24.
« L'opération de Niall a lieu demain. »
Le docteur Pritchard hocha la tête.
« Cela vous angoisse ? »
J'opinai, l'estomac noué.
« Son chirurgien est très réputé, il affirme que c'est une intervention très simple, mais ça n'empêche pas. »
« C'est normal. »
J'exhalai longuement et finis par sourire.
« J'ai réservé un vol pour la Virginie à la fin du mois de Janvier. Je partirai après les deux semaines de convalescence de Niall. »
Le docteur Pritchard haussa les sourcils.
« Oh ? Et qu'est-ce qui vous a motivé ? »
Le cran de Niall et le fait qu'Harry tourne la page.
« Harry a rencontré quelqu'un, ainsi que je l'espérais. Mais c'est surtout Niall qui m'en a donné la force. Il est si courageux à tous les égards... Nous étions en train de discuter hier soir et, malgré l'imminence de son opération, il ne s'inquiétait que de moi, affirmant que si je ne me décidais pas à affronter mon passé je n'irais jamais mieux. »
Le docteur Pritchard m'adressa un sourire triste.
« Niall a réussi, en une conversation, à vous convaincre de faire ce que j'essaie de vous pousser à faire depuis presque six mois ? »
« Vous auriez peut-être dû vous faire diagnostiquer quelque chose de super grave et vous montrer très courageuse afin de me faire sentir comme le pire des trouillards. »
« Il faudra que j'y songe pour la prochaine fois. »
J'éclatai de rire, puis me murai dans un silence crispé.
« J'ai peur. » finis-je par admettre. « Les affaires de ma famille sont dans un garde-meuble. Je vais peut-être enfin y faire du tri après être allé les voir au cimetière. »
« Vous ne m'aviez jamais dit que vous aviez conservé leurs biens. »
« Ouais. Je les ai abandonnés quelque part pour mieux les oublier. »
« Vous franchissez vraiment une étape importante, Louis. »
« Ouais. J'espère bien. »
Elle fronçait les sourcils, désormais.
« Harry a rencontré quelqu'un ? »
Je tâchai de refouler la douleur.
« C'est ce que je voulais. »
« Louis, je sais que c'est ce que vous vous disiez, mais ça ne doit pas être facile de le voir rebondir si rapidement. Surtout après vous avoir couru après et fait la promesse de ne jamais laisser tomber. »
« Ça prouve que j'avais raison. Il ne m'aime pas. »
« Et il fréquente réellement cette femme ? Il n'y a pas de malentendu possible ? »
« Pas selon Niall. »
« Alors un voyage en Virginie pourrait bien être précisément ce dont vous avez besoin à l'heure actuelle. »
« Oh, ce n'est pas un voyage. » Je secouai la tête. « Enfin, oui et non. J'envisage de m'y réinstaller de façon permanente dès que Niall sera tiré d'affaire. J'y vais pour chercher un appartement, puis je reviendrai ici pour régler les détails... »
Le docteur Pritchard secoua la tête.
« Je ne comprends pas. Je croyais que vous étiez chez vous, à Edimbourg. Je croyais que Niall était votre nouvelle famille. »
« Il l'est. Et le restera. » J'eus un sourire las. « Je ne peux pas le voir avec quelqu'un d'autre. » avouai-je. « Il m'épuisait, pourtant. Vous, Niall, lui... vous m'épuisiez tous à son sujet. Vous ne pensez pas que le fait de le plaquer était irrationnel ? » Je me surpris à hausser le ton. « Je sais que ça l'était. Je n'ai simplement pas pu m'en empêcher ; c'était comme si quelqu'un d'autre m'habitait et l'avait repoussé car j'avais trop peur de le perdre. »
« Louis... » La voix du bon docteur était douce, apaisante. « C'était effectivement irrationnel, mais tout à fait compréhensible. Vous avez beaucoup souffert à cause d'une perte alors que vous étiez encore un jeune garçon. Harry sait pertinemment ce qui a motivé votre décision. C'est pour ça qu'il n'a pas jeté l'éponge. »
« Il l'a fait dès qu'il a aperçu une paire de longues jambes doté d'une bonne paire de seins. »
« Est-ce réellement ce qui vous pousse à partir ? »
« Je sais que j'ai l'air d'un fou. Je clame sur tous les toits que je ne veux pas être avec lui et, dès que j'apprends qu'il a rencontré quelqu'un d'autre, je me mets à flipper. La vérité, c'est que rien n'a changé. Sauf que, maintenant, je ne veux plus être avec lui parce qu'il ne m'aime pas de la même façon que moi. Tout ce qui le motive, c'est la chasse. »
« Eh bien, il faudrait que Harry vienne me voir pour que je puisse me faire une opinion sur la question ; en revanche, je pense que vous devriez communiquer davantage. Vous devez absolument lui dire tout cela avant de partir pour la Virginie, sans quoi vous passerez le restant de votre vie à vous interroger, Louis. Vous savez ce qui fait plus peur que de jouer et de perdre ? »
Je secouai la tête.
