5- Sabrina

Résumé des chapitres précédents:

Javier lui est à la Rochelle et il supplie sa mère de l'autoriser à ne pas aller en Allemagne. Quand il avait quatorze ans il a été odieux avec un garçon en colonie et il ne veut pas risquer de le rencontrer en Allemagne.

Sa mère accepte et signe le refus du voyage, Javier est sauvé il n'ira pas.

Il a perdu sa grand-mère et l'hiver s'est écoulé interminable. Il a l'impression de devenir un peu plus raisonnable suite à cette cruelle leçon.

Personnages principaux :

Javier Rouvière

Willem kostentin Hansknatsche

***

Javier, jeudi 19 avril

Les mois sont passés et les premières épreuves du bac, les options et les spécialités se sont bien passées. Je pensais cela impossible, mais j'ai fait mon deuil et appris à vivre sans ma grand-mère. Ce qui aide c'est que Sara s'est calmée avec les mecs. En même temps, elle va devoir aller devant un tribunal pour éviter de payer une somme astronomique à un de ses ex, je pense qu'elle est un peu échaudée.

Les préparatifs pour le voyage en Allemagne s'intensifient. Ils y vont tous, sauf moi, bien content d'échapper à cette corvée. Nous sommes déjà en avril, il fait beau à La Rochelle et le soir à la sortie du lycée nous allons en terrasse des bars prendre le soleil où nous nous retrouvons pour des piques- niques à la plage.

Eux, sont impatients de partir, de cette nouveauté, ils ont reçu les coordonnées de leurs familles d'accueil, la plupart seront dispersés dans les quartiers de Karlshof, Badschwartau et Ivendorf.

Pendant leur voyage j'irai en cours avec la terminale sept qui fait anglais européen.

En cours, nous apprenons l'histoire de la hanse, terme allemand synonyme du français guilde, désignait au Moyen Âge une association de marchands ou d'artisans exerçant la même profession. L'une de ces associations va prendre une ampleur inaccoutumée, jusqu'à devenir un véritable État dans le nord du pays.

─ Madame, je ne me sens pas bien, gémit Sabrina soudainement.

─ Allons bon qui l'emmène à l'infirmerie ? demande la prof.

Faire de l'histoire, dans une autre langue, après deux heures de sport, pas étonnant qu'elle ne se sente pas bien, moi aussi j'ai l'impression de couver quelque chose.

Julie se propose, mais...c'est dégueulasse, Sabrina vomit dans la classe alors que nous crions tous. La pauvre Mademoiselle Rotenbucherberg se met les mains dans les cheveux de désespoir.

Sabrina a l'appendicite et une complication allergique médicamenteuse, elle va rester à l'hôpital plusieurs jours. Elle ne pourra pas aller en Allemagne, puisque le voyage est prévu dans moins d'une semaine.

Le lendemain, quand je rentre chez moi, après avoir trainé avec mes copains, je trouve ma mère en grande discussion avec Elsa Rotenbucherberg, assise chez nous, dans le salon.

─ Qu'est-ce que vous faites là ?

Je ne suis pas très aimable, mais je n'aime pas cette visite. Pour moi, les profs, ça doit rester au lycée.

─ Javier, je venais te voir, ainsi que ta maman. Tu le sais, Sabrina ne pourra pas faire le voyage, le souci c'est que notre séjour est subventionné pour trente élèves et s'il n'y en a que vingt-neuf, nous perdrons des subventions.

Elle lève la main m'empêchant de répliquer :

─ Je sais c'est ridicule, mais c'est l'administration française je n'y peux rien !

Elle fait un geste d'impuissance à l'égard de ma mère qui approuve en hochant la tête. Les incohérences administratives à l'hôpital, elle connait aussi. Elsa continue :

Les parents de Sabrina ont déjà réglé le voyage et une famille allemande là-bas attend un Français.

─ Je ne peux pas ! je grommèle, comprenant immédiatement où elle veut en venir.

─ Qu'est-ce que tu racontes Javier ? Explique-toi ! Pourquoi tu ne pourrais pas ?

─ La famille de Sabrina doit surement vouloir récupérer l'argent.

