1944
Un wagon atteignit le rivage, sur ses rails en fer forgé, le train séparé en divers clivages glissa jusqu'à la destination qui lui avait été donnée. Après un long voyage à travers divers contrées, les convois se stoppèrent. Les passagers qui s'en extirpèrent, furent séparés en plusieurs files.
Ils étaient des milliers, découvrant les lieux et les baraquements, sans savoir ce qui les attendait vraiment. Par conséquent, ils furent rapidement triés, comme pour séparer la viande fraîche de l'avariée. Très vite, les plus déplorés furent emmenés à l'écart. Les soldats SS gardaient les hommes, les séparant des femmes et des enfants. Les plus robustes avaient été désignés aptes au travail, tandis que les plus faibles allaient connaître une autre fin. Juifs, tziganes, homosexuels, handicapés... Des nuisibles qu'Himmler nous ordonna d'effacer.
Février 1944.
Je me souviens de la dureté des séparations. Les enfants pleuraient. Les femmes hurlaient. Ce jour-là, les flocons tombèrent, et les paysages se vêtirent d'un épais manteau blanc. Mais le visage anxieux de chacun des arrivants enveloppa l'atmosphère d'un voile de désolation. On les obligea à ôter leurs vêtements, les dépouillant de leurs biens, allant même jusqu'à les dépiauter de leur humanité, sans scrupule ni culpabilité.
Les soldats impatients d'en finir, les pressèrent entre les murs d'une chambre dont l'apparence trompeuse emprisonna les êtres au corps tremblant. Le froid se déposa comme un voile sur chaque parcelle de leur peau nue. Mais qu'allait-il se passer ? Je les avais un à un obligé à s'engouffrer dans ce terrible piège. Et maintenant ? Les secondes s'écoulèrent, les nouveaux cobayes se préparèrent, les corps sans vie se dégagèrent. Et l'opération se répéta, jusqu'à ce que le soleil daignât enfin se coucher, pour céder la place aux étoiles de la nuit bleutée.
Malgré mon ignorance, j'avais bien conscience, que tous ces corps qui s'entassaient avait trouvé les bras de la faucheuse dans une fumée âpre, les saisissant à pleine gorge dans un torrent de souffrances. Les flammes dansèrent au-dessus de leur corps. Plus de place au four crématoire, avait signalé un Sonderkommando, le visage couvert de suie, et le regard consumé par les images qu'ils lui avaient soumis. Il avait donc fallu laisser leurs corps traîner à même le sol, comme un tas de déchets qui nous encombre. Les effluves qui s'en dégagèrent embaumaient déjà l'air.
Et bientôt, il ne restât plus rien d'eux. Auschwitz était devenu la terre de leur tombeau. Summum de la bestialité. Racines de la cruauté. Sépulcre des atrocités.
Hiver 1945, je me rappelais de tous ces cris, clamant leur innocence. Ces âmes hurlantes tombant dans l'horreur, dans la torture et la torpeur.
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