« Le regret. Le regret a des conséquences terribles sur ses victimes. »
***
Nous nous rendîmes tous à l'hôpital pour Niall. Même Hannah et Declan. Quand ils vinrent le chercher pour l'emmener en salle d'opération, nous nous relayâmes pour le rassurer. Finalement, Liam l'embrassa longuement et tendrement, un baiser qui aurait fait fondre même les cœurs les moins romantiques. Dommage qu'il ait fallu un évènement aussi tragique qu'une chirurgie du cerveau pour le pousser à se décaler, mais ainsi va la vie. Parfois, certains d'entre nous ont juste besoin d'un bon coup de pied au cul.
Nous restâmes assis dans la salle d'attente, même si les docteurs nous avaient conseillé de rentrer et de ne revenir que quelques heures plus tard. Aucun de nous ne voulait partir. J'étais installé entre Elodie et Hannah. Clark était à l'autre bout de la pièce, et regardait Dec jouer -sans le son- sur sa Nintendo. Harry était assis à côté de Clark, et Liam se trouvait à sa droite. Nous échangeâmes à peine quelques mots. J'allai chercher du café pour les adultes et des sodas pour les enfants. J'emmenai Hannah en quête de sandwichs et tentai de lui parler du livre qu'elle était en train de lire, mais ni elle ni moi n'avions la tête à ça. Dec fut le seul à terminer son en-cas, tandis que nous grignotâmes à peine, l'estomac trop noué pour avaler quoi que ce soit.
Vous saviez que le temps s'arrêtait, dans la salle d'attente d'un hôpital ? Sans rire. Il s'arrête. Quand on regarde l'horloge, elle indique 12h01 ; une bonne heure plus tard, il n'est que 12h02.
Quand le chirurgien revint enfin nous trouver plusieurs heures après, nous nous levâmes comme un seul homme. Il nous sourit, l'air fatigué mais parfaitement calme.
« Tout s'est très bien passé. Nous avons pu retirer toute la grosseur, et nous avons envoyé les tumeurs en biopsie. Niall se trouve en salle de réveil, toujours sous anesthésie. Je sais que vous avez passé la journée ici, je vous conseille donc de rentrer un moment et de revenir ce soir, pendant les heures de visites. »
Elodie secoua la tête, les yeux fiévreux d'inquiétude.
« On veut le voir. »
« Laissez-lui du temps. » répliqua doucement le Docteur Dunham. « Je vous assure qu'il va bien. Revenez ce soir. Je vous préviens dès maintenant, il sera sans doute un peu K-O, et la partie droite de son visage est très enflée à cause de l'intervention. C'est tout à fait normal. »
Je serrai le bras d'Elodie.
« Venez. On va faire manger les enfants et on reviendra plus tard. »
« Ouais, maman, j'ai faim. » se plaignit Declan.
« D'accord. » souffla-t-elle, moyennement convaincue.
« Merci, docteur. » dit Clark en lui tendant la main.
Le médecin la serra avec un sourire rassurant. Après que Liam et Harry l'eurent salué à leur tour, et qu'Elodie et moi l'eûmes gratifié d'un sourire reconnaissant, le chirurgien nous laissa reprendre nos esprits. La tension s'était légèrement dissipée, maintenant que nous savions que tout s'était bien déroulé, mais nous étions toujours inquiets.
Ce ne fut qu'une fois hors de l'hôpital, lorsqu'Harry m'attira contre lui pour m'éteindre, que je me rendis compte que je n'avais plus pensé à notre naufrage sentimental depuis une éternité. Toutes mes pensées étaient tournées vers Niall.
Toutefois, dès qu'il me toucha, le nom de Kendall me revint en tête, et je me raidis.
