11- Fin de journée

Résumé des chapitres précédents :

Javier aide la famille de Beate en travaillant sur le marché le samedi matin. Sauf que Willem débarque et commence aussitôt son plan vengeance en le mordant méchamment à l'oreille.

Beate exige des explications et Javier lui raconte toute la vérité.

Ils sont allés à la plage pour discuter car il fait étonnamment beau en Allemagne et ils vivent presque sur la plage.

Javier décide de se baigner. Manque de chance son éternel ennemi juré débarque et lui fait passer un mauvais quart d'heure à le couler dans l'eau glaciale.

***

Javier

Si nous comptions les points, il est évident que je me fais complètement mener et mon orgueil en prend un coup ! Ce matin la morsure, et maintenant mes poumons en feu. Il n'y a pas été de main morte dans l'eau.

J'appelle la prof qui m'explique qu'elle n'ait pas disponible avant un moment et elle me demande de rappeler dans dix minutes, elle rigole en plus.

Heureux de voir qu'il y en a qui s'amuse !

Je me retiens de demander si son chéri l'autre prof qui s'appelle Albert va bien.

Sur mon téléphone, je lis les échanges des autres, la plupart se baladent en ville et partagent des photos. Elsa me rappelle enfin et j'attaque tout de suite.

─ Vous vous souvenez de ce que j'avais dit sur un ennemi et bien il est là !

─ quoi ?

─ Vous avez mis une photo de moi sur le marché et il est venu me mordre ! Il m'en veut toujours !

Elle argumente, refusant d'y croire, puis comprend enfin.

─ Il en a vraiment après toi ? demande Frau Rotenbucherberg que j'ai enfin réussi à convaincre.

─ Oui, il faut m'aider à l'éviter et la première chose à faire, c'est de ne pas mettre d'information sur moi dans la conversation franco-allemande, car il y a accès.

─ Comment ? s'étonne-t'elle.

Elle doit croire que son groupe c'est fort Knoxx. Je vous jure les profs parfois !

─ Sa petite amie est dans le groupe.

─ Ça me parait bien mélodramatique ton histoire ! grommèle la nana qui ne veut pas s'avouer vaincu.

Je regarde les voilages de mon baldaquin qui flotte doucement, j'aurais bien voulu la voir à se faire couler comme je l'ai été.

─ Mademoiselle, vous avez promis !

─ Très bien. Je peux aller voir ses parents pour arranger les choses ?

Génial ! ça c'est bien une idée d'adulte à côté de la plaque.

Je ricane, agacé.

─ Non, pas la peine ! Parce que de toute façon, il niera. Plus d'infos sur la conversation de groupe et ce soir, je ne viens pas.

─ Bon sang Javier ! D'accord ! D'accord ! Enfin je te laisse voir avec les parents de ta correspondante.

Après avoir raccroché, je me suis mis dans les draps, recroquevillé comme un oiseau blessé et j'ai dormi une petite heure. Quand je me réveille, le soleil est encore haut et le ressac de la mer fait un fond sonore qui me berce. Cela va beaucoup mieux.

La petite souris a repris du poil de la bête. Je me rappelle, un peu requinqué, que si le chat est le plus fort, dans Tom et Jerry, la souris gagne toujours alors...

Quant à ce que je lui ai dit dans l'eau...qu'est-ce qu'il m'a pris ?

Il me fait perdre la tête, je me cache les yeux en songeant à ce que je lui ai réclamé. La honte !

J'enfile un bermuda et un tee-shirt bleu marine, je sors beaucoup de linge et il va déjà falloir que je me renseigne pour les lessives.

Beate bouquine dans le canapé sous la véranda, entourée de ses chats, elle sourit quand je descends.

─ Tu as l'air remis ?

─ Je dors super bien ici, c'est magique ! Et Willem m'a décrassé les poumons à l'eau de la mer du nord.

Elle éclate de rire.

─ Content de voir qu'il y en a une qui s'amuse, je remarque mi-amusé, mi-agacé.

─ Si tu veux on peut aller en ville, il n'y aura personne. Les autres sont tous occupés à se préparer pour la soirée.

Elle a compris ma stratégie et va m'aider, j'ai déjà une alliée.

─ Pourquoi pas ? On y va comment ?

─ En vélo. Il faudra juste faire un détour à un moment, explique-t-elle.

─ Pourquoi ?

─ Sinon on passe devant chez lui.

Elle me fait un clin d'œil.

Ok le détour à l'unanimité.

Avec Beate, on visite l'hôtel de ville, puis L'Holstentor une des portes médiévales de la vieille ville qui abrite un musée dédié à l'histoire de Lübeck. Nous passons le long du fleuve Trave. Il est déjà tard quand nous arrivons dans les rues commerçantes.

