26-Après le bac
Résumé des chapitres précédents :
La séparation que redoutait tant Javier est arrivé, la lente torture a pris fin et la séparation est arrivée.
Javier est arrivé en France et il apprend horrifié que sa mère a vendu la maison, c'est trop pour lui.
***
Javier
Dernière épreuve du bac aujourd'hui. Je rends ma copie, enfin j'ai fini cette corvée et il ne reste plus qu'à attendre les résultats.
J'erre comme une âme en peine, les premiers touristes envahissent notre ville balnéaire et moi, je ne quitte pas ma chambre. Je n'ai plus envie de rien.
Sara prépare le déménagement et contre toute attente il n'y a pas de mec en vue, c'est le calme plat dans sa vie et dans la mienne.
Le fait qu'elle range m'a permis de récupérer de nombreuses vidéos de mon père que je n'avais jamais vu. Ma mère m'a tout donné et je regarde en boucle des séquences d'un inconnu qui me ressemble et qui dit beaucoup de bêtise. Dire qu'il est mort si jeune !
Je n'ai eu aucune nouvelle de Lübeck, à croire que j'ai rêvé mon séjour.
Je regarde mon téléphone désespérément vide du moindre message. Je ne savais pas à quoi m'attendre avec Willem, mais la défection de Beate et de ses parents me laissent anéanti.
─ Tu broies du noir chéri ! Viens prendre l'air, allons porter des fleurs à mamie et je pense qu'il est bien que nous parlions devant elle.
─ Je ne veux pas te parler !
─ Tu ne veux jamais parler !
Nous arrivons au cimetière tous les deux, je n'étais pas revenu depuis mon voyage en Allemagne. Il m'arrive de redécouvrir des trucs oubliés comme si j'étais partie une centaine d'année. J'admire la photo de mamie, cela rappelle qu'il y avait une belle personne, qui n'est plus.
Pendant ce temps, ma mère met des fleurs dans un vase.
─ Maman chérie ma vie va tellement changer.
C'est idiot, mais ça nous aide de lui parler.
J'interviens aussitôt pour appeler à l'aide ma grand-mère. C'est un discours que nous avons déjà tenu de nombreuses fois, dans un sketch rodé.
─ Mamie je n'irai pas avec elle, elle saoule ! Je vais rester avec Rose. Ta fille est irresponsable !
─ Maman fait-le écouter ! Il va venir avec moi !
─ Je n'irai pas chez ton mec !
─ J'ai un appartement confortable qui est à moi seule, béta.
─ Tu ne t'es jamais déplacé pour t'en occuper c'est n'importe quoi ! mamie dis-lui qu'elle ne fait que des conneries.
─ C'est une location le temps de voir venir ! et l'argent de la maison de mamie est sur un compte à ton nom idiot ! Mais tu viens avec moi, j'ai demandé un transfert de dossier.
─ Je suis majeur, tu n'as pas le droit !
─ Tu ne veux toujours pas savoir ou on va ?
─ Je suis épuisé et malheureux ! Vas-y accouche !
─ Cretin ! C'est de toi que j'ai accouché, tu pourrais me manifester plus de reconnaissance fils ingrat.
─ Alors on va où ?
─ On va à Lübeck ! claironne t'elle devant la tombe de mamie.
─ ...
J'ai du mal entendre !
─ On va où ? je grince d'une voix gutturale.
Elle me regarde surprise.
─ Lübeck en Allemagne je suis embauché à l'hôpital comme infirmière et ils m'ont trouvé un logement de fonction.
─ Tu n'as pas dû comprendre, ils t'ont refusé !
─ Petit chameau, tu m'as dit que mon texte était bon. Il parait qu'il était plein de fautes, cependant ils ont retenu ma candidature. J'ai un appartement qui m'attend, on part demain.
─ Et les rattrapages du Bac ?
─ Tu reviendras en train, si besoin. Je commence dans deux jours.
Je me sens mal d'un coup et je m'écroule par terre au pied de la tombe de mamie. Il me semble qu'elle se penche sur mon épaule pour me consoler.
Je n'en reviens pas ! Encore cette ville ! Le pire c'est que j'aurai tout donner pour ne pas la quitter il y a un mois, mais désormais ...Ils ont allègrement tourner la page et seront peu soucieux de me revoir. Ils vont me détester et croire que je les colle.
Je fais quoi ?
En même temps la fac de Lübeck est grande, il y a peu de chance que je tombe sur lui.
Ma mère ne comprend pas, je n'ai pas eu le courage de lui raconter mon chagrin d'amour.
─ On rentre, décide t'elle mais je secoue la tête.
J'ai besoin d'un peu de temps avec mamie encore.
***
Nous y allons en avion, nous n'emmenons pas grand-chose, quelques vêtements d'été et les affaires d'hiver seront à acheter sur place. Nous avons chacun notre ordi et notre tablette. Toutes nos affaires sont stockées chez tante Rose pour une durée indéterminée.
Je tremble dans l'avion, ne sachant que faire avec tous mes amis du gymnasium Katharineum. J'aurai dû insister pour garder le contact, je leur ai écrit quelques messages sans réponses, les deux m'ont ghostés. J'aurai dû insister car si je les croise j'ai l'air de quoi maintenant.
