Chapitre 1

Le soleil réchauffait mon corps petit à petit.

Je me redressai, m'étirai, ouvris les yeux.

- C'est le matin, me dit Kat.

- C'est encore plus beau en journée, constatai-je en regardant l'immense lac bleu qui se trouvait devant moi.

Les arbres verdoyants et les premiers rayons du soleil s'y reflétaient. C'était magnifique.

Moi et mon amie Kat avions passée la nuit sous une tente.
Nous allions souvent camper toutes les deux, l'été. C'était notre rituel. Kat avait une maison pas très loin, dans laquelle elle vivait avec ses parents.

- Tu as faim ? me demanda-t-elle.

Je remarquai alors qu'en effet, mon estomac criait famine. Il avait besoin d'être nourri coûte que coûte.

- Et comment ! m'exclamai-je.

Elle me jeta une pomme, que j'attrapai. Je l'astiquai avec ma manche, et croquai un bon gros morceau.

- On va redescendre vers la maison, dit Kat. Si tu veux, tout à l'heure, on ira se promener en ville !

Nous fîmes la course le long du sentier de pierres qui descendait jusqu'à la maison de Kat.

C'était une petite maison de chêne, chaleureuse de l'extérieur et de l'intérieur. Kat avait deux lits dans sa chambre, et elle m'invitait souvent à dormir dans le deuxième.

- Maman ? On est arrivée !

Personne ne répondit, la maison semblait vide.

- Maman ? appela Kate.

Elle jeta un coup d'œil à la petite cuisine. Personne ne se tenait aux fourneaux.

- C'est bizarre, dit-elle. Où ont-ils pu bien aller ?

- Peut-être qu'ils sont sortis se promener, suggérai-je.

Nous allâmes dans la cuisine, et nous réchauffâmes des crêpes de la veille. Je me servis un verre de jus d'orange. Délicieux.

- Bon, t'es prête ? demanda Kat. On descend en ville !

- Attends, je devrais me changer.

Mes vêtements étaient salis à cause du camping, et j'étais toute décoiffée.

- Tu n'as pas quelque chose à me prêter ? demandai-je.

Kat hocha la tête, puis se rendit dans sa chambre. Elle revint avec une chemise blanche et un short.

- Essaye ça, dit-elle en me balançant les vêtements, que je rattrapai au vol.

Kat ferma la porte de la maisonnette, la verrouilla, et nous marchâmes jusqu'à la ville.

La ville où je vivais avec ma famille, CrownTown, était un petit endroit, avec une école, un collège, et un lycée. Je venais de finir ma dernière année de lycée et après les vacances, j'allais faire ma rentrée à Forest University, située dans une ville pas très loin.

Malgré la petite taille de CrownTown, on n'y manquait pas d'activité. Il y avait un petit cinéma, des boutiques, une librairie, une bibliothèque... J'y appréciais la vie tranquille. De plus, nous n'étions pas loin de la nature, avec des bois et des collines, ainsi que le Crown Lake, où vivait Kat et où les jeunes des alentours aimaient se rendre.

Alors que nous marchions, Kat me stoppa brusquement.

- Regarde ! s'exclama-t-elle, le doigt pointé vers le clocher.

Je levai la tête. Des flammes orangées et de la fumée grise s'élevait au loin dans le ciel découvert d'été. Le clocher prenait feu ! 

Les passants s'étaient tous réunis en un petit troupeau de personnes et, inquiets, assistaient à la scène.

- Il faut appeler les pompiers ! cria une dame, affolée.

C'est alors que retentissèrent les sirènes des camions de pompiers. Un camion rouge s'arrêta près de nous et trois hommes en sortirent.

Ils nous firent signe de nous écarter et de les laisser passer.

Un hélicoptère survola le clocher, et des jets d'eau puissants s'en émanèrent. Les flammes, petit à petit, rétrécissaient. Puis, la fumée cessa.

La petite foule applaudit les pompiers.

- Eh bien, quel spectacle, dit une voix près de moi.

Je me retournai. C'était un garçon. Je ne l'avais jamais vu auparavant, il devait avoir mon âge environ.

