1. Histoires à dormir debout

Comté de Haliburton,
Ontario, Canada.

13 juin 2062, à 9h18.

La jeune fille
à moitié endormie descend les marches quatre à quatre. Son frère Keegan, s'étant esclaffé quelques minutes plus tôt, a piqué à vif sa curiosité. Le vacarme qu'il a causé est si énorme qu'elle désire savoir plus que tout au monde la cause de son fou rire. Et Dieu sait que lorsque la brunette veut quelque chose, elle l'obtient !

— Vee ! s'exclame-t-il en voyant sa sœur arriver au salon. Tu ne devineras jamais ce qu'ils ont dit à la télé.

Venus le fixe d'un regard interrogateur. Du haut de ses quinze ans, elle est une personne assez mature et intelligente, surtout comparée aux adolescents de sa classe. Mais lorsqu'elle n'est pas complètement éveillée, elle a de la difficulté à se concentrer sur quoi que ce soit.

— En fait, regarde plutôt par toi-même, ce sera moins long, dit-il avant que Vee n'ait le temps de répondre quoi que ce soit.

Keegan enfonce le bouton retour en arrière dans la télécommande. Lorsqu'il arrive finalement au temps désiré, il se pousse pour laisser sa sœur voir. Alors qu'elle ajuste ses lunettes de vue légèrement rondes à son visage et repousse quelques mèches de ses cheveux brun cannelle derrière son oreille, son frère clique sur jouer.

— Hier soir, vers vingt-trois heures trente, une étrange scène s'est déroulée au Caesars Palace, le célèbre hôtel-casino de Las Vegas, commence l'un des présentateurs. Après avoir reçu l'appel alarmant d'une vieille dame, une escouade policière a été envoyée sur les lieux.

— C'est exact, continue l'autre. Mais malheureusement, lorsqu'elle est arrivée, plusieurs personnes étaient déjà mortes.

— Que s'est-il passé ?

— Eh bien, selon des témoins, un garçon, qui paraissait totalement normal au départ, s'est changé en une sorte de surhomme capable de n'importe quoi. Il a tué des gens sans ciller d'un poil. Certains disent même qu'il soulevait des chaises et des tables pour les balancer sur la foule. Ils croient qu'ils ont eu affaire à une sorte de monstre. D'autres affirment qu'il a simplement perdu les pédales sous l'effet d'une substance illicite.

— Que des avis différents ! Je crois que la police du Nevada devra mener une longue enquête avant de trouver l'origine de cette situation, parce que moi, je n'y comprends rien.

Venus met aussitôt le programme en pause. Encore plus perdue qu'auparavant, elle se retourne pour faire face à son frère. Quant à lui, il a probablement écouté les sornettes des présentateurs une bonne centaine de fois, car il ne regarde même pas l'écran. À la place, il préfère jouer avec ses cheveux châtains bouclés.

— Kee, c'est quoi tout ça ? demande la brunette, désormais alerte.

— Je n'en sais rien, mais les gens n'arrêtent pas d'en parler. Ce qu'ils peuvent être crédules, se moque-t-il.

— Comme si j'allais croire ça ! C'est encore une de tes stupides blagues, si ça se trouve.

— Tu penses vraiment que j'aurais pu m'arranger avec les présentateurs télé juste pour une blague ?

Leur père, un policier qu'ils surnomment « Dad », est assis à la table de la salle à manger et fait des recherches pour une enquête. Il interrompt son travail et les coupe instantanément :

— Arrêtez de vous disputer. Keegan, ta mère t'a dit tout à l'heure de ne pas lui montrer ça. Tu sais très bien que ce genre de choses stresse Vee.

— Je sais, mais c'était tellement drôle que je n'ai pas pu m'en empêcher, se défend-il.

Drôle ? Tu rigoles ? Ce qu'ils disent ne sont pas des conneries à prendre à la légère ! lui rappelle sa frangine.

Le garçon de dix-sept ans soupire et s'éloigne pour retourner dans sa chambre. Malgré sa joie apparente, il est un peu agacé que sa famille ne comprenne pas son humour. Normalement, Venus prend toujours part à ses blagues. Tous les deux adorent passer des moments ensembles.

Par exemple, lorsque Vee peint tranquillement dans sa chambre, Keegan aime aller la retrouver et l'accompagner de sa guitare en lui jouant de douces mélodies. Il lui raconte parfois de drôles d'histoires, et ils en rient même à en avoir des maux de ventre et des larmes aux yeux.

