14.

Je repris peu à peu conscience et, en me réveillant, sentis un poids contre ma taille et une chaleur inhabituelle. Je me rendis alors compte que c'était cette dernière qui m'avait réveillé. Si j'en croyais la lourdeur de mes paupières et leur refus obstiné de se soulever, il était bien trop tôt pour se lever et mieux valait que je me rendorme.

Cependant, ce poids sur ma taille ne m'était pas inconnu.

Contraignant mes yeux à s'ouvrir, je découvris le torse nu allongé à quelques centimètres de mon visage.

Euh, quoi ?

Réveille-toi ! Mes prunelles douloureuses remontèrent jusqu'à la tête qui surplombait ce corps, et la réalité me pénétra lentement, mais sûrement. Harry était dans mon lit.

Encore.

Il me fallut quelques secondes pour me rappeler être rentré la veille et l'avoir trouvé sur le canapé. J'avais discuté avec Niall, je m'étais débarbouillé à la salle de bains, puis m'étais affalé au pieu.

A l'évidence, à un moment ou à un autre, Harry s'y était glissé à son tour.

Ça ne faisait pas partie de notre accord.

Vexé, je repoussai sa poitrine de toutes mes forces. Et ce faisant, je le fis rouler hors du lit.

Il heurta le sol avec un bruit sourd et douloureux, et je me penchai par-dessus le rebord du matelas pour voir ses yeux s'ouvrir en grand, embrumés et surpris de me contempler ainsi par en dessous. Ai-je déjà signalé qu'il était complètement nu ?

« Bon Dieu, Lewis. » gémit-il d'une voix endormie. « Pourquoi tu as fait ça ? »

Je le toisai avec un sourire narquois.

« Pour te rappeler que ce n'était qu'une histoire de cul. »

Il se redressa sur ses coudes, plus sexy que jamais avec ses cheveux en bataille et son expression révoltée.

« En me dégageant de ton lit ? »

« Avec style. » précisai-je, mutin.

Harry hocha lentement la tête, comme pour admettre que j'étais dans le vrai.

« D'accord... »

Il soupira...

... puis je ravalai un cri de terreur lorsqu'il se redressa subitement et m'attrapa les bras pour me précipiter au sol avec lui.

« Harry ! » hurlai-je quand il me fit rouler sur le dos.

Puis il commit l'irréparable.

Il se mit à me chatouiller.

Je poussai un petit cri perçant de fillette, me tortillai tout en riant pour tenter de me libérer.

« Arrête ! »

Son sourire était mauvais, déterminé. Rapide et puissant, il parvint à éviter des ruades sans cesser de me clouer au sol ni de me chatouiller.

« Harry, arrête ! »

Je riais et me débattais si fort que je peinais à respirer.

« Pourrai-je dorénavant m'allonger près de toi sans risquer une attaque surprise en plein milieu de la nuit ? » me demanda-t-il de sa voix puissante pour couvrir mes halètements mi-étouffés, mi-rieurs.

« Oui ! » promis-je.

Je commençais à avoir mal aux côtes.

Il s'arrêta enfin et je pus prendre une profonde inspiration. Je m'effondrai à côté de lui en grimaçant.

« Dis donc, c'est dur par terre. »

« Ouais, va dire ça à mon cul. »

Je me mordis la lèvre pour ne pas éclater de rire.

J'échouai.

« Désolé. »

« Oh, tu en as vraiment l'air. » Les coins de bouche se soulevèrent légèrement quand il se mit à califourchon sur moi, glissant un genou entre mes jambes. « Je devrais peut-être te punir malgré tout. »

Mon corps réagit aussitôt à la lueur qui brillait dans ses yeux, au ton qu'il venait d'employer. Mes jambes s'écartèrent et je laissai courir mes doigts sur ses abdos avant de lui attraper les fesses.

« Tu veux des bisous guérisseurs au popotin ? »

Harry, alors sur le point de m'embrasser, se releva.

« C'est vraiment un mot bizarre. »

Je repoussai le souvenir d'une conversation identique avec ma mère -de nombreuses conversations, en réalité-, durant laquelle je la charriais à cause de certains désuets qu'elle employait. Je me concentrai sur les yeux d'Harry pour la chasser de mon esprit.

« Au moins, j'ai un accent compréhensible. » rétorquai-je.

Il fit la grimace. Puis, il exagéra l'élocution soignée de l'aristocratie britannique.