Nous arrivons à Hambourg dans l'après-midi et un taxi nous conduit à Lübeck, rue Finkerberg par loin de la Trave. Je regarde l'annonce qu'a imprimé ma mère d'un appartement avec une terrasse en centre-ville et l'hôpital ou travaillera ma mère est à proximité, il s'appelle le Fachklinik für Anästhesie und Intensivmedizin Vahrenwald. Je n'ai jamais demandé à Willem le nom de l'hôpital ou travaillait sa mère, j'aurai l'air malin si c'est le même.
Le taxi nous dépose devant notre nouvelle adresse, nous admirons les nombreux vélos qui circulent dans notre rue. Je n'arrive pas à croire que je sois de retour à Lubeck, cela semble irréel comme un miracle. J'ai beau me pincer je ne me réveille pas de ce rêve étrange.
─ C'est très défraichi, mais le loyer est vraiment bas, explique ma mère, c'est juste le temps que je trouve autre chose, OK ? Tu es prêt ?
Elle prend des pincettes, redoutant que je pique encore une crise comme quand elle m'a annoncé qu'elle avait vendu notre maison. Je respire un grand coup. Ce n'est pas l'état de l'appartement qui m'inquiète, c'est de me retrouver si près et si loin de Willem.
L'immeuble et clair et propre, cela ne ressemble pas à un logement provisoire pour du personnel expatrié.
Elle ouvre la porte de l'immeuble, certes vieillot, mais très propre et nous arrivons devant l'appartement numéro 9.
─ Tu t'es trompé d'adresse non ? je demande perplexe.
─ Non regarde, elle me ressort l'adresse sur son contrat d'embauche.
On vérifie tous les deux et en effet c'est bien là.
─ Ce n'est pas défraichi du tout !
C'est ce que nous pensons tous les deux quand nous rentrons dans un appartement qui sent le neuf. Les peintures ont l'air d'avoir été faites, cela sent le bois et l'encaustique.
─ Ils ont dû faire des travaux, quelle chance on a ! s'extasie Sara qui a une chambre qui donne sur la rue animée.
Des murs verts poudrés et des meubles de bois donnent une touche féminine à la pièce.
Comment nous savons que c'est sa chambre ? Son prénom Sara est inscrit sur la porte.
Elle rigole amusée par la coïncidence, en faisant bouger le panneau.
Plus loin, nous découvrons la cuisine fonctionnelle et une salle de bain avec une superbe baignoire. Enfin une autre chambre, et encore un panneau en bois, avec mon prénom accroché sur la porte.
─ Ils savaient pour nous deux, c'est super sympa, s'extasie ma mère qui bat des mains.
J'ouvre la porte de la chambre qu'on m'a attribuée, ma mère sur mes talons. Je cligne des yeux, stupéfait, on dirait ma chambre chez Beate. Tout y est et ma vue se brouille : Le papier peint fleuri jusqu'au plafond, la coiffeuse blanche, le lit à baldaquin et les draps blancs.
Je m'assois sur le lit sans rien dire. J'essaye de comprendre par quel miracle...
─ La chambre ne te plait pas ce n'est pas grave on va échanger ! interviens ma mère.
─ Je l'adore, je me dépêche de la rassurer.
─ Ah j'ai eu peur. Bon puisqu'on te l'a donné je te la laisse, mais je l'aime beaucoup aussi celle-là. Je te laisse te reposer je vais préparer une salade.
Je m'allonge sur le lit, conscient d'être enfin de retour. Une étrange impression m'envahit, par quel miracle... ?
Je fais quoi maintenant. Je regarde mes bagages, mon sac à dos, trop la flemme.
Je soupçonne que les Tennebaum sont liés à cette histoire, sans oser y croire. Je suis perdu.
Le lendemain nous avons été faire nos premières courses, puis j'ai été à la fac pour mon dossier d'inscription. Il va me falloir les contacter, les Tennebaum et Willem, mais j'ai peur que leurs paroles me blessent. Si c'est un hasard et que je dérange je ne m'en remettrais pas.
Sara est partie travailler, c'est sa première journée dans un pays étranger, tandis que moi j'ai deux mois de vacances avant que les cours ne commencent. J'ai promis à ma mère de bouger, de découvrir la ville et ses habitants, mais j'ai besoin de me poser je mets dans mon lit incapable de décider.
Soudain un coup contre la porte fenêtre me fait sursauter.
─ Non ! Non ! Merde! Merde! Scheisse!
─ Tu m'ouvres oui ? demande mon miracle personnel qui ne sait pas s'annoncer et passer par les portes comme tout le monde.
─ Co ... comment ?
Il m'embrasse.
─ Moi aussi je suis content de te revoir.
Je le frappe doucement sur le torse et le repousse :
─ Tu ne m'as pas écrit !
─ J'étais occupé !
Il rentre dans la chambre et l'examine narquois.
─ Ta chambre te plait ?
Je me jette dans ses bras, je renonce à ma dignité il a gagné haut la main, je suis tellement soulagé de le revoir. Il me berce dans ses bras un moment.
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