Vee monte à l'étage et s'enferme, elle aussi, dans sa chambre. Ayant la chance d'en avoir une pour elle seule, elle y passe beaucoup de temps. À chaque fois, elle porte ses écouteurs à ses oreilles. C'est son moyen de s'évader de son quotidien. À force d'écouter en boucle les mêmes musiques, Venus les connaît par cœur. Elle pourrait même les chanter à quiconque le désirant. Seulement, sa voix n'est pas très jolie, c'est pourquoi elle se retient.

Elle décide de faire jouer les airs de Wonderwall, par Oasis. Son père lui a montré celle-ci récemment. Depuis, elle est tombée amoureuse de la chanson et l'écoute sans cesse. La petite, comme son paternel, a toujours eu un goût pour ce genre de musique.

Après avoir enfoui dans sa poche son baladeur numérique, elle marche jusqu'à son chevalet situé juste à côté de l'une des énormes fenêtres de sa chambre. Elle y pose une nouvelle toile et sort un pinceau.

Aujourd'hui, Venus ne sait pas quoi peindre. Troublée, elle observe sa chambre à la recherche d'une idée. C'est alors qu'elle pose ses yeux bleu ciel sur l'extérieur. Dans la rue, ses voisins courent dans tous les sens. Quelques-uns rangent même de gigantesques valises dans leur voiture.

En juin, les gens de sa ville vont souvent en vacances dans le sud parce qu'il ne fait pas très chaud. Mais avec autant de bagages ? Jamais. Quelque chose cloche.

— Dad ? Qu'est-ce qu'ils font, les gens du quartier ? crie Vee après avoir déposé son matériel et en retournant au rez-de-chaussée.

Aucune réponse.

— Ého ! Il y a quelqu'un ? Dad ? hurle-t-elle à nouveau.

Inquiète, elle se rue hors de la maison et trouve finalement son père un peu plus loin, avec sa mère, son frère, et l'une de leurs voisines, Madame Walden.

— Vous êtes fous de vouloir rester ici ! Moi, je m'en vais ! dit la dame.

— Pourquoi pliez-vous bagage ? la coupe Venus, en prenant soin d'être polie malgré qu'elle l'ait interrompue.

— Tu n'as pas entendu la nouvelle ?

— À propos du surhumain à la force extraordinaire aux États-Unis ? Bien sûr, mais ce n'est qu'une histoire pour effrayer les gens, ajoute-t-elle, en tentant de s'en convaincre.

— Au contraire, ce n'était que pure vérité ! Et tu n'as entendu que le début.

Avant que l'adolescente ne puisse répondre, Keegan répète :

— Madame Walden affirme qu'à la télé, ils ont mentionné qu'une de ces créatures s'est manifestée dans le pays.

— Ce ne sont pas de simples créatures. Seuls de vrais monstres sont capables de tuer des personnes innocentes d'une telle manière ! interrompt-elle en empoignant fermement le bras de Venus. Tu devrais les craindre, jeune fille.

— Lâchez-la ! crie son père en l'éloignant de la vieille dame. Venez, on rentre à la maison.

Puis, la famille s'éloigne pour retourner dans leur demeure. Les paroles de Madame Walden résonnent dans la tête de Vee. Cela la fait encore frissonner. Pendant un instant, elle y a cru. Elle a cru à ses dires, et au supposé danger qui repose sur tous ceux qui ne fuient pas. Au fond de ses pensées, elle espère que sa voisine a tord. La seule idée que cela puisse être vrai l'effraie au plus haut point. Qu'allait-il se passer, ensuite ?



Heyyy ! J'ai décidé de poster un chapitre en avance ^^

C'est un peu difficile de se faire une idée d'une histoire lorsqu'il n'y a qu'un prologue, c'est pourquoi je poste ce segment-ci avec une semaine d'avance. (Un seul chapitre avec un prologue ne donne pas une idée bien complète, mais c'est déjà mieux.)

Laissez vos avis en commentaire ! J'aime toujours savoir ce qui vous plaît, ce qui ne vous plaît pas et donc ce qui cloche dans l'histoire. N'hésitez pas à me faire remarquer si vous voyez des fautes, et un vote fait aussi plaisir. ;)

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