Il s'en rendit compte, crispé à son tour.
« Lewis ? » m'interrogea-t-il.
Je fus incapable de le regarder. Je me libérai d'un haussement d'épaules, tirant parti de sa surprise, et m'empressai de rejoindre Hannah.
***
Ce soir-là l'infirmière nous emmena voir Niall en salle de réveil. Les rideaux étaient tirés autour de son lit, et Elodie et Clark se tenaient devant moi, je ne l'aperçus donc pas immédiatement. Après qu'ils l'eurent doucement embrassé, ils reculèrent. Je tressaillis.
Je ne m'étais pas attendu à avoir aussi peur.
Le docteur Dunham avait raison : le côté droit de son visage était tout enflé et déformé, et ses yeux demeuraient vitreux à cause de l'anesthésie. Un bandage blanc lui enserrait la tête, et je sentis mon estomac se retourner quand je songeai que son cerveau avait été incisé plutôt dans la journée.
Il me fit une sorte de sourire de travers.
« Louis. »
Sa voix était rauque, à peine audible.
Je voulus prendre mes jambes à mon cou. Je sais, c'est terrible. Mais je voulais fuir au plus vite. Les gens hospitalisés ont rarement connu une fin heureuse dans ma vie, et le découvrir ainsi, si vulnérable, si épuisé, me rappela que nous avions failli le perdre.
Une main serra la mienne et je tournai la tête vers Hannah, qui m'observait. Elle était aussi pâle que j'avais l'impression de l'être, et ses doigts tremblaient entre les miens. Elle aussi avait peur. Je lui adressai un sourire que je voulais rassurant, espérant y parvenir.
« Niall va bien. Viens. »
Je l'entraînai en direction du lit. J'effleurai la main que Niall avait sortie pour sa mère, et sentis une vague d'amour et de soulagement déferler en moi quand il me serra les doigts.
« Je suis beau ? » demanda-t-il d'une voix mal articulée, me faisant rire doucement.
« Comme toujours. »
Il baissa les yeux vers Hannah.
« Je vais bien. » lui murmura-t-il.
« Tu es sûr ? »
Sa petite sœur se rapprocha du lit, le regard rivé sur sa tête bandée.
« Oui, oui. »
Il était toujours fatigué. Je savais que nous ne pouvions pas rester longtemps. J'éloignai gentiment Hannah du lit, afin de laisser la place à Harry, Liam et Declan. Ce dernier trouva évidemment qu'il avait l'air cool. Une fois que Harry eut dit bonjour, Liam refusa de quitter le chevet de Niall, qui avait ses paupières qui se fermer malgré lui.
« Il faut le laisser se reposer. » ordonna Clark d'une voix étouffée. « On reviendra demain. »
« Niall. » chuchota Harry, lui faisant rouvrir les yeux. « On y va. On repassera demain. »
« D'accord. »
Liam s'empara d'une chaise, qu'il installa à côté du lit.
« Je reste. »
Nous acquiesçâmes, n'essayant même pas d'argumenter après avoir vu sa mâchoire résolument serrée. Nous lui adressâmes des au revoir discrets et traversâmes l'hôpital dans une semi-torpeur. Harry et moi fermions la marche.
« Il a l'air tout minuscule. » commenta-t-il. « Je ne m'attendais pas à le voir en si piteux état. »
« Son visage va désenfler. »
Il m'adressa un regard inquiet.
« Ça va ? »
« Oui. »
« On dirait pas. »
« La journée a été longue. »
Nous nous arrêtâmes au... en réalité, je ne savais pas où. L'hôpital était vraiment labyrinthique, avec ses multiples petits parkings, ses innombrables entrées et ses barricades jaunes. J'étais complètement perdu. En tout cas, nous étions debout devant une porte, et Elodie soupira.
« Vous rentrez en taxi, tous les deux ? »
La voiture de Clark n'était pas assez grande pour nous accueillir tous. Ils m'avaient emmené à l'aller, mais Liam et Harry étaient venus en taxi. Ça n'aurait pas été poli de leur demander de me raccompagner, laissant Harry tout seul.
« Je vais prendre un taxi. Harry, monte avec eux. »
Il me décrocha un sourire entendu.
« Non, on va rentrer ensemble. »
Merde.
Je regardai partir à contrecœur la famille de Niall, tandis que Harry appelait un taxi. Je me trouvais alors toujours dans l'entrée, à guetter son arrivé.
