9 - Légitime défense




J'attendais au bout du couloir vitré en regardant les avions décoller, la tête posée contre la vitre. De temps à autre, je jetais de petits coups d'œil en direction de mon meilleur ami, enlacé à sa fiancée.

Les parents d'Heather semblaient mal à l'aise. Leur valise à bout de bras, ils patientaient le temps que les deux adolescents soient en mesure de se séparer, et que les adieux laissent place à un avenir plus radieux. Jungkook paraissait le plus affecté des deux, ou Heather dissimulait bien sa peine. Accroché à sa taille, le visage dans son cou, il refusait de refaire surface. La veille, sur la plage, il avait hésité à jeter dans les vagues, le petit écrin de velours renfermant l'étoile. Je le vis se redresser et glisser la main dans sa poche pour en tirer le coffret et le présenter à Heather qui ouvrit la bouche sous la surprise. De ma position, je n'entendis pas leur conversation, et je n'en avais pas envie. Écouter – non, plutôt endurer – mon meilleur ami avouer ses sentiments à ma pire ennemie m'était insoutenable.

Je vis la harpie sourire et entourer ses bras autour de son cou, puis déposer un baiser sur ses lèvres. Enfin, Jungkook lui accrocha la petite étoile autour du cou.

Avec nonchalance, je m'avançai et m'arrêtai à deux mètres en regardant le carrelage du couloir de l'aéroport.

— Tu brilleras autant que cette petite étoile, et sur les planches de Sydney, tu deviendras l'une d'elle, une étoile de la danse. Je t'aime, Heather... ne m'oublie pas.

— Merci, Jungkook. Je t'aime aussi. On s'écrira, et on s'appellera, d'accord ?

— Bien sûr.

Il ôta son sweat et lui tendit. Elle le serra contre son cœur en souriant, ses yeux brillants de larmes. Il lui avait donné son sweat, celui que j'aimais tant. J'étais affreusement jaloux, et mes poings se serrèrent le long de mon corps.

Je pouvais voir les larmes bruler les joues de mon meilleur ami. Sa souffrance me brisait le cœur, et leur proximité finit de m'achever. La boule dans ma gorge me tira comme si j'avais des aiguilles plantées dans la trachée. Je luttai de toutes mes forces pour ne pas pleurer.

— Heather, on y va !

Elle sourit une dernière fois à Jungkook, et je les fixai intensément durant leur dernier baiser, comme pour graver dans ma mémoire, que plus jamais il ne pourrait l'étreindre et poser ses lèvres sur les siennes. C'était terminé. Mon cauchemar prenait fin. Jungkook s'en remettrait. Il était jeune, il avait à peine 13 ans... Il grandirait, et d'ici quelques années, il ne se souviendrait même pas d'Heather Cleveland, cette australienne qu'il avait vaguement apprécié aux prémices de son adolescence.

**

J'avais eu tort.

Jungkook était terrassé par le manque d'Heather et la douleur de l'éloignement.

J'avais certainement minimisé ses sentiments, et ça m'atteignait. Parce que je pensais le connaitre, je pensais qu'il passerait à autre chose, grâce à moi, ma présence et notre amitié. Mais il n'en fut rien.

Jungkook se renferma sur lui-même, comme dans une coquille vide. J'avais tout tenté. Les soirées films/pyjamas, les appels téléphoniques pendant des heures, j'avais même sonné chez lui un samedi soir avec des bonbons et du soda. Mais sa mère m'avait gentiment congédié, en m'expliquant qu'il ne souhaitait voir personne. Mais je n'étais pas personne. J'étais son meilleur ami de tous les temps. Son âme sœur.

Au fil des semaines, j'abdiquais, je lui laissais le temps qu'il désirait et je m'effaçais, bien que ce comportement me pèse. Ma mère m'avait inscrit au judo comme elle me l'avait promis un peu plus tôt dans l'année. Et malgré mes pleurs, mes crises de colère et mes supplications, elle ne céda pas. Je devais me rendre à l'entrainement chaque mardi et chaque vendredi à mon grand désespoir.