« Mon époux débattait linguistique et phonétique tandis que j'essayais de le baiser. »

J'éclatais de rire et lui giflai le dos.

« C'est toi qui as commencé avec ton histoire de popotin, si Styl... »

Je retins mon souffle quand sa main glissa sensuellement le long de ma hanche, progressa jusqu'à mon dos et s'immisça sous mon boxer jusqu'à venir se refermer sur mes fesses nues. Il me força à remonter d'un coup, plaquant son érection tout contre moi. Je haletais tandis que mon corps tout entier se mettait à fourmiller -mon crâne, mon ventre, mon sexe.- L'atmosphère de la pièce se modifia tout à coup.

Nous restâmes muets tandis qu'il se remettait à genoux, le membre palpitant. Je m'assis, mon regard toujours verrouillé au sien, et je refermai la main autour de son sexe. Ses prunelles s'embrasèrent quand je relâchai juste assez de mon étreinte pour la laisser coulisser jusqu'à la base. Il m'attrapa alors le poignet -je crus d'abord qu'il voulait me guider, me montrer ce qu'il aimer-, mais il replia mon bras derrière mon dos et me fit remonter jusqu'à sa bouche. Ses lèvres étaient douces, tendres, mais j'en voulais plus. Je titillai sa langue du bout de la mienne, provoquant un baiser plus profond, plus riche, plus humide. Il embrassait comme un dieu. Je sentais son eau de Cologne, son début de barbe qui me râpai la joue, et je pris conscience de ce que ma présence provoquait chez lui. J'ignorais jusqu'alors que quelqu'un pouvait ressentir un désir si puissant à mon égard. C'était pourtant son cas. J'en perdis la raison et oubliai tout le reste.

Les lèvres d'Harry s'écartèrent des miennes de mauvais gré, et il me lâcha la main, entreprenant ensuite de faire glisser l'élastique de mon boxer. Je me redressai sur les coudes pour lui offrir une plus grande liberté de mouvement. Émoustillé, je l'observai me retirer pyjama et culotte et les jeter par-dessus son épaule. Je m'allongeai, nu, à sa merci.

Cette fois-ci, l'acte fut différent de la veille. Le toucher de Harry était plus réfléchi, plus patient, presque déférent quand il me colla le dos au sol tout en se positionnant entre mes jambes. Il posa sa bouche sur mon torse, ses lèvres et sa langue se relayant pour lentement embraser tout mon être.

« Harry. » soupirai-je en lui saisissant la nuque tout en arquant la mienne.

Mon souffle se fit court tandis qu'il m'attirait vers l'orgasme avec ces simples caresses.

Il releva la tête, glissa sa main entre cuisses. Les deux doigts qui me pénétrèrent me submergèrent de plaisir.

« Tu es tellement étroit. » murmura-t-il, les yeux brillants. « Demain, après le repas de famille, on ira chez moi et je te baiserai dans chaque pièce, dans toutes les positions. »

Je rivai mes yeux aux siens, sentant ma poitrine se soulever et s'abaisser rapidement tandis que je l'écoutais.

« Je vais te faire hurler de plaisir là-bas, puisque tu ne peux pas le faire ici. » promit-il. Je me rappelai alors que Niall se trouvait effectivement au bout du couloir. « Mais pour l'heure, je vais me contenter de te voir te mordre les lèvres. »

Ce que je fis. Il me pénétra et je ravalai un cri tandis que la douceur et la lenteur de ses premiers mouvements s'estompaient. Ses grognements rauques tout contre moi m'excitèrent encore davantage, et il me besogna jusqu'à l'orgasme.

***

Je me sentais légèrement plus détendu pour travailler au bar, le samedi soir. Harry me rendit un grand service en me laissant un peu d'air -avec Niall, Jenny, Ed, Liam et deux autres amis que je connaissais à peine, ils sortirent pour dîner et boire quelques verres. J'étais invité au repas, mais ne me sentais pas encore prêt à me montrer avec lui en public. Et encore une fois, j'avais besoin d'espace. Quand je rentrais après le boulot, il ne m'attendait pas à l'appartement, et j'étais toujours seul le lendemain matin.

Même Niall m'avait laissé tranquille.

Ce qui me permit d'écrire. Je développai même un chapitre entier de mon roman contemporain, ne subissant qu'une seule crise d'angoisse. Elle fut toutefois si courte qu'elle comptait à peine, et dès que j'eus dépassé le cap initial, je parvins à gérer le souvenir de ma mère m'expliquant combien elle avait eu peur de débarquer seule aux Etats-Unis, mais à quel point cela lui avait paru libérateur. Le plus génial étant que je connaissais ce sentiment, et que je pouvais le décrire sans difficulté. Ce que je fis.