Je joue toutes mes cartes parce que ma mère et ma prof réunies, ça va être une partie serrée.

─ Ils seront remboursés par des assurances, mais le paiement est fait et nous ne demanderons rien à ta maman.

─ Mais pourquoi ils retireraient des subventions parce qu'il manque un élève ? C'est ridicule ! je rétorque, agacé.

Les deux femmes échangent des regards, elles sont complices. J'appelle au secours tous les saints des arguments et des idées, parce que franchement je ne vois pas comment résister à la vague de détermination de ces deux monstresses.

─ Je te l'ai dit, des histoires administratives ! S'ils retirent des subventions, le voyage tombera à l'eau, nous n'irons pas...nous ne pourrons pas y aller.

Sous-entendu, s'ils n'y vont pas, ce sera de ma faute.

Je me retiens de dire que ce ne serait pas une mauvaise chose. La prof regarde ma mère, son alliée. Je me lance en espérant la convaincre.

─ J'ai embêté un Allemand quand j'étais jeune et j'ai peur de tomber sur lui, j'avoue penaud.

─ Si je te donne la liste des élèves allemands, tu pourrais vérifier ? propose aussitôt Elsa.

Houlà ! Elle est désespérée, et je sens qu'elle ne va pas me lâcher.

─ Je ne m'en rappelle plus du nom de ses copains.

─ Voici la liste des Allemands !

Elle me laisse regarder la liste et pendant ce temps, se tourne vers ma mère lui vantant les avantages d'un voyage tout frais payer dans la Hanse. C'est une occasion en or, de nombreuses sorties culturelles.

─ Je te promets Javier, il ne t'arrivera rien, fait la prof et ma mère approuve.

C'est vrai qu'aucun prénom ne m'est connu, je pense que par chance nous ne serons pas dans son quartier.

─ C'est inespéré, tu pourras prendre un peu l'air et changer d'environnement, fait ma mère, complètement acquise au projet de voyage gratuit. Surtout... Elle s'arrête, mais j'ai compris ce qu'elle s'apprêtait à dire, elle allait dire que mamie n'était plus là.

Je reconnais que c'était mon argument majeur pour ne pas partir.

─ Bon d'accord, je cède.

Après tout, ce n'est que quinze jours et j'en profiterais pour réfléchir à des vidéos que je pourrais faire là-bas.

─ Je peux emmener mon vélo ?

─ Non, désolé, mon garçon, mais la famille allemande en aura surement à te prêter. Tu seras le seul garçon logé chez une fille, mais cela ne leur pose pas de problème.

─ Et le fait que je suis gay ?

─ Tu n'es pas obligé de leur en parler ! Je croyais que tu avais peur de tomber sur quelqu'un ? Elsa se retient de rire en me regardant.

─ Oui, mais... s'il n'est pas là... les Allemands sont plutôt mignons et bien foutus alors je pourrai m'amuser.

La prof soupire et se bouche les oreilles :

─ Bon je n'ai rien entendu ! Dieu merci TOI tu ne risques pas de tomber enceinte !

La prof me laisse le dossier de la famille qui devait accueillir Sabrina. Ils vivent dans une ferme au bord de mer, nous devrons aller à l'école à vélo et cela me plait bien.

Ma mère a su qu'elle avait gagné et a fait un clin d'œil à la prof que j'ai parfaitement vu. Traitresse !

Je n'en reviens pas, je vais donc aller en Allemagne.

Sans rien dire, alors que le soir tombe, je reprends mon vélo pour aller au cimetière marin.

Maman a hoché la tête, elle a compris où je comptais aller, elle fait comme moi. Nous nous y rendons toujours, quand quelque chose nous arrive. Je vais sur la tombe de ma grand-mère, elle est toute simple de pierre grise. Au loin sur une pente douce on voit la mer, j'espère qu'elle la voit, là où elle est !

Elle me manque horriblement. Je vais lui raconter la nouveauté : mon voyage en Allemagne.

Je suis fébrile et impatient ! Vraiment bizarre !


***

NDA :

Vous ne croyez pas que j'allais laisser Javier louper le voyage en Allemagne ?

En même temps pas de voyage pas d'histoire !

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