Au début, j'avais pensé prendre cette épreuve comme quelque chose qui pourrait me venir en aide au quotidien, m'élever. Mais en réalité, j'étais parqué avec une demi-douzaine de brutes épaisses qui me regardaient comme si j'étais leur en-cas. J'avais fini par comprendre, au bout de quelques cours, que ces types déversaient toute leur haine sur moi, puisqu'ils n'avaient pas la possibilité de le faire à l'extérieur. Ici, j'étais leur souffre-douleur, leur punching-ball, et ils s'en donnaient à cœur joie.

L'entraineur me malmenait, m'humiliant chaque semaine un peu plus. Selon lui, je n'avais rien à faire là, mais comme ma mère payait les cours, il ne pouvait pas me virer. Il était contraint de me supporter, moi et mon corps frêle, mes maladresse et ma peur des coups.

Généralement, je finissais ratatiné dans un coin de la salle, les mains protégeant mon visage, alors que mon adversaire se riaient de moi. Mais ce qui m'affectait le plus, c'est que le gymnase où j'avais cours se situait en face de la salle de boxe. Ainsi, je croisais parfois mon meilleur ami, mais celui-ci m'évitait.

**

Nous étions en février. Le froid glaçait mes mains que je tentai de protéger dans mes poches, mais j'avais oublié mes gants, et je sentais déjà les engelures arriver. Je baissai mon visage dans mon écharpe en arrivant devant le gymnase. Je détestais cette odeur de caoutchouc, de tapis et de chaussettes sales. Mon sac de sport calé sur mon épaule, je passai devant une bande de garçons de mon cours sans relever le nez.

— Alors, Kim, prêt à prendre une raclée ?!

Je fermai les yeux un instant, et ravalai mon angoisse sans répondre à leur provocation. Je tirai la porte d'entrée et pénétrai dans les couloirs. En arrivant dans les vestiaires, je tombai sur Jungkook. Son entrainement était visiblement terminé, et il ôtait ses bandes et rangeait son équipement dans son sac. Mon cœur se serra. Je déposai mon sac à côté de lui, sur le banc, sans qu'il ne relève la tête.

— Kook...

— Salut.

— Est-ce qu'on peut se voir ?

Son regard resta rivé sur ses mains qui tremblaient.

— Ce n'est pas une bonne idée, j'ai besoin de temps, de solitude, d-

— Et moi ?! glapis-je. Tu penses à moi ?! Qu'est-ce que je suis censé faire ? Tu étais mon seul ami, et maintenant j-

— Je ne peux pas te gérer toi en plus de moi ! C'est impossible ! cria-t-il en relevant les yeux vers moi. Je suis... je suis trop affecté ! poursuivit-il le regard embrumé. Je n'y arrive pas, je me sens perdre pied !!

— Alors laisse-moi t'aider... laisse-moi être là pour toi... ne me rejette pas... implorai-je en reniflant.

Mon expression laissait passer tout le désespoir que je ressentais depuis des mois. Jungkook y était sensible, je le voyais. Lui aussi souffrait de notre éloignement, mais c'était comme s'il était perdu dans le noir sans parvenir à trouver une issue.

Il baissa les yeux, j'avais perdu le contact visuel avec lui. Il fourra ses affaires en vitesse dans son sac, et le balança sur son dos avant de prendre la tangente.

— Désolé, j'dois y aller.

— Kook, j-

La porte se referma derrière lui, et je restai seul avec mes larmes.

Je les ravalai difficilement, et enfilai ma tenue pour me rendre sur les tatamis. Monsieur Kang, l'entraineur de Jungkook, discutait avec celui de Judo. Je les saluai brièvement, avant d'aller m'échauffer. Au moment de partir, monsieur Kang s'accroupit près de moi, et croisa les mains entre ses cuisses.

  — Je ne te vois plus venir aux entrainements de boxe de Jungkook. Je ne voulais pas t'évincer, la dernière fois... tu peux passer, mais ne te fais pas remarquer.

— Pas de risque, Jungkook ne m'adresse plus la parole.

Il fronça ses épais sourcils.

— Pourquoi donc ? Vous étiez si liés tous les deux.

Je baissai le regard, les larmes au bord des yeux, puis je haussai les épaules.

— Sa copine a déménagé. Elle est rentrée en Australie.

— Quel rapport avec toi ?

— Il préfère souffrir en solitaire.

Sa moustache frémit et son regard se durcit.

