Chapitre :8


Les jours s'égrènent avec une régularité implacable, chaque aube apportant avec elle le poids pesant de la monotonie. Les rayons du soleil se faufilent à travers les voilages de ma chambre, me réveillant d'un sommeil agité, pour me plonger dans une réalité dénuée de couleur. Je me lève avec une lenteur délibérée, le poids de l'ennui et de l'indifférence m'écrasant tel un fardeau insurmontable.

L'absence de camaraderie et de collaboration me pèse, la solitude devenant une compagne indésirable dans les corridors silencieux du château. Autrefois, chaque journée était une toile tissée de rires et de partages, alors que nous travaillions ensemble à embellir les jardins, à créer des espaces de beauté et de tranquillité pour tous ceux qui résident au château. Mais maintenant, cette toile est déchirée, laissant derrière elle un vide oppressant.

Lyra insiste pour que je reste à l'écart, prétendant que c'est pour mon propre bien, pour ma sécurité. Elle prétend que je dois me concentrer sur mon projet pour les ondines, m'isolant ainsi du reste du château pour que je puisse me consacrer entièrement à ma tâche. Mais ses mots sonnent creux à mes oreilles, car dans son apparente prévenance, je perçois un contrôle étouffant, une tentative de me maintenir à l'écart de ce qui se passe réellement dans le château.

Et alors que les jours s'écoulent dans un flot interminable de routine solitaire, je me surprends à désirer ardemment retrouver ce sentiment de connexion et de camaraderie que j'ai autrefois pris pour acquis. Chaque fois que je passe devant les portes des jardins, mon cœur se serre douloureusement, l'appel des fleurs et des arbres devenant un murmure incessant dans mon esprit.

Je me sens comme une prisonnière, enfermée dans une cage dorée dont les barreaux invisibles sont tissés de règles et de conventions imposées par ceux qui prétendent savoir ce qui est le mieux pour moi. Et pourtant, malgré ma frustration grandissante, je me refuse à céder complètement au désespoir de nouveau.

Le petit déjeuner, autrefois un moment de joie et de camaraderie, est désormais englouti machinalement, mes pensées déjà prisonnières de la journée à venir. Je quitte la salle à manger d'un pas las, mes sens engourdis par la répétition monotone de ma routine quotidienne. À travers les couloirs silencieux du château, je me dirige vers les jardins, espérant y trouver un semblant de réconfort dans leur beauté immuable.

Mais même les jardins, habituellement un havre de paix, semblent ternes et dépourvus de vie. Les fleurs, autrefois des éclats de couleurs vives et chatoyantes, penchent tristement leurs têtes fanées, comme des âmes en peine cherchant à se soustraire à l'oubli. Les pétales, autrefois doux et délicats au toucher, sont maintenant flétris et ternis, comme si le désespoir avait empoisonné leur essence même.

Je me promène parmi les parterres, mes pas résonnant dans le silence oppressant. Les fleurs semblent refleurir depuis la pluie de la dernière fois, leurs pétales délicatement perlés de gouttes scintillantes, comme des joyaux dansant sous les rayons du soleil. Je m'arrête un instant pour contempler ce spectacle éblouissant, et une question persistante prend racine dans mon esprit tourmenté : est-ce vraiment moi qui ai provoqué cette pluie soudaine ?

Mes pensées sont empreintes d'incertitude alors que je repense à cette journée particulière où la pluie est tombée, lavant le château de sa poussière et de sa torpeur. Était-ce un simple hasard, une coïncidence fortuite, ou ai-je inconsciemment appelé cette pluie avec mes émotions tumultueuses et mes pensées tourmentées ?

Je me souviens du tumulte qui grondait en moi ce jour-là, de la frustration qui montait en flèche alors que je me sentais piégée dans une existence dépourvue de sens. Mes émotions étaient comme des vagues déchaînées, prêtes à tout emporter sur leur passage. Et puis, la pluie est tombée, une douce bruine qui semblait apaiser mon âme tourmentée.