« Tu sais, tu devrais acheter une machine à écrire. »

Je pivotai sur ma chaise de bureau en entendant cette voix familière. Je levai les yeux vers Harry, appuyé contre le chambranle de ma porte, vêtu d'un jean et d'un simple tee-shirt. Il pleuvait. Il aurait dû porter un pull.

« Une machine à écrire ? »

Il acquiesça, tout en examinant mon portable.

« Ça ferait plus authentique, non ? »

« Eh bien, ma mère m'avait promis de m'en acheter une pour Noël, mais elle est morte trop tôt. »

Je me tétanisai.

Mon cœur s'accéléra quand mes mots me revinrent, comme en écho.

Pourquoi lui avais-je dis ça ?

Le regard d'Harry se durcit quand il remarqua ma réaction, puis il haussa les épaules.

« Tu gaspillerais des tonnes de papier, si tu en avais une. »

Il m'offrait une porte de sortie. Je lui répondis avec un léger sourire.

« Eh, je tape très bien. »

« Ce n'est pas la seule chose pour laquelle tu es doué. »

Il me sourit lascivement en pénétrant dans la pièce.

« Oh, tu n'as encore rien vu. »

Il ricana, et je crus qu'il approchait pour m'embrasser. A ma grande surprise, il fit le tour du lit pour aller prendre la photo de mes parents sur ma table de chevet.

« C'est ta maman ? »

Je détournai la tête en me crispant derechef.

« Ouais. »

« Tu lui ressembles, mais tu as la peau de ton père. Elle était très belle, Lewis. »

La douceur enfonça ses serres acérées dans ma poitrine.

« Merci. » marmonnai-je en me levant. Je me dirigeai vers la porte sans un regard vers lui. « Alors, qu'est-ce que tu fais ici ? »

J'entendis ses pas rapides derrière moi et sentis son bras m'enlacer. Il posa la paume à plat sur mon ventre et m'attira tout contre lui, ma tête contre sa poitrine. Je commençais à être habitué à ses gestes. Il était tactile et aimait me toucher. Tout le temps. Je ne pensais pas m'y faire si vite, n'étant moi-même pas particulièrement affectueux, mais de toute façon Harry ne m'avait jamais vraiment demandé si je voulais qu'il me prenne dans ses bras toutes les cinq secondes.

Et, en vérité, cela ne me dérangeait pas.

Encore une surprise.

Son souffle me caressa l'oreille quand il se pencha pour me chuchoter:

« Je suis passé vous prendre, Niall et toi, pour le déjeuner dominical. Pour être sûr que tu ne nous fasses pas faux bond. Je ne voulais pas que tu manques le dessert, chez moi. »

Je me détendis à présent que nous étions de retour sur un terrain plus familier. Je pivotai la tête pour lui planter un baiser sur les lèvres.

« Je ne raterais ça pour rien au monde. »

« Ça devient dégueulasse. » La voix de Niall nous interrompit. Il était dans le couloir, juste devant moi. « Vous pourriez fermer la porte quand vous tirez profit des avantages de votre amitié ? »

Je m'extirpais des bras d'Harry.

« Tu as douze ans, ou quoi ? »

Il me tira la langue et je lui donnai une tape amicale sur les fesses en allant chercher mes chaussures. Je m'apprêtais à enfiler mes Vans préférées quand un téléphone portable sonna.

« Allô ? » répondit Harry. Je me retournai et découvris son air sérieux. « Quoi ? Tout de suite ? » Il soupira en se passant la main dans les cheveux, et me jeta un coup d'œil. « Non. Parfait. J'arrive. » Il glissa son téléphone dans sa poche arrière avec un grognement de frustration. « C'était Darren. Des histoires de famille. Il ne peut pas aller travailler au Fire aujourd'hui, et j'ai une livraison qui arrive, ainsi que le DJ de la soirée. Personne ne peut le remplacer, je dois y aller. »

Son regard soutint le mien quelques secondes, et je sentis sa déception s'accentuer.

« Tu vas encore louper le déjeuner ? » grommela Niall. « Maman va adorer ça. »

« Dis-lui que je suis désolé. » Il poussa un soupir de regret sans me quitter des yeux. « On dirait que je vais devoir annuler pour ce soir. »

Ah oui, la fameuse visite de son appartement. J'éprouvai un mélange de déconvenue et de soulagement.