— Tu sais, gamin, j'en ai vu passer des sportifs. J'en ai suivi, depuis tout petits, accompagnés par leur petite-amie, par leur ami, ou leur famille... mais jamais je n'ai vu de relation telle que la vôtre. Elle est faite pour perdurer, crois-moi... il te reviendra.

Sans attendre ma réponse, il se releva et quitta la pièce.

**

J'avais accusé le coup. Les mots du coach m'avaient un peu rassuré, et je prenais mon mal en patience en imaginant qu'un jour, Jungkook me reviendrait.

En cours, mon meilleur ami était semblable à un fantôme. Il venait puis repartait aussi vite. À l'heure du déjeuner, il s'éclipsait sur la plage ou rentrait chez lui pour éviter de croiser du monde, et donc moi. J'avais pris l'habitude de déjeuner derrière les bâtiments scolaires, dans un carré d'herbe bien dissimulé de la vue de tous. Ainsi, je mangeais un sandwich, une pomme, voire rien du tout lorsque j'étais trop mal pour rejoindre la cantine.

L'élément déclencheur à notre rabibochage eut lieu en mars, un vendredi soir. Mon cours de Judo venait de se terminer, et durant toute l'heure, Woo-Sung, un type de 17 ans, 1.90 mètre et plus de 100 kilos, s'amusait à me martyriser. Il m'avait bien prévenu que ce soir, ce serait ma fête.

Apeuré, je restais au gymnase pour ranger un peu, faire le ménage, ou m'occuper à tout autre tâche ingrate le temps qu'il quitte les lieux. Mais si je pensais m'en tirer ainsi, c'était sans compter l'esprit affûté de mon ennemi. Ce gros balourd m'attendait dans les vestiaires obscurs et silencieux, camouflé derrière une rangée de casiers. Il attendit que j'ôte mon t-shirt pour se montrer et taper de son poing sur le casier en métal. Il me fit sursauter si fort, que je manquai de chanceler et de me casser la figure.

— Woo-Sung !!

— Salut, l'avorton !

Je baissai les yeux, bien conscient que je n'avais aucune chance contre lui. Il posa sa main contre le casier afin de me bloquer contre lui.

— Alors... j'ai entendu dire que tu suces ?

Un frisson me parcourut l'échine dorsale. Ce type me filait la nausée. Son haleine putride me chatouilla le nez, et je tournai la tête pour ne pas le regarder en face.

— Non.

— Non ? Tu refuserais ?!

— Woo-Sung, arrête.

— Que j'arrête quoi ? T'es quoi au juste ? Un mec ? Une nana ? On sait pas trop... alors je propose qu'on aille vérifier...

Mon sang se glaça lorsque je sentis sa main se poser sur mon entre-jambe, et son corps se coller à moi. Je fermai les yeux et lâchai un gémissement de dégoût, lorsque la porte rebondit contre le mur dans un fracas assourdissant. J'ouvris légèrement les yeux, avant de les refermer. Je sentis un courant d'air m'atteindre, mes mèches de cheveux voler, et un cri, tandis que je me tassai contre la rangée de casiers.

— Je t'interdis de poser la main sur lui, c'est clair ?!

Jungkook.

J'ouvris les yeux en entendant sa voix, et observai mon meilleur ami secouer la masse d'1.90 mètre comme s'il ne pesait rien. Il empoigna le col de sa veste, et le colla contre les casiers, avant de lui assener un méchant coup de poing qui lui fendit la lèvre.

Mon cœur tambourina dans ma poitrine, et je fus ébahi par sa prestance. Il m'effrayait autant qu'il me séduisait. Jungkook était devenu un monstre de muscles et de stratégie. Sa technique s'était améliorée, et son adversaire n'eut aucune chance malgré sa stature. Le sang coula le long de sa lèvre, puis de son arcade sourcilière.

La bouche entrouverte, j'admirai mon meilleur ami remettre de l'ordre dans nos vies, et défendre mon honneur face à cette brute, jusqu'à ce que monsieur Kang, alerté par les cris, n'intervienne.

— Jeon !!! hurla-t-il.

Jungkook s'arrêta, les sourcils froncés et les lèvres retroussées en un rictus enragé, les poings serrés dont les phalanges égratignées suintaient.