- Comment ce clocher qui survit depuis près de trois-cents ans a-t-il pu prendre feu ? dit-il.

Il semblait perplexe, j'ignorais s'il me parlait ou s'il réfléchissait tout haut.

- J'espère simplement qu'il n'est pas trop endommagé, répondis-je.

- Oui, je l'espère aussi. Cependant, plus personne ne sonnait les cloches depuis longtemps, je me trompe ?

- Et alors ? Ce n'est pas une raison pour vouloir qu'il disparaisse, rétorquai-je.

- Ah, tu émets l'hypothèse que quelqu'un a pu y mettre feu ? demanda-t-il.

- Non, je n'en sais rien du tout, je disais cela comme ça.

- Je pense que tu as raison.

- Comment ? demandai-je, surprise.

- Je pense comme toi que quelqu'un est à l'origine de cet incendie, dit le garçon.

- Qu'est-ce qui te fait dire cela ?

- Mon intuition. Elle se trompe très rarement, Skay.

Étonnée, je lui demandai :

- Comment tu connais mon prénom ?

Un rictus mauvais se dessina sur ses lèvres.

- Je te connais Skay. Mieux que tu ne te connais.

Ces paroles me firent frissonner. Comment pouvait-il dire cela ? Je ne le connaissais pas, je ne l'avais jamais vu.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Oh, ne sois pas impatiente. Tu le sauras bien vite.

Il s'éloigna.

- Eh, attends ! lançai-je.

Il ne se retourna pas, et tourna dans une autre rue.

Je cherchai Kat du regard. Elle avait disparu. Où avait-elle bien pu passer ? Je tentai de l'appeler sur son téléphone, elle ne décrocha pas.

Je demandai à un vieillard s'il l'avait aperçu. Il me répondit qu'il avait effectivement vu une jeune fille blonde courir vers le clocher, accompagnée d'un pompier.

Qu'est-ce qu'elle faisait avec un pompier ? Pourquoi ne m'avait-elle pas prévenu qu'elle partait ? Je tentai de passer, pour me rendre au clocher, mais des barrières de sécurité et des camions de pompier m'en empêchaient.

- Excusez-moi ? dis-je à un policier qui surveillait. Je pourrais passer ? Mon amie est partie par là-bas, avec un des pompiers, je ne sais pas pourquoi.

- Navré, mademoiselle, répondit-il. Je ne peux pas vous laisser passer. En revanche, j'ai vu votre amie. Ne vous en faites pas, elle est surveillée, rien de lui arrivera.

- Quoi ? Comment cela ?

- Vous n'êtes pas au courant ? dit le policier. Ses parents étaient dans le clocher.

À ces mots, je fus comme sonnée. Je ne comprenais plus ce qu'il se passait.

- C...Comment ? Est-ce... Est-ce qu'ils... Vont-ils bien ?

Le pompier baissa les yeux d'un air désolé.

- Navrée, mademoiselle. Je ne voulais pas que vous l'appreniez de moi, mais si vous posez la question. Ils sont morts, mademoiselle.

Je n'arrivais plus à tenir sur place. Le policier, voyant que je m'apprêtai à tomber, m'attrapa la main.

- Tout va bien, mademoiselle ?

J'étais perdue. Je n'arrivais pas à y croire. Non, ce n'est pas possible. Pas eux. Pas les parents de Kat.

- J'ai besoin de m'asseoir, chuchotai-je.

Le policier m'adossa à un arbre.

- Vous avez besoin de quelque chose ?

- Oui, dis-je. J'ai besoin de voir Kat.

- Navré, mademoiselle. Elle a déjà du se rendre à l'hôpital. Y a-t-il autre chose que je peux faire pour vous ?

- J'ai besoin d'aller à l'hôpital, maintenant.

Je savais que ce pauvre policier allait encore une fois platement s'excuser en disant qu'il était navré. Mais je devais aller voir Kat.

- Je peux l'amener, si vous le voulez, se proposa quelqu'un.

Je me tournai. Le garçon de tout à l'heure !

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