Je sentis son eau de Cologne quand il se plaqua contre mon dos. Je m'écartai, mal à l'aise, tentant d'omettre le fait que, même si j'avais changé les draps du lit, je ne les avais toujours pas lavés afin de pouvoir encore humer son odeur. J'étais vraiment ce genre de personne...
« Tu veux bien me dire pourquoi tu ne m'adresses plus la parole ? » me souffla-t-il à l'oreille d'un ton bourru.
Je rentrai les épaules et me décalai de nouveau. Sa voix avait provoqué chez moi une réaction qu'il valait mieux qu'il ignore.
« Mais si je te parle. »
« A peine. »
« J'ai la tête ailleurs. »
« Tu veux en discuter ? »
« J'ai déjà voulu en discuter ? »
Je sentis mon cœur s'emballer quand il se colla à moi, glissant sa main sur ma hanche.
« Il t'arrivait de me parler, Lewis. Ne le nie pas. »
Quand j'aperçus du coin de l'œil le noir familier d'un taxi de la ville tourner de notre côté du bâtiment, je me libérai rapidement.
« Le taxi est là. »
Et je m'en approchai sans tarder.
Quand nous fûmes à l'intérieur, je sentis bien qu'il était agacé. Je le connaissais également assez pour savoir qu'il allait tenter de me convaincre d'en discuter, dût-il pour cela me suivre chez moi. J'indiquai au chauffeur l'adresse de Jo, dans le quartier de Leith.
Harry me lança un regard mauvais.
Je haussai les épaules.
« Jo m'a demandé de passer la voir. »
Après quelques questions ineptes de sa part, et autant de réponses monosyllabiques de la mienne, Harry capitula, non sans m'avoir signifié d'une œillade menaçante qu'il n'en avait pas terminé avec moi.
Je descendis du véhicule sans un au revoir et observai le taxi s'éloigner. J'appelai Jo pour m'assurer qu'elle était chez elle, et montai jusqu'à son appartement, où je passai pratiquement toute la nuit.
***
Eviter Harry nécessitait beaucoup d'adresse. Ou plutôt, non, cela impliquait seulement de ne pas passer de temps à l'appartement. Cela signifiait également de prendre un taxi tout seul pour aller rendre visite à Niall. Chaque jour, sans faute, Harry m'envoyait un texto pour me proposer de demander à son taxi de faire un détour par chez moi pour passer me prendre aux heures de visites. Je déclinais chaque fois par un « Non, merci » poli. Durant les visites, toute notre attention était focalisée sur Niall, je ne risquais donc rien. Il avait une chambre individuelle, s'ennuyait à mourir et se languissait de rentrer, mais il devait passer toute une semaine sur place. Son visage désenflait un peu plus chaque jour, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir l'air épuisé. Par chance, je ne voyais jamais le moment déchirant, celui où ses yeux se troublaient à l'heure où tout le monde partait. Je m'arrangeais en effet pour disparaître avant les autres. Je remarquais invariablement la question silencieuse dans les yeux de Niall, mais également dans ceux de toute sa famille. J'essayais de me rattraper en lui apportant chaque jour un cadeau débile, pourtant je savais qu'il crevait d'envie de savoir quelle mouche m'avait piqué.
Je n'étais pas le moins du monde surpris que Harry ne me suive pas.
Il avait tourné la page, il n'avait donc vraiment pas besoin de savoir que je l'évitais.
C'est en tout cas ce que je pensais.
Je passai la Saint-Sylvestre avec Jo. Je reçus un appel de Zayn. Des textos de Craig, Alistair, Liam, Elodie, Clark et les enfants.
Ainsi que d'Harry :
Bonne année, Lewis. J'espère que tu y trouveras ce que tu cherches. x
Qui aurait cru qu'un message puisse être aussi déchirant ? Je lui répondis... roulements de tambour...
Pareil pour toi.
Ouais. J'ai vraiment fait ça. Je suis un idiot.
***
Alors que je fuyais l'appartement, que j'allais nager dans une autre piscine ou faire du sport dans une autre salle que celle où nous étions inscrits, je supposais que Harry avait dû commencer à comprendre que j'étais au courant pour Kendall.
Quatre jours après l'opération de Niall et donc trois jours avant son retour chez nous, je reçus un nouveau texto de sa part.
