25-Schwerin
Résumé des chapitres précédents :
Willem vient de faire son coming out à sa famille qui le prend bien et il a rompu avec Ana. Il l'annonce à Javier qui réalise qu'il n'y a plus d'obstacle entre eux deux, surtout que Willem affirme avoir enterré la hache de guerre.
Javier réalise qu'il est amoureux de Willem et le pire c'est que maintenant que les deux garçons se réconcilient, ils vont être séparés par des milliers de kilomètres.
Javier se désespère du temps qui passe bien trop vite, il a demandé à faire l'amour avec Willem et celui-ci refuse. C'est une nouvelle source de crispation pour Javier qui y voir la preuve que Willem n'est pas vraiment amoureux.
Plus Javier supplie et plus Willem refuse lui arrachant le cœur un peu plus. Est-il sincère seulement ? Et ce temps qui passe si vite !
***
J-3
***
Javier
Willem s'est incrusté à notre sortie à Schwerin, prétextant l'envie de découvrir la ville et les profs n'y ont vu que du feu. Nous visitons donc ensemble, savourant l'amertume d'être ensemble mais déjà loin dans les cœurs. La grisaille de la promesse inexorable de la séparation gâche tout pour moi.
Comme un fait exprès nos parents se manifestent en chœurs, les siens pour car il est indiqué comme ayant séché les cours et il l'engueule, tandis que ma mère s'étonne de ne pas avoir beaucoup de nouvelles de ma part. Pour me faire pardonner pendant que lui s'explique avec ses parents, je lui balance des photos des villes que j'aime tant.
Le beau temps est revenu et nous allons finir notre séjour sous un temps radieux.
Après la visite, il m'emmène faire de kitesurf le soir. Nous nous amusons comme des fous tous les deux. Nous nous faisons des bisous dans l'eau, je me frotte contre lui. Il rigole et me laisse faire, mais il est têtu, il ne me donnera pas ce que je veux : Je n'aurai pas ma première fois avec lui.
Ce qui me terrifie, c'est moi : Est-ce que je serai assez fort pour ne pas céder au premier mec que je croiserai à La Rochelle ? Je l'aime, mais quand je serai seul, loin de lui, est ce que je serai fidèle à notre amour ?
Je tente une autre approche, puisqu'il ne veut pas coucher avec moi, j'essaye d'obtenir que nous nous retrouvions dès que possible.
─ Tu veux venir chez moi cet été, tout l'été ? Je suis sûr que ma mère sera d'accord pour te loger.
─ Cet été je ne serais pas disponible. Je vais devoir travailler dur, car j'ai cédé à ma mère qui m'a fait un odieux chantage et je vais tenter médecine. J'ai un concours à préparer.
La déception est immense, limite mes jambes ne me portent plus. J'ai le souffle coupé par sa réponse, à quoi est ce qu'il joue ? Je l'aime tellement et il m'a juré que lui aussi m'aime alors pourquoi ne pas venir me rejoindre ?
─ Tu ne peux pas venir au moins...heu...d... une semaine... en France ?
─ Je ne pense pas !
Il me regarde moqueur, d'un air que je n'aime pas, mais alors pas du tout ! Comme s'il me préparait un mauvais coup ! Il me fait peur soudain et je ne peux m'empêcher de m'étonner de son manque d'empressement. Je me sens mal et très inquiet.
Je décide de tout tenter, renonçant à mon orgueil, je suis sur le point de le supplier :
─ Et si je venais chez toi, en vacances ?
─ On verra, répond Willem.
Il me brise le cœur. S'il voulait se venger et gagner, il a réussi haut la main.
─ Tu n'as pas l'air triste de mon départ, mais je ne veux pas gâcher le peu de temps qu'il nous reste.
Je veux me faire le maximum de souvenir de nous deux et tant pis si je suis le super looser et qu'il se moque de moi.
─ Je peux te tailler une pipe ?
Willem cligne des yeux surpris. Il devait s'attendre à une remarque acerbe.
─ Tu aimes ça ?
─ Je t'aime nigaud d'allemand ! J'ai les larmes aux yeux encore. Tu ne comprends pas que dans une journée je ne serai plus là !
Je nage avec lui me rappelant ce premier jour où il m'a coulé : Le chameau !
─ Je vais me battre pour toi ! rétorque Willem me laissant assez surpris.
Qu'est-ce qu'il raconte.
Je renonce à le comprendre il dit n'importe quoi. Je l'embrasse et me sniffe à son odeur. Je l'entraine dans les dunes, pour mes souvenirs.