Monsieur Kang les sépara, et Woo-Sung affirma vouloir porter plainte. Je me rapprochai de Jungkook, et effleurai sa main meurtrie. Il sursauta et s'éloigna de moi, le regard encore injecté de sang.

— Kook...

— Rentre chez toi, petit... je dois emmener ces deux-là au poste !

— Quoi ?! m'exclamai-je. Mais Jungkook n'a rien fait ! Il m'a défendu !

— Ah oui, et de quoi ?

— De...d-

Je m'arrêtai. Est-ce que j'allais vraiment avouer devant l'entraineur, que Woo-Sung avait tenté de me toucher ? Non, j'avais bien trop honte. J'aurais dû alors assumer n'être qu'un lâche avec des manières étranges et un penchant pour les robes et les chaussures vernies.

Mon regard bifurqua vers Jungkook, qui secoua négativement la tête en m'envoyant un regard noir. Je me tus, donc, tandis que monsieur Kang les emmenaient tous les deux dans le couloir.

Je me rhabillai en sanglotant. Je ne savais plus quoi penser. J'avais l'impression que Jungkook m'en voulait, mais je ne savais pas de quoi. J'étais bien décidé à savoir ce qui allait arriver à mon meilleur ami, et à ne pas le laisser affronter ça tout seul. Il n'avait que 13 ans, et moi 14, nous étions bien trop jeunes pour finir en garde à vue.

Je sortis du vestiaire et me dirigeai vers la salle de boxe d'où j'entendis les cris et les remontrances. Je me calai contre le mur de façon à ne pas me faire remarquer, et écoutai.

Seul Jungkook était là, la tête ployée vers l'avant, les larmes gouttant sur le carrelage. Il reniflait doucement, tandis que monsieur Kang s'en donnait à cœur joie.

— Est-ce que tu es devenu fou ?!

L'entraineur faisait les cent pas en travers de son bureau, agitant ses bras dans tous les sens.

— Tu lui a certainement pété le nez !! Dois-je te rappeler que son père est procureur ?!!

— Non.

— Non, qui ?!

— Non, coach.

— Putain de merde, Jeon !!! Tu es mon meilleur élève ! Je ne peux pas me permettre de te perdre pour une connerie de ce genre !

— Ce n'est pas une connerie, coach !! Il l'a menacé !

Monsieur Kang soupira et se prit l'arête du nez entre les doigts en fermant les yeux. Puis il s'agenouilla face à Jungkook.

— Ce garçon... c'est t-

— Mon meilleur ami.

— Tu n'es plus toi-même depuis quelques temps...

— La fille que j'aimais a déménagé. J'ai simplement un peu de mal à m'en remettre, c'est tout. Taehyung n'a rien à voir là-dedans.

— Tu as 13 ans, Jungkook. Des filles, il y en aura d'autres.

— Non. Pas comme elle... pas comme ça.

— Je sais que le premier chagrin d'amour fait mal... mais ce n'est pas la fin.

C'est lorsque j'entendis des voix se rapprocher dans le corridor, que je réalisai que les larmes baignaient mes joues. Deux policiers frappèrent à la porte, alors que je reculai plus loin, à l'abri de leur regard.

— Nous venons chercher Jeon Jungkook.

— Il est ici... entendis-je monsieur Kang répondre.

— Jeon Jungkook... vous êtes en état d'arrestation pour coups et blessures.

**

J'avais 14 ans, que pouvais-je faire contre des représentants de l'ordre ? Rien. Alors j'étais rentré chez moi après l'information que j'avais capté devant le bureau du coach Kang.

J'avais regardé Jungkook sortir, menottes aux poignets, entrer dans la voiture de police, et depuis, mon cœur n'avait cessé de battre la chamade.

J'étais effrayé pour lui. Je me demandais, du haut de mon jeune âge, ce qui pourrait bien lui arriver. Est-ce qu'il allait aller en prison ? Est-ce qu'il risquait d'y rester pour le reste de sa vie ? Est-ce que nous devrions nous voir au parloir ? Peut-être que je lui apporterais des oranges derrière une vitre, sans plus jamais pouvoir le toucher. Et si on lui faisait du mal ? Si cette bagarre avait gâché sa vie ? Je me sentirais responsable pour le reste de mes jours.