Il faut vraiment qu'on discute. Je suis passé plusieurs fois à l'appartement, mais tu n'y es jamais. On peut se retrouver quelque part ? x
Je ne répondis pas. A l'évidence, il voulait me parler de son nouveau manager.
Mon mutisme n'eut aucune conséquence. Le destin avait déjà prévu de nous réunir. Deux jours plus tard, je prenais tout mon temps pour déjeuner dans ce pub géniale sur Grassmarket. J'avais ensuite prévu de remonter jusqu'au pont George-V, puis de bifurquer vers le sud et Forrest Road, où se trouvait une petite boutique Kitsch à souhait que Niall adorait. Ils vendaient des parapluies ressemblant à des ombrelles d'une autre époque, et il déclarait toujours vouloir en acheter un sans jamais franchir le pas. Je comptais donc le lui offrir pour fêter son retour chez nous, prévu le lendemain.
Je venais de finir de manger et sortais sur Grassmarket en rangeant mon portefeuille quand j'entendis :
« Lewis ? »
Je redressai brusquement la tête et mon coeur se mit à battre si fort qu'il sembla se décrocher de ma poitrine. Harry était debout devant moi, en compagnie d'une grande brune incroyable. Elle portait une jupe entravée, une veste de tailleur cintrée et échancrée et des talons aiguilles ultra sexy. Sa longue crinière brune était soigneusement négligée, et son maquillage aussi parfait que son visage.
Etait-elle réelle ?
Je me mis à la haïr sur l'instant.
« Harry. » murmurai-je en fuyant son regard.
Pour ma part, je portais un jean élimé au genou et un tee-shirt Marvel.
En gros je ne ressemblais à rien.
Je lui simplifiais bien la tâche, hein ?
« Je t'ai envoyé un texto. » déclara-t-il d'une voix terriblement sérieuse.
Je plantai enfin mes yeux dans les siens.
« Je sais. »
Il serra les dents.
Kendall se racla poliment la gorge, et il tenta de se détendre, sans pour autant me délivrer de son regard pénétrant.
« Kendall, je te présente Lewis. Lewis, voici Kendall, le nouveau manager du Fire. »
Endossant mes meilleurs atours d'acteur, je lui adressai un sourire affable et lui tendis la main. Elle me répondit d'un sourire empreint de curiosité.
« J'ai beaucoup entendu parler de vous. » lui dis-je d'un ton lourd de sous-entendus.
Harry se raidit aussitôt, et je lui décochai un sourire amer en lui adressant un Eh ouais, je suis au courant, connard. silencieux.
Kendall se tourna vers lui avec une moue craquante et incroyablement provocante.
« Tu parles de moi autour de toi ? »
Il resta coi. Il était trop occupé à me fusiller du regard.
« Kendall, tu peux nous laisser un instant, s'il te plaît ? »
Oh, oh.
Puis ô miracle, Jon Bon Jovi vint sauver la situation.
J'avais réinitialisé mon téléphone. Shot to the heart, and you're to blame. You give love a bad name.
Ouais, je n'étais pas vraiment d'humeur subtile ce jour-là.
Harry haussant un sourcil en entendant l'air, et sa bouche s'ourla en un sourire imbécile tandis que je sortais mon téléphone.
Zayn.
Dieu merci.
« Je dois répondre. A plus tard. »
Son sourire se mua en rictus.
« Lew... »
« Zayn. » répondis-je avec un enthousiasme feint.
J'adressai à Kendall un petit salut de la main, auquel elle répondit joyeusement.
Zayn ricana.
« Tu sembles tendu. »
Je forçais l'allure pour rejoindre Candlemarker Row, un raccourci vers le pont et Forrest Road.
« Je ne t'ai pas offert un assez beau cadeau de Noël, tu en as conscience ? »
« Euh, pourquoi ? »
« Parce que tu viens de me sauver le cul. Je t'enverrai un petit quelque chose en remerciement. »
« Oooh, du chocolat, par pitééé. »
« Vendu. »
Je le laissai me parler de tout et de rien pendant dix bonnes minutes, espérant désespérément que cela atténuerait la douleur insoutenable qui me comprimait la poitrine depuis que j'avais croisé Harry. Cela ne fonctionna guère. Je rentrai chez moi, me lovai dans les draps sales encore imprégnés de son odeur et pleurai pendant trois heures jusqu'à trouver enfin le courage de les mettre dans la machine.
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