yeux disent tout. Ils sont posés sur moi, fixes, perçants, comme si elle s'attendait à ma réaction. Comme si elle attendait que je dise quelque chose.
Mon cœur rate un battement, mais je n'en montre rien. Je détourne les yeux d'elle, juste assez pour lui montrer que je ne vais pas me laisser distraire.
— Luis ! Rafaël se lève et vient vers moi, son sourire sincère effaçant aussitôt un peu de la tension dans mes épaules. Comment ça va, mon garçon ?
Je lui serre la main et lui tape sur l'épaule, retrouvant un instant de normalité.
— Ça va. Et toi ?
— Ça va toujours bien, surtout quand j'ai de si bonnes compagnies, dit-il en désignant la table.
Je lance un regard rapide vers Andrew, qui m'observe en silence, et vers Dunevaëlle, qui ne dit toujours rien. Adam, dans mon dos, laisse échapper un petit rire que je décide d'ignorer.
— Belle compagnie, en effet, dis-je, ma voix froide tranchant avec l'atmosphère légère.
Je prends une chaise et m'assieds à la table, face à Dunevaëlle. Elle baisse les yeux une fraction de seconde, mais je la connais assez pour savoir que ce n'est pas de la gêne. Elle est en train de calculer, comme toujours.
— Alors, on fête quelque chose ? demandé-je, ma voix presque désinvolte, bien que je sois prêt à exploser.
Rafaël rit doucement.
— Pas de fête, juste une réunion entre amis. Je suis sûr que tu t'entendras bien avec Adam, dit-il avec une pointe d'ironie.
Adam s'assoit à côté de Dunevaëlle, trop près à mon goût, et lance un regard à Andrew. Je sens une vague de jalousie monter, brûlante et amère, mais je la garde sous contrôle.
— Bien sûr, dis-je en croisant les bras. Je suis ravi de voir tout le monde réuni.
Mais au fond, je ne suis pas ravi du tout. Au fond, je sens que cette réunion n'a rien d'innocent, et je compte bien comprendre ce qu'il se passe ici.
Je croise les bras, la mâchoire serrée, tandis que l'atmosphère déjà tendue devient presque suffocante. Rafaël, toujours debout, jette un regard vers Dunevaëlle.
Je jette à mon tour un coup d'œil rapide à Dunevaëlle. Elle me regarde, son expression neutre, mais ses yeux trahissent une lueur de défi. Je m'assieds à la table, et avant que Rafaël puisse parler, elle prend la parole.
— Luis, commence-t-elle, je vais être directe. Si tu veux que je retrouve Carlos Rivera, il me faut plus que ce que tu m'as donné.
Je croise les bras, mon regard dur se posant sur elle.
— Je t'ai donné ce qu'il fallait.
— Non, répond-elle calmement. Tu m'as donné un nom et une vague idée de ce qu'il pourrait être impliqué. Mais si je dois mettre ma vie en jeu, j'ai besoin de savoir à qui j'ai affaire.
Rafaël intervient doucement, levant la main.
— Elle a raison, Luis. Si tu veux des résultats, il faut lui faire confiance.
Je frappe la table du plat de la main, me redressant brusquement.
— J'ai dit non ! Vous ne comprenez pas ? Plus elle en sait, plus elle est en danger !
Un silence tendu s'installe. Dunevaëlle ne bouge pas, mais je vois qu'elle serre les dents. Rafaël semble hésiter, comme s'il cherchait les bons mots.
C'est Andrew qui brise le silence, entrant sur la terrasse avec un air provocateur.
— T'as pas changé, Luis, lance-t-il. Toujours aussi borné, toujours à penser que tu sais ce qui est mieux pour tout le monde.
— Tais-toi, Andrew, craché-je.
Mais il continue, imperturbable.
— Tu veux savoir la vérité ? C'est pas Carlos Rivera que tu cherches. Pas vraiment. Ce que tu cherches, c'est du contrôle, et tu l'as perdu depuis longtemps.
Ces mots me frappent plus fort que je ne veux l'admettre. Je me tourne vers lui, prêt à exploser, mais avant que je ne puisse répondre, Dunevaëlle se lève brusquement.
— Ça suffit, dit-elle d'un ton glacé. Vous voulez que je fasse mon travail ou pas ?
Je la regarde, surpris par la force de sa voix. Mais elle ne me laisse pas le temps de répondre.
— Si vous ne voulez pas m'écouter, je ferai les choses à ma manière. Et si ça vous déplaît, ce sera votre problème, pas le mien.
Elle attrape ses affaires et sort de la terrasse sans un mot de plus. Je reste figé, partagé entre colère et frustration.
Rafaël soupire profondément.
— Tu aurais dû l'écouter, dit-il doucement.
Mais je n'entends plus rien. Mes pensées sont déjà ailleurs, tournées vers Carlos Rivera. Et ce qu'il représente vraiment.
Andrew, toujours là, me regarde avec un sourire en coin.
— Bonne chance, Luis, dit-il, sa voix presque moqueuse. Tu vas en avoir besoin.
À ce moment précis, mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors, un frisson glacé me parcourant en voyant le message anonyme affiché sur l'écran :
"Carlos Rivera est plus proche que tu ne le crois. Prends garde, Luis."
Je lève les yeux, mais Dunevaëlle a déjà disparu.
~~~
Coucouuu vous ! Petites modifications en cours sur Dunevaëlle mais ça prends forme ! 🫢
Ce chapitre vous a plu ?
Attention à ceux qui avaient lu le chapitre de la dernière fois je l'ai retiré pour modifier quelques trucs, mais bien sur il va revenir ! 😌
Bref si j'ai une dernière chose à vous dire c'est entourez vous de bonnes personnes ! (petit conseil du moment)
A bientôt !
Bisous bisous 😘
Chloé ❤️
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