Collègues et compétition
Maxime arrivait chaque jour au bureau avec un sourire et une attitude positive, malgré les défis personnels qu'il traversait. Sa réputation de collègue serviable et accommodant faisait de lui une personne appréciée, mais aussi parfois exploitée.
Ce matin-là, alors qu'il s'installait à son bureau, il aperçut un e-mail de son supérieur direct, M. Dubois. Ce dernier lui demandait de terminer un rapport urgent pour la fin de la journée. Maxime soupira, sachant que ce travail supplémentaire s'ajoutait à une liste déjà bien chargée.
Pendant sa pause café, Maxime croisa ses collègues masculins, Paul et Julien, deux hommes à l'apparence imposante, musclés et confiants. Ils discutaient bruyamment de leur dernière séance de musculation et de leurs exploits sportifs. Maxime les rejoignit timidement, une tasse de café à la main.
"Salut les gars," dit-il avec un sourire.
"Hey Maxime !" répondit Julien avec enthousiasme. "On parlait justement de notre séance de boxe d'hier soir. Tu devrais venir avec nous un de ces jours. Ça te ferait du bien de te défouler un peu."
Maxime sourit poliment. "Merci, mais je ne suis pas vraiment sportif."
Paul, souriant, tapota l'épaule de Maxime avec une certaine condescendance. "Ah, c'est vrai, j'oubliais. Tu es plutôt du genre tranquille. D'ailleurs, tu pourrais nous rendre un petit service ? On a pas mal de boulot en ce moment, et on sait que tu es toujours prêt à aider."
Maxime sentit une boule se former dans son estomac. "Qu'est-ce que vous avez besoin que je fasse ?"
Julien haussa les épaules. "Rien de bien méchant. Juste quelques dossiers à préparer pour la réunion de vendredi. On est déjà surchargés, et on sait que tu es super efficace pour ce genre de choses."
Maxime hésita. Il savait que prendre en charge ces dossiers signifiait travailler tard ce soir et probablement demain. "Je veux bien aider, mais j'ai déjà pas mal de travail pour M. Dubois."
Paul haussa un sourcil, son ton devenant plus insistant. "Allez, Maxime. On sait que tu peux gérer ça. Tu es toujours le meilleur quand il s'agit de ce genre de tâches."
Maxime acquiesça finalement, se sentant pris au piège. "D'accord, je vais voir ce que je peux faire."
Toute la journée, Maxime travailla sans relâche, jonglant entre ses propres tâches et celles que Paul et Julien lui avaient données. La pression montait, et il se sentait de plus en plus frustré. Pourquoi devait-il toujours être celui qui prenait le surplus de travail ? Était-ce sa gentillesse qui faisait de lui une cible facile ?
En fin de journée, alors que le bureau se vidait, Maxime décida de confronter ses collègues. Il les trouva dans la salle de repos, riant et discutant bruyamment.
"Paul, Julien," dit-il en s'approchant. "Je dois vous parler."
Les deux hommes se retournèrent, surpris par le ton sérieux de Maxime. "Qu'est-ce qu'il y a, Maxime ?" demanda Paul.
"Écoutez, je veux bien aider, mais je ne peux pas toujours prendre en charge votre travail en plus du mien. Ça commence à devenir trop lourd."
Julien éclata de rire, mais son rire manquait de chaleur. "Allez, Maxime. On sait que tu es capable. Et puis, tu n'as jamais dit non avant."
Maxime prit une profonde inspiration. "Je sais, mais ça ne veut pas dire que c'est juste. J'ai mes propres responsabilités et je ne peux pas toujours être celui qui fait le travail des autres."
Paul se redressa, croisant les bras sur sa poitrine musclée. "Tu veux dire que tu ne veux plus nous aider ?"
"Non, ce n'est pas ça," répondit Maxime, essayant de rester calme malgré la tension. "Je veux dire que j'ai mes limites. Vous êtes forts, vous savez vous défendre, mais moi aussi j'ai besoin de me concentrer sur mes tâches. Ce n'est pas juste pour moi de toujours prendre le surplus."
Julien et Paul échangèrent un regard. "D'accord, Maxime," dit Julien finalement. "On comprend. On ne voulait pas te mettre dans une position difficile."
Maxime hocha la tête, soulagé mais aussi nerveux. Il espérait ne pas avoir créé de tension irréversible. "Merci de comprendre."
Alors que Maxime faisait face à ses collègues, une vague de nervosité l'envahit. Son cœur battait la chamade, ses paumes étaient moites et une boule se formait dans son estomac. Il n'était pas habitué à se défendre, encore moins devant des hommes comme Paul et Julien, qui projetaient une image de force et de confiance. Pourtant, quelque chose en lui bouillait, un mélange de frustration et de détermination qu'il ne pouvait plus ignorer.
En prononçant ses premiers mots, sa voix trembla légèrement, mais il fit de son mieux pour rester ferme. "Écoutez, je veux bien aider, mais je ne peux pas toujours prendre en charge votre travail en plus du mien. Ça commence à devenir trop lourd."
La réponse de Julien, accompagnée de son rire dédaigneux, ne fit qu'accroître la tension en lui. Maxime ressentit un mélange de peur et de colère, une tempête intérieure qui menaçait de le submerger. Cependant, il savait qu'il ne pouvait pas reculer maintenant. Sa gentillesse avait été exploitée trop longtemps et il était temps de poser des limites.
Alors qu'il poursuivait, il se surprit à se tenir plus droit, ses mots devenant plus clairs et plus déterminés. "Je sais, mais ça ne veut pas dire que c'est juste. J'ai mes propres responsabilités et je ne peux pas toujours être celui qui fait le travail des autres."
Les regards de Paul et Julien, leur surprise initiale se transformant en une sorte de respect tacite, donnèrent à Maxime une bouffée de courage. Il avait peur, c'était indéniable, mais il ressentait aussi une certaine fierté. Il se défendait, il affirmait sa valeur, et même si cela semblait minime, c'était une victoire personnelle importante.
En quittant la salle de repos, ses jambes tremblaient légèrement, mais son esprit était plus clair. Maxime se sentait à la fois soulagé et épuisé. Il avait réussi à exprimer ce qu'il ressentait, à poser des limites, et cela lui donnait une nouvelle perception de lui-même. Il comprenait maintenant que la force ne résidait pas seulement dans les muscles ou l'apparence extérieure, mais aussi dans la capacité à se défendre, à s'affirmer face aux autres, même quand cela semblait effrayant.
Cette confrontation, bien que difficile, avait été un pas crucial pour Maxime. Il savait qu'il devrait continuer à travailler sur cette nouvelle assertivité, mais il avait fait le premier pas. Et ce premier pas lui donnait la confiance nécessaire pour croire qu'il pouvait changer la dynamique de ses relations, tant au travail qu'ailleurs.
Ce soir-là, en rentrant chez lui, Maxime réfléchit à la journée écoulée. Il se demanda si ses collègues le respecteraient davantage après cette confrontation. Peut-être qu'en trouvant cet équilibre, il pourrait enfin être reconnu pour sa véritable valeur, sans avoir à sacrifier son bien-être au profit des autres.
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