« Tant pis. » lui répondis-je avec un sourire.

« Ne prends pas cet air déçu. » me rétorqua-t-il, sardonique. « On trouvera une autre date dans la semaine. »

« Euh... » Niall s'interposa entre nous. « Vous pourriez éviter de planifier devant moi ce que je ne veux pas savoir ? »

Un léger sourire aux lèvres, Harry se pencha pour l'embrasser sur la joue.

« Ni. » Il passa devant moi. « Lewis. »

Il me serra légèrement la main, puis laissa glisser son pouce sur ma peau, qui se mit à picoter. Puis il quitta l'appartement sans rien ajouter. Au temps pour les avantages de notre amitié.

« Purement sexuel. »

« Quoi ? » Je levais les yeux vers Niall, qui me contemplait d'un air incrédule. « Quoi ? » répétai-je.

« C'est purement sexuel. » Il secoua la tête et attrapa mon manteau. « Tant mieux pour vous, si vous y croyez. »

Sans relever sa remarque, et en m'efforçant de chasser les tourbillons dans le creux de mon ventre, j'enfilai ma propre veste et le suivis dehors.

***

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Je venais de heurter le dos de Niall, resté planté dans l'embrasure du salon de sa mère. J'ignorais donc à qui il posait cette question sur ce ton accusateur.

« Ta mère m'a invité. »

Ah. Liam. Je jetai un coup d'œil par-dessus l'épaule de mon colocataire, et le découvris à côté de Declan sur le canapé des Nichols. Ils regardaient un match de foot. Clark se trouvait dans son fauteuil, un journal sur les genoux. Il n'était à l'évidence pas fan.

« Ma mère t'a invité ? » Niall entra dans la pièce à grands pas, les bras croisés sur la poitrine. « Quand ça ? »

« Hier. » pépia derrière nous la voix d'Elodie. Nous nous retournâmes et les vîmes, Hannah et elle, des verres de soda dans les mains. « Qu'est-ce que c'est que ce comportement ? »

Niall lança un regard furieux à Liam, qui lui sourit sans vergogne en retour.

« Rien. »

« Liam, tu es en train de tout rater. »

Declan tirait sur la manche de son pull bleu clair qui mettait bien son corps en valeur. Pas étonnant qu'Harry et lui séduisent autant de filles. A eux deux, ils ressemblaient à une pub pour GQ.

« Désolé, mon pote. » Il provoqua Niall d'une œillade solennelle. « Pardon, je ne peux pas parler. On regarde un match. »

« Fais gaffe à ne pas te faire enfoncer un ballon dans le cul. » rétorqua-t-il entre ses dents, même si Liam et moi l'entendîmes tous deux.

Liam éclata de rire et secoua la tête en se retournant vers l'écran.

« Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? » demanda Elodie avec un sourire avenant, loin de se douter de la tension entre son fils et Liam.

Elle offrit à tout le monde un verre de Coca.

« Niall a dit un gros mot. » expliqua Declan.

Au temps pour moi : Liam et moi et Declan l'avions entendu.

« Niall, tu sais qu'il a toujours les oreilles qui traînent. » râla Elodie.

Niall fit la moue et se laissa tomber dans un fauteuil.

Je jugeai qu'il était de mon devoir de lui apporter mon soutien, puisque la présence de Liam lui avait visiblement fichu un coup. Je me juchai donc sur son accoudoir. Il soupira.

« Je suis sûr qu'il a déjà entendu bien pire à l'école. »

Declan adressa un large sourire à sa mère.

« Ça oui ! »

Clark ricana derrière son journal.

Elodie lui lança un regard mauvais avant de se tourner vers Niall.

« Ce n'est pas une raison pour parler comme ça, devant lui. »

« J'ai juste dit cul. »

Declan gloussa.

« Niall ! »

Il roula des yeux.

« Maman, ce n'est pas très grave. »

« Non. » renchérit Declan. « J'ai déjà entendu carrément pire. »

« Pourquoi tu as dit cul ? » s'enquit Hannah d'un ton serein, depuis l'autre canapé.

Clark étouffa un éclat de rire en tournant sa page, refusant obstinément d'abandonner sa lecture.

« Hannah ! » Elodie la contempla d'un air noir. « Les jeunes filles n'emploient pas de vilains mots. »

Hannah haussa les épaules.