Incapable de rester rationnel, je passai le seuil de mon appartement, en larmes. Mes parents étaient morts d'inquiétude, alors je racontais tout. La dispute entre Jungkook et Woo-Sung, et son arrestation. Pour autant, je n'avais rien dit sur mon altercation avec cette grosse brute qui avait proposé de vérifier mon anatomie.

— Mon chéri, Jungkook ne va pas rester en prison, voyons ! Ses parents vont venir le chercher et il rentrera chez lui.

— Ce soir ?

— Oui, probablement. Il est mineur.

— Je peux aller le voir ?

— Il est tard, mon chou.

— Mais s'il te plait, maman, sanglotai-je. Je veux m'assurer qu'il aille bien, j'ai eu si peur pour lui.

Ma mère consulta du regard mon père, qui acquiesça silencieusement. C'était toujours comme ça entre eux. Elle lui lançait un coup d'œil rapide, pour savoir si elle pouvait accéder à nos demandes, à moi et Joo-Eun.

— D'accord, mais je t'emmène, hors de question que tu arpentes les rues tout seul à cette heure-là.

Mon frêle petit cœur abimé par les rebondissements de ces derniers mois se raviva, et je bondis de ma chaise pour lacer mes chaussures. Je me regardai dans le miroir et je constatai que je n'avais pas fait couper mes cheveux depuis un moment, et que de longues mèches encadraient mon visage et tombaient dans ma nuque. Je me laissai alors rêver que si je le souhaitais, je pouvais arborer une crinière aussi longue que celle de Joo-Eun. Ma sœur était à la fac à Séoul, mais j'avais gardé une photo de nous dans ma chambre. Je l'enviais toujours autant, et j'imaginais que je la jalouserais à vie.

Ma mère me déposa devant la maison de Jungkook à travers laquelle brillait la lumière du salon. La gorge nouée, je m'avançai et frappai timidement à la porte en tirant sur les manches de ma doudoune.

C'est madame Jeon qui m'ouvrit, les yeux bouffis et rouges, certainement d'avoir pleuré de nombreuses heures. Elle avait dû être si effrayée lorsque la police l'avait appelé pour lui indiquer que son fils était en garde à vue.

— Taehyung ?

— Bonsoir madame Jeon... désolé de vous déranger à cette heure-là... est-ce que Jungkook est là ?

Je me dandinai de droite à gauche, mes mains enfermées dans mes manches bien trop longues de ma doudoune dix fois trop grande. Elle me livra un regard perplexe, puis me toisa de haut en bas, l'air hautain. Je connaissais cette femme depuis mes 5 ans, et elle m'avait toujours bien accueillie. Jusqu'à ce soir.

— Jungkook ne veut voir pers-

— C'est bon, coupa la voix chevrotante de mon meilleur ami.

Elle pinça les lèvres et se décala pour ouvrir la porte. Jungkook apparu dans un jogging gris délavé, les cheveux hirsutes et le teint pâle. Je le regardai comme si je le voyais pour la première fois. Il m'avait manqué. Tout de lui m'avait manqué. Son odeur, son sourire, sa voix, et même la façon qu'il avait de froncer le nez. Depuis le départ d'Heather, il ne l'avait plus jamais froncé le nez ni affiché un sourire.

Il s'avança jusque sur le seuil et sa mère s'éclipsa. Ses yeux brillèrent d'émotion, mais jamais il ne se baissèrent, restant fichés dans les miens, comme s'il souhaitait me dire des tas de choses. Puis il se rapprocha encore et tomba dans mes bras en inspirant profondément, le visage contre mon cou. Il me serra plus fort et d'une voix chevrotante, il souffla :

— Tu m'as tellement manqué... Taehyungie-hyungie-hyung...

Mon visage se crispa. Il ne m'avait pas appelé comme ça depuis si longtemps. Je le serrai contre moi sans le lâcher et respirai son odeur comme un drogué en manque.

****

Coucou mes kiwis ! 🥝

J'espère que vous allez bien ! 😊

Nos deux protagonistes grandissent, et bientôt, il sera l'âge de la rébellion et des prises de risque. J'espère que vous avez hâte. L'adolescence est un si merveilleux moment... 😅🤭

À vendredi ! 🤸🏼‍♀️

Prenez soin de vous. ❤️

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