Chapitre : 9


À l'approche du grand événement des Ondines, une anxiété oppressante serre ma gorge comme un étau. Malgré les encouragements réconfortants de Lyra et d'Asteria, je ressens intensément le poids écrasant de mes responsabilités et des attentes qui reposent sur mes épaules. Chaque minute qui s'écoule semble m'entraîner plus profondément dans un tourbillon de doutes et de craintes, comme si je luttais contre un courant puissant qui cherche à m'engloutir.

Lyra, toujours sereine et posée, s'efforce de me rassurer avec ses mots réconfortants. Elle souligne combien j'ai travaillé dur pour me préparer à cet événement, affirmant que je suis prête même lorsque je doute profondément de moi-même. Ses paroles agissent comme une bouée de sauvetage dans l'océan tumultueux de mes pensées tourmentées. Pourtant, malgré tous ses efforts pour me soutenir, je lutte ardemment pour garder la tête hors de l'eau, chaque instant amplifiant mon anxiété avant le jour tant redouté.

"Aurora, respire profondément," murmure Lyra d'une voix apaisante, ses mains chaleureuses se posant avec douceur sur mes épaules pour me stabiliser. "Tu as tout en toi pour réussir. Ne laisse pas le stress te submerger."

Asteria, toujours attentive à mes émotions, m'adresse un sourire encourageant. "Lyra a raison, Aurora. Nous avons une confiance absolue en toi. Ton talent et ta détermination sont indéniables."

Pourtant, malgré leurs paroles réconfortantes, je me sens comme si j'allais suffoquer sous la pression grandissante. Chaque détail de mon projet pour les Ondines me hante, chaque imperfection semble grossie par mon anxiété croissante. Les attentes lourdes et les responsabilités pesantes semblent écraser mes épaules.

En plus de cela, Calista a intensifié ses mesquineries. Elle m'appelle constamment, dictant les moindres détails de mon travail, ce qui a sérieusement entravé ma progression sur mon projet. Sa présence envahissante me laisse une impression de confinement et de frustration croissante.

Dans ce tourbillon d'émotions tourmentées et de pressions extérieures, je lutte désespérément pour retrouver ma concentration et ma confiance en moi. Chaque instant devient un défi, chaque décision un fardeau supplémentaire à porter. Je m'efforce de trouver un moment de calme, une brève échappatoire pour organiser mes pensées et me ressaisir avant que le poids de tout cela ne devienne insupportable.

Alors que l'anxiété me serre le cœur comme un étau, je prends une décision impulsive. Sans un mot à personne, je quitte le château dans un élan de panique. Mes pieds foulent le sol avec frénésie, mes pas s'accélèrent comme si je pouvais fuir mes propres démons. À travers les jardins où je trouve souvent refuge, je traverse, mais même leur beauté n'arrive pas à apaiser mon esprit tourmenté.

Le parfum des fleurs, d'habitude si réconfortant, semble étouffé par mes inquiétudes grandissantes. Les bruits apaisants de l'eau qui coule dans les fontaines résonnent à peine à mes oreilles alors que je m'éloigne rapidement des bâtiments imposants du château.

L'air frais caresse mon visage alors que je franchis les murs protecteurs du château. Je m'arrête brusquement, mon cœur battant la chamade, réalisant soudain l'étendue de ma fuite. Mes mains tremblent, mes pensées tournoient, et je me demande si j'ai pris la bonne décision.

C'est alors que mes yeux se posent sur un lierre aux feuilles violettes, délicatement ornées de fleurs rose cristalline, grimpant avec audace le long du mur de pierre. Sans réfléchir davantage, je m'échappe en l'escaladant, m'agrippant aux tiges avec une détermination nouvelle malgré les égratignures qui me lacèrent les mains et les bras. Chaque instant passé à gravir ce lierre me donne l'impression de m'éloigner un peu plus des pressions étouffantes du château, même si je sais que mes actions pourraient avoir des conséquences imprévisibles.

Les feuilles douces et fraîches du lierre me semblent être les seules à pouvoir comprendre mes peurs et mes angoisses. À chaque prise, j'oublie un instant les attentes oppressantes et les critiques incessantes qui m'assaillent depuis des jours. Je me sens presque libérée, comme si chaque centimètre parcouru vers le sommet de ce mur m'apportait un peu de calme intérieur.

La montée est ardue, mes muscles se contractent avec effort, mais chaque avancée m'ancrait davantage dans ma décision de prendre un moment pour moi-même. Enfin, lorsque mes doigts atteignent le sommet du mur, je m'arrête pour reprendre mon souffle, le vent caressant doucement mon visage rougi par l'effort. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai l'impression d'être libre, même si ce n'est que pour un instant fugace.