Mais était-ce vraiment moi qui avais déclenché cette pluie, ou était-ce simplement le hasard qui avait choisi ce moment précis pour libérer ses eaux bienfaisantes ? Je me sens comme une marionnette, manipulée par des forces invisibles dont je ne comprends ni les motivations ni les desseins.

Pourtant, une partie de moi refuse de croire au hasard, une partie de moi est convaincue qu'il y a plus de mystère dans ce monde que ce que nos esprits rationnels peuvent concevoir.

Je m'assois sur un banc de pierre, la froideur du marbre me rappelle la vacuité de mon existence. Au loin, je peux voir Asteria, la jardinière en chef, qui reprend son travail avec détermination. Je me lève pour aller la rejoindre, désireuse de partager un moment avec elle et de lui offrir un peu de réconfort dans cette journée morne et grise.

Cependant, mes pas sont interrompus par l'apparition soudaine d'une silhouette élégante. Une sylphide, avec ses cheveux d'ébène et ses yeux étincelants, semble émerger des ombres comme un mirage dans le désert de ma solitude. Son aura est puissante, presque écrasante, empreinte d'une assurance que je ne peux qu'envier.

Mon regard se pose sur elle alors qu'elle s'avance vers Asteria, sa démarche gracieuse trahissant une confiance indéniable en elle-même... La sylphide s'approche d'Asteria avec une démarche altière, ses yeux étincelants d'arrogance fixés sur elle. "Tu devrais rester sur la saleté dans ton bureau, là où tu appartiens vraiment", déclare-t-elle d'une voix glaciale.

Asteria, habituellement si douce et réservée, lève timidement les yeux vers la sylphide, une lueur d'indignation mêlée de peur dans son regard. "Je... Je ne pense pas... Je veux dire, je dois..."

La sylphide l'interrompt d'un geste brusque, sa main claquant sur la joue d'Asteria avec un bruit sec. "Tu n'as rien à dire", crache-t-elle avec mépris. "Tu n'es qu'une simple servante, et tu dois obéir à mes ordres."

Et puis, les mots qu'elle prononce me glacent le sang. Avec une cruauté déconcertante, elle s'en prend à Asteria, critiquant son travail avec mépris et arrogance

Asteria recule, le visage marqué par la douleur de la gifle et la confusion de la situation. Elle baisse les yeux, une larme solitaire roulant sur sa joue alors qu'elle se sent écrasée sous le poids de l'autorité implacable de la sylphide.

Je sens la colère gronder en moi, un ouragan prêt à tout détruire sur son passage. Comment ose-t-elle parler ainsi à Asteria, une personne si douce et dévouée ? Mes poings se serrent, mes muscles se raidissent alors que je lutte pour contenir ma fureur grandissante.

Je suis sur le point de bondir pour défendre mon amie, pour confronter cette intruse à son comportement odieux, mais Lyra m'attrape fermement le bras, me retenant avec force. Une colère brûlante monte en moi, alimentée par le sentiment d'être muselée, forcée à m'incliner devant l'arrogance de cette sylphide.

Je tente de me libérer de son emprise, mes muscles tendus par la frustration et le désir ardent de faire entendre ma voix, de défendre ce en quoi je crois. Mais Lyra me retient fermement, "Non, Aurora," murmure-t-elle, sa voix empreinte d'une autorité que je ne lui connaissais pas. "Ne t'implique pas. Laisse-la."

Une voix, douce mais ferme, résonne dans mon esprit, me rappelant à la prudence, à la sagesse de ne pas agir sous le coup de l'émotion. Pourtant, la rage bouillonne en moi, incontrôlable, me consumant de l'intérieur alors que je lutte contre l'envie de céder à mes instincts les plus primaires.

D'un mouvement brusque, je fais lâcher prise à Lyra et m'interpose entre la sylphide et Asteria, bousculant l'intruse. Elle tombe au sol, le choc se reflétant dans ses yeux écarquillés.

"Non mais tu es folle !" hurle-t-elle, sa voix perçant l'air.