« C'est juste cul, maman. »

« C'est Liam que je traitais de trou du cul. » expliqua Niall à sa petite sœur. « Parce que c'est un vrai trou du cul. »

Elodie semblait sur le point d'exploser.

« Est-ce que vous pourriez tous arrêter de dire cul ? »

« Mais oui. » J'exagérai un soupir d'exaspération. « On dit le derche, voyons. Le derche. »

Clark et Liam éclatèrent de rire, et je m'excusai auprès d'Elodie d'un haussement d'épaules tout en lui adressant un sourire affable. Elle leva les yeux au ciel et écarta les mains d'un air désespéré.

« Bon, je vais surveiller la cuisson. »

« Vous avez besoin d'aide ? » m'enquis-je poliment.

« Non, non. Mon derche se débrouille très bien tout seul, merci beaucoup. »

Je gloussai en l'observant partir, puis adressai à Niall un sourire taquin.

« Je comprends mieux pourquoi tu ne jures jamais. »

« Alors, pourquoi est-ce que Liam est un trou du cul ? » persista Hannah.

Niall se leva, fusillant l'intéressé du regard.

« Je crois que la bonne question serait : en quoi est-ce que Liam n'est pas un trou du cul ? »

Puis il quitta la pièce à grands pas.

Liam le suivit de ses yeux qui ne riaient plus du tout. Il se tourna vers moi.

« J'ai déconné. »

« On dirait bien que oui. »

Je sentais le regard de Clark peser sur nous quand Liam soupira, et lorsque je me tournai vers le beau-père de Niall, je me rendis compte qu'il n'était plus d'humeur non plus. Il assaillait silencieusement Liam d'un million de questions, et j'eus l'impression qu'il commençait à comprendre.

Il était grand temps de faire diversion.

« Alors, Hannah, tu as lu les livres que je t'ai conseillé ? »

Elle dressa le menton, les prunelles pétillantes.

« Ils sont géniaux. Je n'arrête pas de chercher des dystopies depuis. »

« Tu fais lire des dystopies à Hannah ? » s'étonna Liam, un sourire aux lèvres.

« Oui. »

« Elle n'a que quatorze ans. »

« Eh bien, celles-là sont destinées aux quatorze ans. Et j'ai étudié 1984 à l'école quand j'avais quatorze ans. »

« George Orwell. » intervint Clark à mi-voix.

Je souris.

« Vous n'êtes pas amateur ? »

« Hannah doit lire La ferme des animaux pour ses cours d'anglais. » déclara-t-il comme si ceci expliquait cela.

Hannah souriant, une pointe d'espièglerie qui me rappelait son frère dans le regard.

« Je le lis à haute voix à papa et maman pour qu'ils puissent m'aider. »

En d'autres termes, elle les torturait par plaisir. Niall et elle étaient vraiment pleins de surprises. Des diables avec des visages d'ange, comme on dit.

Quelques minutes plus tard, nous passâmes à table. Niall et Elodie se chamaillaient de façon inintelligible.

« J'ai juste dit que tu étais tout pâle. » finit par soupirer Elodie en s'asseyant.

« Autrement dit, tu as une sale gueule. »

« Pas du tout. Je t'ai juste demandé pourquoi tu étais si pâle. »

« J'ai la migraine. »

Il haussa ses épaules raidies, tout en fronçant les sourcils et en pinçant les lèvres.

« Encore ? » s'inquiéta Liam.

Comment ça, encore ?

« Ça t'arrive souvent ? »

Liam semblait furieux désormais, sa sollicitude s'étant brusquement muée en colère.

« Il en a eu un certain nombre. Je lui ai dit d'aller consulter. »

Niall le fusilla du regard.

« J'ai vu le docteur vendredi. Il pense que j'ai besoin de lunettes. »

« Tu aurais dû prendre rendez-vous depuis des semaines. »

« Eh bien, je l'ai fait cette semaine ! »

« Tu ne prends pas soin de toi. Tu te ruines la santé à la fac. »

« Si, je prends soin de moi. Pour tout te dire, je prenais justement soin de moi vendredi soir, mais quelqu'un a foutu en l'air mon moment de détente. »

« C'était un trou du cul. » se défendit Liam.

Elodie se racla la gorge d'un air éloquent.

Liam s'excusa d'un geste de la main.

« C'était un trou de fesses. »

Declan et Hannah gloussèrent. Moi aussi, peut-être un peu.

