Reclus entre quatre murs, mon corps s'était étendu à même le sol, mes jambes tremblaient, et mon esprit s'agitait sans discontinuer. La soif et la faim me tenaillaient l'estomac. J'avais fui depuis un mois déjà. M'exilant loin de tout, me cachant dans une vieille bâtisse dont le bois risquait de s'effondrer à tout moment.

J'avais fui par peur des représailles et des jugements. J'avais fui pour sauver ma vie, mais n'étais maintenant plus sûr qu'elle en valût la peine. J'étais devenu un étranger à ma propre existence, et cela, depuis ce jour de 1940.

Le froid assaillit de part et d'autre les remparts de mon corps froissé par l'air ambiant. Je fermais les yeux, espérant trouver un peu de repos loin de mes démons, et du tracas incessant s'agitant dans ma tête.

Et pourtant, c'était comme si mon âme tout entière désirait me faire subir une vive torture, comme si le visage de ces fantômes du passé réclamait mon jugement dernier.