Je la fixe, mon regard incandescent de rage et de détermination. "Je t'interdis de t'en prendre à Asteria," dis-je d'une voix vibrante de colère contenue.

Elle se relève lentement, son regard empli de défi, et arme son bras d'un mouvement brusque, prête à me gifler. Pendant un instant, tout semble s'arrêter. Je ressens une montée d'adrénaline, mon cœur battant à tout rompre. L'air entre nous est chargé d'électricité, chaque seconde s'étirant en une éternité.

J'ai l'habitude de me faire battre. Les coups et les insultes sont mon quotidien depuis trop longtemps, et je ne redoute plus la douleur physique. Mais cette fois, quelque chose est différent. Une flamme nouvelle brûle en moi, un désir farouche de ne plus me laisser faire, de riposter enfin.

Je ferme les yeux, prêt à sentir sa main s'abattre sur ma joue, à accueillir cette gifle comme tant d'autres avant elle. Mais rien ne vient. Pas le moindre contact. Une seconde, puis deux, passent dans un silence assourdissant.

"Que se passe-t-il ici ?" La voix familière d'Elian résonne, interrompant la scène.

J'ouvre les yeux et vois Elian, sa silhouette imposante et son regard sévère posés sur nous. La sylphide arrête son geste, son bras toujours en l'air, et se tourne vers lui, déconcertée.

"Elle m'a attaquée, Elian !" s'exclame-t-elle, pointant un doigt accusateur vers moi.

Elian lève une main pour imposer le silence. "Aurora, est-ce vrai ?" demande-t-il, son ton calme mais autoritaire.

Je prends une profonde inspiration, cherchant mes mots. "Elle insultait Asteria," dis-je, ma voix tremblante d'émotion. "Je ne pouvais pas rester là sans rien faire."

Elian soupire, puis se tourne vers la sylphide. "Viens, Calista... je pense que nous devons discuter."

Calista hésite un instant, son regard oscillant entre Elian et moi, avant de baisser les yeux. "Oui, Elian," murmure-t-elle, sa voix perdant de son assurance.

Elian pose une main ferme mais douce sur l'épaule de Calista, l'entraînant doucement à l'écart. Alors qu'ils ne disparaissent pas encore tout à fait dans le château, elle me lance un regard noir, plein de rancune et de promesses de représailles. Je prends une grande inspiration, essayant de calmer le tourbillon d'émotions qui m'envahit.

Le silence retombe lourdement après leur départ, chaque recoin de la cour semblant retenir son souffle. Mes pensées s'entrechoquent, analysant chaque détail de l'incident, chaque mot échangé. J'ai défié Calista ouvertement, et je sais que cela aura des conséquences. Elle n'est pas du genre à oublier ou à pardonner facilement.

Je me redresse, déterminée à ne pas laisser la peur m'envahir. Si je veux protéger Astéria et défendre ce qui est juste, je dois être prête à affronter les répercussions.

Je me retourne vers Asteria, son visage marqué par l'inquiétude.

"Aurora, est-ce que ça va ?" demande-t-elle, sa voix trahissant son anxiété.

"Oui, ça va," réponds-je, tentant de rassurer autant par mes mots que par mon ton. "Je n'ai rien."

"Merci de m'avoir défendue. Mais Calista est dangereuse, tu le sais."

Je hoche la tête, inconscient des risques. "Je ne pouvais pas rester là et ne rien faire. Tu ne mérites pas ses insultes ni sa colère."

Asteria sourit faiblement, une gratitude infinie dans son regard. "Ta bravoure est admirable, Aurora, mais s'il te plaît, sois prudente."

Je lui rends son sourire, touchée par sa sollicitude. "Je ferai attention, je te le promets."

Alors que nous restons un moment en silence, savourant la tranquillité retrouvée, même si nous savons toutes deux qu'elle est éphémère Lyra, avance vers moi d'un pas rapide vers nous, son visage fermé par une colère évidente.