─ Tu veux faire un peu de shopping ? propose Beate en hésitant.

─ Oui carrément j'adore ça.

Beate m'avoue qu'elle n'a aucun gout, et elle comptait sur la correspondante française pour la conseiller. Je rigole dans ma barbe, car Sabrina a un look sexy-hot qui l'aurait déçu.

Bon, elle veut des conseils d'une Française, elle aura mieux : d'un français. Je la fais rentrer dans les boutiques, tandis qu'elle me regarde dubitative. On manipule pas mal de fringue on se montre des trucs pour délirer, quand je tombe en arrêt devant un jean de coupe classique et un pull manche longue gris et rose.

─ Je suis sûr que ce pull et ce pantalon t'iraient.

─ Ils ne coutent pas trop cher, mais je n'ose pas essayer, je ne veux pas me montrer, avoue Beate.

─ Je ne te regarde pas ! j'ai réponse à tout.

Peu après, oubliant ce qu'elle a dit, elle essaye et vient me montrer la tenue. Ça lui va bien, c'est mieux que ces immenses pyjamas et on dirait qu'elle a perdu du poids. On continue notre shopping et plus tard nous tombons en arrêt devant une veste en jean avec des fleurs colorées brodées. C'est le must have, nous sommes d'accord tous les deux.

─ C'est bête j'ai dépense mon argent de poche du mois, gémit Beate. Je reviendrai le mois prochain.

─ Je devais te faire un cadeau de bienvenue, ce sera mieux qu'un vase. Tu en penses quoi ?

Beate se jette à mon cou.

─ C'est trop gentil. On ne va pas me reconnaitre avec ces tenues.

─ Il te faut du maquillage aussi ?

Elle s'arrête net dans la rue ébahie.

─ Tu t'y connais en maquillage ?

─ Oui je fais des vidéos et je sais ce qui arrange les yeux et la bouche. Normal quoi !

C'est moi qui suis surpris par son étonnement. Souvent je me maquille les yeux, mais je n'ai rien emmené pour les vacances.

─ Ma mère prétend que ça enlaidit. Je n'ose pas rentrer dans une boutique, avoue Beate, mais ...j'aimerai bien.

─ Ma petite Beate il va falloir oser plus !

Nous trouvons une marque qui existe aussi en France.

─ Ton petit ami t'accompagne ! s'exclama la vendeuse ébahie.

Je fais un clin d'œil à Beate et continue de jouer le jeu. J'exagère mon côté français, je lui conseille un mascara, un crayon noir et la vendeuse lui apprend à les utiliser. Les boutiques ferment déjà, la soirée des élèves va bientôt commencer.

─ Tu es génial Javier, je ne m'étais jamais autant amusé à faire du shopping.

Alors que nous arrivons au croisement où nous devons tourner à droite, pour éviter la maison de Willem, des pneus crissent. Dans une voiture grise, Günter est au volant, Willem à côté ! et merde !

Gunter n'a pas changé. Sans lâcher son volant, il me fait un bref salut, il était en France lui aussi spectateur impuissant de mon emprise sur son copain. Il ne m'a pas pardonné visiblement.

La voiture se gare à notre hauteur.

─ Vous allez être en retard pour la soirée, constate Willem qui a ouvert sa fenêtre en me fixant.

─ Nous arrivons, on se dépêche, ment Beate.

Ils nous saluent d'un signe de tête avant de repartir et nous poursuivons notre route, inutile de faire un détour. Peu après, elle m'indique une grande maison envahie de bazar.

─ C'est chez lui.

Je regarde curieux son univers que je découvre. Je ne l'imaginais pas du tout dans ce genre d'endroit.

─ Regarde devant toi tu vas tomber de vélo ! je grimace excédé par son grand sourire.

─ Il ne t'a pas lâché des yeux ! c'est impressionnant comment tu le fais réagir, constate la chipie.

Je suis dubitatif et avec Willem je ne sais plus rien.

─ Tu as menti au quart de tour, bravo ! Tu m'as impressionné sur ce coup-là, ma petite Beate.

─ Normalement, la soirée n'est que pour les élèves de la classe de français, mais j'ai l'impression qu'il y a de l'incruste. Willem avait l'air d'y aller non ?

Je hoche la tête pour approuver. C'est bizarre, les élèves ici sont volontaires pour aller à des trucs organisés par le lycée.

Beate et moi nous séchons, fiers de nous.

C'est le paradis de la liberté, ce pays. Nous faisons un feu de camp sur la plage. Plus tard alors que le feu s'éteint doucement, les étoiles éclairent les lieux, nous admirons les constellations. Mes potes s'inquiètent de ne pas me voir, je regarde leurs messages, mais ne compte pas répondre. Dommage que Willem m'ait coulé et mordu, sinon c'était une journée parfaite.

