Une tempête

- Tu es sûre que tu ne préfères pas redescendre ?

- Non, continuons notre ascension, je vais bien mieux, juste un petit coup de froid, répondit Carolle, le lendemain matin.

Elle avait passé sa nuit près du feu, le gardien du refuge y avait installé un lit pour elle.

- Vous ne devriez pas montée aujourd'hui, j'ai peur que la neige tombe à nouveau, dit un des voyageurs. Nous restons ici pour la journée.

Le couple n'y prêta pas attention, et s'habilla pour repartir. Manteaux, gants, bonnets, provisions et gourde remplie, ils prirent à nouveau le chemin du sommet. Les flocons ne tombaient plus et la neige ne semblait pas très épaisse. Le temps était redevenu clair et le soleil les réchauffait de ses rayons.

- Comme la vue est magnifique !

Christophe se retourna. Carolle admirait la vue dégagée de la montagne. Son téléphone alors dégainé, elle prenait plusieurs photographies du paysage, la ville en contrebas que l'on percevait à peine, le refuge que l'on distinguait encore, le blanc qui recouvrait la chaîne montagneuse et laissait apparaître le gris de quelques roches, les traces de pas de Carolle et de son mari. Elle prit une dernière photo du paysage avant de fermer les yeux et d'apprécier ce court instant. Puis, ils repartirent.

Le bleu du ciel se recouvra légèrement de brume au bout d'une heure et en quelques minutes, le vent devint plus fort et plus glacial. Sans qu'ils ne crient gare, une tempête se leva. Carolle et Christophe se recroquevillèrent tout en continuant de marcher, malgré leur tenue bien chaude, le froid passait au travers. Christophe releva son écharpe jusque sur son nez rougi. Leurs joues rougissaient à vue d'œil. Et plus ils avançaient, plus le temps se dégradait. Le vent devenait de plus en plus puissant. Ils ne sentaient plus leurs membres, pieds, mains et visage. Une rafale les poussa de quelques centimètres. Carolle cria de frayeur. Christophe la regarda et lui fit signe de se baisser. Ils se retrouvèrent tous les deux accroupis dans la neige, évitant les bourrasques. Ils ne bougèrent pas pendant de longues minutes. De fatigue, Carolle s'assit, elle craignait de se faire emporter, tout comme Christophe qui fit de même. Le vent ne s'arrêtait pas, c'était la véritable tempête. Ils s'approchèrent l'un de l'autre dans le but de se réconforter et de se tenir chaud. Ils ne pouvaient néanmoins pas rester là. Trop dangereux. Ils devaient trouver un abri le temps que le vent se calme. Alors, ils avancèrent doucement, accroupis, côte à côte. Ils se tenaient par le bras, au cas où l'un d'eux se feraient bousculer. Le froid gagnait leurs cuisses. Elles étaient gelées et cela devenait difficile d'avancer. Les flocons continuaient toujours leur descente et venait fouetter leur visage. C'était extrêmement douloureux. Tellement douloureux que pour se protéger, ils devaient baisser la tête.

- Là-bas, on devrait pouvoir être à l'abri ! hurla Christophe pour se faire entendre de sa femme malgré la tempête.

Ils avancèrent vers un trou dans la neige, un peu en contre-bas. Ils y descendirent et furent enfin à l'abri du vent, d'autant plus que le froid les glaçait moins.

- Nous allons rester ici le temps que ça se calme.

Carolle hocha la tête se recroquevillant pour reprendre quelques forces et se réchauffer.

- Vu qu'on va rester longtemps, je voudrais la vérité, dit-elle enfin.

Christophe la regarda surpris. Que voulait-elle dire ? Elle savait tout... Il était mort. 

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