"Mon Aerentia , qu'est-ce que tu as fait ?" commence-t-elle, sa voix montant d'un cran. "Calista est la promise d'Elian, le roi. Tu te rends compte des ennuis dans lesquels tu nous mets tous ?"

Je ressens une vague de culpabilité et de frustration monter en moi. "Lyra, elle insultait Asteria. Je ne pouvais pas laisser passer ça."

"Ce n'est pas une question de laisser passer ou non !" rétorque Lyra, son regard perçant. "Calista est puissante, et elle a des alliés partout. En la défiant, tu mets non seulement toi-même en danger, mais aussi tous ceux qui te sont proches."

Asteria serre doucement ma main, essayant de me donner du courage. "Lyra, Aurora a fait ce qu'elle pensait être juste."

"Juste ?" Lyra secoue la tête, exaspérée. "Ce n'est pas aussi simple. La politique de la cour est un jeu dangereux. Calista deviendra reine, et elle se souviendra de cet affront. Aurora, tu dois comprendre que tes actions ont des conséquences bien plus vastes."

Je ferme les yeux un instant, cherchant à contenir mes émotions. Lyra a raison, bien sûr. La politique, les alliances, les promesses... tout cela pèse lourdement sur nos vies. Mais pouvais-je vraiment rester silencieuse face à l'injustice ?

"Je comprends, Lyra," dis-je finalement, ma voix calme mais déterminée. "Mais je ne pouvais pas rester là sans rien faire. Asteria compte trop pour moi. Je trouverai un moyen de gérer les conséquences."

Lyra soupire, son expression s'adoucissant légèrement. "Très bien, petit Aerentia. Mais sois prudente.i."

Nous restons là, Asteria, Lyra et moi, en silence, prenant la mesure de la situation complexe dans laquelle nous nous trouvons.

Nous restons là, Asteria, Lyra et moi, en silence, prenant la mesure de la situation complexe dans laquelle nous nous trouvons.

Lyra me sourit, essayant de détendre l'atmosphère. "Alors, tu as avancé sur ton projet pour les Ondines ?" demande-t-elle, son ton plus léger mais avec une pointe de curiosité.

Je me sens un peu mal à l'aise, mais je hoche la tête. "Oui, un peu," dis-je, ma voix légèrement hésitante.

Intriguée, Asteria se tourne vers moi. "Alors, tu participes aux Ondines ?" demande-t-elle, ses yeux pétillants d'intérêt.

J'acquiesce timidement, sentant la chaleur monter à mes joues. "Oui, je travaille sur un livre pour elles."

Lyra ajoute avec enthousiasme, "Et je suis sûre que mon petit Aerentia fera des merveilles."

Je sens mes joues rougir sous le compliment, essayant de cacher mon embarras. Lyra me sourit avant de se tourner vers Asteria. "Nous avons du travail," dit-elle. Mais avant qu'elle ne parte, les mots échappent à ma bouche. "Ne me laissez pas."

Lyra s'arrête, interpellée par ma supplique. "Tu ne veux pas...?"

Je baisse les yeux, gênée. "Je n'aime pas rester seule à écrire dans mon coin... J'aime bien nettoyer avec Asteria."

Lyra échange un regard avec Asteria, qui acquiesce en souriant. "Bien sûr, Aurora, je comprends," dit Asteria, sa voix douce et rassurante.

Lyra hoche la tête, réfléchissant un instant. "Bien, mon petit Aerentia," dit-elle finalement avec un sourire bienveillant, "tu peux reprendre tes tâches avec Asteria si, et seulement si, tu me fais le serment de finir ton 'livre' pour les Ondines."

Je lève les yeux, reconnaissante. "Je te le promets, Lyra."

Lyra hoche la tête, satisfaite. "Alors c'est entendu. Et n'oublie pas, Aurora, nous sommes là pour te soutenir."

Asteria prend ma main, me guidant vers notre travail commun. "Allons-y, nous avons beaucoup à faire," dit-elle avec un sourire chaleureux.

Tandis que nous commençons à travailler ensemble, je sens une chaleur réconfortante m'envahir. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top