Le seul truc nul chez les Tennebaum : c'est la bouffe. J'en ai déjà marre des sandwichs.

Beate m'a avoué ne pas savoir danser, alors je me suis improvisé prof de danse : je lui apprends quelques mouvements.

De retour dans ma chambre il est une heure du matin et j'écris à mes copains que je ne peux pas venir à la soirée au prétexte que j'ai mal aux poumons. S'ils répètent au sadique, il comprendra.

Ça ne loupe pas, je reçois un message d'un numéro inconnu.

Tu étais en pleine forme, sale menteur, tu aurais pu venir !

Je souris en regardant le message. Ce sadique a récupéré mon numéro.

Zou, bloqué.

La souris va encore énerver le chat.

Je n'ai pas encore d'idée de vacheries à lui faire, conscient d'être désavantagé puisque je suis en terrain ennemi. Je vais bien finir par trouver. Dans mon lit, je me contente de zapper sur diverses applications avant de jouer en ligne dans mon pyjama.

─ Bam ! Bam !

Du bruit à ma fenêtre me fait sursauter. Je me lève, guère rassuré pour aller voir ce qui cause ces coups. J'ai un coup au cœur en découvrant la silhouette sur le balcon ...merde non ! C'est lui. Comme je n'ouvre pas, il frappe encore plus fort.

Je me dépêche d'y aller avant qu'il réveille toute la famille. Une odeur de bière flotte autour de lui !

Alors qu'il rentre dans ma chambre, le constat est sans appel, mon plan pour l'éviter a encore échoué lamentablement. Honnêtement, je l'ai vu toute la journée.

Je retourne dans mon lit dépité, suivi par mon ex-petit-copain-slash-ennemi.

─ Ne fait pas de bruit où la famille de Beate va venir ! je râle, renonçant à lui demander ce qu'il veut, je le saurai bien assez tôt.

Il s'allonge contre moi dans le lit et pose ses mains sur moi, me faisant réagir tout de suite à caresser mes pectoraux. Mon short se tend d'une bosse. Il frôle mon oreille douloureuse avec son nez et m'arrache un couinement, tandis qu'il rigole, appuyé contre mon épaule.

─ Elle est sympa, cette chambre, dit-il en examinant les lieux.

Je souris, car il ne l'a pas vu en plein jour.

─ Je l'aime bien !

─ Tu n'es pas venu à la soirée, tu auras une autre punition ! râle Willem contre moi.

Il s'appuie de tout son poids et s'allonge sur moi.

Excédé, je réponds en français.

─ Si j'appelle maintenant tu vas avoir des problèmes !

─ Si je t'arrache la langue, tu ne peux pas appeler ! rétorque mon bourreau qui s'approche dangereusement de mes lèvres pour les mordiller.

Le repousser est un effort surhumain, car il est lourd, mais surtout je suis bien dans ses bras à profiter de ses baisers. Nous nous embratestons, je viens d'inventer le mot, mélange de nos baisers et du fait que nous nous détestons dans le même temps.

─ Arrête.

Il relâche la pression, stoppe ses baisers et s'allonge, sa tête dans mon cou.

Il fait glisser sa main sur mon ventre à la frontière de mon short et de la peau de mon abdomen et de mes hanches. Il caresse l'élastique, glissant légèrement son doigt entre le vêtement et mon corps, il m'achève de désir. Jamais je n'ai été aussi loin avec un garçon, c'est avec celui-là que j'ai envie de poursuivre.

Il rigole contre mon oreille, je recule, redoutant une autre morsure.

─ Je vais m'arranger pour te ridiculiser et tu n'aurais jamais ce que tu veux ! conclut-il en faisant claquer l'élastique de mon caleçon sur ma peau.

─ Aye ! hey calmos ! Ce que je veux ?

─ Tu veux ma queue ducon ! Tu ne l'auras pas ! Je vais te laisser je dois aller voir ma chérie. Débloque-moi sur ton téléphone, je veux pouvoir te parler, ordonne-t-il en se relevant après m'avoir embrassé la joue.

Il me repousse méchamment avant de repartir par la fenêtre, laissant la porte battante et le manque atroce.

Je n'ai pas eu le temps de réaliser et le changement d'ambiance m'a pris de court. Quand il me câlinait menaçant, j'ai espéré que nous allions nous réconcilier, je me suis fait avoir encore en beauté.

Je gigote, agacé dans mon lit, penaud et vexé, devant le gâchis. C'est vrai que j'ai joué au con quand j'étais gamin, mais je ne m'attendais pas à le payer si cher.

Si je fais un bilan des opérations : Il vient dans ma chambre quand il veut, il piste toutes mes activités, mon plan d'évitement est un fiasco total. Il me déteste alors que moi je suis en train de tomber raide dingue amoureux de lui.

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