***
Voilà le moment fatidique est enfin arrivé et curieusement, après ces jours d'angoisse, je crois que j'en suis presque soulagé. Ces derniers jours ont été une interminable torture, le couperet est tombé et le temps est passé implacable. Il est six heures du matin, ce vendredi 20 mai, nous sommes déjà le jour du retour en France. Le bus est arrivé.
La famille Tennebaum a les larmes aux yeux et Beate pleure pour nous deux. Pour ma part, je suis désespéré avec le cœur en mille morceaux
Willem n'est pas venu ce matin, mais nous avons passé la soirée ensemble à nous faire des câlins, sans aller jusqu'au bout. J'aurai tellement voulu qu'il soit ma première fois.
Je déteste les adieux, mais là, c'est épouvantable, Lubeck et le gymnasium Katharineum vont me manquer horriblement. J'ai heureusement terminé ma peinture que le professeur de dessin accrochera dans le hall dans quelques jours. J'espère qu'ils comprendront combien je les aimais tous.
Ça y est toutes les filles pleurent maintenant, alors que le bus se met en mouvement sous les gestes d'adieu. Direction La Rochelle, alors que mon cœur n'y est pas du tout.
J'ai rêvé de stopper le bus ou que Willem le stoppe, j'ai songé à me sauver et puis je me suis raisonné il ne voudrait jamais de moi dans ses conditions, alors à quoi bon. Il ne me reste qu'à souffrir.
Je me suis assis à côté de Samia qui pleure comme une madeleine, on remarque un peu moins mes propres larmes.
La prof couche bien avec le prof allemand, ils se sont fait des bisous. Le bus a entrepris son périple et nous quittons Lubeck. Je fixe les paysages rêvant de les graver dans mes yeux à jamais.
A la pause-déjeuner, Elsa nous explique qu'Albert va la rejoindre en France, il a déjà fait sa demande. Il est sympa son mec, plus sympa que le mien. L'amertume remplace les pleurs, surtout que je lui ai envoyé une dizaine de message sans réponse.
L'arrivée à La Rochelle se fait à dix-huit heures, j'ai envie de pisser, j'en ai marre ! Je suis encore puceau. La seule chose sympa est de découvrir ma mère qui m'attend à la descente du bus, je me jette dans ses bras.
Il fait super beau en France et cela fait du bien de parler français, mais je me sens décalé, pas en décalage horaire, mais en décalage temporel, comme si je venais d'une autre époque et je vais avoir du mal à me brancher à nouveau à ma vie. Je ne reconnais plus rien ici, tout me parait étrange et irréel.
Ma mère m'inquiète, elle est trop joyeuse, cela doit vouloir dire un nouveau mec en vue. Pas déjà les emmerdes ! Je suis trop triste là !
Elle fait la conversation dans la voiture, s'extasiant sur mes photos, me demandant de lui raconter, je m'efforce de jouer le jeu, c'est super dur. Elle fait des embardées incessantes et je lui raconte en lui demandant toutes les deux minutes de faire attention aux virages et de ralentir.
Nous arrivons en vue de la maison, quand j'ai fini de raconter mon merveilleux séjour, en zappant l'essentiel.
─ J'ai une grande nouvelle ! clame t'elle en se garant. J'ai vendu la maison.
─ QUOI ?
J'étais en train de sortir de la voiture, rêvant de m'ensevelir dans mon lit et elle m'a réveillé d'un coup.
─ Ne crie pas ! Ne panique pas !
─ On va vivre où ? La maison de mamie ! Tu as osé vendre la maison de mamie ! Pour une queue !
Je crie tellement que je n'ai même pas vu la claque arrivée. Ouch ça fait mal !
─ Aye ! Mon oreille, ma lèvre, les cicatrices passaient à peine !
Je reste anéanti pas sa connerie monumentale.
─ Calme toi ! Laisse-moi t'expliquer ! J'ai eu une super opportunité de boulot et on va déménager ! J'ai vendu avant que Ellyas ne casse tout chez nous. Nous allons habiter chez tata Rose jusqu'à ce que tu passes ton bac, et après c'est le grand départ !
Ma tante a une belle maison à Marsilly, ce n'est pas à côté du lycée. J'adore ma tante mais de là à accepter que maman ait vendus la maison de mamie, elle rêve !
─ Tu ne me demandes pas où on va ?
─ Non je veux garder la maison de mamie ! Annule la vente !
─ Je te réserve la surprise alors, rétorque t'elle inflexible.
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