« Tu ne le connais même pas. Et grâce à toi, je ne le connaîtrai jamais non plus. »

« Cesse de changer de sujet. Ça fait des semaines que je te dis de prendre rendez-vous chez le médecin. »

« Tu n'es pas mon père. »

« Tu te comportes comme un enfant. »

« Je me comporte comme un enfant... mais tu t'entends ? C'était un trou de fesses. Putain, Liam. C'est toi qui me donnes mal au crâne. »

Il fronça les sourcils et baissa d'un ton.

« Je m'inquiète pour toi. »

Ça oui, il s'inquiétait pour lui. J'inclinai la tête de côté pour l'observer. Bon sang, il le regardait de la même manière que James regardait Zayn.

Était-il amoureux de Niall ?

Je réprimais l'envie de lui balancer ma fourchette dans la figure pour lui dire de prendre son courage à deux mains. S'il tenait tant à lui, alors qu'il sorte avec lui. Qu'y avait-il de si compliqué à cela ?

***

« J'aurais pensé que vous étiez mieux placé que quiconque pour le comprendre. »

Le docteur Pritchard me scrutait, sourcils froncés.

Moi, je serais mieux placé que quiconque ?

« Euh... Quoi ? »

« Vous teniez à Kyle Ramsey. »

Mon ventre se noua, comme chaque fois que je pensais à lui.

« Ce n'était qu'un gamin. »

« Auquel vous ne vouliez pas vous attacher à cause de Dru. »

Merde. Elle avait raison. Je laissai retomber ma tête, affligé.

« Alors, Liam fait ce qu'il faut, c'est ça ? Car ça ferait de la peine à Harry. Comme ça en a fait à Dru. »

« Vous ne l'avez pas tuée, Louis. »

Je pris une profonde inspiration.

« Je n'étais pas la balle, non. Mais j'étais la détente. » Je contemplai mon bon docteur droit dans les yeux. « C'est quand même ma faute. »

« Un jour, vous comprendrez que non. »

***

Niall et Liam firent l'animation pendant tout le repas dominical, et je rentrais épuisé de leur dispute incessante. Niall s'enferma dans sa chambre, toujours furieux, toujours souffrant, et n'en ressorti pas.

De mon côté, je m'installai devant mon ordinateur et me remis à écrire.

Mon portable bipa, et je découvris un texto d'Harry.

° J'avais oublié à quel point mon bureau du Fire était grand et imposant. Il faut vraiment que je te prenne dessus.

Je secouai la tête, incapable de réprimer un léger rire en lui répondant :

° Heureusement pour toi, grand et imposant me conviennent très bien.

° Je sais (-; , me répondit-il dans la seconde.

Pour une raison ou pour une autre, le fait qu'il m'envoie un smiley clignant de l'œil me fit glousser comme un idiot. Malgré son air intimidant, il était incroyablement taquin.

° Alors, on prévoit ça quand ? Dis-moi pour que je le note au crayon. Mon agenda de baise se remplit à toute vitesse.

Comme il n'avait toujours pas répondu au bout de cinq minutes, je me mordis la lèvre, me rappelant soudain à quel point il était sérieux quand il m'avait affirmé n'être pas partageur.

° C'était une blague, Harry. Détends-toi.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il réponde et m'efforçai de ne pas me soucier d'avoir commis un impair -apparemment, cette histoire de copains de baise n'était pas aussi dénuée de stress que prévu-, quand mon téléphone bipa de nouveau.

° C'est dur de savoir, avec toi. En parlant de dur...

J'hésitai entre le rire et la colère, mais préférai laisser couler, puisqu'il recommençait à plaisanter.

° Tu parles du plancher?

°  Non...

°  De la reliure d'un livre?

°  Quelque chose de plus anatomique...

J'éclatai de rire et m'empressai de lui répondre.

° Dernier message. Je travaille sur mon roman. Je vous retrouverai plus tard, toi et et ta queue toute dure, sur ton grand bureau.

° Bonne chance pour ton roman, bébé. x

Ce x m'effraya.

Mieux valait prendre ça pour un smiley. Un simple smiley...

Mon téléphone sonna à ce moment-là. Zayn.

« Salut. » répondis-je d'une voix sourde, songeant toujours à ce x et à ce qu'il sous-entendait.

« Ça va ? » me demanda-t-il, inquiet. « Tu as l'air... bizarre. »

« Ça va. Quoi de neuf ? »

« J'appelai juste pour prendre des nouvelles. Ça fait un bail. »

J'inspirai profondément.

« Je couche avec le frère de Niall. Comment ça se passe, entre James et toi ? »

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