Le paysage s'étend devant moi, paisible et immuable. Le ciel bleu au-dessus et la nature verdoyante tout autour semblent offrir une perspective nouvelle sur mes préoccupations. Je prends une profonde inspiration, savourant ce moment de tranquillité retrouvée. Dans ce calme retrouvé, je me promets de revenir bientôt, prête à affronter mes défis avec une nouvelle perspective et une résolution renforcée. 

C'est alors que je l'entends. Une voix familière, douce mais empreinte d'une autorité indéniable.

"Aurora."

Je me retourne brusquement pour trouver Elian, les yeux perçants posés sur moi. Son expression mêle préoccupation et quelque chose d'autre, quelque chose que je n'arrive pas tout à fait à définir. Il s'approche lentement, ses pas résonnant dans le silence qui s'est installé entre nous.

"Qu'est-ce que tu fais ici, seule ?" demande-t-il, sa voix douce mais teintée d'une inquiétude palpable.

Je me retourne brusquement en entendant cette voix familière, celle d'Elian, douce mais empreinte d'une autorité indéniable. Ses yeux perçants scrutent les miens, mêlant préoccupation et une autre émotion indéfinissable. Il s'approche lentement, ses pas résonnant dans le silence qui s'est installé entre nous.

"Qu'est-ce que tu fais ici, seule ?" demande-t-il, sa voix empreinte d'une inquiétude palpable.

Je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard intense. "Je... Je ne sais pas," parviens-je à murmurer, mes émotions à vif.

Pourtant, au lieu de me laisser exprimer davantage mes pensées, Elian me rappelle fermement : "Tu avais interdiction de sortir du château."

Sa remarque me frappe comme un coup. Je sens une bouffée de révolte monter en moi. Trop longtemps enfermée dans cette cage dorée, étouffée par les attentes et les contraintes, je ne peux plus supporter d'être traitée comme une marionnette dont les actions sont dictées par d'autres.

"Marre d'être emprisonnée dans cette cage," éclate-je, mes mots empreints de frustration et de colère contenue. "Je ne peux pas continuer à vivre sous ce poids constant de surveillance et de contrôle."

Elian me regarde avec surprise, peut-être même avec un soupçon de compréhension dans ses yeux. Il connaît mieux que quiconque à quel point la vie au château peut être étouffante, même s'il est souvent du côté de ceux qui doivent faire respecter les règles.

Il s'arrête à quelques pas de moi, ses yeux scrutant mon visage avec une intensité troublante. "Tu es en panique," observe-t-il, sa voix maintenant empreinte de compassion. "Les Ondines te préoccupent à ce point ?"

Je prends une profonde inspiration, sentant un mélange de soulagement et de surprise face à sa capacité à lire mes émotions. Élian a toujours eu cette capacité unique de percevoir mes sentiments même lorsque je les cache soigneusement.

"Oui," admet-je finalement, mes émotions à fleur de peau. "C'est comme si tout reposait sur mes épaules. Chaque détail, chaque attente... J'ai l'impression de ne pas être à la hauteur, malgré tous les efforts que j'ai déployés."

Elian incline légèrement la tête, comme s'il comprenait parfaitement la lourdeur du fardeau que je porte. "Tu n'es pas seule dans cela, Aurora," dit-il d'une voix calme. "Mon peuple aussi a perdu foi en moi, surtout depuis que la magie a commencé à diminuer et que nous avons du mal à la recharger."

Je le regarde, surprise par cette révélation. Savoir que même Elian, avec toute sa stature et son autorité, lutte avec des problèmes similaires, apaise quelque peu mes propres angoisses. "Je ne savais pas que tu étais confronté à de telles difficultés," avouai-je doucement, ma compassion pour lui grandissant.

Elian dit d'un ton taquin, "Je ne suis pas qu'un roi qui a des sautes d'humeur."

Je hoche la tête, sentant un poids se lever de mes épaules maintenant qu'il est là.

"Je ne sais pas si je suis prête," avouai-je honnêtement, mes mots tremblant légèrement.

Elian observe mes expressions avec une tendresse nouvelle dans son regard. "Tu as déjà accompli beaucoup plus que tu ne le penses, Aurora," répond-il d'une voix douce. "La préparation est une chose, mais parfois, ce sont les défis eux-mêmes qui nous montrent notre véritable force."

Sa confiance en moi est une bouffée d'air frais. Je me sens comprise, soutenue d'une manière que personne d'autre ne peut me donner en ce moment. Mais il y a autre chose aussi, quelque chose de plus profond qui remue en moi alors que je le regarde, fascinée par sa force tranquille et son assurance.

Je relève les yeux pour rencontrer les siens, et dans ce moment de vulnérabilité partagée, je ressens quelque chose bouillonner en moi, quelque chose que je n'avais pas prévu. C'est comme si notre rencontre dans ces circonstances avait un sens plus grand, comme si nos chemins étaient destinés à se croiser de cette manière.

"Elian..." commençai-je, ma voix hésitante alors que je lutte pour mettre des mots sur ce que je ressens.

