Q11: Un ancien port international du Vietnam

Après avoir goûté le charme ensorcelant de Hué, la Cité impériale, vieille de deux cents ans, le touriste pourra pousser quelque 130 kilomètres plus au sud pour faire connaissance avec l'ancien port international Hội An, son aîné de deux siècles.

Contrairement à son homologue Phố Hiến qui ne laisse plus que de rares traces dans le Nord du Vietnam, Hội An constitue une unique vieille concentration(trung tam do thi co) urbaine qui soit restée presque intacte(con nguyen), patrimoine culturel et historique sans prix, vivant musée d'art et d'architecture, témoin d'une période de commerce extérieur florissant( thuong mai phat trien).

L’autre nom de Hội An, Faïfo, est mentionné pour la première fois dans les mémoires de Christoforo Borri qui vivait dans le Centre Vietnam de 1618 à 1621. Quel est le sens du mot Faïfo ? L'interprétation selon laquelle Faïfo aurait été la déformation de la question posée par un étranger : "Có phải phố không ?" (Est-ce la rue, la cité ?), ce qui est plutôt fantaisiste. Il serait plus raisonnable de penser que Faïfo est une variante phonétique de Hoài Phố (rue, port de Hoài) ou Hải Phố (rue, port maritime), autres noms de Hội An.

-Ancien port du Champa (Đại Chiêm hải khẩu), Hội An émergea(xuat hien) vers le XVIème siècle pour atteindre son apogée(dinh cao) au XVIIème siècle.

-Le Vietnam, sous l'autorité nominale de la dynastie des Lê, était divisé en deux contrées rivales : le Nord ou Tonquin (Đàng Ngoài) administré par le clan shogounal des Trịnh et le Sud ou Cochinchine (Đàng Trong) gouverné par le clan shogounal des Nguyên.

Chaque région développa son propre centre de commerce extérieur, Phố Hiến au Nord et Hội An au Sud, pour profiter de la nouvelle extension du commerce international dans l'Asie du Sud-Est aux XVIème et XVIIème siècles.

-Dans le sillage(su troi day) des découvertes de nouvelles terres au XVème siècle, les puissances occidentales(cuogn quoc phuong tay) s'infiltraient en Asie orientale. Des bateaux marchands, d'abord du Portugal, puis de Hollande, d'Angleterre et de France accostaient à Hội An et d'autres ports du Vietnam.

-Hội An subit l'influence de la politique commerciale de la Chine et du Japon. Pratiquant celle de la porte fermée (be quan toa cang), la Chine des Ming n'a permis à ses bateaux de commercer avec le Sud-Est asiatique qu'à partir de 1567 tout en continuant à interdire l'exportation au Japon de certains produits.

+Pour contourner cet interdit, le Shogounat japonais a laissé les bateaux shuinsen (munis d'une autorisation spéciale- giay phep dac biet) de voyager vers le Sud-Est asiatique pour acquérir les produits chinois.

+Cette manœuvre dura jusqu'à 1636 ; pendant cette période, les échanges nippo-vietnamiens se firent essentiellement par Hội An. En Chine, les Ming furent renversés en 1649 par les Qing ; nombre de Chinois fidèles aux Ming émigrèrent au Sud-Est asiatique, en particulier à Hội An où vivrent aussi commercer des marchands de Taïwan.

-Hội An eut un quartier chinois qui a laissé des sièges de congrégation (hoi, daon) et des temples, un quartier japonais dont les vestiges comprennent un pont, des tombeaux et une stèle(tam bia).

-Les Hollandais, les Anglais, les Français... établirent des comptoirs(quay hang) à Hội An qui fut également une des portes d'entrée du catholicisme(dao thien chua) occidental au Vietnam.

-A partir du XVIIIème siècle, les changements politiques dans le pays et le monde ainsi que les changements topographiques (dai hinh) de la région ont relégué Hội An dans l'ombre. Đà Nẵng (Tourane) à 32 km de Hội An prendra sa relève comme port.

                        Dans l'ensemble, le Hội An d'aujourd'hui conserve les traits du XIXème siècle. Mais de nombreux vestiges(di tich) parlent d'un passé plus ancien. Que faire pour préserver l'ancien et développer le nouveau, marier l'histoire et la vie, conserver ce musée vivant ? Tel est l'urgent problème qui se pose en ce temps d'économie de marché.

D'après Hữu Ngọc, in A la découverte de la culture vietnamienne, éd. Thế Giới, Hanoï,