Avant que je puisse continuer, il pose délicatement un doigt sur mes lèvres, me coupant doucement. "Pas maintenant," murmure-t-il, ses yeux fixés intensément dans les miens. "Mais sache que je suis là pour toi. Quoi qu'il arrive."

Son geste me laisse sans voix, un mélange de réconfort et d'émotion se mêlant dans ma poitrine. Je me sens protégée, comprise et, étrangement, une lueur d'espoir s'allume en moi malgré mes craintes.

Le contact de la main d'Elian sur ma joue se dissipe doucement, mais l'empreinte de sa tendresse reste palpable. Dans le silence qui s'ensuit, ses mots résonnent comme une invitation à suivre un chemin inconnu, un chemin vers quelque chose de nouveau et de mystérieux.

"Viens avec moi," murmure-t-il d'une voix douce et rassurante.

Nous nous enfonçons plus loin dans la forêt, abandonnant le chemin principal pour des sentiers plus secrets et enchanteurs. Sous nos pieds, le sol se transforme en un tapis de mousses épaisses et de feuilles séchées qui bruissent doucement à chaque pas. Au-dessus de nous, la canopée des arbres tamise la lumière de la lune et des étoiles, créant un jeu d'ombres et de reflets qui ajoutent à l'atmosphère magique qui nous entoure.

Après un court périple, nous émergeons enfin dans une clairière cachée au cœur de la forêt. C'est comme si nous avions découvert un monde parallèle, un endroit où la réalité et la magie se mêlent harmonieusement. Des rayons d'or et d'ocre caressent les troncs des arbres majestueux, leurs formes sculptées semblant défier la gravité sous le ciel étoilé.

Le sentier menant à un lac étincelant est bordé de fleurs aux couleurs vives qui diffusent leur parfum enivrant dans l'air nocturne. Les eaux calmes du lac reflètent fidèlement le miroitement des étoiles, créant une symphonie visuelle qui apaise l'âme. Au loin, le doux murmure d'une cascade ajoute une touche musicale à cette scène déjà empreinte de sérénité.

Elian tourne son regard vers moi avec un sourire qui révèle à la fois la nostalgie et le respect profond qu'il nourrit pour cet endroit enchanteur. "C'est un endroit spécial pour moi," murmure-t-il, ses yeux brillant d'une lueur que seules les souvenirs précieux peuvent allumer. "Un refuge où je viens parfois chercher la paix et la clarté."

Je suis captivée par la beauté naturelle et l'atmosphère apaisante de cet endroit, mais surtout par le geste d'Elian qui m'a amenée ici. C'est comme s'il avait voulu partager avec moi un coin secret de son cœur, loin des contraintes et des responsabilités du monde extérieur.

"Merci de m'avoir emmenée ici," dis-je finalement, mes yeux parcourant le paysage enchanteur qui s'étend devant nous. "C'est vraiment magnifique."

Elian incline légèrement la tête en signe de gratitude silencieuse, ses yeux se perdant un instant dans les reflets argentés du lac. Il s'assoit près du bord, invitant silencieusement à le rejoindre. Ensemble, nous nous installons, laissant le calme et la magie de cet endroit envelopper nos cœurs et apaiser nos esprits.

Le murmure de l'eau et le chuchotement des feuilles au vent semblent porter nos pensées au-delà des soucis du monde extérieur, créant un moment de répit et de connexion profonde entre nous. Dans ce sanctuaire secret au cœur de la forêt, nous trouvons un instant de paix et de complicité, renforçant le lien spécial qui s'est tissé entre nous.

Elian brise doucement le silence. "Je m'excuse de t'avoir fait peur lors de notre première rencontre," dit-il, sa voix emplie de sincérité.

Je tourne mon regard vers lui, un léger sourire aux lèvres. "Je comprends. Il a dû y avoir une forte puissance magique pour me faire venir ici et me sauver la vie."

Il fronce légèrement les sourcils, intrigué. "Te sauver la vie ?"

Je prends une profonde inspiration, prête à partager une partie de moi-même que peu connaissent. "Dans mon ancien monde, la vie était dure, sans magie. Je suis un enfant non désiré par ma mère et mon père alcoolique. Quand j'ai grandi, la vie n'a pas été meilleure... Mon seul réconfort était les mondes imaginaires que je m'inventais."

Elian me regarde, un peu perdu. "Et ? Je ne comprends pas en quoi cela a sauvé ta vie ?"

Je souris, amusée par sa naïveté. "Tant mieux. Je préfère ne pas m'étendre dessus, mais je suis heureuse d'être ici malgré mon stress et mon anxiété."

Il sourit à son tour, un sourire chaleureux qui semble illuminer le paysage autour de nous. "Je suis content de l'entendre," dit-il, sa voix teintée d'une émotion sincère. Il semble rougir en disant cela, et cette vulnérabilité chez lui est à la fois surprenante et réconfortante.

                                                                        

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